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La lettre dans l’histoire des médias

Revue « Le temps des médias » (2027)

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Published on Wednesday, October 22, 2025

Abstract

Le numéro du Temps des médias qui naîtra de cet appel présentera un panorama des recherches historiques sur la lettre avec un double but : suggérer une prise en compte de la lettre dans l’histoire des médias et, par la même occasion, révéler la richesse de celle-ci comme outil de communication. Le présent nous encourage à cette reconfiguration de nos objets : la communication numérique est une formidable invitation à réécrire l’histoire des médias, en y intégrant le média épistolaire. 

Announcement

Dossier pour Le Temps des Médias. Revue d’histoire (n° 49, printemps 2027) coordonné par Jérôme Bourdon et Marion Brétéché

Argumentaire

Le numéro du Temps des médias qui naîtra de cet appel présentera un panorama des recherches historiques sur la lettre avec un double but : suggérer une prise en compte de la lettre dans l’histoire des médias et, par la même occasion, révéler la richesse de celle-ci comme outil de communication.

Le présent nous encourage à cette reconfiguration de nos objets : la communication numérique est une formidable invitation à réécrire l’histoire des médias, en y intégrant le média épistolaire. L’Internet, on ne cesse de le répéter, a brouillé les frontières entre la communication d’individu à individu (disons la dyade) et la communication de masse (dissémination), entre le public et le privé, entre l’interpersonnel et le social. C’est ce que suggèrent des notions comme « effondrement du contexte » (boyd, 2013) et « mass-self » (Castells, 2009) et aussi, de façon plus subtile, l’essor de la notion de réseau de communication. On a suggéré aussi que les médias sociaux auraient encouragé un brouillage des genres entre réalité et fiction, par une mise-en-scène de plus en plus élaborée du moi. Sans entrer dans la confirmation empirique de telles affirmations trop générales, il est clair que la discipline a changé, que la « communication de masse » qui en a été le noyau pendant un siècle, a été réduite à un cas particulier de ce qui serait « les médias » ou « la communication ».

Pour les historiens, cela est de grande conséquence : car s’il est un média qui a très tôt brouillé les frontières entre la communication en dyade et son entourage, a permis la mise en réseau des individus et des organisations, a pu prétendre à une vocation à la fois « réaliste » et littéraire (parfois fictionnelle), c’est bien la lettre, ou disons, pour souligner sa vertu communicative, la correspondance. Ces rapports entre les vieilles et nouvelles épistolarités sont souvent évoqués mais n'ont jamais été abordés systématiquement (parmi les « épistologues », il faut citer Mélançon, 1999). Il suffit de revisiter attentivement, en Occident et ailleurs (Richter, 2015), les correspondances du passé, par exemple les corpus littéraires classiques, les grandes correspondances en réseau de la République des Lettres (Edmonson & Edelstein, 2019) ou des familles du 19e siècle (Dauphin, Lebrun-Pézérat & Poublan, 1995), pour y voir affleurer toutes les questions de frontières entre situations de communication (public/privé, individu/réseau, dyade/dissémination, etc.), et aussi entre types de discours (fiction/réalité, journalisme/message personnel, etc.).  

Cette comparaison est riche à de multiples niveaux et nous souhaitons n’en exclure aucune a priori, qu’ils s’agissent des situations de communication, des modes d’énonciation, des acteurs, des communautés de réception, etc. N’oublions pas les entours matériels de la lettre : son support (de papier, de papyrus, d’argile), la façon dont elle sollicite les sens (le toucher, l’odorat), le rôle du porteur/messager ; bref, tout ce que l’Internet a perdu en gagnant la vitesse, y compris dans la multidiffusion. Car la comparaison fonctionne aussi en creux, dans les manques.  On pourra enfin porter attention aux emboîtements médiatiques : lorsque la lettre s’insère dans un autre dispositif médiatique qui détourne ou transforme sa fonction, son public, jusqu’à son sens. La comparaison pourra donc se faire également avec d’autres technologies de communication, bien au-delà bien sûr du numérique.

