Les différents degrés de fictionnalisation suggèrent des identités diverses qui font que l’on peine à toujours identifier les tenants des différentes fonctions dans les œuvres littéraires. La question de l’identité traverse la fictionnalité comme espace de positionnements concurrents. Ainsi, les médiations narratives et discursives permettent d’explorer la réalité existentielle que suscite les voix narratives. L’incidence d’un tel jeu dévoile les enjeux de création des identités. Les sociétés contemporaines souffrent des dédoublements construits ou des adossements sur des identités multiples.

JOURNÉE D’ÉTUDE N˚5 DU GRECTLIC 

Argumentaire

Les différents degrés de fictionnalisation suggèrent des identités diverses qui font que l’on peine à toujours identifier les représentants des différentes fonctions dans les œuvres littéraires. La question de l’identité traverse la fictionnalité comme espace de positionnements concurrents. Ainsi, les médiations narratives et discursives permettent d’explorer la réalité existentielle que suscitent les voix narratives. L’incidence d’un tel jeu dévoile surtout les enjeux de création des identités. Les sociétés contemporaines souffrent des dédoublements construits ou des adossements sur des identités multiples. Les voix narratives procèdent de ce trouble identitaire. Nombre de récits actuels configurent les identités narratives qui laisse mieux comprendre certaines théories dont celle du narrateur auctorial (Stanzel, 1971), de la théorie du narrateur optionnel (Sylvie Patron, dir, 2022). C’est pourquoi l’argument de saisir les identités plurielles et critiques se pose comme un enjeu continu.

Actuellement, l’œuvre littéraire ne se conçoit plus comme l’émanation univoque d’un auteur omniscient, s’adressant à un lecteur passif à travers des personnages figés dans une représentation stable du monde. Le champ littéraire est désormais caractérisé par un rejet des postures d’autorité traditionnelles, notamment celles de l’auteur, du personnage, mais aussi du lecteur. Cette remise en question, amorcée dès le milieu du XXème siècle par des penseurs tels que Roland Barthes ou Michel Foucault, trouve un écho favorable dans les littératures postmodernes, postcoloniales, décoloniales, féministes et autofictionnelles, enclines à interroger de manière critique les constructions identitaires à l’œuvre dans le texte littéraire.

Les figures de l’auctorialité, de l’actorialité et de la lectorialité ne sont plus à envisager comme des instances figées, stables et hiérarchisées, mais au contraire, comme des pôles dynamiques de production, de représentation et de réception du sens des discours sociaux. Désormais, l’auteur peut se dédoubler, se fragmenter, se masquer ou se mettre en scène ; les personnages deviennent porteurs de voix plurielles, souvent en tension avec les normes sociales et les catégories dominantes ; les lecteurs, quant à eux, participent activement à la coconstruction du texte, à travers des lectures critiques.

Ces transformations ou métamorphoses qui se meuvent dans le texte littéraire invitent à repousser les frontières entre fiction et réalité, entre posture littéraire et position politique, entre production esthétique et engagement politique. Elles suscitent également de nombreuses interrogations, à savoir comment la littérature contemporaine met-elle en scène, déconstruitelle ou reconfigure-t-elle les identités auctoriales, actoriales et lectoriales, dans un contexte de remise en question des normes traditionnelles du discours littéraire.

En quoi la légitimation des identités narratives permettent-elles de saisir l’expressivité critique des œuvres ? Comment ces identités deviennent-elles des lieux révélant de nombreux enjeux sous-tendant l’écriture contemporaine ?

La recherche de réponses à ces différentes questions se profile d’abord dans la captation des transformations de la figure de l’auteur, la manière dont les personnages portent des identités narratives critiques, souvent en rupture avec les modèles dominants, et la place du lecteur, en tant que sujet actif de la lecture, porteur de représentations, d’interprétations et d’engagements multiples.

Modalités de contribution

Les propositions sont attendues, avec un résumé de 300 mots, à l’adresse suivante: gcritiquetheories@gmail.com

Date limite pour les propositions 15 mai 2025.

Comité scientifique

La composition du comité scientifique sera précisée prochainement.

Bibliographie indicative

Delormas, Pascale. « Modalités de légitimation auctoriale : identité collective vs identité individuelle ». Légitimité, légitimation, édité par Ozouf Sénamin Amedegnato et al., Presses Universitaires de Bordeaux, 2011, https://doi.org/10.4000/books.pub.36578.

Gérard Genette, Seuils, Éditions du Seuil, 1987

Hans Robert Jauss, Pour une esthétique de la réception, Gallimard, 1978

Michel Foucault, Qu’est-ce qu’un auteur ? 1969

Mikhaïl Bakhtine, La poétique de Dostoievsky, 1929

Philippe Hamon, Du personnage, 1972

Philippe Lejeune, Le Pacte autobiographique, Seuil, 1975

Pierre Bourdieu, Les règles de l’art, 1992

Roland Barthes, La mort de l’auteur, 1968

Sylvie Patron (dir.), La Théorie du narrateur optionnel - Principes, perspectives, propositions, Presses Universitaires du Septentrion, 2022.

Sylvie Patron, The Narrator. A Problem in Narrative Theory (translated by Catherine Porter), Lincoln, University of Nebraska Press, coll. "Frontiers of Narrative", 2023.

Sylvie Patron, « Narrateur auctorial », Glossaire du RéNaF, mis en ligne le 11 octobre 2023,

URL: https://wp.unil.ch/narratologie/2023/10/narrateur-auctorial-authorial-narrator/