Cette journée d’étude a pour objectif de réunir des chercheuses et des chercheurs travaillant sur l’accompagnement dans ses plus différentes configurations, afin de saisir les (dis)continuités politiques, morales, éthiques, matérielles et épistémologiques de cette nébuleuse.

17-18 septembre 2025 Campus Condorcet (8, cours des Humanités)

Argumentaire

Cette journée d’étude a pour objectif de réunir des chercheuses et des chercheurs travaillant sur l’accompagnement dans ses plus différentes configurations, afin de saisir les (dis)continuités politiques, morales, éthiques, matérielles et épistémologiques de cette nébuleuse. Terrains ethnographiques, revues de littérature, campagnes d’entretiens ou enquêtes socio-historiques pourront être mobilisés afin de saisir, en partant des qualifications opérées par les actrices et acteurs, la nouveauté, la croissance ou le déclin du recours au terme d’« accompagnement » ; le caractère (plus ou moins) socialement distribué de l’usage du terme, en particulier du point des investissements discursifs, symboliques, politiques qu’il suscite (ex. revendication d’un droit à « accompagner dignement ») ; ou le cas échéant, la disqualification du terme, sa coexistence, voire sa substitution fréquente par d’autres termes (soin, suivi, supervision, coaching, care...).

En tout état de cause, il est attendu que les communications prennent en compte les rapports de pouvoir qui structurent et façonnent les processus d’accompagnement. En ce sens, des travaux qui s’intéressent aux variations, disparités et inégalités de classe, de genre, de race, d’âge ou d’ordre géographique sont les bienvenus.

Cet appel se décline en trois principaux axes qui renvoient, de manière transversale, aux transformations récentes des modèles de protection sociale et aux liens entre ces transformations et les conditions d’exercice de l’accompagnement:

Épistémologies de l’accompagnement : (dis)continuités théoriques et méthodologiques

Les communications qui s’inscriront dans cet axe pourront ainsi documenter des usages situés du terme en prenant pour échelle une institution, un champ d’intervention ou encore une catégorie de public, voire plusieurs dans une perspective comparative.

Les participantes et participants pourront également mettre en évidence et/ou à interroger les fondements épistémologiques, les répertoires normatifs et le champ des pratiques de l’accompagnement à partir de grilles de lecture et d’outils théoriques issus, entre autres, des théories et politiques féministes du care (Gilligan, 1982 ; Hirata,2021 ; Tronto, 2015) ; de la sociologie du travail relationnel, du travail émotionnel, de la relation d’aide et de service (Aballéa, 2003 ; Hochshild, 2017 ; Rothier Bautzer, 2016) ; de travaux dédiés au coaching(Marquis and Mignon, 2024; Salman, 2021) ; ou encore, de travaux en sociologie économique et politique consacrés à l’accompagnement d’institutions, voire d’États par d’autres, si ce n’est par des acteurs transnationaux (FMI, Banque mondiale, OCDE…).

Espaces, pratiques et expériences de l’accompagnement : individus, objets,institutions, interactions

Dans ce deuxième axe, nous nous intéressons plus précisément aux sites, situations et publics de l’accompagnement. Nous souhaitons mettre en évidence, et proposer d’explorer la diversité d’actrices et d’acteurs, d’espaces et de temporalités sociales dans lesquelles se déroulent les situations d’accompagnement.

Bien que cette notion et son histoire soient particulièrement pertinentes dans les champs de la santé (mentale), du handicap et du travail (médico-)social, force est de constater que la nébuleuse de l’accompagnement s’étend sur d’autres organisations et espaces sociaux : il est question d’accompagnement du travail en entreprise (Darbus, 2008 ; Sammut, 2003), de l’accueil et del’accompagnement de migrant·e·s dans le cadre de démarches administratives et médicales (Leboeuf,2010 ; Muller, Wolff, 2022 ; Wang, 2012) ; de l’adoption (Dartiguenave, 2013 ; Sellenet, 2013) ; dusystème éducatif (Cauvier, Desmarais, 2013 ; Martin et al., 2018)… 

Des accompagnements « more-than-human »

Enfin, cet appel invite aussi à réfléchir à toute une série de dispositifs d’accompagnement « plus qu’humains », dont l’hybridation – l’action conjointe, coordonnée, voire collaborative d’humain(s) et de non-humains – constitue l’intérêt majeur à titre de nouveauté ou dont les finalités auraient sensiblement évolué dans l’histoire récente. 

Que signifie la plus-qu’humanisation de l’accompagnement ou les réorientations qui la traversent pour ses publics, selon qu’il s’agit d’une option préférée à des formes concurrentes d’accompagnement appréhendées comme aliénantes, menaçantes, superflues ; d’une réponse techniciste envisagée par les pouvoirs publics à une pénurie effective ou anticipée d’accompagnement humain, ou tout simplement, d’un service complémentaire, dans une logique qui ne serait pas substitutive mais additive ?

Modalités de soumission

Cette journée d’étude s’adresse aux différents publics (académique, professionnel, associatif et militant) qui s’intéressent aux problématiques en rapport avec l’accompagnement.

Les propositions devront compter au maximum 3500 signes espaces compris, hors bibliographie. Outre leur affiliation, les auteur·ice·s doivent indiquer quelle est l’approche adoptée (empirique, épistémologique et/ou portant sur les enjeux méthodologiques), la problématique et dans quel(s) axe(s) de l’appel la communication s’inscrit.

Les propositions doivent être adressées à l’adresse suivante : je.accompagnement@proton.me

avant le 16 mai 2025.

Les auteur·ices recevront une réponse à la fin du mois de juin 2025.

Organisation

• Marcos Azevedo
• Martin Chevallier

Comité scientifique

• Marine Al Dahdah (CEMS, CRNS)
• Audran Aulanier (CEMS, EHESS, CeRIES, IC Migrations, Ethics – UC Lille)
• Louis Braverman (Université de Bretagne Occidentale, LABERS)
• Sylvain Brunier (CRNS, CSO, Sciences Po Paris)
• Andréanne Courtemanche (UQAM)
• Marion Doé (CEMS, EHESS)
• Nicolas Henckes (CNRS, EHESS, CERMES3)
• Marianne Noël (CNRS, LISIS)
• Isaora Rivierez (Cerlis, Université Paris Cité)
• Julie Rodrigues Leite (ENS Lyon)
• Scarlett Salman (Université Gustave Eiffel, LISIS)
• Sophie De Spiegeleir (UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, Césir, Casper)
• Anthony Stavrianakis (CNRS, LESC)
• Simeng Wang (CNRS, CERMES3)