Ce colloque a pour thèmatique les destins de la narrativité dans le malaise contemporain. Il donne la parole à des psychanalystes, des psychologues, des sémioticiens et philosophes qui traiterons de la question de la narration, du rapport au langage dans le monde actuel.

Argument

Force constituante du récit, dynamique temporelle et réalisation de soi, la narrativité est indissociable du corporel. Elle arrime les mots à l’affect et de ce fait elle tient de la mythologie de nos pulsions. Si le récit du mythe renvoie à un temps qui n’a jamais existé ou qui a existé dans un temps indéterminé, celui des mythologies contemporaines est tra versé par une accélération du temps qui reflète un singulier rapport à l’autre et au monde. Le rapport au temps est inséparable du rapport à l’altérité. Or, ce dernier est actuellement, traversé par un malaise à l’intérieur duquel résonne la barbarie du siècle passé. Cette barbarie est à l’horizon de ce que Freud a exprimé en 1938 en rapport avec « la rupture du pacte entre la barbarie et le progrès »¹.

Cependant, le monde de Freud est le monde d’hier et actuellement le progrès technoscientifique avec l’introduction du numérique, de l’IA générative, ouvre à une nouvelle distribution du rapport au verbe, à l’image et aux destins de la narrativité dans la parole. Nouvelles créativités à l’œuvre, un rapport au temps accéléré, une libération des contraintes du temps et de l’espace et ces nouveaux outils technoscientifiques qui s’inscrivent dans le progrès du temps actuel.

Or, la narrativité et la fiction, comportées dans chaque récit ont trait à l’actualisation d’un indicible, elles sont traversées par ce qui ne se dit pas. Tout autant qu’au langage, cet indicible renvoie au réel du corps et à l’incarnation dans la parole de quelque chose de vital pour celui qui parle et pour celui qui écoute. Il est également au principe de la capacité à halluciner la matière du langage qui est la condition d’un rapport pacifié à la réalité du monde.

Des questions se posent actuellement : Si chaque récit est adresse à l’horizon d’une altérité, s’il est parcouru par le renouvellement d’un engagement et d’une promesse, alors quel est le destin de ces coordonnées dans un monde où le message revient au sujet de manière directe d’un algorithme ? Qu’en est-il de l’organisation syntagmatique de la signification dans le monde de l’image et du numérique ? Et plus particulièrement, quels sont les destins de la vérité dans un monde où l’émergence de l’IA générative, y compris à travers l’image, transforme la réalité ? Le conte peut-il encore se poser comme l’antidote du cauchemar ? Lors de cette journée des psychanalystes, sémioticiens, historiens interro gerons les destins de la narrativité dans le malaise du temps actuel.

Programme

8h45 Accueil des participants

• 9h15-9h45 Angélique Christaki – Introduction
• 9h45-10h05 Paul Laurent Assoun « Freud écrivain du Malaise : travail de la lettre et réel collectif »
• 10h05-10h25 Alain Houziaux « Les chrétiens croient-ils ce qu’ils confessent ? Quel statut pour le discours religieux ? »
• 10h25-10h55 Discussion

10h55-11h10 Pause

• 11h15-11h35 Astrid Guillaume « Narrativités visuelles et vérités collectives : mensonges et trucages »
• 11h35-11h55 Anna Angelopoulos « De la forêt enchantée à la toile lumineuse. La résistance narrative du conte oral face aux récits éclatés de l’actuel »
• 11h55-12h25 Discussion

12h25-13h55 Pause Déjeuner dans le foyer du centre des colloques

• 14h00-14h20 Houria Abdelouahead « L’escapade de ma grand-mère »
• 14h20-14h40 Christina Alexopoulos-de Girard « Des processus de subjectivation dans la narration testimoniale en contexte de recherche » Chocron Michael « L’intelligence artificielle et la pensée humaine : les limites d’une telle comparaison. »
• 14h40-15h00  Chocron Michael « L’intelligence artificielle et la pensée humaine : les limites d’une telle comparaison. »
• 15h00-16h15 Discussion

16h15-16h25 Pause

• 16h30-16h50 Claire Nioche- Sibony « La narrativité et les continuités corps- gestes, langage »
• 16h50-17h10 Olivier Goujat « Dire (l’émoi) au plus près de l’écoute : d’un récit qui « s’arrache comme poème » (Ph. Lacoue – Labarthe)
• 17h10-17h40 Discussion
• 17h40-18h00 Conclusion du colloque & clôture de la journée

Participation

Entrée gratuite sur inscription

Intervenants

• Houria Abdelouahed, psychanalyste, professeur des universités, Sorbonne Paris Nord.
• Christina Alexopoulos - de Girard, psychologue clinicienne, Docteur en Histoire, Docteur en psychanalyse HDR, Paris VII.
• Anna Angelopoulos, psychanalyste, anthropologue, EHESS, VI section.
• Paul Laurent Assoun, psychanalyste, professeur émérite, Université Paris Cité.
• Michael Chocron, psychologue clinicien, psychanalyste, MCF en psychologie clinique, Sorbonne Paris Nord.
• Angélique Christaki, psychanalyste, Docteur en psychopathologie et psychanalyse HDR, Sorbonne Paris Nord. 
• Olivier Goujat, psychanalyste, président de la fédération des ateliers de psychanalyse.
• Astrid Guillaume, sémioticienne, MCF, HDR, Sorbonne Université.
• Alain Houziaux, pasteur protestant, Docteur en philosophie, Docteur en théologie, HDR faculté d’état de Strasbourg.
• Claire Nioche- Sibony, philosophe, psychanalyste, MCF, Sorbonne Paris Nord.

Discutants du matin

• Angelique Christaki, psychanalyste, Docteur en psychopathologie et psychanalyse HDR, Sorbonne Paris Nord.
• Muriel Bossuroy, psychologue clinicienne à l’hôpital Jean
• Verdier, APHP, MCF en psychologie clinique transculturelle, Sorbonne Paris Nord.

Discutantes de l’après-midi

• Laurie Kirazian, psychologue clinicienne, Docteur en psychopathologie clinique, Sorbonne Paris Nord.
• Françoise Palleau-Papin, professeur de littérature anglophone, Sorbonne Paris Nord.

Note

1 Freud S (1939). « L’homme Moïse et la religion monothéiste », in OEuvres complètes, Vol. XX, Paris, PUF, 2010,pp.132-133.