Published on Wednesday, March 12, 2025
Abstract
Organisées par les laboratoires Pléiade et UTRPP de l’Université Sorbonne Paris Nord, ces journées d’étude constituent l’occasion idéale pour les jeunes chercheurs en sciences du langage, littérature et psychanalyse dont les travaux s’inscrivent dans le thème transversal des déplacements du sens de présenter, sous forme d’exposé oral, leurs travaux de recherche en cours dans un cadre bienveillant et interdisciplinaire.
Announcement
Argumentaire
La forme est « l’ostensoir du sens » (Schlanger 1995 : 39). L’idée de la dualité du signe linguistique conçu comme association indissoluble entre forme et sens, due à Ferdinand de Saussure (1916), a profondément marqué le développement des sciences humaines du siècle dernier. Les sciences du langage contemporaines ont mis en évidence la multiplicité et la subtilité des manifestations du sens. C’est toute la pensée qui s’articule aux formes langagières, les mots voyageant d’un domaine à l’autre, se chargeant de différentes valeurs de contexte en contexte, continuellement renégociées au sein de communautés de locuteurs et servant d’appui à toute entreprise de conceptualisation, soit-elle scientifique, artistique, ou tout simplement quotidienne. Les formes étant en nombre limité contrairement à l’ensemble possible de l’univers signifiant, elles servent de support et de modèle, grâce à leur plasticité extrême, à une infinité de sens exprimables et imaginables.
Si les linguistes cherchent en premier lieu à répondre à la question de la nature du sens linguistique dans ses aspects substantiel et formel, ainsi que de la nature et du caractère plus ou moins systématique de la dynamique des déplacements du sens en considérant la multiplicité de facteurs contextuels en jeu, les études littéraires s’intéressent aux créations individuelles, à la façon dont les auteurs mobilisent, plient et dépassent les conventions linguistiques afin de donner corps à leurs univers subjectifs, souvent au travers de réseaux signifiants complexes qui nécessitent une prise en charge textuelle, intertextuelle et contextuelle au sens large.
Ces deux champs, linguistique et littérature, influenceront également la psychanalyse, qui, depuis son début, s’est nouée avec les mots et a dialogué avec d’autres champs au- delà de la médecine, trouvant dans le langage un essor théorique et clinique. Cela se fera, cependant, avec une différence par rapport à la linguistique : on passera de l’universalité à subjectivité. Aussi, avec la clinique, les mythes et les écrits littéraires ont intéressé Freud et ensuite Lacan (Sophocle, Shakespeare, Joyce, Duras...). Pourtant, l’univers des mots était déjà présent à la naissance de la psychanalyse avec la clinique des femmes hystériques et leur demande de parole. Leurs symptômes et mots participeront à la conception de la notion d’inconscient et de refoulement, ce qui donnera un caractère scientifique à la psychanalyse au-delà du savoir médical-biologiste, en allant vers le symbolique. Ce dernier démontre que les mots font aussi corps et, dans ses limites avec un réel, ex-sistence. Ce sujet divisé par le langage, est aussi celui divisé par l’Autre. C’est par cette instauration du manque qu’il se trouve désirant, métonymiquement, comme l’a écrit Lacan (1966). Ainsi, une analyse permet à un sujet non pas de cibler un sens préexistant ou de réaliser une simple catarse, mais de soutenir une création. Dans L’éthique de la psychanalyse (1960), Lacan dira que toute vérité a une structure de fiction...
Cette journée d’étude constitue l’occasion idéale pour les jeunes chercheurs en sciences du langage, littérature, psychanalyse et psychologie de présenter, sous forme d’exposé oral, leurs travaux de recherche en cours dans un cadre bienveillant et interdisciplinaire, en présence des conférenciers invités. Nous proposons trois axes autour desquels pourront s’articuler les communications, de manière indicative et non limitative, en fonction des propositions reçues.
