Ce colloque se propose d’analyser les mutations profondes engendrées par la révolution numérique dans les secteurs de l’éducation, de la formation et de l’emploi en Afrique subsaharienne, avec une attention particulière portée au contexte camerounais. Il s’agit d’examiner les dynamiques à l’œuvre dans ces domaines, en mettant en lumière à la fois les opportunités offertes par le numérique et les défis structurels qu’il soulève, notamment en matière d’accès, de compétences et d’inégalités socio-économiques. Dans un environnement caractérisé par une fracture numérique persistante, un chômage endémique des jeunes et des problématiques d’inclusion sociale, ce colloque ambitionne de dégager des pistes d’adaptation et d’innovation pour les systèmes éducatifs et professionnels. L’objectif est de réfléchir aux conditions nécessaires pour une transition numérique inclusive, capable de répondre aux impératifs du développement durable et de promouvoir une plus grande justice sociale.

Ce colloque se tiendra du 21 au 25 juillet 2025 au Palais des Congrès de Yaoundé, Cameroun.

Argumentaire

À l’heure où la quatrième révolution industrielle bouleverse les modèles économiques, sociaux et culturels mondiaux, la question des mutations induites par la transformation numérique dans les secteurs de l’éducation, de la formation professionnelle et de l’emploi apparaît comme un enjeu stratégique majeur. D’après Schwab (2016), cette révolution est caractérisée par la fusion des technologies qui brouille les frontières entre les sphères physique, numérique et biologique.

L’Afrique subsaharienne en général, et le Cameroun en particulier, sont confrontés à des défis spécifiques : une croissance démographique rapide, un chômage massif des jeunes, des infrastructures éducatives insuffisantes, et une fracture numérique persistante (Ndjodo, 2022). Celle-ci se manifeste par des inégalités d’accès aux outils numériques, une faible couverture en Internet haut débit, des zones rurales marginalisées, et un déficit de compétences numériques (Tchamyou, 2019 ; Zébazé, 2022). Comme le souligne Ngalim (2021), cette fracture numérique amplifie les inégalités préexistantes et entrave l’inclusion numérique, pourtant indispensable à une éducation équitable et à un développement durable. La numérisation des systèmes éducatifs et professionnels représente à la fois une opportunité inédite et une source de tensions profondes. De ce point de vue, Lemoine (2019) définit la transformation numérique comme l’intégration des technologies digitales dans toutes les sphères de la société, entraînant des mutations organisationnelles et sociétales fondamentales. L’éducation, la formation professionnelle et l’emploi, en tant que piliers du développement socio-économique, sont particulièrement impactés par ces mutations. Depuis les années 2000, sous l’impulsion des Objectifs du Millénaire pour le Développement, puis des ODD (UNESCO, 2015), le numérique s’est imposé comme un levier déterminant de modernisation éducative.

Le Cameroun, à travers la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30), inscrit cette dynamique dans ses priorités d’éducation et de formation professionnelle, affirmant ainsi l’impératif d’adapter le capital humain aux exigences d’une économie mondialisée et digitalisée. Néanmoins, cette transition reste conditionnée à des investissements massifs dans les infrastructures numériques, à la formation des enseignants et à une gouvernance éducative plus inclusive (Mbangwana, 2014 ; Kouokam, 2023).

Toutefois, cette transition numérique soulève des problématiques complexes telles que : comment assurer un accès équitable et inclusif à l’éducation numérique dans un contexte marqué par de fortes disparités territoriales et sociales ? Dans quelle mesure le numérique peut-il répondre aux défis d’emploi des jeunes, tout en contribuant à l’automatisation de certains métiers et à la disparition d’autres (Autor, 2015 ; Brynjolfsson & McAfee, 2014) ? Quels modèles de gouvernance éducative et quelles politiques publiques pour une transformation durable et inclusive (Djameni, 2020 ; Zébazé, 2022) ?

Le présent colloque interroge les mutations profondes en cours, à l’intersection entre le numérique, l’éducation et l’emploi, en questionnant tant les opportunités que les risques socio-économiques, politiques et culturels qui en découlent. Dans quelle mesure la transformation numérique s’impose aujourd’hui en tant que tournant majeur de l’humanité qui nécessite une refondation des systèmes éducatifs et professionnels au Cameroun et en Afrique subsaharienne pour une réponse adéquate aux défis de développement et d’inclusion sociale. Dans ces conditions, la conciliation de l’innovation technologique, de l’éducation inclusive, de la formation professionnelle digitale et continue, et de l’intelligence économique dans des contextes marqués par de profondes inégalités structurelles, demeurent une urgence stratégique pour l’atteinte des Objectifs du Développement Durable tels que fixés par le Cameroun et les Nations Unies.

