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Semences

Revue Tracés, T50

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Published on Monday, June 23, 2025

Abstract

Les pratiques humaines autour des semences de quelque origine qu’elles soient posent un ensemble de questions qui sont à la fois d’ordre éthique, politique et économique. Elles engagent tout à la fois notre rapport au passé, au futur et aux différentes formes de vie qui peuplent la Terre. L’ambition de cet appel à contributions est de croiser ensemble des problématiques qui concernent les semences de toute origine, qu’elles soient animales, végétales, voire minérales, de questionner les frontières entre les semences « naturelles » ou artificiellement modifiées et l’éthique différentielle qui régente un rapport à la vie pensé sur un mode dichotomique entre humain et non-humain.

Announcement

Argumentaire

En 1932, dans son ouvrage Pédagogie et Eugénisme, l’espagnol Enrique Madrazo, fervent socialiste mais aussi partisan de l’eugénisme, défend pour les êtres humains un mode de sélection inspiré de ce que les sciences naturelles, la zootechnie et l’agronomie appliquent déjà aux plantes et aux animaux. Il s’étonne en effet qu’« alors qu’avec la sélection on soit parvenu à domestiquer et à tirer bénéfice d’animaux qui étaient autrefois des bêtes sauvages et inutiles, et à tirer profit d’usages ignorés de plantes considérées auparavant comme nocives, l’homme seul continue à échapper à cette culture et à cette sélection naturelle scientifique ». « L’homme, s’indigne-t-il, père de la science, ne considère pas monstrueux d’être le père de rejetons calamiteux, et avec une inconscience criminelle ensemence son monde et sa société de tuberculeux, d’imbéciles et de syphilitiques » (Madrazo, 1932 : 252, trad. Walin). Au début du XXe siècle, l’idée que la tuberculose et la syphilis étaient des maladies héréditaires était très répandue. Pour lutter contre le risque de propagation de ces maladies qui risquaient « d’affaiblir » la race humaine, l’eugénisme, ou la sélection « scientifique » des êtres humains comme la qualifie Galton son théoricien (1869), est apparu aux yeux de nombreux·ses acteur·ices comme une solution rationnelle et efficace. Alors que les crimes nazis n’ont pas encore été commis, la sélection des êtres humains par l’instauration de règles strictes encadrant la reproduction ont séduit des personnes très diverses, comme par exemple cet auteur socialiste (sur l’eugénisme voir Carol, 1995 ; Chapoutot, 2014 ; Cleminson, 2000 ; Lombardo, 2011 ; Rosental, 2016 ; Stepan, 1996 ; Turda et Gillette, 2014). Pour éviter la multiplication des « inaptes », Madrazo suggère d’organiser la reproduction humaine sur le mode de la production d’animaux « de race ». En sélectionnant les « meilleurs » hommes comme on sélectionne les « meilleurs » étalons (sachant que les critères de cette excellence sont objets de débat), on pourra leur permettre de féconder un grand nombre de femmes et assurer ainsi des naissances eugéniques. Il est ainsi à la fois favorable à la polygamie, à la procréation hors mariage et à la contraception pour que tou·tes puissent avoir une sexualité, mais pas nécessairement reproductrice.

La manipulation et le contrôle des semences à des fins de rationalisation de la (re)production est un enjeu à la fois très actuel et extrêmement ancien. Traditionnellement, le passage de l’époque des « chasseurs-cueilleurs » aux agriculteur·ices était daté du moment de prise de conscience de l’origine reproductive des graines végétales - le fait que les humains aient compris qu’iels pouvaient planter des graines pour faire pousser eux/elles-mêmes des plantes. Cette vision, inspirée d’une théorie évolutionniste, a depuis été remise en question car il a été montré que les chasseurs-cueilleurs participaient aussi à la dissémination des graines et à la reproduction végétative des plantes (Congretel, 2017). Il n’en reste pas moins que les questions concernant le contrôle des graines et semences, mais aussi l’incapacité des humains à complètement maîtriser leur reproduction et ses conséquences, ne datent pas de l’époque contemporaine.

Qu’elles soient des graines, des gamètes ou des spores, les semences sont à l’origine de la vie. Les sélectionner, les reproduire et les gérer signifie prendre la main sur ce pouvoir qui nous échappe, et ce d’autant plus actuellement que le changement climatique et les pollutions menacent à la fois de très nombreuses formes de vie, mais aussi la fertilité des êtres vivants. Tout comme on envisage de créer des banques de semences sous le permafrost pour préserver des espèces végétales en voie de disparition (Heatherington, 2020), les banques de gamètes permettent aux êtres humains de préserver leur fertilité. Mais les connaissances et les pratiques sur la reproduction ne permettent pas de pallier tous les effets néfastes produits par les activités humaines. Au contraire, la production de semences agricoles menace la biodiversité et l’indépendance des agriculteurs·trices en suivant des objectifs de productivité. De la même façon, la maîtrise de la fertilité des femmes par les pilules contraceptives pourrait participer à la contamination des eaux de surface et perturber la fertilité de la faune aquatique voire provoquer sa « féminisation » (Piferrer, 2001), au même titre que d’autres perturbateurs endocriniens, tandis qu’il a été prouvé que le glyphosate, herbicide le plus utilisé au monde durant des décennies, a des effets toxiques sur les cellules embryonnaires humaines et pourrait en avoir sur la fertilité humaine et animale (Serra et. al., 2021).

Contrôler, manipuler et croiser les semences n’est donc pas une activité sans conséquences ni à prendre à la légère. Différentes controverses et mouvements militants soulignent les risques liés à ces pratiques, qu’il s’agisse de l’introduction d’organismes génétiquement modifiés en agriculture (OGM) ou de reproduction médicalement assistée. Hors même du champ de la réalité, les fictions sont là aussi pour nous rappeler les conséquences terribles d’une mauvaise manipulation des semences. Dans la série The Last of Us, tirée du jeu vidéo du même nom, la colonisation du monde par un champignon mène à l’apocalypse. Le changement climatique aurait permis à ce champignon, le cordyceps, qui parvient dans certaines conditions à prendre le contrôle du cerveau des fourmis (Hugues, 2011), de devenir un parasite pour l’espèce humaine. Au contact de ses spores, les humains deviennent physiquement des croisés d’humains et de cordyceps, contrôlés mentalement par le champignon qui fait d’elles et eux des zombies sanguinaires. Mais à l’opposé de nombreuses fictions qui insistent par ce genre de récits terrifiants sur la nécessité de séparer les humains et le reste du monde vivant, ainsi que sur le danger de faire des croisements inter-espèces, Donna Haraway imagine dans ses Histoires de Camille un croisement d’une toute autre nature (Haraway, 2016). À sa naissance, Camille 1, premier personnage d’une série de cinq générations de Camille, est lié·e par ses trois parents à des papillons monarques. Des gènes des papillons sont insérés dans le patrimoine génétique des Camille, provoquant quelques changements physiques (les Camille changent de couleur arrivé·es à l’adolescence, comme les papillons sortant de leur chrysalide), mais surtout un changement de sensibilité. Iels deviennent capables de mieux comprendre le monde tel que le perçoivent les papillons, en les rendant sensibles aux menaces qui pèsent sur la survie des monarques : le manque d’eau, les pesticides et le changement climatique. Avec cette fable, elle aussi post-apocalyptique, Haraway suggère de repenser les relations de parenté en imaginant un autre lien au vivant, au besoin en créant des liens de parenté inter-espèces, afin de penser une autre survie dans un monde déjà affecté par le changement climatique. Réfléchir aux semences peut effectivement être un moyen de repenser la parentalité hors de l’hétéronormativité, mais aussi de repenser d’une manière générale le rapport au vivant, en décentrant un regard trop souvent anthropocentré sur la reproduction.