Nous sollicitons des travaux sur la lettre qui, sans nécessairement amorcer une comparaison avec le présent, suggèrent au moins une mise en rapport avec la situation présente de la communication numérique ou une réflexion qui résonne avec les transformations récentes. Si l’on nous autorise cette série d’anachronismes, on souhaiterait retrouver des réseaux, des influenceurs, des mises en public du privé ou de l’intime, des « publications » (au sens large) volontaires ou involontaires, dans les correspondances du passé. De la sorte, il s’agira à la fois d’envisager l’historicité de pratiques de communication par lettres, mais aussi de revisiter des objets du passé à l’aune des apports récents de l’histoire des médias les plus contemporains. De plus, une telle perspective devrait faire émerger des problématiques sur la longue durée, des évolutions, des oppositions entre public et privé, et entre l’individu et le groupe (social, médiatique, communautaire, etc.), entre réel et fiction.

Le spectre chronologique et géographique envisagé est très large : on pourra remonter au premier essor de la correspondance interpersonnelle au-delà d’usages étatiques et administratifs, dans le monde paléo-babylonien, autour de -2000, pour aller jusqu’à la modernité des XIXe et XXe siècles qui voit aussi un essor vertigineux de la correspondance papier aux côtés des médias de masse – essor que l’histoire des médias a négligé.

Nous invitons à considérer, sans pour autant négliger les correspondances élitaires et littéraires longtemps privilégiés dans les travaux, l’histoire de correspondances plus ordinaires, comme l’on fait des ouvrages désormais classiques (Chartier, 1991, par exemple).  Si la lettre élitaire nous intéresse aussi, c’est moins comme outil d’analyse du pouvoir ou comme supplément d’âme à une œuvre littéraire, mais en ce qu’elle révèle des aspects plus généraux de l’épistolarité.

Modalités pratiques

Les propositions devront être adressées avant le 25 novembre 2025 (titre, mots-clés, résumé en 3000 signes) aux deux coordinateurs du numéro ; les réponses seront adressées aux auteurs mi-décembre 2025.

Les articles (de 30 à 35 000 signes) devront être remis le 1er juillet 2026 au plus tard pour expertise (double expertise en aveugle) et relecture. Le respect des normes éditoriales de la revue est l’une des conditions d’acceptation des articles.

Les auteurs recevront les évaluations le 31 août 2026, et les échanges avec les coordinateurs se poursuivront pendant l’automne.

Le numéro paraîtra au printemps 2027, en version papier et sur Cairn.

Coordinateurs du numéro

  • Jérôme Bourdon, Université Panthéon-Assas et Université de Tel Aviv, jerombourdon@gmail.com
  • Marion Brétéché, Université d’Orléans, marion.breteche@univ-orleans.fr

Références

boyd, d., (2013). How “context collapse” was coined: my recollection, Aphophenia, 2013 [en ligne].

Castells, M. (2009). Communication Power, Londres, Oxford University Press.

Charpin D. 2008, Lire et écrire à Babylone, Paris, PUF. 

Chartier R. (dir.) 1991, La correspondance. Les usages de la lettre au 19e siècle, Paris, Fayard.

Dauphin C., Lebrun-Pézérat P. & Poublan D. 1995, Ces bonnes lettres. Une correspondance familiale au 19e siècle, Paris, Albin Michel.

Edmonson C. & Edelstein D. 2019, Networks of Enlightenment: digital approaches to the Republic of Letters, Liverpool, Liverpool University Press.

Mélançon B. 2013, Épistol@rités, en ligne sur publie.net. Voir aussi son « Cabinet des curiosités épistolaires », dans Epistolaire, la Revue de l’AIRE.  

Richter A. (dir.) 2015, A History of Chinese Letters and Epistolary Culture, Leiden, Brill.


Date(s)

  • Tuesday, November 25, 2025

Keywords

  • lettre, épistolarité, communication, histoire des médias, temps long

Contact(s)

  • Marion Brétéché
    courriel : marion [dot] breteche [at] univ-orleans [dot] fr
  • Jérôme Bourdon
    courriel : jerombourdon [at] gmail [dot] com

Information source

  • Marion Brétéché
    courriel : marion [dot] breteche [at] univ-orleans [dot] fr

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« La lettre dans l’histoire des médias », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, October 22, 2025, https://doi.org/10.58079/1504b

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