L’Afrique centrale, riche en ressources et marquée par des régimes autoritaires issus de la colonisation, est dominée par des réseaux d’influence complexes qui structurent la gouvernance et les rapports entre État, marché et société. Bien que centraux, ces réseaux sont encore peu étudiés. L’ouvrage collectif Réseaux d’influence et géopolitique en Afrique centrale entend combler cette lacune par une analyse critique et multidisciplinaire des dynamiques de pouvoir et d’influence à l’échelle nationale, régionale et internationale.

Argumentaire

L’Afrique centrale constitue un espace stratégique au cœur de nombreux enjeux géopolitiques contemporains. Riche en ressources naturelles (pétrole, minerais, bois), traversée par des logiques de pouvoir héritées de la période coloniale et marquée par des régimes politiques à durée indéterminée et personnalisés privatisant l’État, la région présente une configuration politique et économique largement structurée par des réseaux d’influence étatiques, non étatiques informels et formels, nationaux et transnationaux. Ces réseaux, qui vont des dynasties familiales installées comme définitivement au pouvoir aux élites militaires, religieuses, économiques ou criminelles, façonnent les modes de gouvernance, orientent les politiques publiques et redéfinissent les frontières entre l’État, le marché et la société.

En dépit de leur importance, ces réseaux restent souvent invisibilisés ou analysés de manière fragmentaire. Le projet d’ouvrage collectif « Réseaux d’influence et géopolitique en Afrique centrale » se propose de combler cette lacune, en offrant une lecture critique, multidisciplinaire et comparée des logiques d’influence à l’œuvre dans la sous-région. Il s’agit de comprendre comment ces réseaux structurent les dynamiques de pouvoir, d’(in)sécurité, de coopération, de dépendance ou de résistance, tant à l’échelle nationale que régionale et internationale.

Ce projet éditorial vise à rassembler des contributions originales autour des axes suivantes (liste non exhaustive) :

Axes thématiques suggérés

Axe 1 : Analyse historiques de construction des réseaux d’influence en Afrique centrale.

• Colonisation et structuration des élites locales ;
• Réseaux issus des luttes d’indépendance et des partis uniques ;
• Influences postcoloniales : anciennes métropoles.

Axe 2 : Approches théoriques.

• Théories des réseaux : sociologie des élites, patronage, clientélisme ;
• Soft power et hard power dans le contexte africain ;
• Lecture géopolitique de l’État faible et de la souveraineté fragmentée.

Axe 3 : Acteurs, structures et logiques des réseaux d’influence.

• États ;
• Entreprises multinationales (notamment dans l’extraction minière, pétrole, etc.) ;
• ONG, Églises, diasporas, groupes armés ;
• Réseaux criminels, économiques et mafieux.

Axe 4 : Les grandes puissances et leurs relais en Afrique centrale.

• France, Chine, Russie, États-Unis : stratégies d’influence et alliances locales ;
• Diplomatie parallèle, bases militaires, contrats d’armement, coopération ;

Axe 5 : Économie politique des réseaux.

• Ressources naturelles et logiques de captation ;
• Contrôle des corridors logistiques ;
• Le rôle des sociétés de sécurité privées.

Axe 6 : Instabilités politiques, conflits armés et réseaux transnationaux.

• Étude de cas : Cameroun, RDC, RCA, Tchad ;
• Groupes armés et milices comme acteurs géopolitiques ;
• Interactions entre pouvoir politique et réseaux de violence.

Axe 7 : Intégration régionale et compétition des réseaux.

• Institutions régionales face aux réseaux informels : CEEAC, CEMAC ;
• Coopérations et conflits entre États d’Afrique centrale.

Axe 8 : Résistances locales et émergence de contre-réseaux.

• Société civile, médias, cyber-activisme ;
• Luttes contre la corruption, mouvements citoyens et renouveau démocratique.

Axe 9 : Vers une souveraineté renforcée ou une fragmentation accrue ?

• Régionalisation, recolonisation informelle, montée en puissance de la Chine ;
• Modèles d’État et de gouvernance pour demain ? ;
• Générations jeunes et de la diaspora : quel rôle ?

