La fabrique du paysage
La littérature et le design à travers les arts visuels (volet II)
Published on Monday, June 30, 2025
Abstract
Ce second volet du colloque international « La fabrique du paysage » explore les processus artistiques qui façonnent et construisent le paysage visuel ou textuel, en mettant en lumière le regard du créateur comme vecteur de transformation et d'interprétation.
Announcement
Du 26 au 30 Décembre 2025 , au Complexe Culturel de Tataouine
Argumentaire
Le terme « paysage » est une invention de l’époque moderne. Il est « la partie d’un pays que la nature présente à l’œil qui le regarde » (Dictionnaire de langue de Paul Robert). Cette définition met en exergue trois éléments consensuels : le pays, la nature et le regard, d’où la complexité des possibilités de faire paysage.
Etant donné que la nature est vouée elle-même au changement et que le regard est à chaque fois renouvelé, le paysage artistique, s’annonce d’emblée comme une construction intellectuelle de la nature lui empruntant, à la fois, les attributs sensibles du regard et la lucidité de l’entendement. L’artiste les remodèle dans un langage spécifique et approprié à son champ disciplinaire de création.
En l’occurrence, le site naturel qui engendre la construction paysagère contamine considérablement la représentation/présentation de l’artefact paysage. L’artiste qui se trouve dans une étendue nordique serait affecté différemment dans un espace sudiste car les paramètres visuels et sensoriels impactant sa sensibilité créative changent.
Pour prolonger le colloque international « La fabrique du paysage » tenu en 2024 à Hammamet, une seconde session est organisée en 2025, enrichie par l’exposition internationale de groupe « Mouvance » et le challenge international « Mouvance du paysage », inspiré des paysages sudistes de Tataouine. La ville de « Tataouine » ou « Tatooine », ainsi baptisé par le réalisateur américain George Lucas dans ses films de la saga « Star Wars» dès 1976, sera le lieu où s’étoileront les actes de cet évènement international.
Explorer la problématique du « paysage » à travers le prisme cinématographique constitue dès lors un terrain d’analyse riche, où se croisent polysémie et pluralité des pratiques où le paysage devient sujet à part entière. Il est à interroger la place qu’occupent les paysages dans les films !
Parfois, en repoussant les frontières, le paysage ne se contente plus d'être un simple thème iconographique ou objet esthétique ; il devient désormais depuis Antonioni un personnage à part entière.
Le paysage cinématographique devient un terrain d'exploration où se mêlent enjeux environnementaux et évocation sensorielle comme dans le film « Le Mal N’existe Pas » ouvrant ainsi le débat sur la complexité du discours écologique d’Hamaguichi. Par ailleurs, « Les Enfants Rouges » de Lotfi Achour utilise le paysage tunisien pour refléter les traumatismes individuels et collectifs, transformant l'espace en un miroir des émotions humaines. Ces œuvres invitent à interroger les formes narratives visuelles et à analyser comment l’écriture filmique façonne la perception, influençant ainsi les récits et les identités.
Par ailleurs, les manières dont les photographes représentent les paysages dépassent la simple captation du réel : ils instaurent un dialogue sensoriel avec lui, attribuant à leur regard une dimension à la fois optique et haptique, à la nature et au milieu urbain. En choisissant le cadre, la lumière, l’instant et le point de vue, le photographe rend visible une appréhension de la nature pétrifiée par un aspect esthétique soutenu par une verve idéologique.
Par exemple, les photographies d’Ansel Adams de l’Ouest américain traversées par les codes romantiques du sublime, du spleen et de l’idéalisation de la nature de cette région du pays se distinguent foncièrement des représentations documentaires et neutres de l’Ecole de Düsseldorf avec Bernd et Hilla Becher. Tout à fait à l’opposé, les paysages silencieux de Raymond Depardon, bien qu’ils en soient ruraux, sont teintés d’une aura contemplative. Les paysages industriels d’Edward Burtynsky sont ravagés et véhiculent une esthétique du désastre écologique. Fabriquer un paysage en photographie revient donc à le composer, à l’interpréter et parfois, à le reconstruire en faveur d’une idée motrice pour interroger notre rapport à l’espace, à la nature, au temps et à nous même.
