Published on Wednesday, May 14, 2025
Abstract
Ces journées d’étude visent à interroger la manière dont la précarisation de l’ESR en sciences sociales influe sur les conditions de réalisation des enquêtes (post-)doctorales, et particulièrement des enquêtes ethnographiques. Aussi, elles s’adressent tout particulièrement aux doctorant·es et chercheurs et chercheuses sans poste en sciences sociales qui considèrent que leurs enquêtes ethnographiques (post)doctorales ont été, ou sont toujours, affectées par la précarisation de l’ESR.
Announcement
Argumentaire
Les doctorant·es et docteur·es sans poste en sciences sociales font face à la « précarisation grandissante » (Bosvieux-Onyekwelu 2023 : 12) de l’Enseignement Supérieur et la Recherche (ESR). La Loi de Programmation de la Recherche (LPR) entrée en vigueur en 2021 – et faisant suite à la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (LRU) de 2013 – engendre des bouleversements structurels majeurs dans le champ professionnel et fragilise le statut de fonctionnaire, à l’image de l’instauration de chaires de professeurs juniors, ou de l’instauration d’une limite de candidature en post-doctorat fixée à trois ans après la soutenance. Depuis plus d’une dizaine d’années, les postes de titulaires diminuent (Gossa et Figon 2025), et ce alors que l’université repose sur « l’ubérisation de l’enseignement supérieur » et le travail sous-payé, sinon gratuit, des vacataires (+ 30 % en 7 ans) – essentiellement doctorant·es et docteur·es sans poste (Collectif Nos Services Publics 2024). Ces dernier·es représentent les deux tiers du corps enseignant en science politique et sociologie (ANCMSP 2020), et un tiers des doctorant·es ne bénéficient pas de financement doctoral en sciences humaines et sociales (EESRI 2019). Ainsi, « l’université broie les jeunes chercheurs » (B. Combes 2022) et il faudrait dorénavant travailler comme un « dératé » pour parvenir à s’extraire de la précarité professionnelle dans l’ESR (Bosvieux-Onyekwelu 2023 : 12).
Ces journées d’étude visent ainsi à interroger la manière dont la précarisation de l’ESR en sciences sociales influe sur les conditions de réalisation des enquêtes (post-)doctorales, et particulièrement des enquêtes ethnographiques. Aussi, elles s’adressent tout particulièrement aux doctorant·es et chercheurs et chercheuses sans poste en sciences sociales qui considèrent que leurs enquêtes ethnographiques (post)doctorales ont été, ou sont toujours, affectées par la précarisation de l’ESR. Ces journées souhaitent dépasser la dichotomie entre vie professionnelle et vie privée, qui apparaît particulièrement inopérante dans l’exercice d’une activité – l’enquête ethnographique – reposant sur l’engagement personnel des chercheurs et chercheuses dans des relations qui excèdent inévitablement des horaires et des conditions de travail ordinaires.
Avant de détailler les axes de ces journées, il s’agit de définir rapidement les deux thèmes autour desquels elles sont construites : la précarisation de l’ESR et l’enquête ethnographique. D’une part, la « précarisation de l’ESR » ne désigne pas seulement ici le constat de la fragilité et de l’instabilité (Cingolani 2006; Paugam 2007) des conditions de travail des doctorant·es et des chercheurs et chercheuses sans poste. Nous insistons sur le processus qui accentue ces aspects et leurs formes contemporaines. Multifactoriel et difficile à mesurer, cet « état complexe » (Bataille, Mariage, Baheu et Mercklé 2022) et évolutif caractérise pourtant une expérience palpable de « mise en situation de vulnérabilité » (ibid.) expérimentée par les doctorant·es, qui réunit un ensemble d’éléments très concrets – économiques, relationnels, administratifs – dont le cumul constitue un risque particulièrement accru pour ces chercheurs et chercheuses « à la fois en formation et salarié·es ». Tandis que la précarité étudiante est devenue un sujet majeur pour les institutions de l’ESR, les doctorant·es et docteur·es sans poste conservent ainsi une « place à part » et défavorisée qui affecte inévitablement la conduite de leurs enquêtes empiriques (ibid.). La course aux postes s’accompagne d’une valorisation de la quantité des recherches au détriment de leur qualité, désormais menées avec moins de moyens financiers et temporels, puisque s’investir simultanément dans un ensemble d’activités de recherche et d’enseignement devient de plus en plus déterminant pour envisager une carrière dans l’ESR. Cette même vie universitaire se complexifie avec le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), dont les exigences s’accompagnent d’un grand nombre de questions sur le rapport de l’ethnographe au terrain, comme l’introduction d’outils bureaucratiques et leurs effets sur la construction des liens de confiance en contexte d’enquête.
