La prise en compte de l’inclusion et de la diversité en enseignement supérieur
Revue « Diversité urbaine »
Published on Thursday, June 12, 2025
Abstract
Le projet éditorial de ce numéro est de mobiliser des analyses de pratiques, des recherches et réflexions sur la reconnaissance de l’autre, la personne étudiante, dans sa diversité, dans ce qui lui est propre pour lui permettre d’exprimer son plein potentiel. Ces évolutions, ces transformations, supposent un accompagnement des acteurs que sont les personnes enseignantes et les personnes étudiantes.
Announcement
Argumentaire
Soumis à de fortes pressions sociétales, démographiques et technologiques, les établissements d’enseignement post-secondaire ont à relever le défi de la diversification des étudiantes et des étudiants qu’ils accueillent (Avouac et Harari-Kermadec, 2022 ; Cayouette-Remblière et Doray, 2022, De Clerq, 2023). Ces institutions éducatives ont été conçues depuis des décennies selon des principes d’unicité et de conformité, traduisant une forme magistrale de l’enseignement et de l’apprentissage ancrée dans des configurations spatiales, une urbanité singulière au cœur ou en périphérie de centres urbains, renforçant par l’éloignement d’ères rurales les inégalités d’accès à l’enseignement post-secondaire. Alors que dans les années 1960 débutait une longue période de massification de l’enseignement post-secondaire, les établissements et les acteurs de la communauté pédagogique sont maintenant appelés à considérer les effets de la démocratisation qui perturbe les schémas antérieurs de la reproduction sociale, entre évolution des caractéristiques des publics étudiants, arrivée du numérique et changements des pratiques pédagogiques.
Appréhender ces évolutions sous le prisme de la diversité et de l’inclusion offre un croisement de regards pluridisciplinaires sur des situations inédites qui interpellent à la fois les valeurs et les identités professionnelles des personnels enseignants et pédagogiques, mais également des responsables d’établissements invités à réviser le cadre et les règles qui régissent leurs actions. Tout ceci, dans un monde en mouvement et dans un contexte postpandémique qui n’est pas un retour à un état antérieur, mais bien l’émergence de situations nouvelles où les implicites historiques, tels que la co-présence physique dans un même lieu, ne sont plus les attendus d’une diversité d’acteurs.
Le projet éditorial de ce numéro est de mobiliser des analyses de pratiques, des recherches et réflexions sur la reconnaissance de l’autre, la personne étudiante, dans sa diversité, dans ce qui lui est propre pour lui permettre d’exprimer son plein potentiel. Ces évolutions, ces transformations, supposent un accompagnement des acteurs que sont les personnes enseignantes et les personnes étudiantes.
1-Les publics en évolution
Le phénomène de démocratisation de l’enseignement post-secondaire se traduit par une évolution des profils étudiants depuis plusieurs décennies (Annoot et al., 2019), qui se différencient de plus en plus par leurs caractéristiques sociodémographiques, leurs parcours antérieurs, leurs attentes, besoins et contraintes vis-à-vis de la formation. Cette diversification des publics étudiants a tendance à progresser. Une évolution engagée il y a plusieurs années comme le rappelle Glauser (2018) mentionnant par exemple que 34% des personnes étudiantes étaient en emploi en 2016 (Glauser, 2018).
De plus, l’état de santé des personnes étudiantes est souvent précaire (Mattig et al., 2018). Longtemps délaissée, la santé des personnes étudiantes est désormais reconnue comme déterminant de la réussite académique (Romo et al., 2019). Les spécificités des études postsecondaires qui sollicitent des capacités d’autonomie, génèrent du stress de performance et supposent de concilier de plus en plus travail-vie personnelle-études, ce qui accroît cette fragilité et renforce la précarité qui dépasse la simple sphère financière. Un public de plus en plus hétérogène du fait de son contexte socioéconomique, ses caractéristiques sociodémographiques, une hétérogénéité à laquelle les pratiques pédagogiques et l’organisation doivent répondre.
Cette diversité aux multifacettes interpelle les organisations éducatives et leurs acteurs et questionne la capacité de la forme universitaire actuelle dans la prise en compte des besoins singuliers, créant une tension entre les intérêts individuels et les intérêts collectifs. Cette problématique est renforcée par le contexte économique qui recherche en permanence l’optimisation des moyens sur des temporalités courtes, alors que les transformations attendues s’inscrivent dans des temps longs.