Les pratiques humaines autour des semences de quelque origine qu’elles soient posent un ensemble de questions qui sont à la fois d’ordre éthique, politique et économique. Elles engagent tout à la fois notre rapport au passé, au futur et aux différentes formes de vie qui peuplent la Terre. L’ambition de cet appel à contributions est de croiser ensemble des problématiques qui concernent les semences de toute origine, qu’elles soient animales, végétales, voire minérales, de questionner les frontières entre les semences « naturelles » ou artificiellement modifiées et l’éthique différentielle qui régente un rapport à la vie pensé sur un mode dichotomique entre humain et non-humain. L’un des objectifs du dossier pourrait aussi être de reprendre, depuis les Sciences Humaines et Sociales, la réflexion de Madrazo et d’autres en 1932 sur un ensemencement éthique du vivant.

Pour explorer ces différentes questions, nous proposons trois axes principaux de réflexion sur lesquels les auteur·rices pourront articuler leurs réflexions.

1. Reproduire la vie

La question des semences est étroitement liée à celle de la reproduction des espèces végétales et animales. Nous proposons de suivre la variabilité historique et sociale de la compréhension des reproductions à travers les questions de genre et de fertilité et en étudiant les techniques et technologies qui accompagnent les processus reproductifs.

1.1 Fertilité et binarité de genre

Qu’elles soient humaines, végétales ou animales, les semences font l’objet de représentations sexuées, qui sous-tendent les savoirs et les pratiques de reproduction. Des débats sur l’existence d’un sperme féminin à la différenciation des semences végétales entre « mâles » et « femelles », les sciences sociales abondent d’exemples montrant comment les discours et pratiques autour de la fertilité participent de la construction du genre. Les représentations genrées parcourent notamment la question de la reproduction humaine, comme le montrent les travaux cités ci-dessous, mais nous invitons à proposer des articles portant sur tous types de semences et permettant de questionner les « imaginaires collectifs » (Bonnet, Cahen et Rozée, 2021) entourant les pratiques de reproduction.

Dès l’émergence au XVIIIe siècle du système de classification botanique fondé sur les travaux de Linné, les plantes sont classées sur la base de leurs parties (feuilles, fleurs, racines) et leur type de reproduction sexuelle. Londa Schiebinger (1994) a montré comment l’émergence de la botanique en tant que science coïncidait ainsi avec une sexualisation des plantes, qui identifie certaines parties en tant que « femelles » et d’autres en tant que « mâles », générant une revalorisation de ces dernières. Dès lors, la reproduction des plantes devient tributaire d’analogies avec la reproduction animale, et plus particulièrement celle des mammifères (dont les humains) : ainsi, le pollen tombe des étamines comme le liquide séminal de l’organe sexuel masculin, et imprègne les ovules situés dans le pistil (p.21). Cela revient dans certains cas à inverser des classifications plus anciennes, qui identifiaient la partie productrice de graines comme masculine, alors que les étamines produisant le pollen et d’autres parties « superflues » de la plante étaient identifiées comme femelles (ibidem). Dans Masculin, féminin (1996 : 230) Françoise Héritier affirme que « ce n’est pas le sexe mais la fécondité qui fait la différence entre le masculin et le féminin ». Elle illustre cela notamment par le cas des Samo du Burkina Faso chez qui elle mène ses recherches, où une femme ménopausée qui n’est plus féconde est assimilée à un homme.

La semence humaine n’a par ailleurs pas toujours été considérée comme uniquement masculine. La théorie hippocratique de la double semence, qui fait de la fécondation le résultat de la rencontre entre les semences mâles et femelles, a longtemps prévalu dans la médecine occidentale contre la théorie aristotélicienne qui reléguait la femme au rôle de réceptacle passif de la semence masculine (Roux, 2009 ; Arena, 2023). Jusque dans les années 1840, on considérait donc que les femmes émettaient, au même titre que les hommes, une semence fertile au moment de l’orgasme. Même après les expériences menées – entre autres – par Archimède Pouchet sur des mammifères femelles, qui montrent que la « semence » féminine (l’ovule) est émise à un moment régulier du cycle menstruel, des croyances persistent - véhiculées par des ouvrages grand public d’hygiène de la sexualité destinés aux couples mariés - concernant le rôle positif de l’orgasme et de la cyprine pour favoriser une fécondation (plus grande ouverture du col, aide au déplacement des spermatozoïdes…) (Chaperon, 2007 ; Walin, 2021). Plus récemment, Emily Martin a montré comment les récits médicaux au sujet de la procréation humaine contribuent à produire une opposition entre des spermatozoïdes actifs et des ovules passifs, en dépit des observations scientifiques des interactions entre les deux au moment de la fécondation (Martin, 1991). Ce discours médical renforce une association entre virilité, fécondité et puissance phallique (Héritier, 1996) qui fait de l’infertilité masculine un sujet tabou, menaçant directement la virilité des hommes qui y sont confrontés (Fortier, 2005).

Les semences humaines ne se limitent cependant pas uniquement à ce que la science contemporaine nomme les gamètes : dans bien d’autres contextes socio-historiques, tant le sperme que le sang et le lait sont nécessaires à la mise au monde d’une nouvelle personne. Ces substances corporelles jouent notamment un rôle central dans les systèmes de parenté, comme l’attestent les parentés de lait, sur lesquelles pèsent les mêmes interdits matrimoniaux que sur la consanguinité (Bonte, 2000 ; Fortier, 2001 ; Héritier, 1994 ; Gélard, 2019). Elles permettent ainsi de relier des individus à des groupes, non seulement humains mais aussi animaux (Dittmar et al., 2011). Tant le sperme que le lait et le sang font par ailleurs l’objet de représentations et pratiques bien au-delà de la sphère reproductive. Elles peuvent être associées à la vitalité, à la puissance, à l’énergie ou à la force physique, tout aussi bien qu’à l’affaiblissement, la maladie ou la mort. Ainsi, au XIXe siècle la vasectomie régénératrice était conseillée pour renouveler la vitalité masculine (Serna, 2021). Alors que les fellations rituelles étudiées par les anthropologues en Papouasie Nouvelle-Guinée dans les années 1970 (Herdt, 1981 ; Godelier, 1982 ; Bonnemère, 1996) montraient des vertus bénéfiques attribuées au sperme des hommes adultes, les travaux plus récents d’Anne-Sylvie Malbrancke (2017) font le constat non seulement de l’abandon et de la stigmatisation de ces pratiques rituelles, mais aussi un déplacement de la symbolique du sperme de puissance génératrice de vie à vecteur de contamination et de mort.

Outre ces attributs plutôt liés à la reproduction et à la santé, les liquides ou humeurs possèdent aussi une dimension érotique dont on pourrait explorer les contours. Dans le cadre des études gays et queer, des recherches ont mis en évidence une certaine fétichisation du sperme qui apparaît notamment dans des pratiques comme celle du barebacking – littéralement, chevaucher à cru – qui consiste à avoir des rapports anaux sans préservatif. Tim Dean (2009) souligne l’accroissement de cette pratique dans les années post-sida, mais loin d’en faire le résultat de troubles psychologiques (haine de soi qui pousserait à une exposition volontaire à la mort), il montre comment cette pratique et sa représentation dans des films pornographiques sert à reprendre du pouvoir sur la mort en représentant des pratiques désirables mais que les personnes n’ont pas nécessairement, en raison de la prise de risque qu’elles représentent (voir aussi Kane, 2007). Le fétichisme du sperme qui entoure des pratiques comme celles du barebacking est aussi soutenu par des métaphores autour de l’ensemencement, dont il serait intéressant d’analyser la signification et le caractère genré. Dans la pornographie hétérosexuelle également, le sperme et l’éjaculation sont porteurs d’une grande charge érotique qui s’inscrit aussi dans des représentations genrées spécifiques, comme en témoignent l’importance des scènes d’éjaculation externes qui répondent à l’exigence pornographique de visibilité maximale (Vörös, 2020 ; Cervulle et. al., 2015).

