Ce colloque vise à appréhender le phénomène du symbole dans sa relation avec la poétique au sens large du mot, à savoir l'étude des moyens de production du sens, de ses thèmes et de ses modes d'expression dans un discours donné, comme l'a définie Aristote dans sa Poétique.

Argumentaire

 Le symbole a accompagné l’existence humaine depuis ses origines les plus anciennes. Dans sa forme la plus rudimentaire, élaborée par l’homme de l’ère paléolithique, il se manifestait sous forme de gravures sur les murs des cavernes où il s’abritait pour se protéger des dangers de la nature. Avec l’Homo sapiens, l’être humain a acquis la capacité de transformer ces simples dessins en symboles plus abstraits, donnant ainsi naissance aux premières formes d’expression linguistique.

Les Grecs avaient une influence très remarquable dans la conceptualisation du rôle du symbole dans les divers aspects de la vie, en élaborant un système symbolique doctrinal ayant une organisation rigoureuse, telle qu'illustrée dans la mythologie grecque. De surcroît, les philosophes grecs ont abordé le symbole en tant que concept abstrait, et ont apporté de nombreuses élucidations concernant son essence, sa fonction et sa signification. Platon, notamment, définit le symbole (σύμβολον, súmbolon) comme la dissociation de deux éléments initialement unis ,ce qui implique que le symbole représente simultanément l’union et la séparation de ces deux éléments, dans une subtile dynamique oscillant entre la dissociation et l’unification (Platon, Le banquet).

Le concept de symbole a atteint un grand degré d’abstraction avec Aristote, au point qu'il considère que «ce qui se manifeste dansla voix n'est qu'un symbole des états de l’âme.» (Aristote, De l'interprétation).

Dans la culture arabe, l’importance du concept de symbole réside dans le fait que la langue dans laquelle a été rédigé le texte sacré est intrinsèquement une langue symbolique à bien des égards. Bien que le terme /ramz/ (symbole) n’apparaisse qu’une seule fois dans le Coran (dansleverset41delasourate Āl ʻimrān), la dimension symbolique y est éminemment profonde et se manifeste comme l’un des aspects de son éloquence, attestant de la grande puissance discursive qui caractérise ce texte.

Les maîtres spirituels soufis ont nourri cette richesse symbolique en élaborant un langage fort expressif, où les frontières entre le monde perceptible et le domaine de l’au-delà tendent à disparaître.

D’un point de vue lexical, l’une des significations du symbole /ramz/ en arabe est le mouvement, ce qui donne l’impression qu’il s’agit d’une oscillation perpétuelle entre un signe arbitraire et un élément porteur de signification. C’est dans ce sens que convergent l’approche arabe et la définition donnée par Platon au symbole.

A l’époque moderne, on accorde une grande importance au symbole et à la symbolique dans plusieurs domaines, à partir de la linguistique avec Ferdinand de Saussure qui a défini le signe linguistique comme une entité réunissant le signifiant (l'aspect matériel du signe) et le signifié (son contenu conceptuel). Il a en outre affirmé que le lien qui unit ces deux éléments est arbitraire et ne peut donc être logiquement justifié dans le réel. De ce fait, de Saussure distingue le signe du symbole en se basant sur le degré d’arbitraire qui lie le signifiant au signifié (de Saussure, Cours de linguistique générale).

En se basant sur la définition linguistique du symbole, les études occidentales se sont orientées vers l’exploration de ce concept dans divers champs de la pensée humaine, tels que l’imaginaire, le mythe, les rêves, etc., faisant ainsi du symbole un élément fédérateur de différentes orientations et approches épistémologiques et philosophiques. Les travaux de Tzvetan Todorov en témoignent puisqu’ils sont considérés parmi les contributions les plus innovantes dans ce domaine. En effet, outre la dimension théorique de ses œuvres, il a contribué à dissoudre les frontières entre le linguistique et le littéraire et a fait du symbole un outil d’exploration des textes allant au-delà de la notion de genre littéraire (T. Todorov, Théories du symbole ; Symbolisme et interprétation).

C’est ainsi que le concept de symbole a occupé une position de premier plan dans le domaine de l’analyse du discours, qu’il s’agisse de textes écrits, chantés, dessinés ou même joués. De ce fait, un dispositif terminologique riche s’est constitué autour du symbole, basé sur les concepts de signe, signifiant, signifié et bien d’autres composantes du champ sémantique qui s’est structuré en fonction de l’approche utilisée dans l’étude d’un ouvrage.

Dans ce contexte, Le dictionnaire des symboles représente une œuvre colossale, puisqu’il traite des symboles de tout genre, dans une approche universelle de la pensée humaine (Jean Chevalier & Alain Gheerbrant, Dictionnaire Des Symboles, Mythes, Rêves, Coutumes, Gestes, Formes, Figures, Couleurs, Nombres).

Néanmoins, l’étude du symbole n’est pas l’apanage des sciences humaines. Le symbole est un concept universel sur lequel se basent aussi les sciences exactes telles que les mathématiques, les sciences physiques, la chimie, l’informatique, etc.

