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Lieux et espaces de la démocratie

Perspectives transnationales depuis 1848

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Publicado el jueves 02 de octubre de 2025

Resumen

Cet atelier international se propose d’explorer l’histoire de la démocratie à la lumière des apports du spatial turn, et ce, à partir d’exemples aussi variés que possible et dans une perspective résolument transnationale. En plaçant la dimension spatiale au centre de l’histoire de la démocratie et en nous interrogeant sur les frontières, les interdépendances et les influences réciproques au-delà des frontières nationales, nous espérons faire émerger de nouvelles perspectives sur les systèmes démocratiques. Considérant que les révolutions de 1848 marqué la culture politique en Europe, l’atelier se focalisera la seconde moitié du XIXe siècle et le XXe siècle.

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Argumentaire

La démocratie ne se limite pas aux hémicycles parlementaires. Elle se vit également dans des espaces du quotidien comme la rue, les supermarchés ou les cuisines des colocations. Si l’on adopte – à la suite de John Dewey – une conception élargie de la démocratie, non seulement comme forme de gouvernement mais aussi comme modèle social et mode de vie, une multitude de lieux et d’espaces deviennent cruciaux pour comprendre les conditions dans lesquelles la participation démocratique est possible ou échoue. Ces lieux peuvent être institutionnels – parlements, sièges de partis, bureaux de vote – mais aussi des espaces plus inattendus, comme les établissements scolaires, l’urbanisme ou les frontières nationales, qui constituent des dispositifs à la fois matériels et symboliques du pouvoir démocratique.

Ces espaces démocratiques ne vont pas de soi : ils sont façonnés par des luttes historiques, des contestations et des revendications. Leurs formes, leur matérialité, leurs fonctions et leur charge symbolique varient selon les contextes historiques, culturels et politiques. Les lieux mentionnés ne sont pas des espaces démocratiques en soi, ils ne le deviennent qu’à travers des pratiques spécifiques. La place centrale d’une ville peut ainsi être utilisée de multiples façons : pour voter lors d’une assemblée populaire, pour proclamer une république, pour des manifestations, des affrontements de rue et des défilés. Dans tous ces cas, le rapport entre l’espace et la pratique doit toujours être remis en question de manière critique, par exemple au travers des mécanismes d’exclusion et d’inclusion, des possibilités de participation des différents groupes d’acteurs ou de nos propres présupposés normatifs. Cela soulève, entre autres, des questions sur l’appropriation, l’adaptation ou la création de lieux, sur le caractère (non) public des espaces et sur les pratiques spécifiques de la contestation, de la production de consensus, d’(in)visibilisation de la dissidence, etc.

Ces différents exemples soulignent le potentiel analytique d’une approche spatiale en histoire de la démocratie. Depuis le spatial turn, nous disposons de nombreux outils méthodologiques et théoriques pour étudier la relation entre les pratiques démocratiques et les espaces. Les espaces sont créés par des attributions discursives, des mises en scène et des représentations médiatiques, ainsi que par des pratiques sociales individuelles et collectives. Celles-ci ont à leur tour un impact sur l’espace : l’espace et la pratique (démocratique) et se structurent mutuellement. Ce champ de tension a déjà été abordé et étudié dans différents travaux, par exemple dans le cadre de l’histoire populaire française ou de la (Neue) Politikgeschichte allemande.

Cet atelier international se propose d’explorer l’histoire de la démocratie à la lumière des apports du spatial turn, et ce, à partir d’exemples aussi variés que possible et dans une perspective résolument transnationale. En plaçant la dimension spatiale au centre de l’histoire de la démocratie et en nous interrogeant sur les frontières, les interdépendances et les influences réciproques au-delà des frontières nationales, nous espérons faire émerger de nouvelles perspectives sur les systèmes démocratiques. Considérant que les révolutions de 1848 marqué la culture politique en Europe, l’atelier se focalisera la seconde moitié du XIXe siècle et le XXe siècle.

