HomeMarge(s), seuil(s), transition(s)
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Published on Wednesday, October 08, 2025

Abstract

Dans un souci d’actualisation des approches, les germanistes questionneront trois concepts : marge(s), seuil(s) et transition(s), dans leurs multiples acceptions (spatiale, historique, symbolique, économique, linguistique etc.). La linguistique s’intéresse également, par essence, à ces notions : entre normes et usages, entre centre(s) et périphérie(s), entre langues dominantes et variétés marginalisées. Des communications portant sur la variation linguistique dans le domaine germanophone et son rapport à la norme standard sont donc les bienvenues, qu’il s’agisse de variations géographiques (dialectes), sociales (sociolectes) ou individuelles (idiolectes).

Announcement

Argumentaire

Dans un souci d’actualisation des approches, le congrès de l’AGES (Association des Germanistes de l’Enseigement Supérieur) questionnera trois concepts : marge(s), seuil(s) et transition(s), dans leurs multiples acceptions (spatiale, historique, symbolique, économique, linguistique etc.). L’objectif est de réinterroger les méthodes et questionnements en lien avec ces notions et d’étudier leur appréhension dans les diverses sous-disciplines des Études germaniques, en littérature, en études culturelles et visuelles, tout comme en histoire des idées, en civilisation, en linguistique et didactique voire dans d’autres domaines tels que la sociologie ou la traductologie.

En 2000, le congrès de l’AGES fut accueilli par le département d’Études germaniques de l’université de Caen. Sa thématique fédéra les contributions autour de trois notions : seuil(s), limite(s) et marge(s) (L’Harmattan, 2001). Un certain nombre de communications de l’époque reflète une des préoccupations dominantes de la germanistique du XXe siècle, en l’espèce: la volonté de décentrer les analyses, de s’extirper du monopole du « grand chêne d’or » (C. Andler) que représente l’Allemagne sous ses multiples formes politiques (royaumes, empire, républiques) et d’élargir le spectre à d’autres territoires et populations germanophones – la monarchie habsbourgeoise et les diverses marges orientales et méridionales de ses « Kronländer », le Banat et la Transylvanie, la Courlande, pour ne citer que quelques exemples. Le décentrement géographique (ou « exterritorialité », pour reprendre un titre de 2002) est depuis les années 1980 poussé plus loin par la prise en compte, sous la bannière des études transnationales et transculturelles, des auteur·trices (de toutes les latitudes) initialement allophones et qui ont aujourd’hui choisi l’allemand comme langue d’expression et d’écriture.

Dans le prolongement du congrès de Caen, et dans un souci d’actualisation des approches, les départements d’Études germaniques et de Langues Étrangères Appliquées de l’université Rennes 2 soumettent à votre réflexion trois concepts similaires : marge(s), seuil(s) et transition(s), dans leurs multiples acceptions (spatiale, historique, symbolique, économique, linguistique etc.). L’objectif est de réinterroger les méthodes et questionnements en lien avec ces notions et d’étudier leur appréhension dans les diverses sous-disciplines des Études germaniques, en littérature, en études culturelles et visuelles, tout comme en histoire des idées, en civilisation, en linguistique et didactique voire dans d’autres domaines tels que la sociologie ou la traductologie.

Au premier abord, la prééminence paraît spatiale et culturelle : si ces notions renvoient à un ancrage, à un positionnement dans un espace par rapport à un autre, elles se réfèrent aussi à des aires de contact ou à des zones frontalières, dans lesquelles s’opèrent des jeux de passages, de transferts ou d’oppositions que l’on peut diversement décliner : entre centre(s) et périphérie(s), entre intériorité et extériorité, entre majorité et minorité. On pense à l’exil, à la migration, au voyage, et à l’esthétisation narrative ou poétique des espaces de transit ou du vécu des acteur·trices qui s’y adonnent, mais aussi à l’étude sociologique, ethnographique ou linguistique qui accompagne le déplacement vers d’autres aires culturelles, depuis le monde germanophone ou à destination de celui-ci. Cette mobilité génère des échanges et transferts interculturels que l’on pourra essayer de retracer.

Les notions de seuils et de transitions présupposent la rencontre avec une ligne, une démarcation entre deux espaces, deux situations, deux langues ou deux époques. Elles suggèrent l’existence d’un entre-deux ou d’une béance, d’un espace qui interpelle – à l’image par exemple des espaces liminaires dans l’esthétique audio-visuelle. Dans son acception historique, le seuil représente un moment de bascule, de changement d’ère, de cadre socio- culturel ou de régime politique ; les transitions en revanche prennent en considération les temporalités précédant et suivant la rupture et permettent de saisir les transformations dans leur globalité. Mais les transitions peuvent aussi révéler des changements de paradigme, des infléchissements ou hybridations dans d’autres domaines : elles peuvent renvoyer à des mutations grammaticales, au passage d’une langue à une autre par le truchement de la traduction, ou au glissement du monde réel vers le monde virtuel. Elles peuvent de même faire référence à des mobilisations politiques ou à des dynamiques sociales, à l’échelle du microcosme socio-professionnel comme de la société dans son ensemble. À travers les transitions socio-environnementales par exemple, les acteurs sociaux s’appliquent à mettre en place des modes de vie moins émetteurs de carbone et plus respectueux de l’environnement et de la biodiversité. Elles peuvent encore renvoyer aux transitions de genre, au passage d’une identité à une autre, en bravant les normes façonnant nos sociétés. Passer d’un état à un autre, s’inscrire dans des interstices ou à la marge d’une société, d’une communauté, d’un régime s’accompagne souvent d’une transgression (in)volontaire de conventions, d’une règle, de codes, d’une loi, d’un dogme ou d’un canon esthétique. La transgression implique dès lors tout un système de valorisation et dévalorisation, elle peut générer invisibilisation, répression et violence dès lors que la « dérive » ou « déviance », qu’elle soit sociale, genrée, politique ou artistique, est stigmatisée comme anormale, inacceptable, illégale. Toutefois, elle est aussi source de création, de métamorphoses, de changement, d’adaptations et de renouveau : c’est par la transgression, notamment, que peut se manifester l’agentivité (« agency ») d’un individu, que ce dernier peut se placer « au- dessus de la mêlée » ou à la pointe de l’innovation, exprimer et revendiquer cette marginalité, à l’instar des acteurs.trices des avant-gardes.

