Enquêter le travail dans le cinéma et l’audiovisuel
Réflexions pratiques sur les dispositifs d’enquête du cinéma et de l’audiovisuel comme espaces de travail
Published on Wednesday, October 22, 2025
Abstract
Depuis plusieurs années se succèdent des recherches qui tendent à structurer un angle d’étude de la production cinématographique et audiovisuelle comme espace social, comme lieu de « travail de la fiction » et comme « monde professionnel ». Il n’en reste pas moins que « le cinéma peut être envisagé à la lumière de luttes de pouvoir et de rapports de force entre les professions ». Cette démarche est d’autant plus primordiale, qu’elle s’insère dans un milieu socioprofessionnel où les écarts hiérarchiques sont conséquents et où l’appropriation de la valeur des œuvres par les seul·es réalisateur·ices est le résultat de luttes entre différentes professions.
Announcement
Argumentaire
Depuis plusieurs années se succèdent des recherches qui tendent à structurer un angle d’étude de la production cinématographique et audiovisuelle comme espace social (Pinto & Mary, 2021), comme lieu de « travail de la fiction » (Mille, 2024) et comme « monde professionnel » (Zarka, 2025). La production cinématographique et audiovisuelle, comme activité professionnelle, reste difficile à cerner, d’autant qu’elle est, dans la pratique quotidienne, articulée à celle d’autres secteurs, et qu’elle est largement régie par des modes de fonctionnement liés à l’intermittence des engagements (Grégoire, 2013). Il n’en reste pas moins que « le cinéma peut être envisagé à la lumière de luttes de pouvoir et de rapports de force entre les professions » (Pinto & Mary, p. 52). Cette démarche est d’autant plus primordiale, qu’elle s’insère dans un milieu socioprofessionnel où les écarts hiérarchiques sont conséquents et où l’appropriation de la valeur des œuvres par les seul·es réalisateur·ices est le résultat de luttes entre différentes professions (Pacouret, 2025).
Or, donner à voir ces tensions et ces relations hiérarchiques nécessite de mettre en œuvre des dispositifs d’enquête spécifiques, allant de l’observation sur le terrain (Rot, 2019) à la collecte d’entretiens filmés (Hamus-Vallée, 2015), jusqu’au croisement entre enquête qualitative et perspective historique (Béliard & Lécossais, 2023). Autant d’outils qui, s’ils sont communément intégrés et discutés au sein des disciplines des sciences de l’information et de la communication, et de la sociologie, n’ont encore que peu trouvé leur place dans les études cinématographiques. Pourtant, le recours à de tels outils peut s’y avérer fréquent, et cela à travers différents champs d’étude. Ils sont utilisés du côté des recherches en économie du cinéma et en histoire des métiers et des techniques (Hamus-Vallée & Renouard, 2015 ; Fleckinger, Kitsopanidou & Layerle, 2020). L’histoire du cinéma s’appuie en grande partie sur l’emploi de sources orales (Meusy, 2020). Par ailleurs, l’apport de ces réflexions méthodologiques par et pour les études en arts a été démontré, notamment dans un numéro de la revue Sociologie de l’Art qui s’intéresse aux outils de la sociologie des réseaux (Azam & De Federico, 2016).
Que les enquêtes sur le travail, dans le champ des études cinématographiques, s’appuient sur des références bibliographiques d’autres disciplines est nécessaire. La lacune qui s’exprime ici relève plus du manque de place accordée aux interrogations et réflexions que peuvent susciter de telles approches. Parmi les défis de l’enquête, on pense aussi bien à la diversité des sources qu’aux positions prises en échangeant avec les professionnel·les (penser les rapports de force au sein de l’industrie cinématographique et audiovisuelle et comment on s’y insère), ou encore à la difficulté de trouver et d’affirmer une place aux réflexions éthiques, face à des violences au travail.
Les enjeux de la prise en compte de ces questions par et pour les études cinématographiques renvoient à différentes dimensions centrales dans la recherche et l’enseignement. Sur ce dernier point, on pense notamment à l’articulation des savoirs théoriques et esthétiques à la transmission d’outils d’appréhension du cinéma comme espace de travail, que ce soit pour analyser les rapports de classe, de genre et de race qui s’y jouent (Pacouret, 2025) ou encore les défis liés à la transition écologiques (Allamand & George-Molland, 2024). Cette perspective peut également contribuer à renforcer les liens entre le monde universitaire et les différents milieux professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, concernés par d’importants bouleversements dans leurs conditions de travail et d’emploi (Zarka, 2025).
Cette journée d’étude se donne donc pour objectif d’interroger les modalités, les enjeux et les difficultés théoriques et méthodologiques que posent les recherches sur le travail dans le cinéma. Elle propose de mener une réflexion commune sur les dispositifs d’enquête dans leurs formes les plus diverses, en abordant les problèmes pratiques auxquels cette approche amène à se confronter. Parmi les sujets qui pourraient s’y déployer, on pense en particulier aux axes suivants :
- la méthode de l’enquête face au terrain
- le recours à différents types de sources et leur articulation
- le croisement des axes diachroniques et synchroniques
- les questions théoriques et épistémologiques
- la ou les position(s) prise(s) ainsi que les relations développées avec les professionnel·les du cinéma et de l’audiovisuel
- la place accordée aux réflexions éthiques
- l’enquête et son analyse (par exemple, l’analyse discursive des sources orales)
- l’enquête et le travail d’archivage
Ces questions seront traitées à travers des études de cas. Il est possible de soumettre une proposition sous forme de table ronde, incluant l’intervention de professionnel·les rencontré·es pour développer l’enquête.
Modalités de contribution
Les propositions, de 500 mots maximum, en français ou en anglais, sont à envoyer au plus tard le 8 décembre 2025 aux adresses dlouandrea@gmail.com et marie.pruvost-delaspre@univ-paris8.fr. Le comité scientifique se réunira ensuite et les retours sur les propositions seront envoyés à partir du 19 décembre 2025.
La journée se tiendra le lundi 30 mars dans l’amphithéâtre MR 002 de la Maison de la Recherche, sur le campus de l’Université Paris 8 (2 rue de la Liberté 93200 Saint-Denis).
Comité d’organisation
- Lou-Andréa Désiré (Université Paris 8)
- Marie Pruvost-Delaspre (Université Paris 8)
Comité scientifique
- Lou-Andréa Désiré
- Réjane Hamus-Vallée (Université d’Evry)
- Sarah Lécossais (Université Sorbonne Paris Nord)
- Aurélie Pinto (Université Sorbonne Nouvelle)
- Marie Pruvost-Delaspre
Subjects
- Sociology (Main category)
- Society > Sociology > Sociology of work
- Mind and language > Representation > Cultural history
- Mind and language > Representation > Visual studies
- Society > Sociology > Sociology of culture
Places
- Maison de la recherche, salle MR002 - 2 rue de la Liberté
Saint-Denis, France (93)
Event attendance modalities
Full on-site event
Date(s)
- Monday, December 08, 2025
Attached files
Keywords
- cinéma, audiovisuel, travail, enquête, terrain, entretien, professionnel
Contact(s)
- Lou-Andréa Désiré
courriel : dlouandrea [at] gmail [dot] com
Information source
- Marie Pruvost-Delaspre
courriel : marie [dot] pruvost-delaspre [at] univ-paris8 [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Enquêter le travail dans le cinéma et l’audiovisuel », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, October 22, 2025, https://doi.org/10.58079/1504h