Les métaphores de l’ensemencement (Fox-Keller, 1995) peuvent aussi être utilisées dans des contextes ne mettant pas en jeu des êtres vivants appartenant au monde animal ou végétal. Ainsi, la fécondité associée au sperme masculin transcende les seuls rapports entre humains, comme l’attestent les rituels propitiatoires des mineurs de fond étudiées par les anthropologues en milieu andin (Absi, 2003 ; Nash, 1970 ; Salazar-Soler, 2003). L’espace souterrain étant conçu comme un ventre de femme qui accouche du minerai, ces rituels consistent à réaliser des libations, des invocations séduisantes, voire à s’échanger des blagues grivoises et à mimer l’acte sexuel entre hommes, afin d’exciter la Pachamama ou Terre mère pour qu’elle livre ses richesses. Les femmes, quant à elles, sont interdites d’entrer dans la mine, le risque étant que celle-ci ne devienne « jalouse » et fasse ainsi disparaître le minerai. Lorsque dans ce contexte la relation des hommes à la mine est de nature érotique ou sexuelle, permettant l’engendrement du minéral (qui pousse comme un tubercule sous terre et comme un fœtus dans le ventre de sa mère), les mouvements de contestation contre les nouvelles mines à ciel ouvert – hautement mécanisées et potentiellement polluantes – associent l’extraction à un « viol » de la terre, la rendant stérile à jamais (Grieco et Salazar-Soler, à paraître).

On le voit avec ce dernier exemple, les imaginaires genrés autour de la reproduction humaine peuvent être appliqués par analogie à la reproduction non-humaine. Or si les travaux en SHS croisant genre, savoirs sur la fertilité et pratiques reproductives sont désormais nombreux – sans pour autant que ces thématiques soient épuisées – il reste encore beaucoup à faire pour penser l’application de cette pensée binaire aux comportements et fonctionnements des êtres non-humains.

1.2 Techniques et technologies de la reproduction

De la même façon, la littérature en SHS est plus fournie concernant les techniques et technologies de reproduction humaine, notamment du fait d’une partition disciplinaire historique entre les sciences naturelles et les sciences s’intéressant au fonctionnement du corps humain. L’ambition de ce numéro est de faire émerger des réflexions élargies à l’ensemble du vivant. En effet, de la biodiversité produite par les chasseurs-cueilleurs aux manipulations génétiques de dernière génération, les techniques et technologies de reproduction posent des questions politiques que nous souhaitons explorer et croiser dans cet axe.

Dans l’agro-industrie, la question des semences et leurs manipulations à des fins productivistes sont à l’origine de nombreuses enquêtes. Qu’il s’agisse de semences hybrides non reproductibles ou d’OGM soumis à des brevets (Tordjman, 2008 ; Brenni, 2023), les modèles techniques et économiques développés pour la production agricole permettent à quelques firmes multinationales de contrôler un marché captif de producteur·rices dans le monde entier (Hermesse et al., 2018). Face aux conséquences désastreuses de ces modèles sur la biodiversité et à l’impact sur l’endettement des petit·es paysan·nes, des militant·es et des associations se sont mobilisé·es pour mettre de nouveau en circulation des semences reproductibles (Demeulenaere, 2013) et non modifiées, utilisables en agroécologie, quitte à se retrouver pour cela en procès contre de grandes entreprises (voir par exemple le cas de l’association Kokopelli en France, Keraron et Mas de Granier, 2025). Des travaux inspirés des écoféminismes proposent d’analyser ce rapport productiviste et prédateur au vivant comme un rapport « masculin » (Merchant, 1980 ; Larrère, 2015 et 2023 ; Pruvost, 2019). D’où le développement de recherches sur le lien entre masculinités et extractivisme (Hillenkamp et Prevost, 2024 ; Grieco, 2024) ou la « pétromasculinité » (Daggett, 2018) que nous invitons à explorer dans cet axe. Cette thématique se prête assez bien au développement d’enquêtes sur le mode de la recherche-action : les propositions pourront aussi faire état de ce genre de terrains et analyses.

Concernant les êtres humains, les récentes lois de bioéthique – comme celle votée en France en 2020, qui ouvre la Procréation Médicalement Assistée aux femmes seules et aux couples de femmes – participent d’une réflexion sur l’ouverture des droits reproductifs à des personnes qui sortent de l’hétéronormativité, tout comme les discussions autour de la Gestation Pour Autrui ou GPA. La mise en place de la PMA pose des questions d’accessibilité face à la pénurie de dons de gamètes, à l’engorgement des services hospitaliers, et pose également la question de la limite d’âge imposée pour accéder à ces processus, résultat d’une construction sociale non exempte de représentations agistes (Bühler, 2002a et 2002b). Les listes d’attente soulèvent la question des priorités données à certaines personnes par rapport à d’autres et donc aux critères de triage, qu’ils soient faits par des humains ou des algorithmes (Ehrich et al., 2007). Elles posent aussi la question de l’accès à ce service pour les personnes racisées, dont les temps d’attente sont parfois doublés par rapport à des personnes blanches, ou qui peuvent être confrontées à des discriminations racistes dans leur parcours de soin, par exemple en étant dissuadées d’utiliser des gamètes de personne blanche (pour le contexte états-unien voir Fox, 2009 ; Valdez, 2019 ; White et al., 2006). Qu’en est-il également pour les personnes atteintes de maladies graves ? Des articles proposant des enquêtes de terrain portant sur ces questions seront appréciés, notamment si elles portent sur un contexte non états-unien, qui a été le plus étudié jusqu’à présent.

Ces parcours sont aussi révélateurs des mécanismes socio-médicaux de rappel à l’ordre du genre ou de réassignation de genre (Malmanche et Rozée, 2023), un phénomène particulièrement évident dans l’encadrement des parentalités trans (Hérault, 2015). En effet, les débats actuels autour de la libre détermination de l’identité de genre se heurtent souvent à la possibilité que des personnes trans masculines soient enceintes. Le fait que le changement d’état civil soit auparavant soumis à un diagnostic médical, à la prise d’hormones et/où à une opération, impliquait que les personnes effectuant une transition complète devenaient stériles. La possibilité de changer d’état civil sans intervention médicale, voire sur simple déclaration comme c’est le cas en Argentine ou en Espagne, ouvre aussi la porte à un accès à la reproduction pour des personnes effectuant des transitions. Au-delà de ce que ces cas signifient pour la remise en question de la cishétéronormativité, cela pose la question de l’accès des personnes trans et non-binaires à des parcours de soin réservés aux femmes cis, qu’il s’agisse d’un suivi de grossesse comme de l’accès à l’avortement, qui n’est pas toujours assuré dans les Plannings Familiaux pour tous·tes. Il pourrait être intéressant de comparer les cadres légaux et les protocoles élaborés autour de ces pratiques à l’échelle internationale, ainsi que de questionner certaines de leurs incohérences. Actuellement, en France, les personnes effectuant une transition dite FtM (pour Female to Male) ont la possibilité de congeler leurs ovocytes avant de commencer un traitement hormonal mais n’ont ensuite pas le droit de s’en servir dans le cadre d’une PMA. Ces exemples posent la question de l’élaboration des protocoles (par qui ? selon quels critères ?) et de leur standardisation (à quelle échelle ?), mais aussi de la mise en place d’un marché mondial des gamètes particulièrement lucratif pour certaines cliniques.