Les propositions d’articles aborderont cette problématique en proposant d’apporter des éclairages, des cadres d’analyse et des résultats quant à la réalité de ces diversités dans les établissements d’enseignement post-secondaires et aux actions mises en œuvre pour mieux connaitre le public et prendre en compte les diversités identifiées. Comment identifier et caractériser ses diversités dans une perspective d’inclusion ?
2- Les pédagogies et la diversification des espaces physiques et numériques
Les établissements d’enseignement post-secondaire sont plus qu’un ensemble de bâtiments qui délimite un campus. Ce sont des espaces d’enseignement, d’apprentissage, de rencontres et de socialisation. Ils sont le milieu de vie apprenante et de développement citoyen. Leur architecture, les configurations spatiales traduisent une approche et une pratique pédagogique conventionnellement centrée sur le savoir, sa transmission, davantage que sur le processus et les conditions de l’apprentissage. Appréhender les établissements comme milieu urbain académique élargit le point de vue pour dépasser le simple aménagement des locaux de cours, pour appréhender la diversité des lieux et des activités. Une diversité dont l’un des objectifs est d’accueillir les singularités étudiantes en proposant une mixité spatiale où des lieux dédiés à des activités spécifiques jouxtent des lieux ouverts à une pluralité de pratiques. Cette évolution de l’urbanité académique est rendue nécessaire par le développement de pédagogies actives dont les activités sont déployées dans des espaces physiques et numériques conduisant à une reconfiguration qui dépasse les frontières traditionnelles du bâti académique.
Également, face à la présence des technologies, les établissements d’enseignement postsecondaire ont mis en place une diversité d’actions, des infrastructures et de services numériques, plus ou moins définis par des schémas directeurs de l’urbanisation numérique conçu au sein des organisations. L’arrivée du numérique dans les activités d’enseignement et d’apprentissage s’étend à une diversité de pratiques, ouvrant vers des modalités de formation diversifiées. La formation en présence sur le campus, nommée « présentiel », cohabite avec des modalités qui proposent des activités d’enseignement et d’apprentissage via un environnement numérique d’apprentissage et qui se décline de manière synchrone et asynchrone. Une multiplicité de combinaisons pédagogiques qui visent à répondre à des besoins à la fois quantitatifs, suite à la massification de l’enseignement post-secondaire, mais également qualitatifs offrant plus de flexibilité et renouvelant les modes d’interactions dans une perspective de renforcement du sentiment de proximité quand bien même les activités sont proposées à distance.
Quelles sont les pratiques spatiales étudiantes à la fois physiques et numériques ? Participentelles de l’inclusion ou renforcent-elles l’exclusion ? Comment, dans une perspective d’inclusion, penser le design pédagogique qui hybride matérialité physique et immatérialité numérique ? Quels sont les effets de cette mixité sur l’engagement et la persévérance étudiante ? Comment le numérique peut-il contribuer à l’inclusion ? Comment appréhender le design pédagogique dans une perspective inclusive ?
3- L’évolution des pratiques d’enseignement : les pratiques novatrices inclusives
La reconnaissance des singularités et leur prise en compte dans les pratiques d’enseignement et d’apprentissage requiert une évolution des savoirs et des compétences des concepteurs, conceptrices pédagogiques et des personnes enseignantes (CAST, 2024). Des repères méthodologiques et pragmatiques sont aujourd’hui disponibles, tels que la conception universelle de l’apprentissage susceptible, par sa mobilisation, de guider et soutenir la transformation pédagogique. Toutefois, la simple maitrise d’un outil ne peut suffire à modifier durablement les pratiques qui sont ancrées dans un écosystème de valeurs, croyances, règles et normes qui organisent les habitus et les routines enseignantes et étudiantes depuis des décennies. Ainsi, cette évolution requiert des conditions pour quitter la sécurité du quotidien et oser la différenciation pédagogique.
Comment soutenir les personnes enseignantes dans ce qui peut être perçu comme une prise de risque ? Comment oser initier un processus de transformation au niveau des pratiques et de l’organisation ? Comment préparer les personnes étudiantes à vivre et à être actrices de ces évolutions ? Comment documenter et analyser les pratiques novatrices inclusives ?