Ces injonctions paradoxales ont des conséquences délétères, comme l’épuisement, le burn-out, voire l’abandon du doctorat ou du métier de chercheur et chercheuse. Toutes et tous les doctorant·es n’y sont pas exposé·es de la même manière et ne participent pas à armes égales à cette compétition en fonction de leurs ressources et du financement – ou non – de leur recherche, de leurs laboratoires et institutions de rattachement, mais aussi du capital symbolique de leur direction de thèse, qui ne sont pas sans lien avec leur pays d’origine et leurs appartenances de classe, de genre et de race. La précarisation de l’ESR, induite par une gestion entrepreneuriale de l’université (Fondu, Sargeac, et Waltzing 2022), produit ainsi une « zone de vulnérabilité » (Castel 1999 [1995] : 668) grandissante, qui aggrave les inégalités structurelles dans la recherche. Celles-ci ont par ailleurs été renforcées par la pandémie du Covid-19 (Bataille, Mariage, Baheu Mercklé, 2022).
D’autre part, l’enquête ethnographique qui nous intéresse ici prend plusieurs formes. Elle peut désigner « l’enquête par dépaysement » (Beaud et Weber 2010 : 78) de l’ethnographe installé·e pour plusieurs mois, voire années, sur le lieu de l’enquête, qui peut être situé sur un terrain étranger inconnu (Buu-Sao 2023) ou concerner un retour dans son coin d’origine (Renahy 2005; Coquard 2019). Des enquêtes ethnographiques sont également réalisées par « allers-retours », tant à l’échelle internationale (Mears 2023; Rimlinger 2024) qu’au niveau d’espaces sociaux ruraux français (Hugues 2024). Dans ces cas-là, l’ethnographe ne vit pas sur place, mais partage le quotidien de ses interlocuteurs et interlocutrices au cours de plusieurs séjours d’enquête très intenses (Sallustio 2022; Pruvost 2024), marqués par les activités quotidiennes ou des évènements plus extraordinaires. Les enquêtes ethnographiques en sociologie du travail prennent souvent la forme d’immersion dans des milieux professionnels (Avril 2014; Jounin 2014; Bernard 2023). Elles se déclinent aussi selon des contextes sensibles qui demandent des adaptations particulières, par exemple dans des cadres médicalisés (Darmon 2008) ou politiques hostiles au travail ethnographique (Avanza 2008). Les contributions pourront ainsi se fonder sur différents types d’enquêtes ethnographiques.
En se questionnant sur ce que la précarisation de l’ESR fait aux conditions socio-matérielles de réalisation des enquêtes ethnographiques, ces journées d’étude participent à ouvrir la « boîte noire » des enquêtes ethnographiques dans la suite d’autres journées organisées par des chercheurs et chercheuses sans poste (Devez et al. 2022; Flaureau et al. 2022). Comment continuer à faire de la recherche sans poste alors que « l’activité scientifique nécessite du temps et une disponibilité intellectuelle incompatible avec l’angoisse d’une précarité parfois radicale » (Le collectif des revues en lutte et Noûs 2020) ? Dans l’objectif d’obtenir un poste, comment concilier contraintes de l’ESR et enquête ethnographique de qualité, et dans quelles conditions (travail gratuit, hébergement chez ses parents, aides financières de l’entourage, solitude) ? Autrement dit, semble-t-il possible, et si oui, comment mener en tant que chercheur et chercheuse sans poste une enquête qualitative en dehors des logiques compétitives actuelles qui traversent l’ESR et se traduisent par une pression constante aux classements et à l’évaluation ?
Les deux premiers axes de cet appel à communications visent à étudier la manière dont la précarisation de l’ESR influe sur les caractéristiques propres aux enquêtes ethnographiques, telles que le temps long du terrain et l’engagement sur celui-ci. Un troisième ouvre la réflexion et la discussion sur les possibilités – existantes ou à imaginer – permettant de continuer à mener des enquêtes ethnographiques au long cours dans un contexte de précarisation grandissante du milieu académique en sciences sociales.