Axe 1 : Sciences du langage
Quel que soit leur cadre théorique, les propositions qui s’inscrivent dans l’axe 1 pourraient porter, sans pour autant y être restreintes, sur tous les phénomènes sémantico-pragmatiques qui mettent en avant des faits de duplicité de sens, qu’il s’agisse de polysémie, de changements sémantiques, de figures de mots hérités de la rhétorique telles que la métaphore, la métonymie, la synecdoque, ou encore de phénomènes pragmatico-énonciatifs au sens large qui permettent une plus large profusion encore d’effets de sens et d’interprétations. Il est également possible d’interroger les rapports qu’entretient la question du sens linguistique avec les disciplines connexes : psychologie cognitive, anthropologie, intelligence artificielle, etc.
Axe 2 : Littérature
Au-delà des conceptualisations théoriques sur la langue, la littérature s’intéresse à en faire des créations. Les œuvres littéraires ont la possibilité de créer des univers divers à partir des mots, qui s’imprègnent de sens et qui peuvent également laisser la porte ouverte aux lecteurs et lectrices pour qu’ils en jouent et s’y retrouvent dans leur quête personnelle (de sens). Elles peuvent porter également la marque d’une singularité (celle de l’auteur, d’un personnage, du rapport avec le lecteur...), d’un moment socio-historique, ou simplement la marque d’une création, à partir de la langue et du langage. « Le poète fait comme l’enfant qui joue : il se crée un monde imaginaire qu’il prend très au sérieux, c’est-à-dire qu’il dote de grandes quantités d’affect, tout en le distinguant nettement de la réalité » (Freud, 1908). Cet axe s’intéresse aux créations individuelles des auteurs d’œuvres littéraires, à leur univers symbolique, figuratif, etc ; aux représentations esthétiques qu’évoquent la malléabilité et la créativité des formes langagières, leur épaisseur sémantique ; aux différents concepts qui nous pouvons y trouver et qui adoptent un caractère artistique : transferts, métaphores / condensations, déplacements / l’un est l’autre...
Axe 3 : Psychanalyse
Freud, avec l’instauration de la méthode de l’association libre et la talking cure (Freud, 1895) dans sa clinique, a révélé l’importance des affects liés aux mots, à ce que se dit, ou se tait. Le langage devient ainsi le champ d’exploration de la théorie et de la pratique analytique. Plus tard, Lacan formulera que l’inconscient est structuré comme langage (Lacan, 1964) et aussi que le sujet est divisé par le langage. Il instaurera la place de l’Autre comme lieu de parole, du dire, de la logique des signifiants comme organisateur des messages encodés de l’inconscient, sensible au travers des jeux de métaphore et métonymie, des inscriptions convoquant l’écrit, et travaillera aussi avec la lettre et le parlêtre, enfin. La psychanalyse suscitera la question du sujet traversé par le langage, avec le jeu des nœuds entre réel, imaginaire et symbolique, spécifiques à chacun, comme un art. Un art pas sans rigueur scientifique, et surtout pas sans poésie possible. Cet axe est dédié aux études théoriques ou cliniques en psychanalyse et psychologie qui s’intéressent à la dimension du langage, dans un sens large.
Modalités de soumission
Communication orale de 20 minutes, suivie de 10 minutes de discussion
- Titre du mail : PROPOSITION COMMUNICATION – NOM Prénom – AXE (1,2,3)
Merci d’indiquer dans le mail :
- le rattachement universitaire et/ou institutionnel, ainsi que le nom du directeur/directrice de thèse (pour les doctorantes et doctorants),
- le titre de la communication,
- un résumé d’environ 3000 signes espaces comprises,
- 5 mots-clefs,
- une bibliographie indicative.
Envoi des propositions à l’adresse langage.utrpp.pleiade@gmail.com (talithawtschoke@gmail.com et ammar.kulic@gmail.com en copie)
avant le 03 avril 2025
Calendrier
- Avis d’acceptation : 28 avril 2025
- Confirmation de participation : jusqu’au 02 mai 2025
Inscriptions
- Évènement gratuit sur inscription obligatoire à l’adresse suivante : langage.utrpp. pleiade@gmail.com avant le 15 juin 2025.
