Published on Thursday, October 23, 2025
Abstract
Le colloque cherchera plutôt à discerner depuis les années 2000 comment la théologie des religions se réinvente et se transforme. Plusieurs pistes sont observables. Elles partagent l’idée que la rencontre avec les autres traditions impacte la théologie chrétienne elle-même. On passerait donc d’une théologie qui évalue les autres traditions à une théologie chrétienne renouvelée par la rencontre avec les autres. Le projet de la théologie comparative entre dans cette perspective selon des approches variées. Nous pourrions également considérer la théologie des religions en tant que théologie contextuelle, si nous reconnaissons dans les cultures une manière dont les religions se manifestent concrètement. Le colloque dresserait ainsi l’état des lieux non pas d’une branche de la théologie chrétienne, mais de la théologie chrétienne dans le contexte d’aujourd’hui, marqué par le pluralisme religieux, la sécularisation et le contact parfois prégnant avec d’autres cultures façonnées par une tradition religieuse.
Announcement
Argumentaire
La déclaration Nostra aetate (concile Vatican II), mais aussi des prises de position du COE promurent le dialogue interreligieux et suscitèrent le développement de la théologie des religions, de telle sorte qu’on a pu parler des « trente glorieuses » de cette même théologie (1965-fin du XXe s). Cette période fut marquée par une certaine créativité et par une systématisation élaborée autour de modèles ou de paradigmes explicatifs (exclusivisme, inclusivisme, pluralisme) du rapport entre le christianisme et les autres religions.
Or, un essoufflement a été constaté à l’aube du XXIe s. Les générations qui se sont engagées dans le dialogue furent parfois déçues du manque de résultats concrets, les tensions entre communautés ont semblé faire oublier les liens patiemment tissés, le repli identitaire et l’affirmation de soi ont marginalisé l’ouverture universelle et le désir de dialoguer et de rencontrer les autres croyants. Bien plus dans l’Église catholique, le magistère commença à mettre en garde les théologiens contre un risque de relativisme. Dominus Iesus (2000) a pu être considéré comme une sorte de coup d’arrêt.
La première période s’est sans doute trop focalisée sur un questionnement spécifiquement « chrétien » sur les autres. Les théologiens ont voulu interroger les religions sur leur lien avec la révélation et donc la vérité ainsi que sur leur valeur salvifique, comme si le modèle de toute « religion » était le christianisme. Par ailleurs les paradigmes ont eu tendance à saturer l’espace de réflexion conduisant à réduire les débats dans un cadre trop artificiel.
Le colloque n’a pas pour objet de relire cette période ni d’en faire le bilan. Il cherchera plutôt à discerner depuis les années 2000 comment la théologie des religions se réinvente et se transforme. Plusieurs pistes sont observables. Elles partagent l’idée que la rencontre avec les autres traditions impacte la théologie chrétienne elle-même. On passerait donc d’une théologie qui évalue les autres traditions à une théologie chrétienne renouvelée par la rencontre avec les autres.
Le projet de la théologie comparative entre dans cette perspective selon des approches variées[1]. Nous pourrions également considérer la théologie des religions en tant que théologie contextuelle, si nous reconnaissons dans les cultures une manière dont les religions se manifestent concrètement[2]. Enfin, au lieu de cantonner la théologie à une « science de Dieu » (un discours systématique sur Dieu et sur toute chose dans son rapport à Dieu), ne conviendrait-il pas dans la rencontre avec les autres religions, la définir également comme une « science de la foi », c’est-à-dire une interprétation théologique de la manière dont les croyants et les communautés vivent leur relation à Dieu et habitent en conséquence le monde. Une telle approche théologique plus inductive, sans exclure la première, serait plus appropriée au dialogue.
Le colloque dresserait ainsi l’état des lieux non pas d’une branche de la théologie chrétienne, mais de la théologie chrétienne dans le contexte d’aujourd’hui, marqué par le pluralisme religieux, la sécularisation et le contact parfois prégnant avec d’autres cultures façonnées par une tradition religieuse.
Quelques axes de réflexion en lien avec le renouvellement de la théologie des religions :
- Réflexion sur l’expression « Théologie des religions » selon les différentes confessions chrétiennes. Est-elle un regard théologique sur les autres traditions ? Ou une théologie qui se renouvelle à l’occasion de la rencontre avec les autres traditions ?
- Quelle théologie des religions les orthodoxes ont-ils développée, en particulier au Proche-Orient ?