Modalités de soumission

Les propositions de contribution doivent comporter :

• Un titre
• Un résumé de 300 à 500 mots en français et en anglais, précisant l’objet, la problématique, l’angle d’analyse et la méthodologie.
• Chaque résumé doit avoir au plus 5 mots clés
• Institution d’appartenance et brève notice biographique de l’auteur ou des auteurs (150 mots max.)
• Police Time New Roman 12, interligne 1.15

Les contributions seront adressées par courriel (format Word) à Alain Boulingui Moussavou : alboulingui@gmail.com

Les contributions retenues devront s’inscrire dans une démarche scientifique rigoureuse, fondée sur des sources vérifiables, et pourront mobiliser aussi bien une approche empirique que théorique ou comparative. L’ouvrage sera publié dans une maison d’édition académique reconnue.

Calendrier

• Date de publication de l’appel : le 07 juin 2025
• Date limite d’envoi des propositions : 31 août 2025
• Notification d’acceptation : le 10 septembre2025
• Date de remise des articles complets : le 10 octobre 2025
• Publication prévue : fin décembre 2025

Langues de contribution : français

Comité scientifique

Présidents :

• Charles Zacharie BOWAO, Professeur Émérite, Université Marien Ngouabi/Congo
• Pierre NZINZI, Professeur titulaire, Université Omar Bongo/Gabon

Membres :

• Anicet-Clément GUIYA-MASSOGO, Professeur titulaire, Université de Bangui/RCA
• Henry BAH, Professeur titulaire, Université Alassane Dramane OUATARA/Côté d’Ivoire
• Georges ZONGO, Professeur titulaire, Université Joseph Ki-Zerbo/Burkina Faso
• Emmanuel BANYWESIZE, Professeur titulaire, Université de Lubumbashi/RDC
• Auguste NSONSISSA, Professeur titulaire, Université Marien Ngouabi/Congo
• Yvon-Pierre NDONGO IBARA, Professeur titulaire, Université Marien Ngouabi/Congo
• Sanda Abbo OUMAROU, Professeur titulaire, Université de Bangui/RCA
• DJANGRANG MAN-NA, Professeur titulaire, Université de N’Djamena/Tchad
• Pamphile BIYOGHE, Professeur, École Normale Supérieur, Libreville/Gabon
• Akanis Maxime AKANOKABIA, Professeur, Université Marien Ngouabi/Congo
• Alphonse NDINGA NZIENGUI, Directeur de recherche, Institut de Recherche en Sciences Humaines/Gabon
• Christ Olivier MPAGA, Professeur, Université Omar Bongo/Gabon
• Elvis Timothée ELLA ENGHONGA, Professeur, École Normale Supérieur, Libreville/Gabon
• Ben-Sthal SAKOMA YELINGUE, Professeur, Université de Bangui/RCA

Comité de lecture

• Christiane Françoise NDAKISSA ONKASSA, Docteure, Université Omar Bongo/Gabon
• Marie-Claude NGNINGONE ATEME, Docteure, Université Omar Bongo/Gabon
• Sébastien AJAHOUNG SONKENG, Docteur, Université de Dschamp/Cameroun
• Yvan Comlan OWOULA BOSSOU, Docteur, Université Omar Bongo/Gabon
• Alain BOULINGUI MOUSSAVOU, Docteur, Lycée Mohamed ARRISSANI (Gabon) et Université Marien Ngouabi/Congo
• Stéven Modeste YOMBI, Docteur, Université Marien Ngouabi/Congo-Brazza
• Alexis TEZI BOTOUNOU, Docteur, l’Université Omar Bongo/Gabon
• Boris MBOMO, Docteur, Institut de Recherche en Sciences Humaines/Gabon
• Bravo-d'or IPEMBA BOMBÔ, Doctorant, Université Marien Ngouabi/Congo-Brazza

Indication bibliographique

I. Réseaux d’influence et dynamiques historiques en Afrique centrale

• Bayart Jean-François, 1989, L'État en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard.
• Mbembe Achille, 2000, De la postcolonie. Essai sur l'imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2000.
• Coquery-Vidrovitch Catherine, 1992, Afrique noire : Permanences et ruptures, Paris, Éditions Albin Michel.