Dans cette perspective, les propositions de communication devront s’inscrire dans les axes thématiques suivants :

Transformation numériques et systèmes éducatifs

Ce premier axe explore les innovations pédagogiques et les nouveaux paradigmes éducatifs induits par le numérique dans l’éducation de base, secondaire et supérieure. Il s’agira notamment d’analyser comment les technologies disruptives (intelligence artificielle, réalité augmentée, plateformes d’apprentissage en ligne (MOOC, e-learning) redéfinissent-elles les pratiques enseignantes et les processus d’apprentissage (Siemens, 2005 ; Downes, 2012) ? Quels sont les bilans actuels des expériences d’apprentissage hybride et à distance, particulièrement depuis la pandémie de la Covid-19 (Hodges et al., 2020), et leurs effets sur la continuité pédagogique ? Quelles sont les politiques d’infrastructures numériques éducatives et les défis d’accès et d’inclusion dans les zones rurales et périurbaines pour des systèmes éducatifs durables et résilients (Laurillard, 2013 ; Tchamyou, 2019 ; Mbangwana, 2014) ?

Dans le prolongement des mutations des systèmes éducatifs impulsées par le numérique, il convient d’interroger les enjeux liés à la formation professionnelle et à l’adaptation des compétences dans un environnement économique en constante évolution.

Formation professionnelle, emploi et compétence du futur

Face aux mutations rapides du marché du travail, et dans un contexte de mutation technologique rapide, cet axe questionne l’anticipation et l’adaptation des compétences professionnelles (World Economic Forum, 2020). Autrement dit, comment identifier les compétences clés ou ccompétences émergentes requises sur le marché du travail (soft skills, compétences numériques, esprit critique, créativité) pour l’économie du futur (World Economic Forum, 2020 ; Cobo, 2013 ; Fonkoua, 2022) ? Quels sont les enjeux de la formation professionnelle continue et de la reconversion professionnelle face à l’autonomisation ou à l’obsolescence rapide des métiers (Bih, 2021 ; Minla Mfegue, 2020). Quels sont les mécanismes innovants de certification et de validation des acquis non formels (CAMES, 2020 ; Tchamyou, 2018) ? Quels sont les dispositifs d’accompagnement de l’entrepreneuriat numérique des jeunes comme réponse au sous-emploi et à l’exode rural (Djamen, 2019 ; Nzé Ndong, 2021) ?

Si l’anticipation des compétences du futur est cruciale, elle ne peut se réaliser sans une gouvernance éducative cohérente et proactive, que le dernier axe thématique vient analyser en profondeur.

Politique et gouvernance éducative

Ce dernier axe interroge les stratégies et cadres politiques d’intégration du numérique dans l’éducation et la formation, à travers les réformes institutionnelles et les politiques publiques mises en œuvre pour accompagner la transformation numérique. Il propose une analyse des réformes éducatives, législatives et réglementaires menées au Cameroun et dans d’autres pays africains (Djameni, 2020 ; Wang & Cheng, 2020). Il s’intéresse également aux modèles de gouvernance numérique, aux partenariats public-privé, ainsi qu’aux dispositifs de pilotage de l’innovation éducative (West, 2012 ; Kouokam, 2023). Autrement dit, quels modèles de partenariats public-privé s’avèrent pertinents pour soutenir la numérisation de l’éducation (Wang & Cheng, 2020) ? Comment concevoir des cadres réglementaires favorisant l’innovation, tout en garantissant la protection des droits des apprenants (West, 2012) ? Enfin, cet axe procède à une évaluation critique des politiques publiques numériques menées jusqu’à présent au Cameroun et ailleurs, en identifiant leurs atouts, leurs limites, ainsi que les perspectives de renforcement des capacités nationales (Zébazé, 2022 ; UNESCO, 2023).

Thématiques prioritaires

Transformation numérique et systèmes éducatifs

• Identification et anticipation des besoins en compétences dans un monde connecté
• Développement des soft skills et des compétences transversales
• Genre et formation professionnelle numérique
• Certification numérique et valorisation des compétences acquises informellement
• Nouvelles filières professionnelles liées à la transformation numérique

Politiques et gouvernance éducatives 

• Évaluation des politiques publiques en matière d'éducation numérique
• Réduction de la fracture numérique dans l'accès à l'éducation
• Education et citoyenneté numérique
• Solutions technologiques pour l'intégration des personnes en situation de handicap
• Stratégies d'inclusion numérique pour les zones rurales et enclavées
• Éducation numérique des populations vulnérables
• Education et insécurités numériques

En marge des communications du colloque, se tiendront des ateliers thématiques pratiques :  

Ateliers thématiques

• Utiliser l’intelligence artificielle pour personnaliser l’apprentissage en classe.
• Création et utilisation de plateformes d’apprentissage en ligne : bonnes pratiques pour les enseignants et formateurs.
• Introduction à la programmation et au codage pour les élèves et enseignants.
• Concevoir du contenu éducatif interactif avec la réalité augmentée et la réalité virtuelle.
• Mise en place d’une bibliothèque numérique pour les établissements scolaires et universitaires.
• Cybersécurité en milieu éducatif : protéger les données des enseignants et des apprenants.
• Comment intégrer l’entrepreneuriat digital dans les formations académiques et professionnelles ?
• Techniques et outils numériques pour améliorer l’orientation et l’insertion professionnelle des jeunes.
• Les usages de la blockchain dans l’éducation : certification, traçabilité et reconnaissance des diplômes
• L’IA générative et la création de contenus pédagogiques : opportunités et limites pour les formateurs.