Présentation de la revue
La revue Diversité urbaine a vu le jour en 2000 au sein du Groupe de Recherche Diversité Urbaine (GRDU). Depuis 2019, elle est dirigée par Tania Saba, fondatrice et titulaire de la Chaire BMO en diversité et gouvernance. La revue a pour objectif de nourrir une réflexion originale sur les enjeux de gestion de la diversité et de gouvernance. Elle a une vocation multidisciplinaire et intersectionnelle et accorde un intérêt particulier aux questions d’équité, de diversité et d’inclusion tant à l’échelle des individus que des organisations, au Québec et dans le reste du monde. Elle s’inscrit dans le contexte de prise de conscience de l’importance de l’égalité des droits et de la lutte contre les discriminations et les inégalités. C’est la seule revue savante francophone qui s’intéresse spécifiquement à ces enjeux.
En publiant des recherches issues des sciences sociales et humaines, Diversité urbaine veut stimuler le partage des connaissances entre les chercheurs, les décideurs publics et les divers intervenants interpellés par une meilleure compréhension des dynamiques de la diversité dans nos sociétés contemporaines, en particulier dans le monde du travail et de la formation.
Afin d’accroître la visibilité des recherches et d’assurer la libre circulation des connaissances, dans le respect du droit d’auteur, Diversité urbaine est diffusée en libre accès. Elle est disponible sur Érudit : https://www.erudit.org/fr/revues/du/#journal-info-about Diversité urbaine est une plateforme de diffusion des connaissances majoritairement francophone, mais qui accepte des propositions d’articles en langue anglaise.
Modalités de soumission
Dans le but d’ouvrir la réflexion, les communications pourront prendre la forme d’articles conceptuels, de résultats empiriques, d’études de cas ou de notes de recherche. Les recherches interdisciplinaires, sectorielles, locales, nationales ou internationales sont encouragées.
Les propositions (articles complets) devront nous parvenir avant le 30 octobre 2025.
Soumission : diversite-urbaine@umontreal.ca
La revue s’engage à prendre connaissance des articles proposés aussitôt reçus.
Procédure d’évaluation
▪ La revue publie uniquement des textes inédits.
▪ Si la direction de la revue estime l’article recevable pour le processus d’évaluation, le texte sera soumis anonymement à deux évaluateurs(-trices) ayant une expertise dans le domaine.
▪ Les articles retenus devront alors être révisés à la lumière de leurs commentaires, avec des corrections mineures ou majeures. L’équipe de la revue se réserve par la suite le droit d’apporter des corrections de forme afin de s’assurer de la lisibilité des articles.
Présentation des manuscrits
▪ La revue publie majoritairement des textes en français et occasionnellement des articles en anglais.
▪ Les articles doivent comporter entre 4 500 et 7 000 mots excluant la bibliographie.
▪ La première page comprend le titre de l’article en français et en anglais ainsi que le nom, l’affiliation professionnelle et l’adresse électronique du ou des auteurs ou autrices.
▪ Le manuscrit doit inclure les éléments suivants en français et en anglais : le titre, un résumé de 125 mots et cinq mots clés.
▪ Toute utilisation d’IA générative dans la rédaction de l’article ou du résumé (de type ChatGPT ou autre) est strictement interdite.
Mise en forme des manuscrits
▪ Le texte doit être rédigé à double interligne dans une police standard (Times New Roman, 12 points), avec un alignement justifié et des marges de 3 cm.
▪ Les titres sont présentés en caractères gras et les sous-titres en caractères italiques.
▪ Les pages sont numérotées en bas de page à droite.
▪ Les notes, numérotées en chiffres arabes, sont placées à la fin du texte.
▪ Les titres de livres ou de revues, ainsi que les mots de langue étrangère, doivent être en caractère italique.
▪ Les sigles ou acronymes doivent être placés entre parenthèses, à la suite de leur signification, sans ponctuation, à la première mention.
▪ Toutes les citations sont encadrées de guillemets français (« citation », avec espace insécable après le guillemet ouvrant et avant le guillemet fermant). À l’intérieur de ceux-ci, utiliser les guillemets anglais (“citation dans la citation”, sans espace). Placer les citations de plus de quatre lignes en retrait.
▪ Toute citation tirée d’une autre langue que le français doit faire l’objet d’une traduction libre.
▪ Les tableaux, les figures et les graphiques sont insérés dans le texte. Joindre les originaux dans un fichier à part.
