HomeCapitalisme et désir de 1990 à nos jours
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Published on Wednesday, October 08, 2025

Abstract

Comment le capitalisme modèle nos désirs et quelle subjectivité produit-il ? Cette question a traversé le vingtième siècle, du freudo-marxisme jusqu'aux deux tomes de Capitalisme et Schizophrénie de Gilles Deleuze et Félix Guattari ou L'économie libidinale et Les dispositifs pulsionnels de Jean-François Lyotard. Mais le capitalisme n'est pas un système rigide. Il se caractérise au contraire par sa plasticité, sa capacité à intégrer et ingérer la critique, comme le montre Le nouvel esprit du capitalisme, l'ouvrage, devenu classique, de Luc Boltanski et Eve Chiapello. 

Announcement

Argumentaire

Comment le capitalisme modèle nos désirs et quelle subjectivité produit-il ? Cette question a traversé le vingtième siècle, du freudo-marxisme jusqu’aux deux tomes de Capitalisme et Schizophrénie de Gilles Deleuze et Félix Guattari ou L’économie libidinale et Les dispositifs pulsionnels de Jean-François Lyotard. Mais le capitalisme n’est pas un système rigide. Il se caractérise au contraire par sa plasticité, sa capacité à intégrer et ingérer la critique, comme le montre Le nouvel esprit du capitalisme, l’ouvrage, devenu classique, de Luc Boltanski et Eve Chiapello. Par conséquent, il faut admettre que le capitalisme n’est pas le même qu’à l’époque de Marx, Freud ou Marcuse, ni même tout à fait qu’à celle de Deleuze, Guattari ou Lyotard. 

Il se trouve qu’un grand nombre d’auteurs a tenté de penser les effets du capitalisme sur le désir depuis les années 1990, période que nous proposons de prendre comme point de départ car  elle correspond, avec la chute du bloc soviétique, à la victoire incontestée de notre système économico-politique, devenu capitalisme mondial intégré (pour reprendre une expression prophétique de Félix Guattari datant de 1981), et à sa planétarisation. S’est développé ce que Mark Fisher appelle, à la suite de Frederic Jameson, réalisme capitaliste, le définissant comme « une atmosphère généralisée, qui conditionne non seulement la production culturelle, mais aussi la réglementation du travail et de l’enseignement, et qui agit comme une sorte de frontière invisible contraignant la pensée et l’action »1. Selon le penseur anglais, à notre époque « le capitalisme vient occuper les horizons du pensable, sans le moindre accroc », et il faut donc bien se demander ce qu’implique pour le désir le fait que le capitalisme n’ait plus de dehors, comme il pouvait encore en avoir, certes à l’état de zone à coloniser, au temps de Marx, Freud ou du bloc soviétique. Il ne s’agit pas de balayer d’un revers d’un main les analyses des penseurs du vingtième siècle, mais plutôt d’investiguer en quoi celles-ci doivent être amendées, élargies ou partiellement réfutées. Par exemple, dans son ouvrage La société d’exposition. Désir et désobéissance à l’ère numérique, Bernard E. Harcourt montre que les analyses canoniques du pouvoir, comme celle que propose Foucault dans Surveiller et Punir, demeurent valables en partie, mais doivent être réévaluées à l’aune d’éléments spécifiques à notre époque, comme notre désir de nous exposer, en particulier sur les réseaux sociaux. Comme il l’écrit « nous ne sommes pas surveillés, nous nous exhibons sciemment ». C’est à des réévaluations analogues que nous voudrions que les communications soient consacrées. 

Des expressions plus récentes pour qualifier le capitalisme, ou certains de ses aspects, ont émergé : capitalisme patriarcal ou racial (même si cette dernière apparaît en 1983) pour manifester la parenté essentielle entre système économique et domination fondée sur une hiérarchisation homme/femme ou blanc/non-blanc, capitalisme cognitif pour désigner la nouvelle marchandise qu’est devenue notre attention. C’est aussi à partir de ces désignations plus récentes que nous invitons à penser la question du désir. 