Comité d’organisation
- Ammar Kulić - Doctorant en sciences du langage, USPN, Pléiade (UR 7338), Lattice (UMR 8094)
- Talitha Tschöke - Doctorante en psychologie (psychanalyse et littérature), USPN, UTRPP (UR 4403)
Comité scientifique
- Thamy Ayouch (Université Paris Cité)
- Grégory Furmaniak (Université Sorbonne Paris Nord)
- Pawel Golda (Université de Silésie à Katowice)
- Pauline Haas (Université Sorbonne Paris Nord)
- Dominique Legallois (Université Sorbonne Nouvelle)
- Pascale Molinier (Université Sorbonne Paris Nord)
- Isabelle Mons (Université Sorbonne Paris Nord)
- Claire Nioche-Sibony (Université Sorbonne Paris Nord)
- Vincent Nyckees (Université Paris Cité)
- Olivier Ouvry (Université Sorbonne Paris Nord)
- Françoise Palleau (Université Sorbonne Paris Nord)
- Michel Riaudel (Sorbonne Université)
Bibliographie indicative
Assoun, P. (1996) Littérature et psychanalyse : Freud et la création littéraire. Paris : Ellipses. Benveniste, É. (1966) Problèmes de linguistique générale. t. 1. Paris : Gallimard.
Freud, S. (1971[1908]). La création littéraire et le rêve éveillé, dans Essais de psychanalyse appliquée, Paris : Gallimard.
Freud, S., Breuer, J. (2002[1985]). Études sur l’hystérie. Paris : PUF.
Geeraerts, D. (2010) Theories of lexical semantics. Oxford ; New York : Oxford University Press.
Jakobson, R. (2003) Essais de linguistique générale. Traduction de N. Ruwet. Paris : Les Éditions de Minuit.
Kleiber, G. (1990) La sémantique du prototype. Paris : Presses Universitaires de France.
Kleiber, G. (1999) Problèmes de sémantique : la polysémie en questions. Villeneuve d’Ascq : Presses universitaires du Septentrion.
Kristeva, J. (1969). Séméiôtiké : recherches pour une sémanalyse. Paris : Éditions du Seuil.
Lacan, J. (1973[1964]). Le séminaire, Livre XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, Paris : Seuil.
Lacan, J. (1986[1960]). Le Séminaire, Livre VII, L’Éthique de la psychanalyse, Paris : Seuil. Lacan, J. (1966). Écrits, « La direction de la cure ». Paris : Éditions du Seuil.
Le Ny, J.-F. (2005) Comment l’esprit produit du sens : notions et résultats des sciences cognitives. Paris : Odile Jacob.
Molinier, P. (2019) ‘Psychodynamique du travail et genre : surmonter la perte de la voix féminine’, Perspectives Psy, vol. 58(2), 143-150.
Molinier, P. (2022) Chapitre 2. Écrire, une chambre à soi ouverte sur l’infini. Dans Althaus, V., Ballouard, C., Loncan, A., Maire, H., Robert, P. et Sirota, A. (dir.), Construire, écrire et lire un article en psychologie. (p. 43 -54 ). Paris : In Press.
Mons, I. (2023) Lutter contre « la solitude de l’œuvre ». Biographie et création littéraire. HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, hal- 04101648v2
Nyckees, V. (1998) La sémantique. Paris : Belin.
Saussure, F. de (1989[1916]) Cours de linguistique générale (édition critique). Édité par R. Engler. Wiesbaden : Harrassowitz.
Schlanger, J. (1995[1971]) Les métaphores de l’organisme. Paris : L’Harmattan.
Subjects
- Language (Main category)
- Mind and language > Psyche > Psychoanalysis
- Mind and language > Language > Linguistics
- Mind and language > Psyche > Psychology
- Mind and language > Language > Literature
- Mind and language > Thought > Cognitive science
Places
- Place du front populaire
Aubervilliers, France (93)
Event attendance modalities
Hybrid event (on site and online)
Date(s)
- Thursday, April 03, 2025
Keywords
- langage, forme, sens, déplacement du sens, littérature, psychanalyse, linguistique
Contact(s)
- Talitha Tschöke
courriel : talithawtschoke [at] gmail [dot] com
Information source
- Ammar Kulić
courriel : ammar [dot] kulic [at] gmail [dot] com
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Formes langagières et déplacements du sens : duplicités, pluralités, altérités », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, March 12, 2025, https://doi.org/10.58079/13gi3