Références et bibliographie
Les références sont toujours insérées dans le corps du texte comme suit :
- Référence sans citation (Rossi, 2021; Collins et Bilge, 2016; Molenberghs et al., 2014; Taylor, 2004, 2002);
- Référence avec citation (Werbner, 2018, p.15);
- Lorsqu’il y a trois auteurs ou plus, utiliser « et al. »;
- Dans le cas d’un ouvrage à paraître, écrivez (Tremblay [à paraître]). Dans la bibliographie, inscrire [à paraître] entre crochets également.
▪ Seules les références citées dans le texte figurent dans la bibliographie;
▪ Placer la bibliographie à la fin du texte. Utiliser les normes de l’APA 7e en français.
Pour les citations dans le texte
▪ Les citations restent en caractères normaux. Elles sont entre guillemets français dans le texte, suivies de la référence (Auteur, Année, p. x).
▪ Les citations de plus de quatre lignes doivent être en retrait. Dans ce cas seulement, pour alléger la présentation, on enlève les guillemets.
Extraits de la politique éditoriale
▪ La revue Diversité urbaine est accessible en libre accès.
▪ Les auteurs et autrices conservent leurs droits d’auteur.
▪ La politique éditoriale complète de la revue peut être consultée ici : https://www.erudit.org/fr/revues/du/#journal-info-editorial_policy
Les articles et notes de recherches concernant d'autres sujets traités habituellement par la revue pourront faire l’objet d’une publication hors thème. Les soumissions peuvent nous être adressées en tout temps.
Direction du numéro
Ce volume est codirigé par
- Emilie Doutreloux (titulaire de la Chaire de leadership en enseignement en équité, diversité et inclusion en éducation - Banque Nationale et professeure adjointe à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval)
- Didier Paquelin (titulaire de la Chaire de leadership en pédagogie de l’enseignement supérieur et professeur titulaire à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval).
Équipe de la revue
Direction de la revue
Tania Saba
Éditrice adjointe
Anne Fleischman
Adjointe à la rédaction
Myriam Bernet
Bibliographie
Annoot, E., Bobineau, C., Daverne-Bailly, C., Dubois, E., Piot, T. et Vari, J. (2019). Politiques, pratiques et dispositifs d’aide à la réussite pour les étudiants des premiers cycles à l’université :
bilan et perspectives. Paris. Cnesco.
Avouac, R. et Harari-Kermadec, H. (2022). L'université française, lieu de brassage ou de ségrégation sociale? Mesure de la polarisation du système universitaire français (2007-2015). Economie et Statistique, (528-529), 63-83.
CAST (2024). Directives de la conception universelle de l’apprentissage version 3.0, Lynnfield, MA : Auteur
Cayouette-Remblière, J. et Doray, P. (2022). L’enseignement supérieur en recomposition. Lien social et Politiques, (89), 4-15.
De Clercq, M. (2023). Les défis de l’enseignement supérieur : entre accessibilité, équité et réussite.
Diversité. Revue d'actualité et de réflexion sur l'action éducative, (202 volume 1). Disponible à https://publications-prairial.fr/diversite/index.php?id=3808
Glauser, W. (2018). Faites place aux étudiants au parcours non traditionnels, Affaires Universitaires, en ligne https://www.affairesuniversitaires.ca/articles-de-fond-fr/faitesplace-aux-etudiants-au-parcours-non-traditionnel/, [consulté le 28 février 2025]
Mattig, T., et Chastonay, P. (2018). La santé des étudiants universitaires : une responsabilité sociale de l’université. Données de littérature et réflexion sur le rôle possible de l’université, Éthique et Sant., Vol 15 - N° 4 - décembre 2018, 207-266
Romo, L., Nann, S., Scanferla, E., Esteban, J., Riazuelo, H. et Kern, L. (2019). La santé des étudiants à l’université comme déterminant de la réusite académique. Revue québécoise de psychologie, 40(2), 187-202. Érudit. https://doi.org/10.7202/1065909ar
Subjects
Date(s)
- Thursday, October 30, 2025
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Keywords
- éducation, EDI, inclusion, diversité, enseignement, étudiants, migration
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- Anne Fleischman
courriel : diversite-urbaine [at] umontreal [dot] ca
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- Anne Fleischman
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To cite this announcement
« La prise en compte de l’inclusion et de la diversité en enseignement supérieur », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, June 12, 2025, https://doi.org/10.58079/14467