Le colloque international examine les relations entre témoignage, mémoire et identité dans divers domaines comme la littérature, les arts et l'histoire. Ces trois notions sont intimement liées : le témoignage transmet la mémoire, qui façonne à son tour la construction de l'identité. Cette dynamique est explorée à travers une diversité de corpus. En littérature, l'écriture permet de transmettre des événements cruciaux et d'explorer la construction de soi ainsi que la mémoire individuelle et collective. Les arts reflètent les époques, contribuent à bâtir une mémoire collective, dénoncent les traumatismes historiques et intègrent les mémoires individuelles, devenant un espace de résistance à l'oubli. La philosophie éclaire ces liens avec des concepts clés sur la mémoire et l'identité. Enfin, la linguistique étudie le rôle de la langue comme vecteur et archive de la mémoire, ainsi que la manière dont elle structure le témoignage.

L'Institut Supérieur des Sciences Humaines de Jendouba, Le Laboratoire de Recherche « Langues, Discours et Cultures, ISSHJ » et Le Département de Français organisent un colloque international les 21, 22 et 23 octobre 2025.
Le 21 à Jendouba et les 22 et 23 à Ain Drahem

Argumentaire 

Le colloque international « Témoignage, mémoire et construction de l’identité » invite à explorer la manière dont le témoignage, la mémoire et l’identité s’entrelacent dans la littérature, les arts et l’histoire. Ces trois notions sont profondément liées : le témoignage, en transmettant une expérience vécue, devient un vecteur de mémoire, qui façonne à son tour la construction de l’identité à la croisée de la continuité et de la rupture, entre héritage et réinvention. Ce colloque propose d’examiner ces dynamiques à travers une diversité de corpus littéraire, artistique, anthropologique, linguistique et autres, allant des récits autobiographiques aux fictions historiques, en passant par les textes postcoloniaux et les témoignages de guerre.

En littérature et civilisation, l’écriture s’attache à transmettre des événements cruciaux et explore la construction de soi (Montaigne, Rousseau). Elle met en scène le conflit intérieur et la quête identitaire (Racine, Corneille), ou encore les déterminismes sociaux (Balzac, Zola). La littérature moderne mêle mémoire individuelle et collective (Annie Ernaux). Mais qu’elle soit, individuelle ou collective, elle joue un rôle central dans la manière dont une société se construit. Les témoignages de guerre révèlent la tension entre le personnel et l’officiel, tandis que les œuvres postcoloniales mettent en avant la ressouvenance coloniale et la quête d’identité (Djebar, Césaire). Les arts reflètent les époques et contribuent à construire une mémoire collective (cathédrales, Versailles). Les arts visuels et le cinéma (photographie, film) sont cruciaux pour témoigner des traumatismes et intégrer les mémoires individuelles dans un récit collectif, donnant voix aux marginalisés (La Haine, Indigènes). L’art devient un espace de confrontation avec le passé et de résistance à l’oubli.

Les arts français, peinture, sculpture, architecture, reflètent les époques qu’ils traversent. Au Moyen Âge, l’art, imprégné de foi, s’exprime à travers les cathédrales gothiques et les manuscrits enluminés, tels Les Très Riches Heures du Duc de Berry, conjuguant sacré et quotidien.

La Renaissance place l’individu au cœur de la création, comme en témoignent les portraits de François Clouet et l’architecture du château de Chambord, fusionnant styles français et italien pour affirmer une identité royale ouverte à l’Europe.

Sous Louis XIV, l’art devient un instrument de propagande, illustré par le faste de Versailles et la musique de cour, construisant une identité nationale centrée sur la figure du roi.

À partir du XIXe siècle, les arts visuels et le cinéma jouent un rôle crucial dans la transmission de la mémoire. Des œuvres comme La Liberté guidant le peuple de Delacroix ou Guernica de Picasso dénoncent les traumatismes historiques. Des films tels que La Haine de M. Kassovitz, Indigènes de R. Bouchareb ou Réfléchir la mémoire de Kader Attia intègrent les mémoires individuelles dans un récit collectif, offrant une plateforme aux voix marginalisées. L’art devient ainsi un espace de confrontation avec le passé et un outil de résistance face à l’oubli.

La philosophie éclaire ces liens. Maurice Halbwachs a introduit la notion de mémoire collective, montrant son rôle dans la perception sociale. Paul Ricœur souligne que l’identité se construit entre souvenir et oubli. Dans La mémoire culturelle, Jan Assmann distingue mémoire communicative et mémoire culturelle, insistant sur les pratiques culturelles comme support de transmission.

