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Syrie, année 0

Juger les criminels, survivre à la violence, reconstruire et faire société

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Published on Friday, May 16, 2025

Abstract

Ce colloque propose une réflexion comparative sur les enjeux de l’ère post Assad, en mettant l’accent sur la question de la sortie de la violence et de la (re)construction sociale, politique et économique. Il abordera les effets de la violence, la gestion de la masse de ses traces et à la nécessité de justice. Il s’agira également d’explorer les nouvelles formes d’engagement et d’organisation ainsi que les tensions qui traversent les conceptions et les enjeux de la reconstruction. Cette séquence de transition sera réinscrite dans le temps long pour mieux comprendre les dynamiques historiques, mais aussi transnationales, des bouleversements en cours.

Announcement

Présentation

La chute du régime de Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, conséquence de l’offensive militaire rebelle fulgurante menée par Hayat Tahrir al-Cham (HTC), était inespérée. Affaibli par un mouvement de révolte sans précédent et par la lutte armée qui s’en est suivie, le régime a en effet réussi à survivre pendant treize longues années grâce, d’une part, au soutien politique et militaire de ses alliés iraniens et russes et d’autre part, au recours à une violence répressive de masse associée à une économie de prédation. L’exil et le déplacement forcé de plus de la moitié de la population, le système carcéral, le quadrillage sécuritaire des territoires, les expropriations de terres et de biens et le narcotrafic ont disloqué la société et le territoire et drainé les flux de capitaux et de marchandises vers les seigneurs de guerre, les hommes d’affaire affiliés au régime et leurs multiples intermédiaires. Une économie de la ruine, inscrite dans un double mouvement de pillage et de reconstruction (que l’on pense à Marota City et Basilia City à Damas), a ainsi progressivement vu le jour, contribuant non seulement à accentuer la déstructuration du tissu social et urbain, mais aussi à effacer une partie des traces des violences guerrières.

 Comment un pays peut-il se reconstruire (socialement, politiquement et économiquement) après une telle dévastation ? Ce colloque propose de réfléchir collectivement et dans une approche comparative aux dynamiques socio-politiques qui émergent dans la Syrie post-Assad. Il souhaite mettre en lumière les modes d’action et de pensée qui émergent dans cette situation inédite et chargée d’enjeux multiples, dont notamment la sortie de la violence et la (re)construction d’une société/identité nationale. Le foisonnement des initiatives en cours n’apparaît pas ex-nihilo : amorcées avec le mouvement de révolte de 2011 – parfois sur la base de réseaux et de projets plus anciens - elles ont été reconfigurées par les différentes phases du conflit, en Syrie et en exil. Il s’agira donc aussi de réinscrire cette séquence de transition dans le temps long et de mieux comprendre les modalités transnationales des bouleversements en cours.

La première journée sera consacrée aux effets de la violence, au traitement de la masse de documents qu’elle a engendré collectés pendant le conflit (dont certains sont désormais conservés) et à la nécessité de justice. Comment établir les responsabilités des crimes commis ? Quelles instances et formes de justice peuvent émerger dans le pays au regard des différents degrés de complicité avec les tueurs ? Comment penser la cohabitation et le voisinage ? Qu’en est-il aussi des disparus et des deuils suspendus ? Ces questions seront abordées dans une perspective comparative à partir de différents contextes post-guerriers ou post-génocidaires comme l’Amérique Latine, le Rwanda ou l’Ex-Yougoslavie. La deuxième journée de ce colloque portera sur les nouvelles formes d’engagement et d’organisation et les tensions qui traversent divers aspects de la reconstruction économique, politique et sociétale. Cette reconstruction s’inscrit dans des territoires fragmentés, à l’échelle des villes mais aussi de quartiers qui ont vécu des réalités extrêmement différentes articulées autour de logiques locales, économiques et guerrières singulières. Cette phase transitoire voit également l’émergence de nouveaux modes d’organisation - syndicaux et associatifs, qui concernent des secteurs spécifiques de la société comme les avocats, le droit des femmes ou les professionnels de la culture. Comment conçoivent-ils leur rôle, leur statut et leurs activités et quelle est leur marge de manœuvre ? Il s’agira enfin d’interroger les modalités de production du savoir en et sur la Syrie. Alors que l’université syrienne a été minée par plus plus de cinq décennies d’idéologie baathiste et de corruption, la recherche académique s’est délocalisée principalement en Europe et aux États-Unis à laquelle s’ajoute un savoir expert qui s’est développé, surtout après 2011, en Turquie et au Qatar. Qu’elles sont les modalités de cette transnationalisation du savoir tout comme les perspectives de refonte de l’université en Syrie et de coopération ?