Les contributions pourront s’inscrire, entre autres, dans les axes thématiques suivants :

1. Espaces fonctionnels de la démocratie

Les démocraties génèrent des espaces spécifiques qui servent leurs fonctions politiques. Si les bâtiments parlementaires en sont les exemples les plus visibles, d’autres lieux moins en vue méritent également une attention particulière : bureaux des élus, cantines des parlementaires, salles de réunion souvent anonymes, mairies, isoloirs. La question est ici de comprendre comment ces espaces sont à la fois structurés matériellement et mis en scène visuellement et symboliquement pour incarner la démocratie. La réflexion peut s’étendre à des bâtiments qui n’ont pas été conçus dans un contexte démocratique, comme c’est le cas du Reichstag à Berlin.

2. Lieux de mémoire (matériels) de la démocratie

Les démocraties disposent non seulement d’une infrastructure physique, mais aussi d’un ensemble de lieux et de bâtiments chargés symboliquement. Ces lieux servent à la construction de la mémoire démocratique. Entre monuments, musées et initiatives locales comme les Stolpersteine (qui représentent une forme de « mémoire du quotidien »), il est important de réfléchir à la manière dont la mémoire démocratique s’inscrit dans l’espace et interagit avec d’autres mémoires collectives (ou s’y heurte). Cette réflexion doit inclure les stratégies de commémoration et les choix de monuments qui façonnent une identité démocratique et collective au sein d’un espace public.

3. Espaces du conflit et spatialisation du dissentiment

Les démocraties ne se fondent pas uniquement sur le consensus, mais aussi sur le conflit et la contestation. L’étude des espaces dans lesquels s’opèrent les mobilisations – manifestations, occupations, protestations – permet d’examiner comment les conflits sociaux et politiques reconfigurent les espaces publics. Dans la perspective de l’histoire des espaces, les protestations ont donc souvent un double effet : d’une part, elles utilisent des espaces publics remarquables comme théâtre de leurs revendications politiques ; d’autre part, elles contribuent ainsi à une politisation de ces espaces – par exemple, lorsque des actions de protestation transforment des lieux de consommation comme des supermarchés et des zones commerciales en lieux de débat politique.

4. Espaces du quotidien et modes de vie démocratiques

Définir la démocratie comme un mode de vie implique d’analyser les lieux dans lesquels les attitudes démocratiques sont vécues, apprises et pratiquées au quotidien. Il s’agit notamment de lieux ordinaires tels que les cafés, les terrains de sport, les centres de jeunesse, les salles de classe. Ces espaces ordinaires, souvent négligés, jouent un rôle structurant dans la construction de pratiques démocratiques. Il convient toutefois d’examiner de manière critique le potentiel (anti-)démocratique des différentes formes de communautés. D’autres espaces peuvent être appréhendés comme des espaces hybrides, où les expériences individuelles se combinent avec les structures publiques et où les pratiques démocratiques peuvent être encouragées ou entravées.

5. L’espace comme enjeu politique

Enfin, l’espace n’est pas simplement un lieu de pratique politique, mais aussi un objet de luttes et de négociations. Les décisions concernant l’urbanisme, les infrastructures, la répartition des ressources spatiales, ou encore les inégalités d’accès à l’espace en fonction des statuts juridiques ou sociaux, révèlent des inégalités structurelles dans les sociétés démocratiques. L’analyse de ces inégalités, qu’elles concernent l’accès à l’espace urbain ou les disparités entre zones urbaines et rurales, peut ouvrir des perspectives intéressantes pour comprendre les conditions matérielles et les limites de la participation démocratique et les mécanismes d’exclusion.