Le symbole scientifique a pour fonction de désigner les éléments présents dans l'expérience physique, ainsi que les composantes de la réalité mentale, en établissant les relations qui les unissent et les opérations qui leur sont appliquées. De ce fait, le symbole n'annule pas le langage naturel, mais le transcende. Il fonde ainsi une dynamique ascendante dans l'acte d'écriture de la science, et descendante lors de la lecture de l'expression scientifique dans sa forme symbolique.

On peut donc dire que les symboles sont présents dans toutes les manifestations de l'existence humaine, portant un réseau de significations que le lecteur ne peut déchiffrer en lisant un texte, sans une réflexion approfondie et sans le recours à des sciences et des disciplines relativement nouvelles, telles que la linguistique, l'onomastique, la sémiologie et notamment la poétique puisqu’elle est ouverte à de nombreuses approches, ce qui lui confère des outils pertinents dans l’analyse des divers discours, afin de révéler les significations qu’un texte peut véhiculer.

C’est pour cette raison que ce colloque se propose d'étudier la poétique du symbole, vu que le symbole et la symbolique sont désormais parmi les préoccupations les plus intéressantes et les plus captivantes de l'esprit humain. En effet, le symbole a acquis la capacité de transcender les limites du langage pour englober toutes les formes d'art et d'expression susceptibles d'être analysées, telles que le théâtre, la peinture, la musique, la sculpture, le cinéma, et bien d’autres domaines qui exigent une réflexion approfondie et qui recourent aux outils d'analyse du discours pour en saisir les significations profondes

Dans cette perspective, ce colloque vise à appréhender le phénomène du symbole dans sa relation avec la poétique au sens large du mot, à savoir l'étude des moyens de production du sens, de ses thèmes et de ses modes d'expression dans un discours donné, comme l'a définie Aristote dans sa Poétique.

Le thème de «la poétique du symbole » sera donc abordé selon les axes suivants:

• Le concept de symbole et son évolution: approches philosophique, scientifique, anthropologique, psychologique et esthétique, et même dans les sciences exactes telles que les mathématiques, etc.
• Le symbole dans le domaine linguistique,
• La poétique du symbole dans le domaine religieux,
• La poétique du symbole dans le domaine mythologique,
• La poétique du symbole dans le domaine du signe visuel,
• La poétique du symbole dans le domaine de la création artistique en général (littérature, arts plastiques, théâtre, musique, etc.).

Conditions de soumission

La participation est ouverte aux chercheurs confirmés et aux doctorants, sous réserve du caractère original et inédit des travaux proposés.

Les propositions de communication devront être envoyées en format Word sous forme d’un résumé de 300 mots qui explicite la problématique et les principaux axes de la communication.

• Les candidats sont priés de préciser les points suivants:
• Le titre de la communication,
• l’axe thématique dans lequel s’inscrit la communication,
• 5 mots clés,
• Une courte bibliographie,
• Les renseignements suivants: prénom, nom, statut, affiliation et coordonnées de l’auteur.

Les interventions sont à présenter dans l’une des langues suivantes : le français, l'arabe ou l'anglais.

Les fiches de participation et les résumés devront être envoyés à l'une des adresses électroniques suivantes :

• Adresse du laboratoire Etudes Poétiques: laboratoirederechercheetudespo@gmail.com
• Adresse de M^me Jihène Ameur, coordinatrice du colloque: jiheneameurseminaire@gmail.com

Calendrier

• Date limite de soumission des résumés: 28 juillet 2025.

• Notification des acceptations préliminaires: au plus tard le 20 août 2025.
• Soumission des communications finales: au plus tard le 15 octobre 2025.
• Date et lieu du colloque: 26 et 27 novembre 2025, à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse (Université de Sousse), République Tunisienne.

Les communications présentées lors du colloque feront l’objet d’une sélection en vue d’une publication scientifique après l’événement.

Coordinatrice scientifique 

• Jihène Ameur, coordinatrice du colloque

Comité scientifique

• Ridha Ben Hmid : Professeur de l'enseignement supérieur (Université de Sousse)
• Besma Nouha Chaouach : Professeure de l’'enseignement supérieur (Université de Tunis)
• Mohamed Salah-Eddine Cherif : Professeur de l’'enseignement supérieur, (Université de La Manouba)
• Jamil Ben Ali : Maître de conférences (Université de Sousse)
• Ridha Labiadh : Maître de conférences (Université de Gabès) 
• Mohamed Chagraoui: Professeur de l'enseignement supérieur (Université de Tunis El Manar)
• Salwa béji : Professeure de l'enseignement supérieur (Université de Kairouan)
• Emna Rmili : Professeure de l'enseignement supérieur (Université de Sousse)  
• Jihène Ameur : Maître de conférences (Université de Sousse)
• Thouraya Ben Salah : Maître de conférences (Université de Sousse)
• Samia Denguir : Maître de conférences (Université de Sousse)
• Mohamed Moez Jaafoura : Maître de conférences (Université de Sousse)
• Wissem Knaz : Maître-assistant (Université de Sousse)
• Najwa Kamel: Maître-assistante (Université de Sousse) 
• Radhia Fleh : Maître-assistante (Université de Sousse)
•  Fathia Daouès: Maître-assistante (Université de Sousse)
• Wiem Krifa : Maître-assistante (Université de Sousse) 
• Hayet Khiari : Maître-assistante (Université de Sousse) 
• Chiraz Dardour : Maître-assistante (Université de Sousse)