Axe 1. Le temps long de l’enquête ethnographique précarisée
Cet axe vise à explorer les effets de la mise en tension entre le temps long nécessaire au déroulé des enquêtes ethnographiques et l’accélération des enquêtes induites par la précarisation de l’ESR.
Le temps long de l’enquête est nécessaire pour se familiariser et se repérer sur le terrain, d’autant plus lorsqu’il représente un univers social éloigné (Roux 2011; Bouron 2019; Wacquant 2022), pour « se laisser déstabiliser par le terrain » (Hamidi 2012), pour multiplier les prises de contacts et les sources d’informations et diversifier les situations observées. En effet, il permet d’être là « au bon moment » (Schwartz 2014 : 340) pour saisir des scènes et des interactions auxquelles les passages rapides sur place ne permettent pas d’accéder. Il est également crucial pour que s’élaborent des relations de confiance qui permettent de se faire accepter et incitent au dévoilement de données intimes de la part des interlocuteurs et interlocutrices, quelles que soient leurs appartenances sociales (Delpierre 2022). Enfin, sur le plan analytique, passer du temps sur le terrain constitue une condition sine qua non à la construction inductive de son objet de recherche. Aussi, une ethnographie de qualité demande d’accepter de « perdre du temps » (Lion 2015 : 21).
En tant qu’ethnographe, comment faire face à la réduction du temps de l’enquête de terrain induite par des financements restreints et sur projet (Aust 2014), ainsi que des exigences universitaires croissantes ? Dans ces conditions, l’ethnographe a-t-il ou elle toujours la possibilité matérielle et temporelle de se laisser surprendre par les rebondissements de l’enquête ? Outre le fait que certains terrains sont plus facilement accessibles que d’autres, en quoi ces contraintes pèsent-elles inégalement en fonction des propriétés sociales (classe, genre, race, validisme) des doctorant·es, chercheuses et chercheuses sans poste, et de leur position dans le champ (Bourdieu 2004) ?
Les communicant·es sont invité·es à revenir sur la manière dont les temporalités de leurs enquêtes ethnographiques sont (in)directement influencées par la précarisation de l’ESR. Celle-ci oblige à redéfinir les modes d’enquête, contraint à des pauses forcées, voire exige d’y mettre un terme de manière précoce, avant saturation des données. En effet, les impératifs de la vie universitaire continuent d’affluer pendant les périodes de terrain. L’injonction grandissante d’y participer vient s’ajouter à la problématique structurelle des contrats de financement, dont les durées limitées imposent déjà leurs logiques à celles de l’enquête.
Axe 2. Appréhender l’engagement sur le terrain (et au-delà) à l’aune de la précarisation des conditions matérielles d’enquête
Ce deuxième axe développe la question de l’engagement multidimensionnel qu’exige le terrain ethnographique et la manière dont la précarisation de l’ESR en menace les conditions. Si le temps long de l’enquête concerne l’ethnographe sur son terrain, les modalités de sa vie hors terrain – qui en permettent la réalisation – sont également affectées par la précarisation de l’ESR.
Un premier sous-axe s’intéresse ainsi à l’articulation entre investissements professionnels, domestiques, financiers et émotionnels, eux-mêmes inscrits dans la durée, face auxquels les chercheurs et chercheuses ne sont à nouveau pas égaux ou égales. D’une part, les financements incertains (obtention d’un contrat doctoral, type de rémunération) et/ou différenciés en fonction des laboratoires de rattachement (degré de prise en charge du terrain) déterminent en grande partie la possibilité de se consacrer ou non au travail de recherche. D’autre part, compartimenter vie personnelle et vie de terrain, c’est-à-dire pouvoir mettre en suspens la première afin de poursuivre la seconde, suppose de trouver des agencements pérennes qui reposent, selon les situations, sur des ressources personnelles inégalement mobilisables selon les configurations conjugales et familiales (entourage pour s’occuper des enfants, des animaux, du domicile, aide pour gérer l’administratif et/ou les imprévus, possibilité d’absences sur d’autres activités). Ceux-ci ne se font ainsi pas sans heurts ni dilemmes, sans tiraillements entre envie de s’immerger et attachements relationnels, familiaux et domestiques (Clair 2022).