Les techniques et technologies de reproduction posent aussi la question des pratiques qui servent à limiter ou à entraver la fertilité, comme la contraception et l’avortement, ou la production de semences hybrides dans l’agriculture qui réduisent la possibilité pour les agriculteur·rices de produire leurs propres graines. Des enjeux qui sont là aussi d’une grande actualité du fait de la remise en question des droits reproductifs par des mouvements ou partis politiques conservateurs et néoconservateurs, sur lesquels nous invitons à proposer des articles. Depuis une dizaine d’années, de nouvelles recherches sur les moyens de contraception montrent que la pilule, autrefois présentée comme un outil de libération des femmes, suscite de plus en plus de réticences en raison de scandales sanitaires comme celui autour des pilules de troisième ou quatrième génération, ou par rejet de la médicalisation et du contrôle du corps des femmes (Bajos et al., 2012 ; Le Guen et al., 2017 ; Fonquerne, 2021 ; Thomé, 2024a, 2024b). Cela n’empêche pas cette méthode d’être toujours la plus communément prescrite, malgré la variété des moyens de contraception qui existent désormais (Roux, 2022). Dans ce contexte, se développent dans les pays occidentaux un retour à des moyens de contraception plus « naturels » comme la « méthode Ogino » (Thomé, 2022), qui impliquent cependant aujourd’hui l’usage d’applications de suivi du cycle menstruel (Coville, 2019, 2023 ; Thomé, 2023), ainsi que des pratiques de contraception masculine (Le Guen et al., 2021). Nous serions ainsi intéressées par des enquêtes portant sur l’usage des données issues des applications de suivi du cycle menstruel à des fins politiques ou économiques.

Par ailleurs, si dans des pays comme le Royaume-Uni ou le Canada la vasectomie est une pratique relativement courante, même si elle tend à baisser au Royaume-Uni (Wydera et Wilson, 2022), en France le recours à cette pratique est plus récent, mais accuse une forte progression depuis 15 ans (le nombre d’hommes y ayant recours a été multiplié par 15 entre 2010 et 2022 selon l’Agence Nationale de la Santé et du Médicament). Devant l’absence de contraception hormonale masculine (Oudshoorn, 2003) se développent depuis quelques années des pratiques de contraception testiculaire reposant sur la méthode thermique (« slip chauffant », « jock strap » ou anneau contraceptif), en particulier dans des collectifs d’hommes militants proches de Planning Familiaux. Cela fait écho à des pratiques militantes étudiées par des historien·nes spécialistes des masculinités ou des mouvements anarchistes qui, face à la propagande et aux politiques natalistes, anti-avortement et anti-contraception du début du XXe siècle et de l’entre-deux-guerres, ont organisé des réseaux clandestins pour réaliser des opérations de vasectomie (Serna, 2021 ; Cleminson, 2008). Les articles documentant les pratiques contraceptives, actuelles ou passées, légales ou clandestines, féminines ou masculines, seront les bienvenus, ces thématiques importantes souffrant pour l’instant d’un défaut de publications, notamment en français.

2. Contrôler le vivant

La question de la reproduction du vivant soulève aussi celle de la sélection : que convient-il de reproduire, ou qui convient-il de faire se reproduire, où et pourquoi ? Les semences sont en effet l’objet de catégorisations à travers lesquelles des espèces, variétés ou groupes peuvent être identifiés comme désirables et d’autres indésirables, sur la base des caractéristiques qui leur sont attribuées. À partir de ces évaluations, des formes plus ou moins interventionnistes d’amélioration ou d’optimisation des semences considérées comme désirables, ainsi que de limitation voire d’éradication de celles considérées indésirables ou nuisibles, sont mises en place. Comment enquêter sur la sélection du vivant, ses institutions de régulation ainsi que sur les dérives d’une volonté de contrôle et de sélection exacerbée ?

2.1 Mettre en catalogue

Pour sélectionner les semences, il faut d’abord les connaître, les décrire et les classer. Actuellement, les variétés de plantes sont mises en catalogue pour assurer aux agriculteurs la qualité de leurs récoltes à venir, de même que les semences animales sont regroupées dans des herd books qui assurent le maintien des races. Quant aux semences humaines, elles se retrouvent parfois décrites dans des catalogues pour les futur·es receveur·euses. Ce catalogage est toujours un préalable à la sélection.

Ces opérations de connaissance ont particulièrement attiré l’attention des naturalistes du XVIIIe siècle, tels Linné (Système de la nature, 1735, 1758) et Buffon (Histoire naturelle, générale et particuliére, avec la description du Cabinet du Roy, 1749-1804), qui élaborent des classifications à partir desquelles sont distinguées des espèces et des “races” chez les plantes et les animaux. Les entreprises de colonisation mettent aussi les Européens au défi d’apprendre à connaître ces nouvelles espèces, animales et végétales, dont ils ne savent pas se servir. Comme l’a montré Samir Boumediene pour les plantes médicinales en Amérique hispanique (2016), cette opération de connaissance se fait notamment par le biais de l’analogie, pour pouvoir associer ces plantes inconnues aux catégories maîtrisées. Ainsi l’« ocozotles » devient le « liquidambar » (« liquid’ambre ») et le purgatif nommé « ben » est appelé « noisettes purgatives » (« avellanas purgativas », Boumediene, 2016 : 55). L’enjeu de connaissance est aussi une opération de contrôle, puisqu’une même plante peut agir comme un poison ou un remède en fonction de la manière avec laquelle elle est utilisée - et ce pouvoir indigène inquiète les Espagnols. « Coloniser le savoir » concernant ces plantes implique donc parfois d’extorquer, y compris par des violences physiques et sexuelles, les savoirs indigènes. Les colons tentent aussi de s’approprier matériellement ces plantes en essayant de les acclimater aux contrées européennes – les jardins botaniques des pays du sud de l’Europe sont ainsi pleins de graines d’Amérique du sud (Brassart et Herment, 2024). Dans l’autre sens, ils apportent aussi avec eux des espèces, comme les chevaux et les chiens européens, qui vont accompagner la colonisation de l’espace et des espèces.

