Il s'agit de valoriser, dans une perspective interdisciplinaire, les recherches de doctorant·es, post-doctorant·es et jeunes docteur·es travaillant sur les déchets et leurs sujets connexes en sciences humaines et sociales. Elles contribuent au renouvellement des productions scientifiques en « rudologie » en s’inscrivant dans des perspectives théoriques, réflexives et épistémologiques, méthodologiques et de diffusion/instrumentalisation de la recherche.

Argumentaire

Est-il, comme l’affirme Nicky Gregson « impossible de comprendre le problème global des déchets en commençant par le déchet », ou faut-il à l’inverse s’intéresser aux déchets pour eux-mêmes ?

Si l’on ne peut « commencer » par lui, c’est que la conception des produits, la génération du déchet, sa circulation, sa prise en charge ou sa prétendue « prévention », « élimination », « réduction » ou « valorisation » s’inscrivent dans des sphères multiples. Ces différentes phases sont le produit de cadres institutionnels, de régimes légaux, de dispositifs techniques mais aussi de pratiques concrètes (travail, prise en charge, consommation, soin…) et d’imaginaires sociaux, de représentations culturelles. En parallèle, les enjeux sanitaires et environnementaux liés à la génération et au traitement des déchets renvoient à des cadrages politiques et économiques complexes, tout autant qu'ils génèrent des problématiques socio-écologiques majeures. Mais les déchets sont aussi une matière à analyser en tant que telle, un objet propre à nos sociétés qu’il s’agit de considérer pour eux-mêmes. Il s’agit donc ici de prendre au sérieux la matérialité des déchets. Entre processus et objet, moyen ou fin en soi, la recherche en SHS compose avec une multiplicité d’approches traduisant la complexité de l’étude des déchets.

Ces questionnements donnent aux sciences humaines et sociales une place cruciale pour comprendre le déchet et ses problèmes, ce que s’attache à faire la rudologie. Ce champ de recherche dynamique ne cesse en effet de se déployer, comme en témoignent les nombreux projets de recherche et la consolidation de communautés scientifiques en France, tel que le réseau « Sociétés urbaines et déchets » ou plus récemment « Déchets, valeurs et sociétés », mais aussi à l’international, avec « Opening the bin » et plus largement les discards studies. Poursuivant ce mouvement, les doctoriales de rudologie nourrissent ces réflexions en invitant particulièrement les doctorant.es, jeunes docteur.es et post-doctorant.es à témoigner, relater et partager leurs expériences de recherche sur les déchets. Le présent événement s’inscrit donc dans la lignée des doctoriales organisées au Mans en 2022 puis en 2024.

Des éditions précédentes, on peut notamment retenir que le déchet, objet multidimensionnel, reste difficile à saisir à travers des lunettes disciplinaires classiques, les sciences humaines et sociales reproduisant en miroir certains impensés de nos sociétés vis-à-vis de la déréliction, ou le fait de se débarrasser des choses. Comme le suggérait la chercheuse Jeanne Guien, il semble que le déchet bouscule les catégories ontologiques de l’analyse, invitant à se pencher sur les processus plus que sur l’objet, la circulation plus que le statut (Guien, 2024). Cette spécificité du déchet est particulièrement heuristique, parfois déconcertante, mais très stimulante et originale. Ces singularités viennent aussi du fait que le déchet soit un objet socialement situé, associant le ou la chercheur.se au stigmate du rebut (Monsaingeon, 2017) : parce qu’il est un produit inutile et donc dégradé, la proximité du déchet tend aussi à devenir dévalorisante, de sorte que vouloir l’étudier, c’est souvent se voir considéré comme à peine moins inconvenant.

Après deux éditions marquées par la diversité des présentations et la richesse des débats, les doctoriales de rudologie reviennent en 2025 pour questionner collectivement les « déchets » sous ces différents aspects. Pour faciliter l’ouverture et la rencontre, cette édition privilégiera des formats de communication permettant la mise en discussions des interrogations, impasses, impensés et intuitions que nous pouvons rencontrer dans la conduite d’une thèse en SHS sur cet objet.

Quatre axes sont ici proposés, reflétant différents moments de la recherche dans le domaine de la rudologie et à partager les questionnements rencontrés. Théoriser les déchets implique de naviguer entre ancrages disciplinaires variés, tout en faisant face aux contraintes institutionnelles qui encadrent la recherche et influencent les choix méthodologiques :

l’axe 1 analysera ces tensions épistémologiques et les impensés qui en découlent.

L’axe 2 s’intéressera quant à lui aux postures du chercheur ou de la chercheuse, confronté.e à la délicate articulation entre objectivité scientifique, proximité au terrain et biais de positionnement.

Par ailleurs, l’axe 3 portera sur les outils et méthodes mobilisés pour collecter et analyser les données, en interrogeant leur adéquation aux enjeux étudiés.