Si ces facteurs ne sont pas nouveaux – bien que peu visibles dans la restitution des enquêtes – qu’en est-il de la soutenabilité de ces situations face à la précarisation de l’ESR ? Autrement dit, loin du mythe de l’ethnographe (souvent masculin cisgenre) solitaire et libre de toute contrainte, dans quelles conditions matérielles concrètes la réalisation du terrain s’ancre-t-elle aujourd’hui ?
Un second sous-axe aborde l’engagement produit une fois sur le terrain, plutôt de l’ordre émotionnel (Perrin 2023). Finement documenté en anthropologie (Favret-Saada 2011), il est directement menacé par la fragilisation de la posture d’ethnographe. Le chercheur ou la chercheuse en immersion s’engage d’abord en tant que personne et en tant que corps sur son terrain : il ou elle n’en sort pas « inchangé[e] ni indemne » (Beaud et Weber 2010 : 13). À cet égard, il ou elle participe des rapports sociaux qui y ont cours, et peut également les subir. Nombreux sont les travaux – et plus rares les collectifs, comme BADASSES – qui mettent en lumière les situations confuses, incertaines, voire violentes, auxquelles la posture de sociologue expose selon les relations d’enquête et les propriétés sociales des ethnographes (Clair 2016). Quelles conséquences la fragilisation des conditions d’enquête en immersion sont-elles susceptibles d’avoir sur ces vulnérabilités différenciées ? À quels dangers ou prises de risques supplémentaires la précarisation de ce milieu professionnel expose-t-elle, y compris dans l’absence de prise en charge – légale, administrative, matérielle – par les institutions de rattachement des potentiels problèmes rencontrés sur le terrain, notamment pour des ethnographes au chômage ?
Parallèlement à ces questionnements, les communicant·es sont invité·es à aborder la diversité des aspects que recouvre l’engagement ethnographique, y compris dans ses dimensions positives. En tant que participant·e actif ou active de la vie sur son terrain, l’ethnographe tisse également des liens et partage des expériences enrichissantes qui excèdent le cadre du (post-)doctorat. Comment leur laisser la place nécessaire, si toute l’épaisseur du terrain est progressivement aplatie par la recherche d’efficacité et de résultats synthétiques ? Comment préserver la valeur des travaux ethnographiques dans un contexte qui privilégie graduellement l’approche quantitative, déterminant ainsi les opportunités de recrutement ? Plus généralement, que signifie matériellement être – et se laisser être – affecté·e par son terrain aujourd’hui, au cœur de la précarisation structurelle des sciences sociales ?
Axe 3. (Ré)inventer les enquêtes ethnographiques face à la précarisation de l’ESR
Ce dernier axe vise à proposer des perspectives d’action et de réponse à la précarisation de l’ESR du point de vue des enquêtes ethnographiques, en s’appuyant sur des exemples qui ouvrent la réflexion sur les démarches à construire. Il s’agit de questionner les manières de faire face scientifiquement aux logiques de recherche d’« excellence » et d’« évaluation » individualistes et concurrentielles qui caractérisent la précarisation de l’ESR (Collectif des revues en lutte et Noûs 2020; Gallot, Paoletti et Pochic 2024; Harari-Kermadec, Sargeac et Noûs 2020; Soler 2021). La recherche ethnographique collective, entendue « comme une opération de recherche cohérente, et non comme une simple juxtaposition de contributions » (Lahire 2019 : 87), en constitue une modalité de réponse encore trop invisibilisée.
La recherche portée par un collectif de chercheurs et chercheuses permet de mener un travail empirique lourd, comme dans le cas de l’ANR « Le “populaire” aujourd’hui », conduite par une vingtaine de sociologues auprès de ménages stabilisés des classes populaires (Masclet et al. 2020). Des enquêtes peuvent également se dérouler de manière encore plus collégiale. C’est le cas du Collectif Rosa Bonheur, qui enquête de manière explicitement collective auprès des classes populaires roubaisiennes (2019). Toutes les étapes de l’enquête – de la construction de l’objet à la publication des résultats – sont pensées et menées en commun (location d’un appartement occupé en relais pendant plusieurs années, binômes, blog fermé, réunions mensuelles). Malgré les difficultés inhérentes à une telle initiative, ce travail concrétise une volonté de faire de la recherche collective un « projet de résistance politique à l’individualisation des modes de recherche et d’évaluation » (Collectif Rosa Bonheur 2019 : 218). À côté du monde universitaire, des coopératives, laboratoires et collectifs de recherche indépendants mènent également des enquêtes collectives avec les moyens du bord (Collectif MIAOU Emploi 2022).