Le paysage pictural offre ainsi une représentation de la nature sans en être une reproduction fidèle. Depuis la Renaissance, il constitue un sujet privilégié des artistes. Léonard De Vinci, à titre d’exemple, avait introduit dans ses paysages de fond une perspective atmosphérique. Au XVII siècle, âge d’or du paysage pictural, Claud Gellée se distingue par l’idéalisation de ses atmosphères naturelles et la diffusion de la lumière dorée influençant durablement ses contemporains et les générations suivantes. On peut citer aussi Nicola Poussin pour la construction de ses espaces paysagers qui témoigne d’une forte organisation géométrique. Viennent ensuite le XVIIIème et le XIXème siècles pour voir naitre le Romantisme avec les paysages champêtres de John Constable et les brouillards lumineux de Wiliam Turner. Les paysages de Camille Corot vacillent encore entre le réalisme et la poésie et constituent une transition vers l’impressionnisme. Claude Monet qui en est le pionnier, capte la lumière changeante dans ses séries des Nymphéas et de la Cathédrale de Rouan. Les paysages de Paul Cézanne de plus en plus géométriques viennent annoncer la naissance du cubisme. Ce dernier genre paysager adopte facilement les potentialités du langage pictural employé.
La floraison du design situe le paysage du XXème siècle entre récit, identité et durabilité. Cette nouvelle discipline constitue un levier essentiel dans la fabrique artistique du paysage, en façonnant des espaces qui incarnent l’identité d’un lieu autant qu’ils stimulent les imaginaires collectifs. En s’attachant à la fois aux dimensions esthétiques, fonctionnelles et symboliques, le design devient un langage sensible capable de révéler les spécificités culturelles et naturelles d’un territoire. A travers lui, le paysage n’est plus seulement un cadre de vie, il devient support de récits, vecteur de mémoire et espace de transmission.
Le design paysager intègre aujourd’hui des enjeux fondamentaux tels que l’adaptation aux changements climatiques, l’inclusion sociale et la résilience des écosystèmes. En prenant en compte les dynamiques locales, les patrimoines vivants, les usages en mutation, il permet de concevoir des environnements durables et habitables. Le paysage ainsi dessiné ne se contente pas de répondre aux besoins présents ; il anticipe, dialogue et raconte l’histoire de ceux qui l’habitent.
Cette démarche suppose une approche transversale, nourrie par la collaboration entre designers, architectes, urbanistes, artistes et habitants. Ensemble, ils conçoivent des paysages où l’humain et le vivant cohabitent harmonieusement, où chaque intervention résonne avec la mémoire des lieux et les aspirations d’une communauté. Le design devient alors un geste de médiation entre nature et culture, entre le visible et le vécu, entre le passé et les formes possibles du futur.
En littérature, le paysage constitue un thème fondamental, riche et multiforme. Au-delà de son volet descriptif du cadre où se déroule l’action, il peut aussi annoncer l’ambiance et l’atmosphère. Il devient de la sorte un vecteur d’émotion, de symbolisme, ou même un personnage à part entière. Le paysage comme notion peut aussi se déployer dans différents genres littéraires tel que le roman pastoral où on idéalise la nature, la poésie lyrique qui reflète des paysages intérieurs, les récits de voyage qui racontent le monde à travers ses paysages et l’écopoésie (écocritique contemporaine) qui constitue un lien fort entre la nature et l’écriture en propageant un regard écologique.
Cet appel à participation invite chercheurs et praticiens à interroger la manière dont le paysage, à la fois objet de création et sujet de réflexion, peut être réinventé pour répondre aux enjeux contemporains. Il les incite également à mener une exploration multidimensionnelle du paysage, faisant du design, des arts visuels et de la littérature des outils cruciaux pour questionner, transformer et valoriser nos environnements. A cet égard, nous proposons un ensemble de questions problématiques pour les chercheurs souhaitant contribuer à cette rencontre scientifique qui se tiendra cette année dans le sud tunisien, à Tataouine.
Axes de recherche
- Comment l'environnement, qu'il soit naturel ou urbain, influence-t-il les modes de représentation et de présentation du paysage dans les arts visuels, la littérature et le design ?
- Comment les arts visuels (Arts plastiques, cinéma, arts scéniques), éclairent-ils la fabrique du paysage en littérature et en design, en tant que pratiques transdisciplinaires et intersensorielles ?
- Quelles interactions et influences réciproques existent entre littérature, arts visuels et design dans la construction artistique du paysage ?
- Comment le design peut-il proposer de nouveaux récits paysagers pour répondre aux défis écologiques et sociaux contemporains, en intégrant des enjeux de mémoire, d'identité et de durabilité ?
- De quelle manière ces récits paysagers peuvent-ils transformer notre perception, notre usage et notre interaction avec les environnements naturels et urbains, en influençant nos imaginaires collectifs et nos pratiques quotidiennes ?
