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Les écologies décoloniales : pe(a)nser une Terre inhabitable

Revue « Œconomia Humana », numéro 3

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Published on Tuesday, March 25, 2025

Abstract

Cette troisième édition de la revue Œconomia Humana propose d’explorer les propositions de l’écologie décoloniale et ses concepts sous-jacents via des postures critiques, mais aussi bienveillantes. Nous souhaitons explorer les propositions des écologies décoloniales pour tenter de saisir et de répondre au constat d’une Terre inhabitable, en se décentrant des discours capitalistes, patriarcaux, occidentalocentriques et coloniaux qui sont à la racine même de ce constat. Le fil conducteur de notre numéro est de réfléchir à la question : comment habiter, s’organiser, p(e)anser et imaginer des futurs communs désirables sur une Terre rendue inhabitable à partir des écologies décoloniales? 

Announcement

Argumentaire

Nous rendons la Terre inhabitable. Le plastique intoxique les poissons, les eaux et les êtres vivants qui s’y alimentent (Liboiron, 2024), le chlordécone empoisonne les sols des bananeraies, les charençons et les corps antillais (Ferdinand, 2024). Le monde est « vidé » des êtres qui y existent d’un côté par les économistes (Daly, 2005), de l’autre par une industrie extractive qui n’a que faire du vivant (Povinelli, 2016; Ureta & Flores, 2018). Ces éléments ne sont pourtant pas apparus par hasard dans la Terre et les corps. Mais petit à petit, ils s’immiscent, se « naturalisent », deviennent partie intégrante du quotidien de nos vies. La Terre se meurt et les populations les plus vulnérables sont en ligne de front.

Depuis des décennies, des chercheur.e.s s’affairent à nommer, conceptualiser, quantifier, mesurer ou prédire cet état d’inhabitabilité de la planète: dépassement des limites planétaires (Rockström et al., 2009, 2023), les rapports des trois groupes de travail du GIEC sur les impacts, l’adaptation, les vulnérabilités et les mitigations potentielles du trouble écologique (IPCC, 2021, 2022, 2023), les rapports d’évaluation mondiale de l’IPBES (2019), dont la dernière évaluation thématique sur les causes sous-jacentes à la perte de biodiversité (IPBES, 2024). Pourtant, malgré ces signaux d’alarme, les populations marginalisées, habitant.e.s des Suds ou non, portent toujours le fardeau des injustices climatiques, d’un accès inégal à un environnement sain, et, dans le même ordre d’idée, font face à un échange écologique inégal (Oxfam, 2023) qui ne peut que rappeler les frasques du développementalisme (Hornborg, 1998, 2001).

Face à ce constat alarmant d’une Terre rendue inhabitable, plusieurs courants développent une pluralité de pensées écologistes pour comprendre les enjeux et poser des pistes de solutions pour défaire les structures économiques et politiques à la racine de cette crise. Parmi ces courants, on retrouve notamment l’économie politique critique (Hornborg, 2001, 2014; Malm, 2016; O’Connor, 1988), l’écologie politique (Bookchin, 1971, 1989 ; Gorz, 1975, 2008), la décroissance (Abraham, 2019; Latouche, 2005; Parrique, 2022), la redirection écologique (Bonnet et al., 2021; Monnin, 2023), l’ecologia politica latinoamericana (Escobar, 1996; Leff, 1995 ; Leff et al., 2014), l’écoféminisme (Shiva, 2008), le post-humanisme écologiste (Braidotti, 2013; Haraway, 2016) et l’écologie décoloniale (Escobar, 2014 ; Ferdinand, 2019, 2024). Ces courants démontrent la nécessité d’effectuer une transformation radicale de nos modes de vie, tout en reconnaissant que la solution ne réside pas en l’imposition d’un modèle unique, universel applicable à toutes les réalités locales. S’ils adressent une critique radicale aux systèmes de dominations capitalistes, patriarcaux et occidentalocentriques, seul le courant de l’écologie décoloniale y traite en profondeur d’une dimension moins centrale dans d’autres courants : l’expérience et la perpétuation de la domination coloniale, et son rapport aux milieux écologiques.