La modernisation agricole s’est matérialisée depuis l’époque moderne par des avancées concernant les outils de production, qu’il s’agisse des machines agricoles, ou des intrants (c’est-à-dire les semences, les engrais et les produits phytosanitaires). Les semences ont alors été pensées et travaillées dans un souci de rationalisation de la production. Après la Seconde Guerre mondiale, l’objectif est d’assurer aux agriculteur·ices receveur·ses de l’innovation variétale des semences avec des qualités identiques d’une année sur l’autre. Un catalogue officiel des espèces cultivées est ainsi progressivement mis en place afin d’évaluer l’intérêt des nouvelles variétés pour les producteur·ices, tout en participant à la construction d’un marché des semences particulièrement fructueux pour certaines entreprises. Christophe Bonneuil et Frédéric Thomas ont montré que lors de leur inscription au catalogue officiel, les variétés qui passent l’épreuve de Distinction Homogénéité Stabilité (DHS) doivent devenir « un paramètre expérimental que l’on peut fixer pour étudier l’action d’autres paramètres » (Bonneuil et Thomas, 2009 : 93). L’enjeu consiste alors à développer des modes de sélection pour les stabiliser, afin qu’elles soient identiques d’une génération à l’autre : c’est le paradigme fixiste (Bustarret, 1944). Cette procédure a cependant eu pour conséquence d’écarter les agriculteurs de la sélection variétale (Chable, 2018). En effet, c’est parce que les modes de sélection en vigueur nécessitent des connaissances scientifiques et des outils particuliers que le·la producteur·rice, « heureux bénéficiaire de “variétés modernes” homogènes » (Bonneuil et Thomas 2009 : 82), s’est retrouvé·e exclu·e de la production des semences. La génétique a donc écarté de l’innovation variétale les savoirs non experts et contribue à renforcer les situations de monopole de certaines méga-entreprises à l’échelle internationale. Les articles pourront interroger ces questions économiques à travers les discussions autour du prix des semences et de la notion de bien commun (common) (Thomas et al., 2018). Comme le rappelle Hélène Tordjman, l’assimilation des semences à des marchandises est le résultat d’un processus historique (2009). Les semences ne devraient-elles pas pouvoir être librement et gratuitement partagées ? Mais dans ce cas comment rétribuer la recherche agronomique et l’élaboration de semences plus performantes ? Comment sont fixés les prix sur le marché des semences et par qui ?

Certaines expériences menées par des producteur·rices ont d’ailleurs abouti à une remise en question du paradigme fixiste de la variété : si les plantes ont la capacité d’évoluer, cela peut être un atout pour une agriculture soumise à des conditions de production particulières. Élise Demeulenaere (2013) a ainsi travaillé sur un groupe de producteur·trices rassemblé·es en association, le Réseau Semence Paysanne, qui souhaitent développer des variétés populations au sein desquelles plusieurs génotypes peuvent cohabiter. Le caractère variable et non homogène de ces variétés est défendu comme un atout. De manière radicale, ce qui fait variété est totalement remis en question par les acteurs·trices engagé·es dans ce mouvement. Dans le cas d’étude décrit par Élise Demeulenaere, le caractère mouvant des variétés est utilisé dans la critique du développement agricole industriel de l’après Seconde Guerre mondiale.

Depuis la mise en place d’un système institutionnalisé de don de gamète dans les années 1970 dans les pays occidentaux (Cahen, 2016), on observe aussi des formes inédites de catalogage du patrimoine génétique humain, notamment dans le cadre de l’assistance médicale à la procréation ou PMA, où les donneurs·euses sont sélectionné·es en fonction de leur patrimoine génétique. En effet, outre l’absence de maladie transmissible comme le VIH ou l’hépatite, les médecins contrôlent également la faible propension à développer des maladies génétiques, mais aussi d’autres critères, plus subjectifs. Les cliniques privées comme la European Sperm Bank proposent ainsi aux client·es de consulter des profils incluant « également des photos des donneurs lorsqu’ils étaient bébés, leurs antécédents familiaux, loisirs, type de voix, personnalité et niveau d’éducation ». Le site internet ajoute : « Vous pourrez également consulter l’impression du personnel, correspondant à notre description du donneur »[1]. On ne manquera pas de remarquer ici la biologisation de marqueurs sociaux qui ne sont pourtant pas héréditaires, autrement dit une assimilation entre reproduction sociale et biologique et l’invitation à sélectionner les semences sur la base d’autres critères que l’absence de pathologie héréditaire.

Les contributions pourront explorer la question de la fixité/variabilité des semences à travers cette question centrale : quels imaginaires et pratiques sous-tendent ce paradigme fixiste de la variété ? Par quelles pratiques et imaginaires s’efforce-t-on, au contraire, de redonner aux semences leurs propriétés d’êtres vivants ? Mais aussi : Quelles caractéristiques rendent certaines variétés plus “désirables” que d’autres à différentes époques ou pour différentes sociétés ? Comment les formes de catégorisation et de sélection des semences évoluent-elles en lien avec leurs usages ? Quelles formes de réflexivités, mêmes partielles émergent face aux critiques exprimées ?

2.2 Sélectionner

Il est encore aujourd’hui difficile de totalement contrôler les graines et les semences végétales et leur reproductibilité. De ce fait, elles suscitent de nombreuses interrogations liées à leur matérialité, qu’il s’agisse de leur conservation, de leur manipulation ou des échanges dont elles peuvent être l’objet. Faire le choix de ce qui peut ou doit se reproduire, transmettre ses gènes, produire une descendance est une question éminemment politique. En élevage et en agriculture, les humains se sont arrogés le droit de rendre stériles certains êtres vivants, et de contrôler ceux qui pouvaient se reproduire pour maximiser le profit lié à leur exploitation. Depuis l’époque moderne jusqu’au XXe siècle, les manipulations sur les êtres vivants non-humains sont allées plus loin que celles menées sur les êtres humains. Il peut être intéressant de s’interroger sur l’éthique différentielle autour des manipulations génétiques en fonction des espèces vivantes, qui mène à autoriser dans certains pays l’utilisation des OGM dans l’agriculture productiviste, mais à suspendre et condamner les activités du médecin chinois He Jiankui qui avait manipulé des embryons et permis la naissance, en 2018, des premiers humains génétiquement modifiés. L’évolution de cette éthique du fait du renforcement des discours écologistes et anti-spécistes pourra être l’objet d’articles spécifiques. La question du contrôle de la reproduction du vivant pose par ailleurs celle de l’eugénisme, dont les visages sont multiples et ont beaucoup évolué depuis son apparition à la fin du XIXe siècle. Dans ce cadre, les expériences menées sur des êtres vivants non-humains ont pu servir d’exemple et d’inspiration, comme l’ont montré Margot Lyautey et Christophe Bonneuil concernant la modernisation agricole française depuis Vichy (2022).

Les expériences sur les animaux et les plantes sont aussi beaucoup plus anciennes que celles menées sur les humains. Ainsi, pour élaborer un « bon animal d’élevage » (Brassart, 2024), les humains ont réalisé des croisements entre les « meilleurs individus » afin de maximiser leur productivité. Les critères et caractères mis en avant pour la sélection varient selon l’usage que l’on projette de faire de ces animaux. Par exemple, chez les vaches laitières ce sont des caractères « féminins » qui sont valorisés, parce qu’ils sont supposés favoriser une bonne production de lait : « système osseux plus fin que celui des autres vaches plus rustiques et grossières », aspect général anguleux et appareil mammaire volumineux qui doivent montrer que l’activité se concentre sur cette fonction (Baratay, 2012, : 75). Les humains ont aussi créé des espèces animales stériles comme le baudet ou le bœuf, qui ne sont utilisées que pour leur force ou leur viande, mais sans visée reproductrice. Par contre, d’autres espèces peuvent être considérées comme « nuisibles » comme les cafards ou les ragondins en France. Chaque année, le ministère de la Transition écologique français publie une liste des espèces aujourd’hui qualifiées de « susceptibles d’occasionner des dégâts » sur « la faune, la flore, les activités agricoles ou les propriétés privées » (rapport de 2023), montrant encore une fois le lien entre catalogage, sélection des semences et capitalisme. Dans un contexte plus lointain, le travail d’Arnaud Exbalin (2023) a aussi montré comment la sélection animale pouvait accompagner la colonisation, à travers la « grande tuerie des chiens » ayant eu lieu à Mexico à la fin du XVIIIe siècle. Toujours « cynopolis », Mexico était à l’époque moderne peuplée d’espèces de chiens aujourd’hui disparues, survivant uniquement à travers des croisements. Le plus célèbre d’entre eux est le xoloitzcuintle (en nahualt, chien ridé), une espèce d’origine préhispanique immortalisée dans les fresques de Diego Rivera et les tableaux de Frida Kahlo, érigé en symbole de la mexicanité et témoin de la barbarie espagnole. L’historien montre dans son livre que ce canicide a été rigoureusement planifié et mis en pratique grâce au déploiement d’une technicité directement dirigée depuis Madrid, et qui a mené à l’extermination de 35 000 canidés. Un massacre froidement orchestré qui précède les génocides du XXe siècle reposant sur une idéologie eugéniste.