Programme

Lundi 26 mai

Justices en transition

Accueil 9h, Petit déjeuner, Faculty Club, Campus Condorcet

9h30 Introduction générale : Laura Ruiz de Elvira, politiste, IRD/ERC LIVE-AR, et Sarah Alhamed, doctorante en Études politiques, EHESS/CéSor

10h-12h Panel 1. Justice en transition : vérité, réparations, mémoire

Modération Sarah Alhamed, doctorante en Études politiques, EHESS/CéSor

  • Julie Bernath, Julie Bernath, politiste, swisspeace & Université de Bâle - « Regards croisés : sur les enjeux de la justice transitionnelle, du Cambodge à la Syrie »
  • Mazen Darwish, avocat, Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression - – (titre à confirmer)
  • Joël Hubrecht, juriste, Responsable d’études et de recherches à l’Institut des études et de la recherche sur le droit et la justice (IERDJ) - « Révision théorique et empirique de la justice transitionnelle à partir de l’hospitalité syrienne »
  • Dorothée Delacroix, anthropologue, Institut des hautes études de l’Amérique latine (Université Sorbonne Nouvelle) - « L’empreinte durable de l’irréconciliation. Conflits latents et accusations sourdes dans les Andes péruviennes d’après-guerre »

12h-13h30 Déjeuner, Atrium bâtiment nord, Campus Condorcet

13h30-15h30 Panel 2. Cohabiter après la guerre, désamorcer la violence

Modération Emma Aubin-Boltanski, anthropologue, CNRS/Directrice du CéSor

  • Aggée Shiaka Mugabe, politiste, Centre de gestion des conflits/Université de Kigali - « Réparation et réconciliation au Rwanda : attentes et mésentente »
  • Dommar Souleiman, politiste, doctorant EHESS/CéSor - « La documentation des violations des droits de l’homme dans la Syrie post-régime : l’expérience du Groupe pour la paix civile »
  • Rana Diab, politiste, doctorante EHESS/CéSor - « Retour(s) à Homs : la cohabitation entre anciens voisins est-elle possible ? »
  • Taha al Mohammed, politiste, doctorant EHESS/CéSor - « Le rôle des femmes dans la reconstruction du lien social après la chute d’Assad : l’exemple de Masyaf »

Pause Café

16h-18h Panel 3. Survivre à la violence : Disparus, deuils suspendus, exhumations

Modération Cécile Boëx (Politiste, EHESS/CéSor)

  • José Pablo Baraybar [Intervention en ligne] anthropologue légiste, coordinateur médico-légal régional pour le Mexique et l’Amérique centrale au CICR - « Témoins malgré eux : notes d’une ethnographie engagée de la violence »
  • Elisabeth Claverie, anthropologue, Émérite, CNRS - « Présentation des enquêtes sur les Disparitions forcées en Bosnie-Herzégovine à la suite des conflits armés des années 1990-1995 en ex-Yougoslavie »
  • Sarah Alhamed, politiste, doctorante EHESS/CéSor - « La mobilisation de familles de victimes de disparition forcée à l’aune de la chute du régime d’Assad : l’émergence et la reconfiguration d’une cause »
  • Nibras Chehayed, philosophe, Institut français du Proche Orient, Beyrouth - « L’image-vague : ce que deviennent les visages des naufragés »