Depuis les années 1990, les approches décoloniales puisent leurs racines dans différents courants de pensée qui font remonter l’historicité des rapports de domination à la rencontre coloniale de 1492 et aux héritages coloniaux latino-américains et caribéens. Il existe une pluralité d’approches décoloniales qui puisent leurs racines dans des contextes historiques, culturels et sociaux différents. Ainsi, l’approche latino américaine met particulièrement l’accent sur la critique de la modernité eurocentrée et sur la valorisation de la pluralité des savoirs indigènes. Une approche caribéenne, inspirée d’intellectuels tels que Franz Fanon (1961), Aimé Césaire (1955; Césaire & Arnold, 2013) et Édouard Glissant (1990, 2008, 2009), met notamment l’accent sur la critique des rapports de domination issus de l’expérience de la plantation et de son mode particulier de rapport au monde, et sur la créolisation des identités dans le devenir caribéen.

Fortes de leur pluralité, ces approches partagent l’objectif commun de déconstruire les héritages coloniaux qui façonnent encore nos sociétés et proposent des alternatives pour rendre justice aux populations colonisées, subalternisées ou autrement dominées. Cette perpétuation des rapports coloniaux est illustrée par le concept de colonialité, constitutive de la modernité et perpétuée au travers de la matrice coloniale du pouvoir qui repose sur quatre piliers (capitalisme, racisme, patriarcat, occidentalocentrisme) (Quijano, 2007a). Les auteur.rice.s décoloniaux.ales latinoaméricain.e.s développent plusieurs déclinaisons de la colonialité : du savoir (Mignolo, 2015), de l’être (Maldonado-Torres, 2007), du genre (Lugones, 2016) et de la nature (Lander, 1999). Cette dernière repose sur l’idée que le progrès « moderne » est indissociable de l’exploitation de la nature, perçue comme un monde extérieur et inférieur à l’humain, mais aussi de la domination des peuples colonisés. Cette volonté de penser conjointement la domination coloniale des humains et celle, extractive, de la nature est au cœur du troisième numéro de la revue.

Dans ce numéro, nous souhaitons explorer les propositions des écologies décoloniales pour tenter de saisir et de répondre au constat d’une Terre inhabitable, en se décentrant des discours capitalistes, patriarcaux, occidentalocentriques et coloniaux qui sont à la racine même de ce constat. Le fil conducteur de notre numéro est de réfléchir à la question : comment habiter, s’organiser, p(e)anser1 et imaginer des futurs communs désirables sur une Terre rendue inhabitable à partir des écologies décoloniales? Inspirées de l’écologie et des courants décoloniaux, les écologies décoloniales soulignent qu’on ne peut penser la crise écologique et ses solutions en évacuant l’héritage colonial et les questions raciales au risque de perpétuer un rapport systémique destructeur à la Terre et aux corps (y compris au travers des solutions mêmes qui visent à répondre à cette crise).

Plusieurs propositions ressortent de ces pensées écologiques pour imaginer et mettre en œuvre des alternatives souhaitables sur une Terre rendue inhabitable. Pour Ferdinand (2019, 2024), le concept de l’habiter colonial se situe à la racine de l’état inhabitable de la Terre. L’habiter colonial renvoie à la manière violente et extractiviste d’habiter la Terre issue de la logique coloniale et de la doctrine scolastique expansionniste du propter nos homines, lorsque le colonisateur asservissait les terres, les humains et les non-humains selon ses désirs (Ferdinand, 2019). Mettre l’accent sur la manière d’habiter (et non simplement de penser le rapport à) la Terre permet de souligner la matérialité des rapports de domination qui se perpétuent. Le scandale de la contamination des Antilles françaises au chlordécone est une sombre illustration de cette manière coloniale d’habiter le monde (Ferdinand, 2024), un rapport colonial aux corps et aux territoires.

