Published on Thursday, October 23, 2025
Abstract
Ces dernières années, nous avons assisté à un déplacement et une transformation des formes de militantisme politique dans le domaine décolonial et écologique. Cette journée rassemblera des chercheur·es internationaux pour s’intéresser à l’engagement de ces derniers dans l’action et dans l’étude de ces mobilisations, mais aussi pour saisir la réception médiatique des pratiques comme les interventions dans les musées ou encore les entames du patrimoine public, leur(dé)politisation et criminalisation croissante, et encore la reprise récente du dispositif militant en contexte muséal, en soutien au peuple palestinien.
Announcement
Présentation
Ces dernières années, nous avons assisté à un déplacement et une transformation des formes de militantisme politique dans le domaine décolonial et écologique : de la manifestation sous la forme de marches collectives, ou bien de la dénonciation d’un immobilisme politique sous la forme de tribunes publiques dans les journaux, nous sommes passés à des interventions dans les musées ou encore à des entames du patrimoine public ayant pour objectif de réveiller les consciences, quant à une histoire conflictuelle transmise sans égard à ses méfaits (pour ce qui concerne l’histoire coloniale et plus encore l’histoire de la traite transatlantique et de l’esclavage) ou pour ce qui concerne la frilosité et l’inaction, voire le cynisme des pouvoirs publics face à l’urgence climatique. Ces deux prises de conscience politiques se déploient parallèlement et recourent à un ensemble de gestes engagés, qui, pour n’être pas exactement similaires, sont certainement comparables dans leurs formes. Ils disent également à quel point l’espace patrimonial est un espace public reconfiguré comme une arène où, alors qu’on le croyait sanctuarisé - même si l’histoire montre que le patrimoine a souvent été pris pour cible dans les revendications politiques, notamment par les Révolutionnaires français vis-à-vis des signes d’Ancien Régime à la fin du XVIIIe siècle ou encore par les Suffragettes anglaises au début du XXe siècle - il s’avère un espace public où les conflits de valeur se déploient, s’affrontent, dans le recours à l’effraction et à l’illégalité.
L’espace patrimonial est ainsi requalifié comme un espace dynamique propre à servir de débats et de confrontations, non pas de représentants élus comme à l’assemblée, non pas de foules pacifiques réunies autour d’un mot d’ordre dans l’espace urbain, mais bien par la captation de groupes qui se vivent comme minoritaires et inaudibles dans les formats traditionnels du débat public, et qui entendent faire connaître leurs revendications par des processus qui ne relèvent pas de la destruction radicale, mais bien de la maculation sophistiquée, de la blessure contrôlée, ou encore de l’entaille maîtrisée des chefs d’œuvre, vécus comme des sommets de la naturalisation de l’histoire officielle (et considérée comme offensante et problématique) ou comme sommet de la naturalisation d’un modèle social, économique et politique jugé mortifère à l’égard de l’écosystème de la planète.
Plusieurs exemples viennent à l’esprit, que l’on pense aux interventions du groupe Unité, dignité, courage au musée du Quai Branly le 12 juin 2020, aux actions sur des œuvres exposées dans des musées, à l’instar, par exemple de celles conduites par le collectif Just Stop Oil au Royaume-Uni ; ou encore aux actions de Dernière Rénovation, notamment la couverture de la pyramide du Louvre de peinture orange fluo le 27 octobre 2023, dans le domaine écologique. Ces interventions sont rendues publiques par la presse traditionnelle mais aussi orchestrées par les lanceurs d’alerte qui diffusent les vidéos témoignant de l’action politique au sein des réseaux sociaux, vidéos qui informent tout le processus, de l’intervention illégale aux procès qu’ils suscitent. Ce militantisme se caractérise par ses modalités d’exécution au sein de l’espace patrimonial, par une médiatisation via les réseaux sociaux mais aussi par une grammaire et une inscription dans un espace internationalisé, sur le fond et dans la forme.
Lors de la première journée d’étude de ce cycle, en octobre 2024, nous avons tenté de comprendre non seulement à quel point les pratiques des décoloniaux et des écologistes se croisaient et s’imitaient, mais aussi, comment elles signaient une nouvelle ère du patrimoine comme espace privilégié de l’action politique. Dans la continuité de ces échanges, cette seconde journée, qui aura lieu en français et en anglais, rassemblera des chercheur·e·s internationaux pour s’intéresser à l’engagement de ces derniers dans l’action et dans l’étude de ces mobilisations, mais aussi pour saisir la réception médiatique de ces pratiques, leur (dé)politisation et criminalisation croissante, et encore la reprise récente du dispositif militant en contexte muséal, en soutien au peuple palestinien.
Programme
9h30 : Accueil café
10h : Introduction : Anne Bessette, Anne Lafont et Anaïs Roesch
10h30 : Panel 1 : Enquêter et s’engager en chercheur·e·s ou artist
Modération : Joëlle le Marec (Professeure des Universités, Muséum National d’Histoire Naturelle / PALOC) - avec Anne Bessette et Anaïs Roesch
- 10h40 : Aurélien Bouayad (FR) - De la désobéissance civile au Muséum : réflexions sur les conséquences judiciaires de « La nuit de l’extinction »
- 11h00 : Charlie Gardner (EN) - Protest at the museum: a scholar-activist’s perspective
- 11h20 : Saskia Cousin (FR) - Enquêter sur les restitutions, est-ce militer contre les musées français ?
11h30 : Discussion
12h30 : Pause déjeuner
14h30 : Panel 2 : L’espace patrimonial comme arène politique
Modération : Frédéric Keck (Directeur de recherche CNRS - LAS/EHESS) - avec Anne Lafont
- 14h40 : Dominique Taffin (FR) - Institutions et professionnels face aux contestations patrimoniales
- 15h00 : Beatriz Salinas Marambio (EN) - Confronting the crisis: climate activism inside the museum
15h20 : Discussion
15h50 : Pause
- 16h00 : Lucille Lamache (FR) - Les différents registres de politisation de l’espace muséal et du patrimoine au regard de la circulation médiatique des images des actions du A22 Network
- 16h20 : Graeme Hayes (EN) - The harm there could have been and the damage there was: competing narratives of legitimacy and criminality in the Colston 4 and Just Stop Oil Sunflowers trials
16h40 : Discussion
17h00 : Conclusion : Anne Bessette, Anne Lafont et Anaïs Roesch
Informations pratiques
- Entrée libre dans la limite des places disponibles.
- L’événement se déroulera en français et anglais.
Comité scientifique et organisation
- Anne Bessette (CERLIS/PALOC)
- Anne Lafont (CRAL-CEHTA/EHESS)
- Anaïs Roesch (IDHE.S, Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Subjects
- Sociology (Main category)
- Society > Political studies > Political and social movements
- Society > History
Places
- salle Norbert Elias - EHESS - Campus Condorcet, 2 Cr des Humanités
Aubervilliers, France (93)
Event attendance modalities
Full on-site event
Date(s)
- Thursday, November 06, 2025
Attached files
Keywords
- militantisme, patrimoine, histoire coloniale, écologie, musée
Information source
- Anaïs Roesch
courriel : anaisamelie [dot] roesch [at] gmail [dot] com
License
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To cite this announcement
« Militer au musée : actions politiques dans la sphère patrimoniale », Study days, Calenda, Published on Thursday, October 23, 2025, https://doi.org/10.58079/15107