Les communications pourront s’inscrire dans l’une des trois orientations, qui ne sont pas restrictives :

  • Comment les philosophes pensent la relation entre le capitalisme et le désir depuis les années 1990, et en quoi ces pensées se distinguent de celles du vingtième siècle, du freudo-marxisme jusqu’à Lyotard ? Des communications portant sur les œuvres de M. Fisher, D. Graeber, B-C. Han, E. Illouz, F. Lordon, B. Stiegler ou S. Žižek, parmi tant d’autres seraient bienvenues. 
  • Que produisent sur notre désir certains aspects spécifiques du capitalisme ? Par exemple, comment le capitalisme numérique, la société de la performance et son accélération permanente, ou le capitalisme patriarcal modèlent notre désir à travers la capture de notre attention, la transformation de notre perception de temporalité, ou encore la réappropriation de la dite « libération sexuelle » ? 
  • Le désir est-il définitivement asphyxié, pour reprendre le titre d’un article important de Bernard Stiegler, et ne pouvons-nous plus désirer que dans et par l’intermédiaire du capitalisme ? Ou, au contraire, des désirs post-capitalistes (selon la belle expression de Fisher) sont-ils pensables et quelles subjectivités y seraient associées ? 

    Si la première orientation relève plutôt de l’histoire de la pensée, nous aimerions recevoir des propositions plus personnelles, en encourageant notamment des doctorant-e-s et jeunes docteur-e-s à exposer leurs travaux dans les directions ouvertes par les deuxième et troisième axes. A cet égard, la journée d’étude s’adresse à toutes « catégories » de chercheurs et chercheuses, des plus novices aux plus expérimenté-e-s. 

Cette journée d’étude aura lieu en français. Un déjeuner simple sera proposé, mais les frais de transport et d’hébergement demeureront à la charge des participant-e-s.

Modalités de contribution

Veuillez envoyer vos propositions (500 mots maximum) pour une communication durant vingt minutes aux deux personnes suivantes, accompagnées d'une brève notice biobliographique : Tristan Pellion, doctorant en esthétique au sein du laboratoire Histoire des Arts et des Représentations (HAR), Université Paris Nanterre tristanpellion@gmail.com et Po-Yu Huang, doctorant en philosophie, au laboratoire Institut de Recherches Philosophiques (IRePh), Université Paris Nanterre 43017400@parisnanterre.fr.

  • 23 décembre 2025, date limite d’envoi des propositions.
  • 15 janvier 2026, notification d’acceptation ou de refus. 
  • 17 avril, journée d’étude à l’Université de Paris Nanterre. 

Comité scientifique

  • Tristan Pellion, doctorant en esthétique, au laboratoire Histoire des arts et des représentations (HAR), Université Paris Nanterre
  • Po-Yu Huang, doctorant en philosophie, au laboratoire Institut de Recherches Philosophiques (IRePh), Université Paris Nanterre

Bibliographie : 

-Fisher, M. Désirs post-capitalistes, tr. fr. J. Guazzini, Audimat, 2020. 

-Fisher, M. Le réalisme capitaliste, tr. fr. J. Guazzini, Entremonde, 2018. 

-Federici, S. Le capitalisme patriarcal, tr. fr. E. Debonesque, La Fabrique, 2019.

-Graeber, D. Possibilités. Essais sur la hiérarchie, la rébellion et le désir, tr. fr. M. Rovère et M. Rueff, Payot, 2023. 

-Han, B-C. Le désir : l’enfer de l’identique, tr. fr. O. Mannoni, Autrement – Les grands mots, 2018.

-Harcourt, B.E. La société d’exposition. Désir et désobéissance à l’ère numérique, tr. fr. S. Renaut, Seuil, 2020. 

-Illouz, Eva. Happycratie : comment l’industrie du bonheur a pris le contrôle de nos vies, tr. fr. F.Joly,Premier Parallèle, 2018.

-Illouz, Eva. Les Marchandises émotionnelles : l’authenticité au temps du capitalisme, tr. fr. F.Joly, Premier Parallèle, 2019.

-Lordon, F. Capitalisme, désir et servitude, La Fabrique, 2010. 

-Stiegler, B. Le désir asphyxié ou comment l’industrie culturelle détruit l’individu, paru dans Le Monde Diplomatique, juin 2004. 

-Stiegler, B. De la misère symbolique, Champs Flammarion, 2013. 

-Žižek, S. Subversions du sujet, Psychanalyse, philosophie, politique, Presses universitaires de Rennes, 1999.

-Žižek, S. De la croyance, tr. fr. F. Joly, Jacqueline Chambon, 2011. 

Places

  • Nanterre, France (92)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Tuesday, December 23, 2025

Keywords

  • capitalisme, désir, subjectivité, deleuze, guattari, freud, marx, marcuse

Contact(s)

  • Po-Yu Huang
    courriel : pyhuang5566 [at] gmail [dot] com

Information source

  • Tristan Pellion
    courriel : tristanpellion [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Capitalisme et désir de 1990 à nos jours », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, October 08, 2025, https://doi.org/10.58079/14vit

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