Les écologies décoloniales proposent également des concepts, ancrés dans l’ontologie relationnelle, qui permettent de repe(a)nser radicalement nos rapports à la Terre et au tissu du vivant. Ces propositions invitent à revoir nos modes de vie, de production et de consommation en s’éloignant radicalement d’un capitalisme extractiviste qui s’inscrit dans des rapports de domination à la Terre. Parmi ces propositions, les concepts de sentipensar (Escobar, 2018b) et de corps-Terre (Ferdinand, 2024) suggèrent une nouvelle manière d’envisager ces rapports à la Terre et aux vivants en reconnaissant la relationnalité profonde qui existe entre nos corps et les territoires que nous habitons. Par ailleurs, plutôt que de se focaliser sur les conditions qui ont mené à une Terre inhabitable, les politiques de l’amour de la Terre et de l’amour des corps (Ferdinand, 2024) invitent à revendiquer et à nourrir, de façon holistique, des rapports créatifs, doux et justes avec la Terre et l’ensemble du tissu vivant.

Finalement, les écologies décoloniales appellent à décoloniser les sciences, non au sens d’une métaphore pour reprendre les termes de Tuck et Yang (2012), mais bien pour opérer une refonte radicale des manières de mener les recherches et d’organiser le monde scientifique autour d’une écologie des savoirs (Visvanathan, 2016). Ces nouvelles manières de faire doivent se distancier des méthodes extractivistes de recherche pour embrasser des méthodes inclusives, respectueuses et au service des populations opprimées et du tissu vivant plus largement. Il existe de nombreuses manières d’opérer un tel changement, par exemple au travers d’une politique de la connaissance-rencontre qui propose d’imaginer et inventer des expériences cognitives et sensorielles pour honorer la Terre et le tissu vivant (Ferdinand, 2024, p.462) ou encore d’une approche anticoloniale qui rejette de prendre pour acquis l’accès au territoire et aux connaissances d’autrui pour valoriser une science réflexive et située respectueuse de la Terre et des savoirs autochtones (Liboiron, 2024).

Cette troisième édition de la Revue Œconomia Humana propose d’explorer les propositions de l’écologie décoloniale et ses concepts sous-jacents via des postures critiques, mais aussi bienveillantes, sous différents angles que nous résumons (sans s’y limiter) dans les axes suivants. Nous encourageons des propositions provenant de différentes disciplines et perspectives épistémiques.

Axes

1. Vivre et défaire l’habiter colonial : nous souhaitons ici donner une voix et une matérialité aux expériences vécues de l’habiter colonial (Ferdinand, 2019) et aux possibilités de défaire cette manière destructrice d’habiter le monde qui le rend inhabitable. Quels exemples empiriques illustrent cet habiter colonial, souvent de façon invisibilisée mais bien concrète? À la manière de l’enquête sur le scandale du chlordécone aux Antilles (Ferdinand, 2024), quelles autres réalités peuvent être mises au jour? Comment défaire en profondeur, se désencastrer de ces rapports destructeurs aux corps et à la Terre? Comment panser, soigner ces blessures infligées tant à la Terre qu’aux corps? Dans la lignée du buen vivir (Gudynas, 2011; Kothari et al., 2019) ou du minobimaatisiiwin (McGregor, 2022; McGregor et al., 2019; Smith, 1995), à quoi ressemblent ou pourraient ressembler de (nouvelles) manières d’habiter le monde qui ne soient pas structurellement destructrices de la Terre et de la dignité de la majorité des humains, dans une perspective d’écologie décoloniale?

