Penser la nostalgie et l'absence en exil
Réflexions interdisciplinaires : anthropologie, histoire, sociologie, philosophie, psychanalyse, littérature, musicologie
Published on Thursday, June 12, 2025
Abstract
Ces journées d'études à vocation interdisciplinaire convoquent les divers registres et références de l'anthropologie, de la sociologie, de l'histoire, de la psychanalyse, de la philosophie, de la littérature et de la musicologie afin de (re)penser l'expérience de la nostalgie et de l'absence en situation d'exil. L'évènement rassemble d'éminents spécialistes de ces thématiques et représentants de diverses disciplines des sciences humaines autour d'une interrogation commune à travers le temps historique et l'espace des cultures : la nostalgie, émotion née du manque et de l'absence, est-elle un invariant du contexte d'exil ?
Announcement
Lundi 7 juillet de 9h à 17h30 au MUCEM
Mardi 8 juillet de 9h à 13h à la Vieille Charité, EHESS Marseille
Argumentaire
Divers auteurs - historiens, philosophes et psychanalystes - se sont penchés sur l’histoire du mot « nostalgie » et de la chose, en admettant que cette attitude humaine existait bien avant et après qu’elle ne soit nommée (Starobinski, 1966 ; Jankélévitch, 1974 ; Bolzinger, 2007 ; Cassin, 2013 ; Dodman, 2022). En 1688, un jeune médecin alsacien installé à Bâle, Johannes Hofer, soutint une Dissertatio visant à mieux définir l’ensemble de troubles et de maux, parfois mortels, observés par de nombreux praticiens chez les soldats helvétiques[1] éloignés de leur vallée, de ses pâturages, de l’air pur des alpages. Ce faisant, en donnant un nom scientifique et une description clinique à ce qui existait jusqu’alors dans le langage courant - sous le nom de « Heimweh » (le « mal du pays ») -, Hofer transforma un « phénomène affectif » déjà bien connu en une « entité morbide » (Starobinski, 1966 : 92). La nostalgie sortit peu à peu de la nosographie médicale en passant dans le langage courant, popularisée au XIXème par le romantisme et le « spleen » littéraire, pour se métamorphoser en simple mélancolie, celle du temps qui passe et suscite les regrets de ceux en ressentant la perte. On s’imaginait alors que les chemins de fer et les paquebots viendraient enfin à bout de la nostalgie, cette « maladie de l’appartenance ». L’exaltation pour le pays natal, dans un monde soumis à un progrès constant, ne pouvait qu’être la marque d’une incapacité à s’adapter au changement. Pourtant, et alors même que le diagnostic avait quasiment disparu, les colons partis faire la conquête de l’Algérie semblaient développer des troubles très semblables à ceux décrits jadis par Johannes Hofer. Leur difficulté d’acclimatation constituait un caillou dans la chaussure de l’Empire colonial en constitution ; on devait se résoudre à les voir se répartir en villages d’origine afin d’apaiser leur « dépaysement » (Dodman, 2022 : 177). La prise de distance historique nous est ici nécessaire.
Les conséquences de la globalisation sur l’essor des mobilités justifient l’adoption, depuis les années 1990, d’un paradigme transnational largement répandu en études migratoires et ayant vocation à traduire les modifications supposées de la qualité de la migration elle-même : les « transmigrants » (Glick-Schiller, 1992), faisant fi des frontières étatiques, se différencieraient des « migrants » de l’ancien monde en circulant et en s’adaptant à l’envi entre deux ou plusieurs entités nationales. Si les rapports à l’espace-temps subissent une réélaboration évidente par temps globalisés (Laplantine, 2023 : 61), nous avancerons que les nouvelles manières trans-nationales de voyager, de communiquer ou d’échanger (à commencer par l’usage banalisé de l’avion ou d’Internet) n’annulent pas les conséquences psycho-affectives de la migration, ou autrement dit, la nostalgie migratoire pouvant résulter du changement d’environnement de vie.
La condition subjective de l’exil - résumée ici sous le mot « nostalgie » - et le travail psychique auquel elle confronte, se voient pourtant largement sous-estimées, actuellement, par des études auxquelles la figure omniprésente du demandeur d’asile, n’ayant pas la possibilité de s’installer, inspire une perspective en termes de vulnérabilité matérielle et administrative plus qu’affective.
Employer le mot « exil » est une façon de substituer au phénomène collectif ou objectivant de la migration le cheminement individuel et intérieur de ceux qui se déplacent d’un lieu à l’autre, en restituant une continuité biographique, dans l’ordre du récit, entre le départ et l’arrivée, entre l’émigration d’un pays donné et l’immigration dans un autre, comme le prônait et le faisait déjà Abdelmalek Sayad, contre une sociologie qui ne s’intéressait qu’au phénomène im-migratoire.