Aussi, les recherches collectives peuvent s’appuyer sur la mise en place d’une méthodologie d’enquête spécifique fondée sur une équipe de chercheurs et chercheuses et/ou, sur le modèle des recherches participatives (Bacqué et Demoulin 2022), inclure les interlocuteurs et interlocutrices du terrain dans la production de données et leur analyse. Comment alors envisager de telles démarches méthodologiques et d’enquête depuis une position de doctorant·e ou chercheurs et chercheuses sans poste, potentiellement isolé·e ? La question des rapports de pouvoir au sein ces collectifs de recherche doit également être posée, particulièrement entre les chercheurs et chercheuses sans poste et celles et ceux qui sont titularisé·es. Outre les violences qui peuvent y avoir cours, comment imaginer des formes de restitution de la recherche collective qui soient inclusives dans le cadre d’« un univers scientifique [qui reste] un espace de classement et de positionnement au sein duquel pour exister il faut se faire un nom » (Lahire 2019 : 89) ?
Cet axe est particulièrement ouvert aux chercheurs et chercheuses sans poste qui, pendant ou après leur doctorat, ont cherché à investir d’autres manières de mener des enquêtes ethnographiques, par exemple en collectif et/ou dans des institutions hors ESR. Il vise à développer des réflexions concrètes à partir des restitutions de projets et démarches déjà engagées. Les communications qui exploreront les obstacles financiers, institutionnels et temporels au déroulement d’une enquête collective, notamment en lien avec la précarisation de l’ESR, sont particulièrement bienvenues.
Ces journées d’études s’adressent à tout·e doctorant·e ou docteur·e sans poste dont les recherches s’appuient sur des enquêtes ethnographiques, avec une priorité donnée aux disciplines de la sociologie, de l’anthropologie et de la géographie sociale. Elles sont également ouvertes aux communications internationales, dans une volonté de discuter des diverses formes de précarisation au sein d’un contexte mondialisé de néo-libéralisation de la recherche.
Candidature et calendrier
La journée d’étude aura lieu les 18 et 19 septembre 2025, en présentiel, à l’Université Toulouse 2 Jean Jaurès.
Les propositions compteront 4 000 signes maximum (espaces et bibliographie compris) et devront présenter l’enquête ethnographique mobilisée à partir de matériaux empiriques, et étudier précisément la manière dont la précarisation de l’ESR affecte ses conditions.
Elles devront être envoyées le 15 mai 2025 au plus tard,
par courriel aux adresses : lorraine.gehl@univ-tlse2.fr, ; fanny.hugues@hotmail.fr.
Les candidat·es seront informé·es le 4 juin de la réponse et les participant·es devront envoyer, le 4 septembre au plus tard, un texte de 40 000 signes maximum (bibliographie comprise), qui sera transmis aux discutant·es.
Comité d'organisation
- Lorraine Gehl, doctorante en sociologie (Lisst/UT2J)
- Fanny Hugues, docteure en sociologie (Cems/EHESS)
Comité scientifique
- Charles Bosvieux-Onyekwelu (CNRS, Centre Norbert Elias)
- Nathalie Chauvac (LISST/Scool, Université Toulouse – Jean Jaurès)
- Isabelle Clair (CNRS, IRIS)
- Christelle Coton (CESSP, Paris 1)
- Caroline Datchary (LISST, Université Toulouse – Jean Jaurès)
- Julien Gros (CNRS, LISST)
- Gaspard Lion (EXPERICE, Paris 13)
- Romain Pudal (CNRS, CERLIS)
- Nicolas Roux (CEREP, Université de Reims)
- Olivier Schwartz (CERLIS, Université Paris Cité)
- Coline Soler (IDHES, Paris-Saclay)
Bibliographie
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Subjects
- Sociology (Main category)
Event attendance modalities
Full on-site event
Date(s)
- Thursday, May 15, 2025
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Keywords
- ethnographie, précarisation, ESR
Contact(s)
- Fanny Hugues
courriel : fanny [dot] hugues [at] hotmail [dot] fr - Lorraine Gehl
courriel : lorraine [dot] gehl [at] univ-tlse2 [dot] fr
Information source
- Fanny Hugues
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« Enquêtes ethnographiques et précarisation de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (ESR) », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, May 14, 2025, https://doi.org/10.58079/13x0m