En didactique et en linguistique, la langue est à la fois vecteur et archive de la mémoire, fixant et transmettant les témoignages. Elle structure la mémoire et conditionne son interprétation. L’objectif, à travers ce colloque, est d’explorer la manière dont le langage construit le témoignage et son inscription mémorielle. Le témoignage, visant l’authenticité, engage cependant des choix subjectifs qui influencent la perception. De nombreuses questions se posent alors et suscitent l’intérêt. Elles portent sur les structures grammaticales traduisant la mémoire subjective, la fonction de la négation, ou les outils linguistiques pour construire un récit de soi. L’étude des langues minoritaires, l’étymologie, la mémoire de la langue maternelle (clé identitaire) et les traces cognitives du plurilinguisme sont également des axes de réflexion linguistiques à approfondir, tout comme l’impact des temps verbaux sur la narration du souvenir ou la préservation des récits oraux sont.

Axes de réflexion (non exhaustifs) :

1.    Mémoire et construction identitaire

• Mémoire et construction de l’identité : entre héritage et recomposition
• Mémoire individuelle et mémoire collective
• L’identité en tension : entre héritage et réinvention
• Identité et société : entre raison et passion

2. Témoignage, transmission et vérité

• Le témoignage : une pratique de transmission et de vérité
• L’impact du témoignage sur la reconstruction de l’histoire et de l’identité collective
• La fonction du témoignage dans la représentation du passé
• Les récits oraux et leur transmission intergénérationnelle

3. Mémoire, art et représentations culturelles

• Témoignage et mémoire dans l’art : un dialogue entre passé et présent
• Pratiques culturelles dans la transmission de la mémoire
• Récits audiovisuels : le rôle du cinéma et de la photographie dans la mise en lumière des mémoires oubliées ou marginalisées

4. Mémoire linguistique et transmission

• Évolution des langues dans le temps : comment les évolutions linguistiques influencent-elles la transmission de la mémoire ?
• Langues minoritaires et langues vulnérables ou en danger : quels enjeux pour la conservation et la transmission du patrimoine linguistique et culturel ?
• L’étymologie comme mémoire des mots
• Mémoire et transmission de la langue maternelle : rôle de la langue première dans la construction identitaire et mémorielle
• Mémoire et acquisition des langues secondes ou étrangères : les traces cognitives et culturelles du bilinguisme ou plurilinguisme

5. Mémoire, cognition et narration

• Rôle des différentes composantes de la mémoire dans l’apprentissage : comment les processus mnésiques participent-ils à l’acquisition et la rétention des savoirs ?
• Les temps verbaux (passé composé, imparfait, plus-que-parfait) et la mise en scène du souvenir : impact des temps verbaux sur la perception et la narration des événements
• Les marqueurs de la subjectivité : comment les choix discursifs révèlent-ils l’engagement du témoin et sa présence dans le témoignage ?
• L’implicite et la mémoire collective : quand l’implicite permet de partager un savoir et un imaginaire collectifs

6. Mémoire, éthique et société

• Mémoire postcoloniale et contemporaine
• Éthique du souvenir : les enjeux éthiques liés à la mémoire (le pardon, l’oubli, la réconciliation, etc.).

Modalités de soumission

Les personnes intéressées doivent soumettre, en fichier attaché word, un projet d’une page comportant :

• les coordonnées de l’auteur (statut professionnel, établissement, adresse électronique)
• le titre, un résumé de 500 mots, une bibliographie de 5 titres maximum et une liste de 5 mots clés (style Times, police 12, marge 2,5, interligne 1)

Les soumissions seront envoyées à l'adresse : isshjendouba2022@gmail.com

avant le 12 août 2025

• 30 août 2025     Réponse aux contributeurs
• 30 septembre 2025    Remise des textes définitifs des communications.

Les textes sélectionnés, après une double évaluation anonyme du comité scientifique, seront publiés dans les actes du colloque.

Langues de participation : Français, Anglais, Arabe.

Comité scientifique

• Beji-Ben Hmid Salwa, (Université de Kairouan)
• Beltaief Emna, (Université Tunis)
• Ben Abid-Zarrouk Sondess, (Université de Mulhouse)
• Ben Hamadi Houda, (Université de Carthage)
• Ben Henda Badreddine, (Université Tunis el Manar)
• Bentaleb Farès, (Université de Rennes)
• Chagraoui Mohamed, (Université Tunis el Manar)
• Evain Christine, (Université de Rennes)
• Fitouri Sonia, (Université Tunis)
• Kalai Lassad, (Université de Carthage)
• Richard Elisabeth, (Université de Rennes)
• Saidi Narjess, (Université de Jendouba)
• Sayadi Abderrazak, (Université de Kairouan)
• Zaiem Farah, (Université de la Manouba)

Comité d'organisation

• Abidli Mongia, (Université de Jendouba)
• Bousselmi Mariem, (Université de Jendouba)
• Chaouachi Mejdi, (Université de Jendouba)
• Hamed Khaoula, (Université de Jendouba)
• Kaouech Ines, (Université de Jendouba)
• Soltani Fatma, (Université de Jendouba)
• Torâa Karama, (Université de Jendouba)
• Zamouri Salwa, (Université de Jendouba).