II. Théories des réseaux, clientélisme et géopolitique du pouvoir

• Médard Jean-François, 1988, « Le “Big Man” en Afrique : esquisse d’analyse du politicien entrepreneur », L’année sociologique, vol. 38, pp. 167–192.
• Boulingui Moussavou Alain, 2023, « Fondement de l’idéale gouvernance : la perspective africaine », Revue du Programme thématique de recherche - Gouvernance et Développement, Vol. 1, n^o1, p. 98-108.
• Pigeaud Fanny, 2011, Au Cameroun de Paul Biya, Paris, La Découverte.
• Olivier de Sardan Jean-Pierre, 1995, Anthropologie et développement. Essai en socio-anthropologie du changement social, Paris, Karthala.

III. Acteurs étatiques et non-étatiques dans la structuration des réseaux

• Tull Denis M., 2003, « Les entreprises de sécurité privées dans les conflits africains : entre privatisation et réétatisation de la violence », Politique africaine, n° 92, pp. 53–68.
• Lombard Louisa, 2020, État de violence : La politique du désordre en Centrafrique, Paris, CNRS Éditions.
• De Waal, Alex. The Real Politics of the Horn of Africa. Money, War and the Business of Power. Cambridge: Polity Press, 2015.

IV. Puissances étrangères et diplomaties d’influence en Afrique centrale

• Chafer Tony et Keese Alexander (dir.), 2013, Francafrique : Le rôle des réseaux dans la politique africaine de la France, Paris, Karthala.
• Shinn David H. et Eisenman Joshua, 2016, La Chine et l'Afrique : une stratégie globale, Paris, CNRS Éditions.
• Marchal Roland, 2009, « La politique africaine des États-Unis depuis 2001 : sécurité contre démocratie », Politique africaine, n° 114.

V. Ressources, rente et économie politique des réseaux

• Hibou Béatrice, 1999, La privatisation des États, Paris, Karthala.
• Marysse Stefaan et Jean-Claude Willame (dir.), 2004, L’Afrique des Grands Lacs. Annuaire 2003-2004. Rente, conflits et régulation, Paris, L’Harmattan.
• Yates Douglas, 2005, La malédiction du pétrole. La rente pétrolière et l’État en Afrique, Paris, L’Harmattan.

VI. Instabilités, conflits armés et réseaux transnationaux

• International Crisis Group, 2017, Centrafrique : Anatomie d’un État fantôme. Rapport Afrique n°136.
• Debos Marielle, 2013, Le métier des armes au Tchad : le gouvernement de l’entre-guerres, Paris, Karthala.
• Kagabo José, 2010, Violence et pouvoir en Afrique centrale, Paris, CNRS Éditions.

VII. Intégration régionale, institutions et jeux de pouvoir

• Englebert, Pierre. Africa: Unity, Sovereignty, and Sorrow. Boulder: Lynne Rienner Publishers, 2009.
• Boulingui Mousssavou Alain, 2023, « Coopération et intégration sous régionale : l’Afrique Centrale au tribunal de la raison », Revue Africaine des Réflexions Juridiques et Politiques, Vol 2 -N°7, p. 239-254.
• Cilliers Jakkie et Schünemann Julia, 2013, L’Afrique à l’horizon 2050, Dakar, Institut d'études de sécurité.
• Ndong Ella Jean-Richard, 2008, « Le processus d’intégration en Afrique centrale : CEEAC et CEMAC », Revue africaine de droit international et comparé, vol. 20.

VIII. Sociétés civiles, contre-pouvoirs et résistances

• Banégas Richard, 2003, La démocratie à pas de caméléon : Transition et imaginaires politiques au Bénin, Paris, Karthala.
• Koné Daouda, 2020, Cyber-activisme et mobilisation politique en Afrique de l’Ouest francophone, Paris, L’Harmattan.
• Mbeko Noël, 2018, Les réseaux de la colère. Luttes citoyennes et résistances en Afrique centrale, Paris, L’Harmattan.

IX. Souveraineté, fragmentation et modèles futurs de gouvernance

• Badie Bertrand, 1995, La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect, Paris, Fayard.
• Mucchielli Laurent (dir.), 2006, L’Afrique face à la mondialisation, Paris, L’Harmattan.
• Ngnombé Martin, 2019, L’Afrique centrale entre la recolonisation et la souveraineté, Libreville, Presse universitaire du Gabon.