La crise écologique, systémique et profonde, fragilise les fondements de nos sociétés et de nos psychismes. Ce colloque interrogera les résistances qu’elle suscite, envisagées à la fois comme mécanismes de défense individuels et collectifs – tels que le déni – et comme obstacles aux changements nécessaires. Mais la résistance peut aussi se comprendre comme opposition créatrice, ouvrant la voie à des engagements nouveaux, à des transformations sociales et individuelles, et à des alternatives de vie. Cette journée d’étude proposera un dialogue pluridisciplinaire entre sciences du vivant, sciences humaines et clinique psychanalytique, afin de penser ensemble les impasses et les perspectives de créativité face à la crise écologique.

Argumentaire

La crise écologique est systémique et met à mal les fondements sur lesquels notre société, notre civilisation et nos psychismes s’étayent et se structurent. Face à cette situation les apports des science humaines et sociales ainsi que de la psychologie clinique apparaissent fondamentaux afin de mieux en comprendre la portée et imaginer des voies de dégagements possibles. L’objectif de ce colloque est ici d’interroger les résistances face à la crise écologique à plusieurs niveaux.

D’une part, nous nous intéresserons aux résistances comprises comme mécanismes de défenses entravant nos capacités de changements face à l’ampleur de la catastrophe annoncées. Afin de mieux comprendre ces mécanismes, une double lecture à la fois individuelle et collective apparaît nécessaire. Nous proposons ici des interventions qui articulent la façon dont les mécanismes de défenses individuels comme le déni viennent s’inscrire dans un fonctionnement social marqué par une forme de malêtre contemporain (R. Kaës, 2012). Il apparaît ainsi que ces défenses sont une façon à la fois de répondre à certaines angoisses mais viennent également protéger un fonctionnement social pathologique.

D’autre part, nous nous intéresserons aux voies de dégagements et d’engagements possible face à cette crise en s’intéressant à la résistance dans son sens étymologique « d’opposition à ». En effet cette crise mène à des critiques de plus en plus fortes de nos modes de vies marquées par un système de consommation et de dérégulation dévastateur. Nous proposerons ici des interventions qui présenteront comment la crise écologique mène à des prises de consciences dans notre rapport à la réalité laissant entrevoir des changements à la fois individuels et collectifs. En effet au-delà du constat d’échec de nos modes de vie actuels de nouvelles propositions émergent. Ce colloque sera ainsi l’occasion de présenter des pistes ouvrant de nouvelles voies de créativité (propositions alternatives, évolution du rapport au travail, etc).

Cette journée d’étude aura ainsi pour but de proposer un dialogue pluridisciplinaire entre des spécialistes des sciences du vivant et de la matière, ainsi qu’avec des psychanalystes, psychologues cliniciens chercheurs et intervenants en institutions sanitaires et sociales qui mettent au travail ces questions dans leur clinique de tous les jours avec comme perspective, comme le formule Edgar Morin, que « l’heure d’une nouvelle résistance est venue ».

Programme

8h45 : Accueil café

• 9h-9h15 : Introduction. Benoît Verdon, Professeur de psychologie et directeur du laboratoire PCPP & Philippe Drweski, Maitre de conférences en psychologie, laboratoire PCPP, Université Paris Cité.
• 9h15-10h : Conférence introductive : « état des lieux sur la crise climatique, que nous dit le 6ème rapport du GIEC ? » Sophie Szopa, Directrice de recherche en Modélisation de la chimie atmosphérique

10h-11h30 : 1ère table ronde. « Résistances psychiques face à la crise écologique : ce que la psychanalyse et la psychologie clinique nous apprend. »

• « A quoi résistons nous ? La crise écologique comme hyperobjet ». Alexandre Sinanian, psychologue clinicien, docteur en psychopathologie & fondateur du cabinet Practice, membre du laboratoire PCPP, Université Paris Cité.
• « Quelles résistances face à la crise écologique ? » Isée Bernateau Professeure au département Études psychanalytiques, Université Paris Cité
• « Regards croisés sur les processus identitaires et la crise écologique ». Davide Giannica, Maitre de conférences en psychologie, Université Angers & Philippe Drweski, Maitre de conférences en psychologie, laboratoire PCPP, Université Paris Cité

Discutant : Marjorie Roques, Professeure de psychologie, Université de Bourgogne.

11h30-11h45 : Pause

11h45-13h00 : 2ème table ronde. « Résistances collectives face à la crise écologique, apports de la psychodynamique du travail et de la systémie »

• « Du leurre de l’écoanxiété à l’heure de l’égo anxiété : pollution langagière, dépolitisation et effondrement du fantasme moderniste ». Marco Liguori, psychologue clinicien, superviseur, vice-président de l’Association Practice Recherche, membre du laboratoire PCPP , Université Paris Cité.
• « La sublimation entre renoncement et résistance. À propos des trajectoires de bifurcation » Isabelle Gernet, Maîtresse de Conférences -HDR en Psychologie Clinique, PCPP. & Bouchra Adier, psychologue clinicienne du travaildocteur en psychologie et chercheuse au sein de l’IPDT (institut de psychodynamique du travail).
• « Par-delà la résistance. Quels fondements sociaux et psychiques pour un espace public oppositionnel favorable à la vie terrestre ? » Stéphane Le Lay, chercheur en sociologie Paris Cité (PCPP), Ademe.

Discutant : Jean-Baptiste Desveaux, Maître de conférence en psychologie UR CLIPsy, Université d’Angers.

13h00-14h15 : Pause déjeuner

14h15-15h45 : 3ème table ronde. « De la résistance aux voies de dégagements : quelles perspectives ? »

• « Quels liens avec le vivant ? » Michel Dubois, docteur en biologie et philosophie. Responsable des enseignements sur la transition énergétique et sur l’épistémologie. Institut Polytechnique La Salle-Beauvais.
• « Attachements en crise : redirection écologique, backlash et ésotérisme computationnel », Alexandre Monnin, Directeur Scientifique d’Origens Media Lab, Enseignant-Chercheur en école de management (ESC Clermont) et Président de l’association Adrastia.

Discutante : Léa Boursier, docteure en psychosociologie, présidente de l’Association Practice Recherche

15h45-16h00 : Pause

• 16h15-17h00 : Conférence plénière. « Au-delà des résistances : les nouveaux espaces psychiques de l’action ». Vincent Mignerot essayiste, fondateur de l’association Adrastia.

17h00 : Conclusions : ouvertures et perspectives de recherche suivi par un cocktail de fin de journée

Information pratique

• Colloque gratuit, inscription obligatoire ici.

Comité d’organisation & comité scientifique

• Philippe Drweski
• Davide Giannica
• Marco Liguori
• Alexandre Sinanian