Si l’histoire de l’eugénisme a été marquée par les crimes nazis, on oublie parfois qu’elle commence avant 1933, mais aussi que certaines pratiques ont continué bien au-delà de la Seconde Guerre mondiale (Rosental, 2016). Initialement, les théories eugénistes ont d’abord été pensées pour empêcher la propagation de tares, vices ou maladies héréditaires chez les espèces vivantes. Le père de l’eugénisme, Francis Galton, présente la science de la sélection des êtres humains ou, en ses termes, la « science de l’amélioration de la race » (1883) comme un progrès qui permettra d’accompagner le processus de sélection naturelle décrit par son cousin Darwin en 1857, en s’assurant que les individus considérés comme « déviants » et « inaptes » (personnes handicapées, alcooliques, malades mentaux) ne diffusent pas leurs gènes dans la société. Dans les premières décennies du XXe siècle, les premières lois en faveur de la stérilisation des inaptes ou des criminels mises en place dans plusieurs États des États-Unis (1907 dans l’Indiana ; Lombardo, 2011), sont ainsi perçues comme des mesures prophylactiques pour empêcher la « dégénérescence de la race » (Doron, 2016) et la propagation des maladies héréditaires. Sans toutefois continuer à utiliser les mêmes termes, la stérilisation des personnes handicapées est une pratique toujours en vigueur aujourd’hui, le plus souvent à l’insu des personnes concernées, thématique dont les contributeur·ices sont invité·es à se saisir.

Après la Seconde Guerre mondiale, et malgré un discours condamnant les pratiques eugénistes nazies, des campagnes de stérilisations forcées ont pu être menées sur des femmes autochtones dans des contextes coloniaux ou post-coloniaux, tels le Pérou ou la Réunion (Ballón, 2014 ; Boesten, 2007 ; Paris, 2020a et 2020b), contre des minorités ethniques ou raciales (Kóczé, 2011 ; Pegoraro, 2014 ; Roberts, 1997), et en lien avec des pratiques génocidaires comme au Guatemala (Garcia, 2015, 2016). À ces stérilisations biologiques, on pourrait ajouter une longue liste de stérilisations « sociales » (autrement connues comme génocides culturels), avec des pratiques telles que l’enlèvement et le placement des enfants issus des minorités ethno-linguistiques ou raciales, voire politiques, dans le but de rompre la transmission intergénérationnelle. Tel a été le cas en Espagne, en Argentine et au Chili en contexte dictatorial, au Guatemala entre 1960 et 1996 ou en Australie des années 1910 aux années 1960. Les études de genre ont analysé ces pratiques de stérilisation comme des moyens d’éradiquer des populations considérées comme « indésirables », par la privation systématique de leurs droits à la reproduction biologique et sociale et à la transmission d’une mémoire intergénérationnelle.

De la catégorisation à la sélection, les semences sont ainsi au cœur d’une « biopolitique étendue à l’ensemble du vivant » sur laquelle nous appelons des articles qui traiteraient aussi bien des semences animales que végétales, humaines que non-humaines, et nous apprécions particulièrement les études qui croiseraient ces perspectives. Au-delà de la pensée qui préside à cette sélection, les articles pourront aussi en explorer la mise en place concrète : comment manipule-t-on les semences ? Par quelles techniques ? Comment et où sont menées les recherches qui mènent ensuite à la mise sur le marché de nouvelles espèces ?

3. Gérer les risques

Les semences, qu’elles soient graines, spores, gamètes, ou qu’il s’agisse des fluides qui les accompagnent, sont parfois vectrices de maladies – tel est le cas des maladies sexuellement transmissibles ou des maladies héréditaires – mais elles peuvent aussi devenir dans d’autres cas la solution pour limiter la propagation d’une maladie, d’autres espèces considérées nuisibles, voire permettre de mieux s’adapter à des conditions climatiques et environnementales changeantes. Comment penser nos rapports aux semences et aux maladies qu’elles véhiculent ? Quelles stratégies sont mises en place pour limiter la transmission des maladies et les effets du changement climatique ? Dans quelle mesure les semences peuvent-elles apporter des solutions aux crises écologiques, sanitaires et économiques que nous vivons ?

3.1 Semences et maladies

Les maladies sexuellement transmissibles – transmises par les semences – ont été marquées du sceau de la honte et du tabou, qu’il s’agisse de la syphilis durant l’époque moderne ou du SIDA à l’époque contemporaine. Elles ont été associées à des pratiques sexuelles réprouvées par la morale ou la religion – pratiques tournées uniquement vers le plaisir, recours au ou pratique du sexe tarifé, ou encore sodomie et homosexualité – où les semences jouent seulement le rôle d’agents de contagion, et non reproductifs. Les nombreux travaux portant sur le traitement médiatique et officiel de l’épidémie de SIDA dans les années 1980 ont mis en évidence la stigmatisation de populations spécifiques, jugées responsables de leur contagion : d’abord les gays, puis les populations africaines (Treichler, 1998). Les travaux menés récemment montrent la persistance de ces représentations y compris auprès des publics concernés (Perez, 2020), et ce malgré la diffusion des études médicales prouvant que le VIH n’est pas plus une « maladie de gays » (Treichler, 1998) qu’une « maladie d’hétéros ». Pour des époques plus anciennes, la stigmatisation touchait aussi des populations en position subalterne comme les travailleur·ses du sexe ou les populations colonisées (et, à plus forte raison, les travailleur·ses du sexe en situation coloniale [Stoler, 2002 ; Taraud, 2003 ; Tracol-Huynt, 2012]). Les solutions apportées historiquement par les institutions religieuses ou médicales ont pu renforcer ces processus de stigmatisation. Il a ainsi fallu attendre 2015 pour qu’un pape (François I) reconnaisse que l’usage du préservatif est utile pour lutter contre la propagation du VIH.

Pour éviter les contagions par les « maladies vénériennes », mais aussi la transmission de maladies héréditaires, les deux étant souvent confondues dans la deuxième moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, les solutions proposées comme moyens de prévention pouvaient s’approcher de l’eugénisme précédemment évoqué, mais aussi d’un type d’eugénisme parfois qualifié de « positif » (Turda et Gillette, 2014). Dans ce type d’eugénisme, qui serait caractéristique des pays latins, les mesures proposées auraient été de nature prophylactique, contrairement à un eugénisme « négatif » qui visait la suppression des indésirables. C’est le cas par exemple du certificat prénuptial, mis en place durant les années 1930 dans certains pays latino-américains comme le Brésil, le Mexique et le Pérou (Almirón, 2016a, 2016b). L’objectif était de limiter la propagation des maladies en obligeant les populations à se faire dépister, et à n’autoriser le mariage qu’aux personnes saines – en particulier aux hommes sains. Les discussions autour du certificat pré-nuptial en Espagne, finalement refusé par l’Église, montrent que l’objectif poursuivi par les médecins porteurs du projet de loi vise aussi la « régénération de la race » et la sélection des plus aptes à se reproduire (Campos Marín, 2021 ; Walin, 2023). En France, le certificat médical pré-nuptial est rendu obligatoire par Vichy sur les conseils d’Alexis Carrel en 1942, et il n’est supprimé qu’en 2008.