- Comment justifie-t-on la pertinence de la théologie des religions et sa « non- nocivité » pour la foi, voire pour la mission ? Les présupposés philosophiques de la fécondité du dialogue sont à interroger. Comment la Révélation fonde-t-elle la pertinence de la rencontre avec l’autre culture et l’autre croyant ?
- La théologie des religions et la politique. La convergence des croyants sur des questions anthropologiques, malgré le risque de « liaisons dangereuses », favoriserait-elle la rencontre ?
- La théologie des religions comme théologie contextuelle, voire interculturelle. Dans le sens d’un milieu vital et socioculturel lié à une aire géographique, le contexte impacte toute théologie. Or, si chaque culture a été façonnée par une tradition religieuse, alors la théologie, inconsciemment, est une théologie des religions.
- Dans l’histoire même du christianisme, on peut déceler dès le début un échange fécond avec les cultures (voir par ex. la sagesse grecque). On peut ainsi parler de la théologie des religions avant « la théologie des religions ». Nostra aetate n’avait fait aucune référence à des textes de la tradition de l’Église sur son rapport avec les religions. Pourtant ce silence ne signifie pas qu’il n’y ait pas eu un « dialogue » réel.
- L’attention à l’histoire, mais aussi au « corps » dans lesquels la foi s’exprime nous invite à faire de la théologie à partir de l’expérience concrète, locale et corporelle (méthode inductive). Certes l’expérience doit être également lue et interprétée à la lumière des textes, des lois et doctrines religieux. D’où le couple déduction-induction ou la méthode de corrélation. Dans le cadre d’expériences interreligieuses/interculturelles, comment l’expérience ainsi enrichie peut-elle refluer sur les doctrines théologiques ?
- La théologie comparative (ou comparée) constitue un courant significatif caractérisé par le désir de faire l’expérience de l’autre (textes, pratiques, etc.) pour revenir dans sa propre tradition avec un regard transformé. Cette démarche serait-elle une stimulation pour élaborer à frais nouveaux une théologie ?
Modalités de soumission
Le colloque se tiendra les 8 et 9 juin 2026 à l’Institut Catholique de Paris.
La durée des interventions sera de vingt minutes.
Les propositions de communication (un titre et 500 caractères maximum) doivent être envoyées à x.gue@icp.fr,
avant le 1er décembre 2025.
Formulaire de réponse à l’appel à renvoyer à x.gue@icp.fr
- Nom et Prénom :
- Email :
- Titre de la communication :
- Résumé (en 500 caractères maximum) :
Comité scientifique
- Nicolas Cochand - Maître de conférences en théologie pratique à l’Institut protestant de théologie. Directeur de l’Institut supérieur d’études œcuménique à l’Institut catholique de Paris
- Xavier Gué - Maître de conférences en théologie à l’Institut catholique de Paris. Directeur de l’Institut de science et de théologie des religions, UR « Religion, Culture et Société » (EA 7403) | Institut Catholique de Paris
- Marie-Caroline de Marliave - Maître de conférences en théologie à l’Institut catholique de Paris. Directrice du second cycle à la Faculté de théologie, UR « Religion, Culture et Société » (EA 7403) | Institut Catholique de Paris
- Anne-Sophie Vivier-Muresan - Maître de conférences en théologie à l’Institut catholique de Paris. Doyenne de la Faculté de théologie, UR « Religion, Culture et Société » (EA 7403) | Institut Catholique de Paris
Notes
[1] Voir en français quelques textes nous introduisant à ce courant : Jacques Scheuer, « Vingt ans de ‘‘Théologie comparative’’. Visée, méthode et enjeux d’une jeune discipline », Nouvelle revue théologique 133, 2011, p. 207-227 ; C. CHALAMET, E. JAILLET et G. PALASCIANO (éd.), La théologie comparée. Vers un dialogue interreligieux et interculturel renouvelé ? Genève, Labor et fides, 2021.
[2] Initialement élaborée dans le contexte missionnaire et dans le monde protestant, la « théologie contextuelle » ne concerne-t-elle pas toute théologie consciemment ou inconsciemment déterminée par un contexte culturel ? Voir S. BEVANS, Essays in Contextual Theology, BRILL, 2018.
Subjects
- Religion (Main category)
Event attendance modalities
Hybrid event (on site and online)
Date(s)
- Monday, December 01, 2025
Keywords
- théologie, religions, dialogue, cultures
Contact(s)
- GUE
courriel :
Information source
- Xavier GUE
courriel : x [dot] gue [at] icp [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Depuis les années 2000, la théologie des religions se réinvente et se transforme. Approches oecuméniques », Call for papers, Calenda, Published on Thursday, October 23, 2025, https://doi.org/10.58079/15108