2. (Re)penser nos modes d’organisation et de production à la lumière de l’écologie décoloniale : dans un monde où l’extraction de ressources naturelles et la production sont nécessaires pour la

vie humaine, comment réfléchir à de meilleures façons de produire ce dont nous avons besoin, d’organiser cette production et d’échanger des biens? Est-il possible de produire tout en donnant préséance à l’habitabilité de la Terre pour l’ensemble du tissu vivant? Comment conceptualiser et comment agir entre ces tensions profondes? En contrepieds de l’évacuation confortable de la question de la production par certains penseurs du vivant, qui suggèrent l’illusion de « vivre sans produire » pour reprendre la formule de Rigoulet et Bidet (2023), comment repenser la production dans une perspective d’écologie décoloniale? Comment, dans cette mesure, s’inspirer d’une politique de l’amour de la Terre et des corps (Ferdinand, 2024)?

3. (Ré)orienter les attachements entre Nord et Suds : Considérant d’un côté les échanges écologiques inégaux entre Nord et Suds (Hornborg, 1998), reprenant dans les grandes lignes les théories critiques du développementalisme, comment considérer dans une optique d’écologie décoloniale les rapports de production extractifs entre Nord et Suds? Quel apport une posture décoloniale peut-elle avoir pour l’écologie sociale et l’approche socio-métabolique étudiant ces rapports Nord/Suds? Comment, comme le propose Tsing et al. (2021), retracer les racines coloniales et globalisées des enchevêtrements plus-qu’humains pour lesquels les Suds font les frais? Comment intégrer à ces questions, celle de la justice réparatrice telle que proposée par Táíwò (2022)? Et finalement, malgré ses apports et son ancrage profond dans des principes de justice écologique et sociale, la critique de l’écologie décoloniale pourrait-elle faire fausse route?

4. (Dé)construire les imaginaires et les récits : nous proposons ici d’explorer le potentiel de désécriture et de réécriture des discours dominants au travers de l’éclairage de l’écologie décoloniale. Comment rendre visible ce qui est activement produit comme invisible, non existant (Fanon, 1961; Spivak, 2009)? Tandis que « le temps de la simple critique est révolu » (Escobar, 2024), comment créer un nouveau récit qui permettrait de penser et construire une Terre habitable? Comment rendre compte de la possibilité d’un monde pluriversel (Escobar, 2018a) par ces récits? Quel est le rôle des hybridités plus-qu’humaines dans ces récits, ce que Tsing et al. (2021) et Morizot (2019) ont appelé des « chimères » et Viveiros de Castro (2015) des « tricksters », à savoir des appareillages conceptuels et matériels invitant à changer notre façon de considérer le monde?

5. Construire des sciences décoloniales : nous souhaitons réfléchir collectivement et partager des manières de faire de la recherche qui tiennent compte des voix invisibilisées ou marginalisées et qui refusent consciemment de mener des recherches extractivistes. Comment sortir d’un rapport extractiviste aux connaissances pour embrasser une politique de la connaissance-rencontre (Ferdinand, 2024)? Comment devenir des chercheur.e.s écologistes et anticoloniaux.ales(Liboiron, 2024)? À quoi ressemblerait une approche méthodologique ancrée dans l’écologie décoloniale? Quelles expériences de recherche concrètes peut-on partager pour nourrir nos aspirations de justice épistémique ou cognitive et une réelle écologie des savoirs (Visvanathan, 2016)?

Formats des propositions acceptés

Les propositions d’articles peuvent être soumises sous deux formats distincts :

a. Article scientifique revue par les pairs: article scientifique visant à apporter une contribution soutenue et originale à la littérature scientifique. La proposition d’article doit nous être soumise sous la forme d’un résumé de 500 mots maximum, d’ici le 25 avril 2025. Les autrices et auteurs dont les résumés ont été évalués et sélectionnés seront ensuite invité.e.s à soumettre leur contribution scientifique sous forme d’un article d’au plus 8000 mots d’ici le 5 septembre 2025. Ces articles seront soumis à un processus de révision par les pairs en double aveugle et apparaîtront dans la première partie de cette édition de la revue.