L’anthropologie s’est déjà intéressée aux souvenirs du pays natal et à ce que l’on emporte avec soi dans l’ailleurs, jusqu’à forger les mémoires de diasporas (Bahloul, 1992 ; Baussant, 2002, 2015), et la reconstruction de pays perdus et fantasmés (Isnart & Feschet, 2013). L’injonction très actuelle à employer le mot « exil »[2] ne s’accompagne pourtant que trop peu de l’évocation de la condition subjective de l’exil au sens où nous l’entendons, et des conséquences psycho-affectives ici en jeu. Substituer la notion largement « impensée » de « l’absence » (De Gourcy, 2024) à celle de la « présence », et du manque à celle du plein, est une autre manière d’évoquer l’expérience du vide ressentie par ceux qui sont restés en une localité, autant que par ceux qui en sont partis, en explorant la dimension carentielle et négative de liens sociaux mis à distance.
L’émergence des études en clinique de l’exil s’est faite sous l’initiative d’exilés ayant souvent eux-mêmes connu, de l’intérieur, le voyage de l’émigration ; ses intervenants savent aussi que les migrants présentent toujours une incertitude quant à l’existence de leur propre identité - ou de ce qui devrait demeurer identique chez eux malgré la rupture, en une crainte de ne plus être « personne » (Tourn, 2009 : 22). Le plus souvent, cette expérience ne se raconte pas : « Le lieu d’avant habite encore le sujet exilé sans qu’il puisse le réclamer ouvertement. Il mène donc une double vie, et peut-être davantage, avec ce que l’idée contient de dissimulation, voire de honte (…). Toute expérience exilique suppose donc un secret » (Nouss, 2015 : 32), secret que ceux passés par l’expression littéraire, artistique et musicale s’emploient à sublimer. Le « secret » de l’exil participe de la situation marginale détenue par l’exilé, relevant du non-lieu, de l’absence de lieu, ou autrement dit de la « double-absence » entre pays quitté et abordé ; il est, surtout, ce que l’on ne peut formuler face à ceux qui attendent de nous une assimilation ici. Cette journée d’études sera l’occasion d’établir un dialogue fertile entre disciplines (anthropologie, histoire, sociologie, philosophie, psychanalyse, littérature, musicologie) pour penser la nostalgie en exil. La nostalgie, émotion née du manque et de l’absence, est-elle un invariant du contexte d’exil ?
Programme
Lundi 7 juillet 2025, 9h-17h30 au MUCEM (salle Meltem)
9h – Accueil avec café et gâteaux en salle Meltem du MUCEM
9h30 à 11h – « Introduction collective aux journées d’études. La nostalgie et l’absence : rapports à l’espace-temps entre attachements, sensorialités et résistances ».
Constance De Gourcy (Maîtresse de Conférences en sociologie, Mesopolhis, Université Aix-Marseille), Emma Barrett Fiedler (postdoctorante en anthropologie CNRS/Max-Planck, chercheuse associée au Centre Marc Bloch et à l’IDEAS), Hinde Maghnouji (anthropologue, IMAF, Paris & psychologue clinicienne), Pierre Peraldi-Mittelette (ethnologue associé au LACNAD-INALCO, affilié à l’ICM, Université de Lorraine), Valentine Salazard (doctorante en ethnomusicologie, Centre Georg Simmel/EHESS, Paris & Instituto de Migraciones, Université de Grenade), Audran Aulanier (postdoctorant en sociologie CEMS/EHESS, affilié à l’ICM et au CERIES, Université de Lille).
11h à 12h30 – Session 1a : Expressions artistiques de la nostalgie et de l’absence en migration : « revenir », entre arts visuels et muséographie.
Modération : Constance De Gourcy (Maîtresse de Conférences en sociologie, Mesopolhis, Université Aix-Marseille)
Giula Fabbiano (Maîtresse de Conférences en anthropologie, IDEAS, Université Aix-Marseille, commissaire avec Camille Faucourt de l’exposition « Revenir » au MUCEM) : « "Le paradis naquit de l'enfer de l'absence". Réflexions sur l'exil, la nostalgie et le retour en situation expographique ».
Adelie Chevée (Postdoctorante en science politique MUCEM/SOMUM, Université Aix-Marseille) : « Perspectives sur la nostalgie dans la création visuelle des artistes en exil en France ».
12h30 à 14h – Pause déjeuner
14h à 15h30 – Session 1b : Expressions artistiques de la nostalgie et de l’absence en migration : entre musique et littérature.
Modération : Pierre Peraldi-Mittelette (chercheur associé au LACNAD-INALCO, ethnologue affilié à l’ICM, Université de Lorraine).
