Les crises africaines sont caractérisées par leur durée, leur pluridimensionnalité et leur reconfiguration processuelle. Elles font de ce continent un laboratoire privilégié d’analyse tant du point de vue de leurs effets que de leur gouvernance. Cette dernière est souvent étudiée à l’aune de la performance de l’écosystème humanitaire international sous un angle interactionniste. Dans ce séminaire, nous privilégions plutôt l’angle du « local » et « par le bas » afin de décrire et d’analyser les contributions des acteurs locaux, moins visibles et moins médiatisés, mais souvent plus proches des populations déplacées ou accueillantes. Certains agissent seuls, d’autres en réseau, d’autres en lien avec les dispositifs humanitaires d’encadrement. Cette « localisation » et « endogénéisation » des réponses aux crises s’explique, à la fois, par la réduction progressive de l’aide comme par les difficultés d’accès liées à leur gouvernementalité en régime autoritaire.

Présentation

Ce séminaire s’inscrit dans la continuité du projet de recherche Gouvernance locale des crises migratoire et alimentaire au Cameroun et au Mali (GoMACCA), mené sur une période de trois années dans le cadre d'une Jeune équipe associée à l'IRD (JEAI). Ce projet a été porté par l’Université de Ngaoundéré au Cameroun, avec Éric-Joël Fofiri Nzossie comme responsable de l’équipe, et par l’Université de Bamako au Mali, avec Abdoul Sogodogo en tant que responsable du pôle malien, sous la coordination scientifique de Pierre Janin. Rattaché à l’UMR Développement et Sociétés, le projet a également bénéficié du soutien de l’IRD et de l’Université Paris 1 Panthéon- Sorbonne. A l’issue du colloque international marquant la fin des trois années de travail de GoMACCA, organisé en novembre 2024, un groupe de doctorants a décidé de prolonger cette dynamique en créant le Groupe de recherche sur la gouvernance des crises en Afrique, sous la coordination de Ghislain Poungong Dzoko. Avec Armel Abega Mwassena, ils ont préparé le présent séminaire intitulé
Gouvernance locale des crises en Afrique : prévenir, sécuriser et renforcer. Le duo a récemment été rejoint par Annelie Delescluse, qui contribue également à l’organisation du séminaire.

Programme

Introduction

• Ce que gouverner les crises veut dire et implique (Eric-Joël Fofiri Nzossié, Université de Ngaoundéré)
• Petite histoire du séminaire doctoral (Ghislain Poungong, Université de Maroua / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Séance 1 – 28 mai : Faire de la recherche au cœur des crises : quelle utilité ? Quelles modalités ? 

• Moïse Amedje (Université de Maroua) : « Chercheur naïf » comme innovation méthodologique en anthropologie visuelle »  
• Blahima Konate (Institut des sciences des sociétés) : « Rôle de la recherche en sciences sociales dans l’amélioration du dialogue interreligieux au Burkina Faso : le cas du conflit entre protestants et coutumiers dans la commune rurale de Léna, Hauts bassins » 

Discutants

• Ludovic Ouhonyioué Kibora (CNRST, Institut des sciences des sociétés),
• Vincent Bonnecase (CNRS, UMR Institut des mondes africains).

Séance 2 - 11 juin : Se mobiliser, s’autonomiser (et se gouverner) en situation de crise 

• Rokia Alexandra Konate (Institut national polytechnique Houphouët-Boigny) : « Les stratégies de survie des réfugiées libériennes dans le sud-ouest de la Côte d’ivoire (1990-2012) » 
• Kouassi Gaël Koffi (Université Alassane Ouattara) : « Crise de l’élection présidentielle de 2020 à Toumodi (Côte d’Ivoire) : entre dévoiement des alliances culturelles, altération des influences politiques et médiation par le bas »
• Saidou Hassane (Université du Québec à Rimouski) : « Redéfinition des dynamiques sociales en contexte de crise : les conflits dans la transformation du quotidien et de l’organisation des populations pratiquant l’agropastoralisme (région du Sahel au Burkina Faso) »

Discutants

• Vincent Bonnecase (CNRS, UMR Institut des mondes africains)
• Anne Le Naëlou (IEDES, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR Développement et sociétés).

Séance 3 – 25 juin : Contribution des acteurs locaux à la gouvernance institutionnalisée 

• Christophe Essomba (Université de Yaoundé 2) : « La place des intermédiaires sociaux en temps de crise : cas des autorités traditionnelles dans la crise sécessionniste ambazonienne » 
• Sali (Université de Maroua) : « Le nexus entre autorités traditionnelles et comités de village comme baromètre local de résolution des crises et du renforcement de la sécurité par le bas dans le bassin tchadien » 
• Hans Gilbert Mbeng Dang (Université de Douala) : « Collectivités territoriales décentralisées et problé-matique de la gestion et de la réinsertion socioéconomique des PDIs dans les métropoles camerounaises : cas des déplacés internes de la crise dite anglophone dans la commune de Yaoundé VI » 

Discutants

• Éric Joël Fofiri Nzossie (Université de Ngaoundéré)
• Pierre Janin (IRD, UMR Développement et sociétés - DEVSOC).

Séance 4 - 9 juillet : Contribution des acteurs locaux à la gouvernance informalisée  

• Claire Lefort-Rieu (Université de Liège) : « Penser la gouvernance des crises depuis les pratiques des personnes réfugiées et déplacées internes au Cameroun » 
• Mohamadi Zeba (Institut des sciences des sociétés) : « Gouvernance locale des conflits dans la région du Centre-Nord au Burkina Faso : dynamiques d’acteurs et gestion des tensions en contexte de crise sécuritaire » 
• Ibrahima Ranke (Université de Ngaoundéré) : « Crise climatique, pénurie agropastorale et recomposition de l’autorité locale : jeux de légitimité compétitive dans la triarchie villageoise du Nord-Cameroun »

Discutants

• Pierre Janin (IRD, UMR Développement et sociétés - DEVSOC)
• Éric Joël Fofiri Nzossie  (Université de Ngaoundéré).

Séance 5 - 23 juillet : Se réinstaller et se réinsérer 

• Aurore Vermylen (Université Catholique de Louvain) : « Ulitombolesha ? Lorsque le programme de réinstallation fixe et reconfigure l’identité Banyamulenge dans la région des Grands Lacs en Afrique » 
• Metsena Ndjavoua (Université de Maroua) : « Les ex-associés de Boko Haram et les stratégies de réinsertion au sein de la communauté dans le Mayo-Tsanaga (Extrême-Nord Cameroun) » 
• Joel Thierry Mbassa A Kedi (Université de Maroua) : « L’urgence de sortir de l’urgence pour une autonomisation des personnes en situation de déplacement forcé » 

Discutants

• Éric-Joël Fofiri Nzossie  (Université de Ngaoundéré)
• Ludovic Ouhonyioué Kibora  (CNRST, Institut des sciences des sociétés). 

Comité d’organisation 

• Ghislain POUNGONG DZOKO (UMR DEVSOC, Université de Maroua / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) 
• Armel ABEGA MWASSENA (Institut des politiques et des initiatives sociales / Institut catholique de Yaoundé) 
• Annélie DELESCLUSE (FNRS/ Université de Liège, chercheuse associée UMR DEVSOC) 

Lien Zoom

https://pantheonsorbonne.zoom.us/j/94407759298?pwd=mNNKrth8QHgfdwf6FLrJVqps3wMz20.1
Code secret : 1234.