b. Proposition libre non révisée par les pairs: dans un format de revue non révisée par les pairs, la revue Œconomia Humana invite chaleureusement toute forme d’expression graphique ou écrite, académique ou non, toute contribution sous forme d’essai argumentaire ou littéraire, de poésie ou autant de manières de raconter et de participer différemment aux débats discutés. Ayant conscience de la violence que peut représenter la domination de la langue française sur certaines cultures, nous invitons les auteurs et autrices souhaitant rédiger une contribution libre dans leur langue maternelle (comme l’atikamekw, le créole haïtien, le swahili, etc.) à nous contacter, afin que nous explorions les possibilités de publication dans la langue d’origine, accompagnée d’une traduction en français. La proposition libre doit nous être soumise sous la forme d’un résumé de 500 mots maximum, d’ici le 25 avril 2025. Si les propositions sont acceptées, les autrices et auteurs seront invité.e.s à soumettre leur proposition libre d’au plus 3000 mots ou 6 pages d’ici le 5 septembre 2025. Ces propositions seront révisées par l’équipe éditoriale et publiées dans la seconde partie de cette édition de la revue.

Les références mobilisées doivent être insérées dans le texte en utilisant la méthode auteur-date et le  format APA.  

Échéancier

a. Date limite pour soumettre une proposition (court résumé) : 25 avril 2025.

b. À la suite de la validation par le comité éditorial, l’article final (ou la proposition libre finale) sera attendu pour le 5 septembre 2025.

S’en suivra une période de révision (par les pairs ou par l’équipe éditoriale, en fonction du format choisi). 

Détails pour les résumés attendus :

  • Titre
  • Court résumé (maximum 500 mots) décrivant les grandes lignes de la contribution visée
  • Mention claire de la catégorie visée par la contribution : article scientifique révisé par les pairs ou format libre (non-révisé par les pairs)
  • Auteur.trice et co-auteur.trice.s (prénom, nom, affiliation s’il y a lieu et adresse courriel)

Les propositions résumées d'au plus 500 mots doivent être envoyées à l’adresse suivante ferrant.axelle@courrier.uqam.ca, en ayant pour objet “REVUE ŒCONOMIA HUMANA V3”

au plus tard le 25 avril 2025. 

Collège de chercheur.e.s invités 

  • Malcom Ferdinand, CNRS IRISSO, Université Paris Dauphine
  • Lovasoa Ramboarisata, ESG UQAM
  • Julien Le Hoangan, EHESS

Comité de direction 

  • Charles Duprez, CRSDD, ESG UQAM – CMH, EHESS
  • Roberto Colin
  • Zeynep Torun, CRSDD, ESG UQAM – Enseignante au Collège de Maisonneuve
  • Pierre-Alexandre Cardinal, ESG UQAM
  • Axelle Ferrant, CRSDD, ESG UQAM
  • Jennyfer Exantus, CRSDD, ISE UQAM

Bibliographie indicative 

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Bookchin, M. (1971). Post-scarcity Anarchism. Ramparts Press. 

Bookchin, M. (1989). Remaking society. Black Rose Books. 

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Escobar, A. (2018a). Designs for the Pluriverse: Radical Interdependence, Autonomy, and the Making of  Worlds (Illustrated edition). Duke University Press. 

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http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb45489537d 

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Notes

1 Initialement utilisé dans d’autres champs, le mot-valise pe(a)nser a récemment été introduit au sein du débat  sur la crise écologique et les perspectives décoloniales, dans l’article des chercheur.e.s Ramboarisata, Berrier Lucas, Aissi Ben Fekih, Benouakrim, Ramonjy, et Tello Rozas (2022) portant sur les approches décoloniales de la  RSE.


Date(s)

  • Friday, April 25, 2025

Keywords

  • écologie, décolonial

Contact(s)

  • Julien Le Hoangan
    courriel : julien [dot] lehoangan [at] ehess [dot] fr

Information source

  • Julien Le Hoangan
    courriel : julien [dot] lehoangan [at] ehess [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Les écologies décoloniales : pe(a)nser une Terre inhabitable », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, March 25, 2025, https://doi.org/10.58079/13k73

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