En didactique des langues vivantes, le niveau dit « niveau seuil » correspond à celui d’un·e utilisateur·trice indépendant·e, selon la définition du niveau B1 du CECRL. On peut supposer, face aux bouleversements induits par le recours massif à l’intelligence artificielle, que ce seuil sera redéfini et se demander selon quels critères. D’une manière générale, quelle place sera réservée à l’avenir à l’enseignement et à l’apprentissage de l’allemand, aujourd’hui de plus en plus marginalisés ? Quel rôle l’allemand de spécialité a-t-il à jouer dans ce contexte ? Si nous sommes au seuil d’une nouvelle ère, ce moment-charnière implique de réfléchir à la place de nos enseignements et de notre recherche dans le système universitaire et dans la société plus largement. Une note de cadrage du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche de 2023 préconise par exemple de « former les étudiant·es de premier cycle à la transition écologique pour un développement soutenable (TEDS) ». L’Allemagne et l’Autriche sont souvent et depuis longtemps citées pour leurs initiatives en faveur de l’écologie : la germanistique française possède une expertise approfondie des processus de transition outre-Rhin et est à même d’œuvrer à la diffusion de ces informations jugées essentielles.

La linguistique s’intéresse également, par essence, à ces notions : entre normes et usages, entre centre(s) et périphérie(s), entre langues dominantes et variétés marginalisées. Des communications portant sur la variation linguistique dans le domaine germanophone et son rapport à la norme standard sont donc les bienvenues, qu’il s’agisse de variations géographiques (dialectes), sociales (sociolectes) ou individuelles (idiolectes). On pourra notamment s’attendre à des travaux sur ces formes linguistiques marginalisées (Jugendsprache, Kiezdeutsch, etc.) ou sur leur utilisation dans les productions culturelles (chanson, littérature, etc.). Cette tension entre centre(s) et marge(s) pourra également être explorée à travers la question des politiques linguistiques dans les différents pays germanophones, comme la place des langues minorées/minoritaires (par exemple le frison et le sorabe en Allemagne, le slovène et le hongrois en Autriche) dans des pays majoritairement germanophones, ou bien l’allemand lui-même comme langue minorée/minoritaire. Les notions de seuil et de transition nous invitent également à nous interroger sur l’entrée de phénomènes nouveaux dans la langue et leur acceptation ou non dans la norme (anglicismes, écriture inclusive, néo-pronoms, etc.), sur la cohabitation de codes linguistiques (diglossie, code- switching) ou sur les influences mutuelles des langues (adstrat, superstrat, etc.), qu’il s’agisse d’approche synchronique ou diachronique.

Les propositions pourront s’insérer dans les axes thématiques suivants (liste non exhaustive)

  • Interculturalités, échanges, polyphonies ;
  • Identités, pratiques et performances de genre à la marge ;
  • Passages, déplacements, exils et migrations ;
  • Traduction, transposition et médiatisation ;
  • Marginalisation, minorisation et exclusion ;
  • Représentation et création littéraires et artistiques.

Modalités de contribution

Les langues de travail du congrès seront le français et l’allemand. Les doctorant·es sont particulièrement invité·es à soumettre des propositions de communication.

Les propositions de communication (3 000 signes environ), accompagnées d’un bref CV sont à déposer jusqu’au 10 novembre 2025 sur la plateforme SciencesConf à l’adresse suivante : https://ages2026.sciencesconf.org

Pour toute information complémentaire : ages2026@sciencesconf.org

Comité d'organisation

  • Julien Beaufils (LIDILE)
  • Jean-François Candoni (CELLAM)
  • Laetitia Devos (ERIMIT)
  • Valérie Dubslaff (ERIMIT)
  • Isabelle Ruiz (CELLAM)
  • Alexis Tautou (CELLAM)

Places

  • Université Rennes 2, Campus Villejean, Place Recteur Henri Le Moal, 35000 Rennes
    Rennes, France (35)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Monday, November 10, 2025

Keywords

  • marges, seuils, transitions, allemagne, études germaniques

Contact(s)

  • Valérie Dubslaff
    courriel : valerie [dot] dubslaff [at] univ-rennes2 [dot] fr

Information source

  • Valérie Dubslaff
    courriel : valerie [dot] dubslaff [at] univ-rennes2 [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« Marge(s), seuil(s), transition(s) », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, October 08, 2025, https://doi.org/10.58079/14vlq

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