Pour sa première année, le séminaire  de recherches en éducation populaire, mutation et actualité (Remua) traitera ses questions sous l’angle de l’économie et de ses marchés : Quels actions, dispositifs et positionnements de l’éducation populaire (sous sa dénomination explicite ou implicite) dans la lutte « contre » les marchés ? Quelle création de « nouveaux marchés » au sein même de l’éducation populaire ou sur ses pratiques, ses enjeux et ses objets historiques (marchandisation de l’émancipation, des conférences gesticulées, des techniques d’animation, des pédagogies alternatives, des droits à l’égalité etc.) ?

Présentation

Ce séminaire s'inscrit dans la filiation et le prolongement du colloque "Pratiques pédagogiques de l'éducation populaire : histoires et actualités d'un projet politique" qui s'est déroulé à Montpellier en mai 2024.

À la suite des échanges et des rencontres, est née l'envie collective de poursuivre les réflexions dans un cadre universitaire dédié et de réouvrir, en écho aux précédents travaux du GRREP (Groupe de Réflexion sur la Recherche en Éducation Populaire), un espace scientifique pour présenter et discuter les travaux contemporains des chercheur⋅es dans et autour de l'éducation populaire.

Argumentaire

S’il est convenu de dire que l’éducation populaire est un objet “indéfinissable” (Poujol, 1981, Tétard, 2007, Chateigner, 2012), le contexte contemporain et ses multiples mutations enjoignent à réinterroger ses pratiques, ses acteurs et actrices et ses espaces. Au-delà des objets déjà identifiés comme relevant de l’éducation populaire (par leur histoire, leurs dénominations administratives, leurs financements etc.), la notion apparaît de manière labile, associée à des enjeux qui dépassent son cercle revendiqué. La question des enfants “non reconnus” de l’éducation populaire se pose ici (Bazin, 2007), tout comme celle des personnes ignorantes d’être un potentiel “héritage” de l’éducation populaire. Ce questionnement induit la notion de frontières dans une éducation populaire en recomposition permanente. Des mouvements sociaux, écologistes, féministes ou antiracistes pour plus de justice et d’égalité, depuis la mouvance des "tiers lieux" jusqu’aux communautés de hackers et makers numériques pour une “société des communs” puisant dans la culture DIY et libriste, observe-t-on à ces endroits un certain renouveau de l’éducation populaire (de Lescure et Porte, 2017) ? Ces acteurs et actrices qualifient-ils leurs actions en ce sens ? Peuvent-elles produire de l’éducation populaire sans le savoir et sous quelles conditions ? Quelles sont les pratiques et les outils mobilisés ? Du côté de ses structures et problématiques historiques, l’éducation populaire se transforme au prisme du néolibéralisme et de la numérisation exponentielle de la société. Que produisent ces phénomènes sur les professionnel.les de l’éducation populaire ? Comment se ré adaptent-ils aux conjonctures actuelles et est-ce que cela fabrique de nouvelles pratiques et postures professionnelles ?

À l’appui de cette double perspective, il est apparu essentiel de questionner l’objet de manière dialectique : depuis les terrains historiques de l’éducation populaire jusqu’aux phénomènes “nouveaux” ou émergents sous cette dénomination. Quelles continuités et discontinuités entre eux ? Que raconte leur filiation ou au contraire leur rupture à la compréhension du monde contemporain ? Les formes et processus de politisation historique de l’éducation populaire s’en trouvent-ils transformés ? Est-ce un nouvel écosystème de l’éducation populaire qui apparaît, remettant en cause ses précédentes classifications (éducation populaire politique vs éducation populaire institutionnelle, éducation populaire émancipatrice vs animation socioculturelle, éducation tout au long de la vie vs formation pour adultes) ? L’objet du séminaire sera de rendre compte des différentes circulations, transpositions et (ré)appropriation autour de la notion d’éducation populaire. Par la mise en regard de ses objets anciens et de ses objets “nouveaux”, c’est l’éclaircissement de ses spécificités et plus largement sa (re)définition qui sont attendus. Le séminaire se focalise ainsi sur les mutations et l’actualité de l’éducation populaire en interrogeant les tensions et les emprunts qui existent entre ses différentes formes (officielles et officieuses).