Enfin, l’axe 4 questionnera les modalités de coproduction, de restitution et de diffusion des résultats de recherche.

Axes

1. Théoriser les déchets : ancrages disciplinaires et épistémologiques, entre choix, contraintes et impensés de recherche
2. Postures de recherche : objectivité de la recherche, proximité au terrain et biais de positionnement ou d’engagement
3. Données, terrain, outils de recherche : quelles méthodes pour quels résultats ?
4. Coproduction, restitution, diffusion et mise en débat de la recherche : des résultats pour qui, pourquoi, comment ?

Conditions de soumission

Formats

Afin de favoriser une diversité de contributions et de permettre la mise en regard d’une pluralité de travaux, deux formats différents ont été explicités ci-dessous. Nous vous proposons d’indiquer vos préférences dans votre résumé, dont nous essaierons de tenir compte dans la mesure du possible.

• Table-ronde

Ce format, plus horizontal, invite la mise en regard de plusieurs travaux de recherche. Trois à quatre travaux pourront ainsi être présentés brièvement, puis discutés au travers des questions d’une personne chargée de l’animation. La session se terminera par des questions du public. Si votre communication est retenue, les autres participant.es et les questions envisagées dans votre session vous seront indiqués au préalable.

• Communication individuelle

Ce format, plus descendant, implique une communication unique puis des questions du public. Dans le but de favoriser le dialogue, les communications individuelles pourront être réorientées vers une table-ronde.

• Ateliers participatifs

Par ailleurs, des ateliers participatifs pourront être organisés. Dans ce cadre, et en marge des propositions de communications que vous formulerez, le comité d’organisation accueille vos suggestions de thématiques, formats, ou encore modes d’animation (arpentage, discussions, exposition photo, diffusion de film, théâtre…) : n’hésitez pas !

Modalités d'envois

L'appel à communication est ouvert aux doctorant·es, post-doctorant·es et jeunes docteur·es de toute discipline des sciences humaines et sociales.

Les propositions de communication seront envoyées 

au plus tard le 20 juin 2025 

à l’adresse suivante : doctorudo@proton.me

La proposition de communication orale sera rédigée en français et devra comprendre :

• Le nom du ou des auteurs et autrices, l’université et le laboratoire de rattachement et une courte biographie,
• Un titre et 3 à 5 mots-clés,
• L’axe dans lequel s’inscrit la proposition et le format privilégié (table-ronde ou communication individuelle),
• Un résumé de 500 mots,
• Une courte bibliographie indiquant les références sur lesquelles la proposition s'appuie,
• Facultatif : vos souhaits de thématiques ou formats pour les ateliers participatifs, et éventuellement vos attentes vis-à-vis des doctoriales.

Les auteur·ices dont la proposition de communication aura été retenue seront notifié·es au cours du mois d’août 2025.

Comité scientifique

• Adeline Pierrat (Maîtresse de Conférences en géographie, UMR ESO, Le Mans Université)
• Baptiste Monsaingeon (Maître de Conférences en sociologie, EA REGARDS, Université de Reims Champagne-Ardenne)
• Claire Larroque (Docteure en philosophie, Chargée d'enseignement UCO Angers)
• Corinne Blanquart (Directrice de recherche HDR en économie, UMR SPLOTT – Université Gustave Eiffel)
• François Jarrige (Maître de Conférences HDR en histoire contemporaine, Université Bourgogne Europe).
• François-Joseph Daniel (Maître de Conférences HDR en sociologie, UMR SAGE, ENGEES – Université de Strasbourg)
• Isabelle Hajek (Maîtresse de Conférences HDR en sociologie, UMR SAGE, Université de Strasbourg)
• Jean-Baptiste Bahers (Chargé de recherche CNRS, UMR ESO, Université de Nantes)
• Mathieu Durand (Professeur des Universités en Aménagement et Urbanisme, UMR ESO, Le Mans Université)
• Nathalie Lazaric (Directrice de recherche CNRS au GREDEG, Université Côte d’Azur)

Comité d'organisation

• Aline Le Failler (Doctorante en géographie, ESO Nantes – Le Mans Université, Nantes Université)
• Kate Mungroo (Doctorante en sciences de gestion, ARGUMans – Le Mans Université)
• Laurent Vasquez (Doctorant en sociologie, SAGE – Université de Strasbourg)
• Maxence Mautray (Doctorant en sociologie, PAVE – Centre Emile Durkheim)
• Quentin Moureau (Doctorant en sociologie, CLERSÉ – Université de Lille)
• Victor Bayard (Chercheur postdoctoral en socio-économie – UniLaSalle Rennes)
• Vincent Jourdain (Chercheur postdoctoral en sociologie, ESO – Le Mans Université)
• Zoé Burtschell (Doctorante en économie, GREDEG – Université Côte d’Azur)