19h30. Dîner

Mardi 27 mai

Reconfigurations socio-politiques

Accueil 8h30, Petit déjeuner, Faculty Club, Campus Condorcet

9h-11h Panel 4. Production du savoir en/sur la Syrie

Moderation Nibras Chehayed, philosophe, Institut français du Proche Orient, Beyrouth

  • Niemah Atassi, traductrice,Mémoire Créative de la révolution syrienne - « Entre documentation et réalité : un récit contre l’oubli, une mémoire face au déni »
  • Franck Mermier, anthropologue, directeur de recherche au CNRS-IRIS - « Orientations du savoir en sciences sociales sur la Syrie depuis 2011 »
  • Léo Fourn, sociologue, Ceped/ERC LIVE-AR - « De la révolution à l’université : l’engagement des exilé·es syrien·nes dans les sciences sociales en France »
  • Khair Alhareth, Maître de conférences, Université Paris Cité, Faculté de Santé - « Collaboration universitaire européo-syrienne et mobilité d’étudiants »

Pause Café

11h15-13h15 Panel 5. Les formes de nouvelle gouvernance

Modération Agnès Favier, politiste, Institut Universitaire Européen, Florence

  • Jihad Yazigi, économiste, Syria Report, European Council of Foreign Relations - « Effondrement économique et impact sur la transition politique en Syrie »
  • Ammar Azzouz, architecte, enseignant chercheur, University of Oxford - « Dans l’attente de la reconstruction »
  • Mazen Ezzi, journaliste et chercheur, masterant Études politiques EHESS - « Soueïda après la chute du régime : cohabitation fragilisée et pouvoir religieux en recomposition »

13h15-14h30 Déjeuner Faculty Club, Campus Condorcet

14h30-16h30 Panel 6. S’engager pour une nouvelle société

Modération Léo Fourn, sociologue, Ceped/ERC LIVE-AR

  • Abdulhay Sayed, docteur en droit, juriste indépendant, Sayed et Sayed SAS) - « Quelle vie constitutionnelle ? »
  • Rowaida Kanaan, journaliste, masterante en études de genre à l’Université Paris 8 - « Rôles et acquis des femmes syriennes dans le changement politique et social pendant la phase de reconstruction de la société »
  • Jumana Al-Yasiri, curatrice et chercheuse indépendante, spécialiste de la Syrie et de la scène artistique du Proche-Orient - « Réapparitions : Réflexions sur le retour des artistes syriens et la place de la culture dans la Syrie post-Assad »
  • Laura Ruiz De Elvira, politiste, Ceped, IRD/ERC LIVE-AR - « La question sociale, une affaire d’associations ? »

Inscriptions

https://syrie-annee-1.sciencesconf.org/registration ?lang =fr

(Le lien de la visioconférence sera envoyé aux inscrits la veille du colloque)

Avec le soutien de :

  • IRN LAFITA « La vie sociale et politique des mots en contexte de révolution et de guerre »
  • ERC LIVE-AR « The subsequent lives of Arab revolutionaries »
  • CEPED - IRD - CéSor – EHESS - CNRS

Comité d’organisation

  • Sarah Alhamed
  • Emma Aubin-Boltanski
  • Marie-Ange Barbary
  • Cécile Boëx
  • Nibras Chehayed
  • Agnès Favier
  • Léo Fourn
  • Laura Ruiz de Elvira
  • Ghadi Takieddine

Places

  • Campus Condorcet, Bâtiment sud (RDC) - 5, cour des humanités
    Aubervilliers, France (93)

Event attendance modalities

Hybrid event (on site and online)


Date(s)

  • Monday, May 26, 2025
  • Tuesday, May 27, 2025

Keywords

  • Syrie, justice, guerre, violence

Contact(s)

  • Stéphane Eloy
    courriel : eloy [at] ehess [dot] fr

Information source

  • Stéphane Eloy
    courriel : eloy [at] ehess [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Syrie, année 0 », Conference, symposium, Calenda, Published on Friday, May 16, 2025, https://doi.org/10.58079/13xsy

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