Modalités de soumission

L’atelier sera organisé comme un lieu d’échanges, où les projets de recherche, plus ou moins avancés, seront discutés de manière approfondie et mis en relation les uns avec les autres. Nous sommes particulièrement intéressés par les contributions abordant le sujet de manière comparative ou explorant des phénomènes transnationaux. Les études de cas sur les territoires européens ou extra-européens et sur l’Europe, dans ses relations mondiales et coloniales, le cas échéant, dans un cadre comparatif ou transnational, sont également encouragées ; cette perspective doit être développée dans le résumé. Les propositions qui combinent une étude de cas avec des réflexions théoriques et méthodologiques sur le paradigme spatial sont également bienvenues. L’atelier est ouvert aux contributions issues de perspectives interdisciplinaires en lien avec l’histoire, telles la géographie, la sociologie, l’anthropologie ou les sciences de la culture.

Nous vous prions de bien vouloir nous envoyer un bref CV et un résumé d’environ 300 à 400 mots.

Nous vous informerons de notre décision concernant les soumissions avant le 31 octobre 2025.

La conférence se tiendra les 19 et 20 février 2026 à l’Institut historique allemand à Paris. Les langues de travail sont l’allemand, le français et l’anglais. Afin de faciliter la compréhension, nous demanderons aux contributrices et aux contributeurs sélectionnés de rédiger un résumé de leur exposé en anglais à l’attention des autres participants, en amont de la manifestation.

Les frais de déplacement et d’hébergement seront pris en charge.

Les propositions de contributions devront être soumises à l’adresse : fg.zeit-der-demokratie@uni-goettingen.de

avant le 19 octobre 2025.

Comité scientifique

  • Marlene Draing (Université de Göttingen, groupe de recherche Gerda-Henkel « Les ’temps’ de la démocratie ») (Université de Göttingen, groupe de recherche Gerda-Henkel « Les ’temps’ de la démocratie »)
  • Benjamin Möckel (Université de Göttingen, groupe de recherche Gerda-Henkel « Les ’temps’ de la démocratie »)
  • Anna Spielvogel (Université de Göttingen, groupe de recherche Gerda-Henkel « Les ’temps’ de la démocratie »)
  • Hélène Miard-Delacroix (Sorbonne Université/UMR Sirice/Initiative Europa)
  • Nicolas Batteux (Université de Lorraine/Cegil)Jürgen Finger (Institut historique allemand)

Bibliographie indicative

Aulke, Julian : Räume der Revolution : kulturelle Verräumlichung in Politisierungsprozessen während der Revolution 1918-1920 ( = Studien zur Geschichte des Alltags, vol. 31), Stuttgart 2015.

Bourdieu, Pierre : Physischer, sozialer und angeeigneter physischer Raum, dans : Wentz, Martin (dir.) : Stadt-Räume, Francfort-sur-le-Main, New York 1991, pp. 25–34.

Certeau, Michel de : L’Invention du Quotidien. vol. 1, Arts de Faire, Paris 1980.

Chakrabarty, Dipesh : Provincialising Europe. Postcolonial Thought and Historical Difference, Princeton 2008.

Conway, Martin : Western Europe’s democratic age, 1945-1968, Princeton (N. J.) 2020.

Dewey, John : Demokratie und Erziehung. Eine Einleitung in die philosophische Pädagogik : mit einer umfangreichen Auswahlbibliographie, édité par Jürgen Oelkers, traduit par Erich Hylla ( = Beltz-Taschenbuch Essay, vol. 57), 5e éd., Weinheim, Bâle 2011.

Dorsch, Sebastian (dir.) : Space/time practices and the production of space and time, Historical Social Research 38 (2013) 3, Cologne 2013.

Döring, Jörg/Thielmann, Tristan : Spatial Turn : Das Raumparadigma in den Kultur- und Sozialwissenschaften, ( = Sozialtheorie), Bielefeld 2008.

Foucault, Michel : Le Corps Utopique : Suivi de Les Hétérotopies, Paris 2009. [1966]

Gatzka, Claudia C. : Die Demokratie der Wähler : Stadtgesellschaft und politische Kommunikation in Italien und der Bundesrepublik 1944-1979 ( = Beiträge zur Geschichte des Parlamentarismus und der politischen Parteien, vol. 179), Düsseldorf 2019.