Alexis Nouss (Professeur des Universités en littérature générale et comparée, CIELAM Université Aix-Marseille) : titre à venir
Denis Laborde (Directeur de Recherches au CNRS, anthropologue de la musique, Centre Georg-Simmel/EHESS, Paris & Centre Marc Bloch, Berlin) : titre à venir
15h30 à 15h45 – Pause café
15h45 à 17h15 – Session 2 : Définir la nostalgie dans le temps historique et dans l’espace des cultures : regards croisés de l’histoire et de l’anthropologie.
Modération : Emma Barrett Fiedler (postdoctorante en anthropologie CNRS/Max-Planck, chercheuse associée au Centre Marc Bloch et à l’IDEAS)
Thomas Dodman (Professeur en histoire à l’Université de Columbia, New-York) : Nostalgie: « Histoire de la nostalgie. Esthétique d'une émotion mortelle ».
Michèle Baussant (Directrice de Recherches au CNRS en anthropologie, ISP, Université Paris-Nanterre) : « Qui rêve encore au retour ? Exils et nostalgies chez les déplacés des mondes coloniaux ».
17h15 à 17h30 : Synthèse de la journée
Mardi 8 juillet 2025, 9h-13h, Vieille Charité
9h – Accueil avec café et gâteaux en salle de séminaire A
9h30 à 11h – Session 3a : Vie psychique, absence et mémoire sensorielle : de la clinique de l’exil à la sociologie, en passant par l’ethnographie.
Modération : Constance De Gourcy (Maîtresse de Conférences en sociologie, Mesopolhis, Université Aix-Marseille)
Hinde Maghnouji (anthropologue, IMAF, Paris & psychologue clinicienne) : « Sensation éternelle d’un souvenir éphémère : la nostalgie comme condition de l’exil ».
Paul Bai (Doctorant en sociologie, CRESSON, Université Grenoble-Alpes) : « Une amère nostalgie. Chanter le dernier dîner d’un dispositif d’hébergement hivernal pour migrants ».
11h à 11h15 – Pause café
11h15 à 12h45 - Session 3b : Vie psychique, absence et mémoire sensorielle : de la clinique de l’exil à la sociologie, en passant par l’ethnographie.
Modération : Audran Aulanier (postdoctorant en sociologie CEMS/EHESS, affilié à l’ICM et au CERIES, Université de Lille)
Marc Breviglieri (professeur associé en sociologie à la Haute Ecole Spécialisée de Suisse Occidentale, HETS-Genève) : « Le filtre affectif de la Saudade. Itinéraire d'un chercheur sous l’emprise d’une ville ».
Résumé : S’appuyant sur des extraits d’un carnet de terrain tenu sur une vingtaine d’années à Lisbonne, cette communication retrace le fil d’une épopée urbanistique aux contours amers et mélancoliques. Elle interroge la manière dont l’enquête ethnographique a été progressivement imprégnée par une saudade, tonalité d’ambiance triste et heureuse, proche de la nostalgie. Il sera alors question de mesurer tant l’acuité que les angles aveugles d’une telle démarche. On reviendra enfin, par souci comparatif, sur d’anciens travaux réalisés sur les nostalgies circulant en contexte migratoire et pointant, cette fois-là, un attachement affectif aux lieux d’origine.
Constance de Gourcy (Maîtresse de Conférences en sociologie, Mesopolhis, Université Aix-Marseille) : « Atelier Ferry - La traversée de la Méditerranée entre nostalgie et absence ».
Résumé : Les participants seront invités à apporter à l’atelier leurs photographies des traversées en ferry en Méditerranée : qu’elles soient réalisées par la caméra d’un smartphone ou d'un appareil professionnel ; qu’elles encadrent l’embarquement, les bagages, le bateau, la cabine, la mer ouverte, la côte, les phares, les villes de départs ou d’arrivée, le ciel ou les vagues ; qu’elles soient les tirages délavés d’un autre âge de la vie ou les clichés en couleurs du retour des vacances, ces images permettront de déclencher des souvenirs des traversées donnant lieu à autant de récits personnels. Ces récits seront mis en résonance les uns par rapport aux autres avec les matériaux collectés en navigation par un travail collectif : ce tissage de trajectoires partagées permettra d'ouvrir un dialogue fécond autour du passé et du présent des traversées.
12h45 à 13h - Mot conclusif des deux journées par le comité d’organisation
Modalités
Nous prions celles et ceux désireux de s'y rendre en présentiel de nous contacter par mail (à l'adresse emma_maeve@hotmail.fr) au plus tard une semaine avant l'évènement afin de pouvoir dresser une liste d'invités à des fins d'organisation et de sécurité. Un lien visio sera mis en circulation quelques jours avant l'évènement pour celles et ceux désireux de pouvoir suivre nos échanges à distance.