De la même façon que les semences humaines et animales peuvent être vectrices de maladies, les archives permettent de documenter de nombreux cas d’intoxications alimentaires causées par des graines. Plusieurs cas ont été rapportés d’intoxications à l’ergot du seigle, un champignon qui produit une toxine particulièrement dangereuse (Kaplan, 2008) qui peut rendre malade voire même provoquer la mort suite à son ingestion. Mais la graine que l’on sème peut également être soumise à des agressions extérieures (champignons, rongeurs) une fois en culture. La parade trouvée par les industriels pour les protéger consiste parfois à les enrober de produits phytosanitaires. C’est le cas des semences de betteraves traitées interdites en France puis ré-autorisées, malgré les effets indésirables connus sur la biodiversité (Grimonprez et Bouchema, 2021). La gestion des maladies des plantes cultivées et des animaux d’élevage a entraîné une dépendance des producteur·ices aux produits phytosanitaires, aux antibiotiques et à l’achat des graines qui doit être reproduit chaque année. Si ces pratiques sont régulièrement décriées face à des pollutions (Deguine et al. 2023), elles n’en demeurent pas moins soutenues par les pouvoirs publics, comme en témoigne en France le vote récent de la nouvelle Loi d’orientation agricole (2025).

Les enjeux autour de la contagion recoupent certains posés dans les axes précédents, mais en les abordant sous un autre angle. En quoi la peur de la contagion peut-elle alimenter la volonté de contrôler les semences et la reproduction ? Dans quelle mesure les imaginaires autour de la reproduction sexuée sont-ils affectés par ce risque de contagion ? Et enfin, quelles mesures et quelles pratiques sont mises en place pour lutter contre les maladies propagées par les semences ?

3.2 Les semences comme solution

Si les semences sont dans certains cas vectrices de maladies, elles apparaissent dans d’autres comme la solution pour soigner des pathologies, régénérer ou créer de nouvelles variétés mieux adaptées à des conditions environnementales changeantes. De problème, elles deviennent solution. C’est le cheminement suivi par des producteur·ices de pommes de terres en Ligurie, analysé ou décrit par Lucile Garçon, pour réinvestir les pommes de terres locales, tout en s’assurant qu’elles ne transmettent pas de virus (2019). Les acteur·rices impliqué·es décident de repartir de la reproduction sexuée, c’est-à-dire de graines, quitte à augmenter la diversité cultivée. Cette initiative va à l’encontre des pratiques de qualification des produits alimentaires qui tendent à s’appuyer sur un nombre restreint de variétés pour chaque espèce. C’est le cas pour la vigne, dont les appellations d’origine contrôlée s’appuient sur des listes de cépages qui doivent permettre d’assurer la qualité et la typicité des vins produits. Cependant, lorsqu’une solution est imaginée pour produire des vignes moins dépendantes aux produits phytosanitaires, en s’appuyant sur la reproduction sexuée, les indications géographiques (IGP, AOC, etc.) deviennent un frein à la diffusion de ces innovations variétales (Tabouret, 2021). Créer de nouvelles variétés en les croisant à partir de leurs fleurs permet de créer de la diversité (contrairement à la reproduction végétative qui produit des clones), d’obtenir notamment de nouvelles résistances à des maladies, mais vient réinterroger un système qui s’est construit sur des normes peu favorables à cette nouvelle diversité choisie. Les connaissances produites, les expérimentations réalisées, les enquêtes sur les systèmes réglementaires sont autant d’actions mises en place pour infléchir des situations bloquées et rouvrir ainsi le champ des possibles. Dans quelle mesure assiste-t-on actuellement à une redéfinition des paradigmes élaborés lors de la modernisation agricole de la deuxième moitié du XXe siècle ?

Du côté des humains, les semences ont pu être utilisées dans le cadre de traitements pour « soigner » une virilité défaillante ou dans le cadre de thérapies de conversion destinées aux personnes homosexuel·les. Il a pu s’agir d’opération visant à rétablir la puissance sexuelle à base d’injection de sperme ou de broyat de testicules d’origine animale, afin de réassigner des corps masculins jugés efféminés ou de soigner l’homosexualité à partir de greffe de testicules, soit de taureau ou de chimpanzé, soit d’hommes cishétéro jugés virils. Ces pratiques chirurgicales ont notamment été mises au point par le médecin franco-russe Voronoff dans les années 1910 (Sengoopta, 2001, 2006 ; Serna, 2021). Nous sommes intéressées par des articles décrivant des pratiques semblables, passées ou actuelles, fondées sur l’injection de semence ou le contrôle des fluides et semences afin de « soigner » des corps humains ou non humains. De nos jours, le No-Fap, un défi consistant à s’abstenir de se masturber durant une période importante afin, selon ses adeptes, d’accroître son taux de testostérone et sa puissance physique, renvoie non seulement à ces caractéristiques bénéfiques attribuées au sperme, mais aussi à des pratiques de contrôle corporel à des fins de renforcement de la masculinité cishétérosexuelle et de la binarité de genre (Gourarier, 2023 ; Vörös, 2023).

Enfin, cette question amène celle de la conservation des semences, utilisées soit pour lutter contre l’infertilité, soit pour pallier l’effondrement de la biodiversité. Or la conservation de la biodiversité, et des semences plus généralement, est traversée par des paradigmes parfois opposés. Ces frictions pourront également être au cœur de certaines réflexions portées par les auteur·ices. Pour le végétal, le gradient part de la conservation in situ, c’est-à-dire dans les champs, portée par les producteur·rices jusqu’à la mise en place d’importantes banques de semences, implantées dans des sites protégés des agressions extérieures. Certain·es auteur·ices ont montré comment la conservation in situ des semences de riz, associée à des échanges de graines entre les riziculteurs du village participent à une gestion en « Bien Commun » (Hannachi et Dedeurwaerdere, 2018). Elle participe à rendre la semence disponible pour tous·tes et adaptée aux conditions de milieu. À l’inverse, la réserve mondiale de semences du Svalbard, installée dans le pergélisol, est l’exemple le plus caractérisé de conservation ex situ (Heatherington, 2020). Ce type d’infrastructures pose de nombreux enjeux de gestion (coûts énergétiques importants), de maintenance (comment conserver des graines sur le permafrost alors que celui-ci commence à fondre ?) et de gouvernance (pour qui conserve-t-on ces graines ? Dans quels futurs s’inscrivent ces usages ?). Des questions similaires peuvent également se poser concernant la conservation de semences humaines, spermatozoïdes et ovocytes, parfois présentée comme une solution à la baisse de la fertilité ou incitée par des entreprises comme Google pour prolonger le temps de productivité maximale de ses employées (Van de Wiel, 2020).

Par ailleurs, comment prendre en charge une conservation qui ne soit pas uniquement centrée sur la semence seule ? Si la maîtrise des maladies par l’éradication a souvent primé dans la filière semencière, elle est parfois remise en question pour préserver une biodiversité cultivée. Des auteur·rices s’intéressent à l’envie de certains groupes d’acteur·ices de vivre avec les pathogènes plutôt que de les éradiquer à tout prix (Klaedtke et al., 2018). Un nouveau rapport au vivant s’expérimente et nous souhaitons également, dans cet appel à articles, attirer des réflexions sur les possibilités de penser les semences en tant qu’éléments du vivant : elles évoluent, interagissent et peuvent être malades. Enfin, les articles pourront aussi réfléchir sur les conditions matérielles mises en place pour conserver des semences, ainsi que sur leur coût énergétique, environnemental, et leurs résultats dans la lutte contre l’infertilité.