- Comment la littérature, à travers la fragmentation du récit et la superposition des temporalités, transforme-t-elle le paysage en un espace où mémoire individuelle et collective se confrontent et se reconstruisent ?
Modalité de soumission
Les chercheurs souhaitant participer au colloque doivent envoyer une proposition comprenant : les coordonnées et l’affiliation de l’auteur, un résumé de l’intervention contenant sa problématique abordée et 3 à 5 mots clefs.
Le tout ne doit pas dépasser les 1500 signes.
Les propositions peuvent être rédigées en arabe, en français ou en anglais.
Elles doivent être envoyées
Avant le 31 Aout 2025 à minuit
à : contact.fabriquedupaysage@gmail.com
Dates importantes :
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31 Aout 2025 : date limite de réception des résumés
- 7 Septembre 2025 : Réponse aux conférenciers
- 20 Septembre 2025 : Règlement des frais d’inscription
- Du 26 au 30 Décembre 2025 : Déroulement du colloque international « La fabrique du paysage : la Littérature, le Design à travers les Arts visuels » au Complexe Culturel de Tataouine
Frais d’inscription
Les candidats tunisiens sélectionnés devront régler des frais d’inscription de 400 dt. Les candidats étrangers devront verser les frais de 200 euros sur le compte bancaire du Centre Culturel Privé Abi’Art au nom de Wafa Abida. Les conférenciers ne sont définitivement admis pour participer au colloque qu’après l’envoie du justificatif de règlement des frais d’inscription sur le mail susmentionné.
Ces frais d’inscription couvrent l’accueil des conférencier tunisiens et étrangers pour 5 nuitées dans une chambre double au Complexe Maghrébin de Jeunesse de Tataouine. Ils incluent également les déjeuners et diners journaliers, les pauses café, les tod’s bags contenant la documentation spécifique au colloque et 3 excursions dans le gouvernorat de Tataouine.
Toutes ces dépenses sont prises en charge par le Centre Culturel Privé Abid’Art.
Comité scientifique
- Hedia ABDELKAFI, Professeur émérite de Littérature française de l’enseignement supérieur, Université El Manar, Tunisie
- Sami BEN AMEUR, Professeur émérite d’Arts Plastiques de l’enseignement supérieur, Université Tunis I, Tunisie
- Omezzine BEN CHIKHA, Professeur de philosophie de l’enseignement Supérieur, Université de Tunis, Tunisie
- Faten CHOUBA SKHIRI, Professeur d’arts plastiques de l’enseignement supérieur, Université de Sousse, Tunisie.
- Khaled ABIDA, Professeur en Arts Plastiques, Université de Monastir, Tunisie
- Nizar BEN SAAD, Professeur de Littérature française de l’enseignement supérieur, Université de Sousse, Tunisie
- Raief MALEK, Professeur de design de l’enseignement supérieur, Université du roi Abdelaziz, Jeddah, Péninsule Arabie Saoudite
- Donia BETTAIEB, Professeur de design de l’enseignement supérieur, Université du roi Abdelaziz, Jeddah, Péninsule Arabie Saoudite
- Samir ZORBI, Maître de conférences en Cinéma, Université de Manouba, Tunisie
- Hayet Ben Charrada, M.C. de sémiologie à l’Université Tunis El Manar, Tunisie.
Comité d’organisation
- Amel GHRAB, Université de Gabes, Tunisie
- Rihab Zouari, Université de Gabes, Tunisie
- Mazen Tlahig, Université de Gabes, Tunisie
- Asma SAIDANE, Université de Manouba, Tunisie
- Bechir BACHA, Université de Jendouba, Tunisie
Contact :
Pour toute information supplémentaire, veuillez contacter svp M. Khaled Abida sur son :
GSM : 21698938083
Mail : khaled Abida@yahoo.fr
Subjects
- Thought (Main category)
Places
- Complexe Culturel de Tataouine - Avenue Ahmed Tlili, Complexe Culturel de Tataouine
Tataouine, Tunisia (3200)
Date(s)
- Sunday, August 31, 2025
Attached files
Keywords
- fabrique, paysge, littérature, cinéma, design, art visuel, photographie, peinture
Contact(s)
- Abida khaled
courriel : khaled_abida [at] yahoo [dot] fr
Information source
- Khaled Abida
courriel : khaled_abida [at] yahoo [dot] fr
License
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To cite this announcement
« La fabrique du paysage », Call for papers, Calenda, Published on Monday, June 30, 2025, https://doi.org/10.58079/148f4