Gaumer, Janine : Wackersdorf : Atomkraft und Demokratie in der Bundesrepublik 1980-1989, Munich 2018.

Gross, Noé : Sur Les Hétérotopies de Michel Foucault, dans : Le Foucaldien 6 (2020) 1, p. 1– 40.

Harvey, David : Between Space and Time : Reflections on the Geographical Imagination, dans : Annals of the Association of American Geographers 80 (2020) 3, p. 418–34.

Jureit, Ulrike : Das Ordnen von Räumen : Territorium und Lebensraum im 19. und 20.

Jahrhundert, Hambourg 2012.

Launay, Maxime/Rosell, Léo/Sambuis, Yann (dir.) : Les lieux de privation de liberté, des lieux politiques (XIXe-XXe siècle), Histoire@Politique. Revue du Centre d’histoire de Sciences Po 52 (2024) 1.

Lefebvre, Henri : La production de l’espace, 4e éd., Paris 2000.

Lindenberger, Thomas : Die Straße als Politik-Arena im langen 20. Jahrhundert, dans : Marie- Luise Recker/Andreas Schulz (dir.) : Parlamentarismuskritik und Antiparlamentarismus in Europa ( = Beiträge zur Geschichte des Parlamentarismus und der politischen Parteien, vol. 175), Düsseldorf 2018, p. 151–166.

Löw, Martina : Raumsoziologie ( =Suhrkamp-Taschenbuch Wissenschaft), 8e éd., Francfort-sur- le-Main 2015.

Mergel, Thomas : Parlamentarische Kultur in der Weimarer Republik. Politische Kommunikation, symbolische Politik und Öffentlichkeit im Reichstag ( = Beiträge zur Geschichte des Parlamentarismus und der politischen Parteien, vol. 135), Düsseldorf 2002.

Nora, Pierre (dir.) : Les lieux de mémoire, trois volumes, Paris 1997. [1ère volume 1984]

Rau, Susanne : Räume : Konzepte, Wahrnehmungen, Nutzungen ( = Historische Einführungen, vol. 14), 2e éd., Francfort-sur-le-Main et al. 2017.

Richter., Hedwig : Moderne Wahlen. Eine Geschichte der Demokratie in Preußen und den USA im 19. Jahrhundert, Hambourg 2017.

Schaefer, Sagi/Shaḥar, Galili/Walch, Teresa (dir.) : Räume der deutschen Geschichte, ( = Tel Aviver Jahrbuch für deutsche Geschichte, vol. 49), Göttingen 2022.

Schlögel, Karl : Im Raume lesen wir die Zeit : Über Zivilisationsgeschichte und Geopolitik, Francfort-sur-le-Main 2011.

Simmel, Georg : Soziologie des Raumes, dans : Jahrbuch für Gesetzgebung, Verwaltung und Volkswirtschaft im Deutschen Reich 27 (1903) 1, p. 27–71.

Soja, Edward W. : Thirdspace. Journeys to Los Angeles and other real- and imagined places, Cambridge, MA. et al. 1996.

Schroer, Markus : Räume, Orte, Grenzen : Auf dem Weg zu einer Soziologie des Raums, Francfort-sur-le-Main 2006.

Categorías

Lugares

  • Hôtel Duret de Chevry - 8 Rue du Parc-Royal
    París, Francia (75003)

Fecha(s)

  • domingo 19 de octubre de 2025

Palabras claves

  • espaces démocratiques, participation, conflit, spatialisation

URLs de referencia

Fuente de la información

  • Lotta Grünberg
    courriel : lotta [dot] gruenberg [at] dhi-paris [dot] fr

Licencia

CC0-1.0 Este anuncio está sujeto a la licencia Creative Commons CC0 1.0 Universal.

Para citar este anuncio

« Lieux et espaces de la démocratie », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el jueves 02 de octubre de 2025, https://doi.org/10.58079/14u67

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