Sans avoir l’ambition de couvrir toutes les réflexions que peuvent susciter les pratiques, représentations, savoirs et techniques autour des semences, cet appel à contributions a suggéré un ensemble de questionnements d’ordre politique, éthique et économique qui pourront orienter les propositions d’articles. Quels imaginaires entourent les pratiques de reproduction ? Comment contrôle- t-on les semences et à quelles fins ? Comment réfléchir à une autre éthique du vivant dans un contexte marqué par le changement climatique et l’extinction de nombreuses espèces vivantes ? Quelles pratiques d’ensemencement éthiques, détachées d’une logique capitaliste d’exploitation, pourrions- nous mettre en place pour faire face aux problèmes auquel est et sera confronté le vivant ?

Ces problématiques invitant à croiser les réflexions autour des semences quelles que soient leurs origines, elles suggèrent aussi de croiser les perspectives disciplinaires. L’objet « semences » nous semble particulièrement intéressant pour faire dialoguer les Sciences Humaines et Sociales et les Sciences fondamentales et expérimentales, dans la lignée de ce que proposent les travaux en Sciences et Techniques en Société (STS) depuis une trentaine d’années. Outre les disciplines habituellement publiées dans la revue Tracés – anthropologie, histoire, sociologie, géographie, littérature, philosophie et linguistique – les propositions pourront aussi émaner de champs disciplinaires comme l’agronomie, l’éthologie, la zootechnie ou encore l’écologie politique, dont la liste n’est pas exhaustive.

Modalités de soumission

L’appel à contribution a valeur de cadrage et permet la sélection des contributions en fonction de leur pertinence par rapport au thème et aux enjeux du numéro. Il a, en outre, vocation à suggérer aux rédacteur·ices potentiel·les quelques pistes générales de réflexion.

Articles

  • Les articles représentent des contributions originales à la recherche, qui suivent les normes habituelles de la production scientifique. Ils doivent tous se positionner par rapport à l’appel à contribution.
  • Différents types d’approches sont possibles, permettant de diversifier la manière d’aborder la thématique : nous accueillons tant des articles à vocation essentiellement théorique, que des contributions fondées sur des recherches empiriques, où les enjeux méthodologiques seront précisés et discutés.
  • Tracés étant une revue interdisciplinaire, les articles doivent pouvoir être compréhensibles et pertinents pour des lecteurs et des lectrices non spécialistes ; ils peuvent également faire appel à des méthodes et des références de plusieurs disciplines, ou interroger les présupposés ou les outils empiriques et théoriques d’une discipline à partir du point de vue d’une autre discipline. Les articles soumis ne peuvent excéder 50 000 signes (espaces, notes, et bibliographie incluses).

Notes

  • Nous publions des notes critiques qui présentent un ensemble de travaux (éventuellement un ouvrage en particulier), une controverse scientifique, ou l’état d’une question actuelle. Elles doivent dans tous les cas se rattacher explicitement à la thématique du numéro et permettre d’éclairer des orientations de recherche ou des débats inhérents à cette dernière, notamment pour des lecteurs et des lectrices non spécialistes des disciplines concernées.
  • Les notes soumises ne peuvent excéder 25 000 signes (espaces, notes, et bibliographie incluses).

Entretiens

  • Des entretiens avec des chercheurs, chercheuses ou d’autres expert·e·s des questions étudiées sont également publiés dans chaque numéro. Les contributeurs et les contributrices qui souhaiteraient en réaliser sont invité·es à prendre contact directement avec les coordinatrices du dossier : Kyra Grieco (kyra.grieco[at]gmail.com), Sophie Tabouret (sophie.tabouret[at]ehess.fr) et Marie Walin (marie.walin[at]univ-poitiers.fr).
  • Traductions

Les traductions sont l’occasion de mettre à la disposition du public des textes peu ou pas connus en France et qui constituent un apport capital à la question traitée. Il doit s’agir d’une traduction originale. Le choix du texte devra se faire en accord avec les coordinateurs du dossier et le comité de rédaction ; les questions de droits devront être réglées en amont de la publication.

Recommandations pratiques

Il est donc demandé aux contributeur·ices de bien préciser pour quelle rubrique l’article est proposé. La soumission d’articles en anglais est également possible, mais si l’article venait à être retenu pour la publication, sa traduction nécessaire en français demeure à la charge de l’auteur·ice·s.

Les auteur·rices devront envoyer leur contribution (article complet) aux coordinatrices du dossier (Kyra Grieco (kyra.grieco[at]gmail.com), Sophie Tabouret (sophie.tabouret[at]ehess.fr) et Marie Walin (marie.walin[at]univ-poitiers.fr) et à l’adresse redactraces@groupes.renater.fr,

avant le 10 novembre 2025.

Les auteur·ices peuvent, s’ils le souhaitent, en outre adresser un résumé avant le 22 septembre 2025 (en indiquant le titre de leur contribution, la rubrique dans laquelle ils le proposent, ainsi qu’un bref résumé du propos) aux coordinatrices du dossier, pour leur faire part de leur intention de soumettre un article et entamer un premier dialogue avec l’équipe de coordination.

Chaque article est lu par un·e membre du comité de rédaction et par deux évaluateur·rices extérieur·es. Nous maintenons l’anonymat des lecteur·rices et des auteur·ices. À l’aide de ces rapports de lecture, le comité de rédaction de Tracés rend un avis sur la publication et décide des modifications à demander aux auteur·ices afin de pouvoir publier l’article. Dans le cas de propositions trop éloignées de l’appel à contribution ou des exigences scientifiques de la revue, le comité de rédaction se réserve le droit de rendre un avis négatif sur la publication sans faire appel à une évaluation extérieure. Hormis ces exceptions, une réponse motivée et argumentée est transmise aux auteur·ices suite à la délibération du comité de lecture.

Nous demandons aux contributeur·rices de tenir compte des recommandations en matière de présentation indiquées sur notre site (https://journals.openedition.org/traces/).

Les articles envoyés à la revue Tracés doivent être des articles originaux. L’auteur·ice s’engage à réserver l’exclusivité de sa proposition à Tracés jusqu’à ce que l’avis du comité de lecture soit rendu. Elle ou il s’engage également à ne pas retirer son article une fois que la publication a été acceptée et que l’article a été retravaillé en fonction des commentaires des lecteurs et lectrices.

  • NB : L’insertion d’images et de supports iconographiques en noir et blanc et en couleurs est possible en nombre limité (Précisez-le dans votre déclaration d’intention). Celles-ci doivent être livrées libres de droit (sauf exception, la revue ne prend pas en charge les droits de reproduction) ; elles limitent le nombre de signes à hauteur de 2500 signes par image pleine page, et de 1500 signes par image demi-format. Pour des projets spécifiques, il est possible de faire établir un devis pour un cahier hors-texte.

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Note

[1] https://www.europeanspermbank.com/fr/commencer/informations-sur-le-profil-des-donneurs consulté le 25/03/2025.


Date(s)

  • Monday, November 10, 2025

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  • semences, semen, seeds, environment, gender, reproduction, eugenism, sexuality

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  • Marie Walin
    courriel : marie [dot] walin [at] univ-poitiers [dot] fr

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To cite this announcement

Marie Walin, Kyra Grieco, Sophie Tabouret, « Semences », Call for papers, Calenda, Published on Monday, June 23, 2025, https://doi.org/10.58079/146l8

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