Comité d’organisation et coordination scientifique
Emma Barrett Fiedler (postdoctorante en anthropologie CNRS/Max-Planck, chercheuse associée au Centre Marc Bloch et à l’IDEAS), Hinde Maghnouji (anthropologue affiliée à l’IMAF, Paris & psychologue clinicienne), Pierre Peraldi-Mittelette (ethnologue associé au LACNAD-INALCO, affilié à l’ICM, Université de Lorraine), Valentine Salazard (doctorante en ethnomusicologie, Centre Georg Simmel/EHESS, Paris & Instituto de Migraciones, Université de Grenade), Audran Aulanier (docteur en sociologie CEMS/EHESS, affilié à l’ICM et au CERIES, Université de Lille), Constance De Gourcy (Maîtresse de Conférences en sociologie, Mesopolhis, Université Aix-Marseille).
Institutions partenaires de l’évènement
MMSH (Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme), Laboratoires Mesopolhis (Centre Méditerranéen de sociologie, de science politique et d’histoire) et IDEAS (Institut d’Ethnologie et d’Anthropologie Sociale), Université Aix-Marseille, Centre Marc Bloch (Berlin) et Institut Convergences Migration (Paris).
Bibliographie
Bahloul Joëlle, La maison de mémoire. Ethnologie d’une demeure judéo-arabe en Algérie (1937-1961), Paris, Editions Métailié,1992.
Baussant Michèle, « Un nom éternel qui jamais ne sera effacé. Nostalgie et langue chez les juifs d’Égypte en France », Terrain, 65 | 2015, pp. 52-75.
Baussant Michèle, Pieds-noirs : mémoires d'exils, Paris, Stock (« Un ordre d'idées »), 2002.
Bolzinger André, Histoire de la nostalgie, Paris, Editions Campagnes premières, 2007 (2006).
Cassin Barbara, La Nostalgie. Quand donc est-on chez soi ?, Paris, Editions Autrement, 2013.
De Gourcy Constance, L’impensé de l’absence. (En)quête sur le lien social à distance, Tours, Presses Universitaires François Rabelais, 2024.
Dodman Thomas, Nostalgie. Histoire d’une émotion mortelle, Paris, Editions du Seuil, 2022.
Feschet Valérie & Isnart Cyril, « Introduction. Reconstruire le pays perdu », Ethnologie française, Pays perdus, pays imaginés, Vol. 43, N. 1, pp. 5-9, 2013.
Glick Schiller Nina, Basch Linda & Blanc-Szanton Cristina, « Transnationalism : A new analytical framework for understanding migration », The New-York Academy of Sciences, Vol. 645, Issue 1, pp. 1-24, 1992.
Jankélévitch Vladimir, L’irréversible et la nostalgie, Paris, Flammarion, 1974.
Laplantine François, Chronotopie. Réflexions d’un anthropologue sur le temps et l’espace, Paris, Editions Dépaysage, 2023.
Nouss Alexis, La condition de l’exilé. Penser les migrations contemporaines, Paris, Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2015.
Starobinski Jean, « Le concept de nostalgie », Diogène, N. 54, pp. 92-115, 1966.
Tourn Lya, Chemin de l’exil. Vers une identité ouverte, Paris, Editions Campagne Première, 2009.
Notes
[1] Rousseau voyait, depuis Genève, dans le « Hemvé » des suisses et leur passion pour la mélodie du « Ranz des vaches »[1], élevé en air dit « matriotique », le signe de leur esprit d’authenticité, au plus près de la Nature. Cette musique, celle servant à rassembler les troupeaux, déclenchait de vives attaques de nostalgie parmi eux ou pouvait au contraire les apaiser. Les musicologues et les historiens de la nostalgie médicale connaissent bien cette histoire.
[2] Notre emploi du mot excède ici par ailleurs les étiquettes administratives, par-delà la dichotomie entre migration forcée et « volontaire ». Il ne se limite donc pas à la seule situation des demandeurs d’asile ou réfugiés statutaires. La condition subjective de l’exil, survenant après le temps de la survie, de l’urgence et de l’action, nous semble être transversale à de nombreux profils sociologiques, origines géographiques ou motivations de départ différents. Un des enjeux de cette journée d’étude sera d’en identifier des occurrences transhistoriques à travers les époques.
Subjects
- Ethnology, anthropology (Main category)
Places
- MUCEM | EHESS (Vieille Charité)
Marseille, France (13)
Event attendance modalities
Hybrid event (on site and online)
Date(s)
- Monday, July 07, 2025
- Tuesday, July 08, 2025
Attached files
Keywords
- Nostalgie, Absence, Exil
Reference Urls
Information source
- Emma Barrett Fiedler
courriel : emma_maeve [at] hotmail [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Penser la nostalgie et l'absence en exil », Study days, Calenda, Published on Thursday, June 12, 2025, https://doi.org/10.58079/14465