Ce séminaire s'inscrit dans la filiation et le prolongement du colloque "Pratiques pédagogiques de l'éducation populaire : histoires et actualités d'un projet politique" qui s'est déroulé à Montpellier en mai 2024.

À la suite des échanges et des rencontres, est née l'envie collective de poursuivre les réflexions dans un cadre universitaire dédié et de réouvrir, en écho aux précédents travaux du GRREP (Groupe de Réflexion sur la Recherche en Éducation Populaire), un espace scientifique pour présenter et discuter les travaux contemporains des chercheur⋅es dans et autour de l'éducation populaire. 

Programme

26 septembre 2025, 10h

 (en ligne)

L’éducation populaire : une école de l’émancipation ? 

Avec Francis Lebon (CERLIS, université Paris Cité), Régis Guyon (directeur adjoint de l’IFÉ, rédacteur en chef de Diversité et producteur du podcast Ça manque pas d’R), Julie Testi (EMA, CY Cergy Paris Université) et Maïté Juan (EMA, CY Cergy Paris Université, sous réserve). 

Cette première séance est consacrée au dossier de la revue Diversité, présenté par ses coordinateurs ainsi que des contributrices.

28 novembre 2025, 10h

(en ligne)

Penser l’éducation populaire à partir des marchés de la formation 

Avec Cyrille Bock, maître de conférences Université Toulouse Jean Jaurès (UMR EFTS) Discutant : André Decamp, doctorant Université de Montréal et Université Libre de Bruxelles 

Cette communication propose de mobiliser la sociologie économique pour réfléchir à l’organisation des acteurs de l’éducation populaire dans les formations dans l’animation socioculturelle. Quelle place occupe (et comment se réinvente) l’éducation populaire dans le marché de la formation ? 

30 janvier 2026, 10h

(en ligne)

L’éducation populaire face au néolibéralisme : dynamiques et incidences des recompositions de l’État social” 

Avec Léo Vennin, Docteur en science politique, Post-doctorant (UGA/PACTE) 

En replacant dans le temps long les tensions entre Etat et marché comme modes de régulation de ce secteur social, comment penser la confrontation entre éducation populaire et néolibéralisme ? 

27 mars 2026, 10h

(en ligne)

Marges de manœuvre, résistances, triche ou résignation des cadres de l’éducation populaire face à la gestion et à la bureaucratie 

Avec Manon Pesle , maîtresse de conférences, ECP, université Jean-Monnet 

Si la gestion et la “paperasse” administrative, issues de la nouvelle gestion publique, ont investi les associations d’éducation populaire, des conseils d’administration aux animateur·ices, comment les cadres des associations (directeur·ices, coordonnateur·ices ou administrateur·ices) se positionnent-iels ? 

24 avril 2026, 10h 

(en ligne)

Éducation populaire et politisation : des dynamiques marchandes aux pratiques pédagogiques 

Avec Louise Freulet (doctorante, Université Paris-Cité) et Mathieu Depoil (doctorant, Université de Montpellier) 

Par des regards croisés, il s’agira d’analyser la manière dont les marchés influencent l’exploitation du travail (re)productif des jeunes dans le champ de l’éducation populaire, et interroger les processus de politisation de celle-ci à travers les pratiques pédagogiques. 

2 juin 2026

Université de Toulouse, Maison de la recherche, salle E412 

L’éducation populaire au prisme des injonctions politiques et économiques 

Avec Véronique Bordes, Professeure des universités Université Toulouse Jean Jaurès (UMR EFTS)
Discutant : Cyrille Bock, Maître de conférences Université Toulouse Jean Jaurès (UMR EFTS) 

Journée de clôture du séminaire : bilan des séances et perspectives d’un séminaire 2026/2027.