Conditions de soumission

Toutes les propositions doivent être soumises via la plateforme en ligne dédiée :

colloque@salonpromex.org.

Les communications peuvent être soumises en français ou en anglais, les deux langues officielles du Cameroun.

Les propositions devront comprendre :

• Titre de la communication (15 mots maximum)
• Format souhaité (conférence, table ronde ou atelier)
• Résumé (300 mots maximum) présentant la problématique, les objectifs et l'apport de la communication
• 5 mots-clés
• Courte biographie du ou des intervenants (150 mots maximum par personne)
• Besoins techniques spécifiques

Calendrier

• 21 mai 2025 : Publication de l’appel à communications

• 20 juin 2025 : Date limite de soumission des propositions

• 30 juin 2025 : Notification aux auteurs
• 15 juillet 2025 : Date limite de soumission des versions finales

Critères d'évaluation

Les propositions seront évaluées selon :

• La pertinence par rapport aux thématiques du salon
• L'originalité et le caractère innovant
• La qualité scientifique ou la solidité des retours d'expérience
• La clarté et la cohérence de la proposition
• L'intérêt potentiel pour les participants au Salon

Publication et valorisation

Les communications revues, corrigées et acceptées seront :

• Publiées dans les actes numériques de PROMEX 2025 Cameroun (avec attribution d'un DOI)
• Accessibles via la médiathèque en ligne de l'événement
• Éligibles pour une publication étendue dans une revue partenaire (à identifier) 
• Une sélection des meilleures communications fera l'objet d'une publication dans les ACTES DU SALON PROMEX 2025. 

De plus, les interventions seront filmées et pourront être diffusées sur les plateformes partenaires, sous réserve de l'accord des intervenants.

Frais d'inscription

• Chercheurs et Professionnels : 15 000 FCFA 
• Étudiants : 5 000 FCFA 

L'inscription au colloque inclut : 

• L’accès aux différents panels et ateliers du salon + Documentation + Pauses - café 
• Des frais additionnels pourront être requis pour les activités optionnelles (déjeuners, dîners, soirée de clôture…). 

Pour toute communication acceptée, la participation au colloque du Salon PROMEX est conditionnée par le paiement effectif des frais d’inscription. En cas de désistement, le(s) auteurs des communications sont priés de prévenir les responsables du colloque le plus rapidement possible pour ajustement du programme. Les participants doivent être préalablement inscrits et la présence d'au moins un des auteurs est requise par communication. 

Comité scientifique

• Jacques Philippe TSALA TSALA, Professeur, Université de Yaoundé I 
• Joseph ZAMBO BELINGA, Professeur, Université de Yaoundé I
• Armand LEKA ESSOMBA, Professeur, Université de Yaoundé I
• Simon BELINGA BESSALA, Professeur Émérite, Université de Yaoundé I 
• Innocent FOZING, Professeur, Université de Yaoundé I/ENS
• OUSMANOU ADAMA, Maître de Conférences, Université de Maroua
• Solange ESSOMBA EBELA, Maître de Conférences, Université de Yaoundé I
• Marcelline NDJEUMEUNI TCHAMABE, Professeur, Université de Yaoundé I/ENS
• Vandelin MGBWA, Maître de Conférences, Université de Yaoundé I/ENS 
• Claude ABE, Professeur, Université Catholique d’Afrique centrale
• DAOUDA MAINGARI, Professeur, Université de Yaoundé I/ENS
• NKEK BIDIAS Renée Solange, Professeur, Université de Yaoundé I/FSE
• Evelyne AMANA, Professeur, Université de Yaoundé I/ENS
• Yvan CHAFFI, Maître de Conférences, Université de Yaoundé I/FSE 
• Christian MENONO, Chargé de Cours, Université de Yaoundé II
• Gaston NDOCK NDOCK, Chargé de Cours, Université de Yaoundé I/ENS
• Jean Marcellin MANGA LEBONGO, Chargé de Cours, Université de Yaoundé II
• Gérard AMOUGOU, Chargé de Cours, Université de Yaoundé II
• Hugues Morell MELIKI, Chargé de Cours, Université de Yaoundé I
• Joséphine ETOUNG, Docteure, Université de Paris 8 (France)
• Cosmas Gabin MBARGA ASSENG, Docteur, Université de Douala
• Vianney-Emmanuelson ELA, Docteur, Université de Ngaoundéré
• François-Xavier ESSOMBA, Docteur, Université de Yaoundé II/IRIC
• Simplice BOUGA MVONDO, Docteur, Université de Yaoundé I
• Marie Bernadette ADINGA TSALA, Doctorante, Université de Yaoundé I
• Blaise Arnold MVE, Doctorant, Université de Yaoundé I
• Éric Stéphane NGAMNI, 
• Wilfried MWENYE
• Claudine NDOUMBE NGOUTTE