Published on Friday, October 24, 2025
Abstract
Ce colloque organisé par le laboratoire C3S a pour objectif de rassembler des chercheuses et des chercheurs issus de plusieurs disciplines scientifiques autour des thématiques de l’entraînement et du coaching. Ces deux entrées nous semblent pertinentes à plusieurs égards. D’abord, elles nous permettent d’engager un dialogue inter/pluri-disciplinaire, impulsant la rencontre entre sciences de la vie et de la santé et les sciences humaines et sociales, au croisement desquelles s’insèrent les approches STAPS. De plus, l’entraînement et le coaching sont un support aux réflexions qui animent une partie des membres du C3S, autour de la question des normes, de la performance, de l’éducation des corps, des controverses ou encore des alternatives à un ordre sportif.
Announcement
Argumentaire
Ce colloque organisé par le laboratoire C3S a pour objectif de rassembler des chercheuses et des chercheurs issus de plusieurs disciplines scientifiques autour des thématiques de l’entraînement et du coaching. Ces deux entrées nous semblent pertinentes à plusieurs égards. D’abord, elles nous permettent d’engager un dialogue inter/pluri-disciplinaire, impulsant la rencontre entre sciences de la vie et de la santé et les sciences humaines et sociales, au croisement desquelles s’insèrent les approches STAPS. De plus, l’entraînement et le coaching sont un support aux réflexions qui animent une partie des membres du C3S, autour de la question des normes, de la performance, de l’éducation des corps, des controverses ou encore des alternatives à un ordre sportif. Ainsi, et dans la continuité du colloque No pain no pain organisé en 2022 par le C3S portant sur la question de l’entraînement et des fatigues, nous souhaitons désormais interroger le pouvoir d’extension des imaginaires de l’entraînement et du coaching, au-delà du domaine sportif traditionnel, et questionner la propension au changement de ces deux produits de notre société de la performance.
Qu’il s’agisse de performer, de s’améliorer, pour gagner contre les autres ou contre soi-même, l’entraînement ne se limite bien sûr pas aux mondes sportifs (Claverie, Loudcher et Vaucelle, 2024 ; Cogérino, 2015 ; Grün, 2011) mais traduit la prolifération des idéaux de performance dans l’ensemble de nos activités sociales. Le coaching s’inscrit, à plusieurs égards, dans cette continuité. Apparu dans le langage sportif au tournant des années 1930 (Winkin, 2007), il s’étend ensuite au domaine du management professionnel, scolaire ou encore politique (Loudcher, 2017) et suggère l’idée d’amélioration de soi, de progression à des niveaux corporels, ou encore mentaux. Comme l’entraînement, le coaching vise à l’amélioration des capacités physiques d’athlètes dans une discipline donnée. L’un et l’autre semblent dès lors s’inscrire dans une logique d’« optimisation de soi » (Fraysse et Parsis-Barubé, 2022), de « potentiel à exprimer » (Dalgararrondo et Fournier, 2019) dépassant largement le seul domaine de la performance sportive. Si à l’inverse de l’entraînement le coaching intègre l’idée de tutorat, de l’individualisation et de la personnalisation, (Claverie, Loudcher et Vaucelle, 2024), l’un et l’autre apparaissent comme des miroirs de nos sociétés promotrices de l’accélération (Rosa, 2010) et de la vitesse (Virilio, 2022), où le corps devient support à une inassouvissable perfectibilité (Queval, 2011). Le récent phénomène des « Sephora Kids », ces jeunes filles adeptes de maquillage et de crèmes anti-âge, illustre la propension de cette quête de perfectibilité à s’insérer dans les moindres recoins de la vie des individus et ce, à tous les âges.
Tandis que les imaginaires de l’entraînement semblent se diriger du côté des gymnases, des salles de sport et, plus largement, reposer sur une tradition de travail marquée par le labeur et la répétition, le coaching semble quant à lui s’orienter plus spécifiquement vers le plaisir et une quête d’épanouissement (Salman, 2019). Si ce colloque permettra d’interroger les différents imaginaires qui structurent ces deux sphères d’activités distinctes, nous entendons questionner leur capacité à entretenir un ensemble de normes et d’idéaux ancrés dans notre société du spectacle et de l’apparence. Plus encore, dans un contexte où l’accélération s’accompagne d’un ensemble de crises majeures (politiques, écologiques et sociales), quels sont les enjeux auxquels se confrontent les pratiques d’entraînement ou de coaching ? Sont-ils amenés à se renouveler et de quelle(s) manière(s) ? Quelles sont les critiques et alternatives qui émergent face à ces instruments du néolibéralisme ? Comment les sciences de la performance s’adaptent-elles ? Trois axes inscrits dans une logique pluridisciplinaire pourront être explorés afin de répondre à ces questions.
Axe 1. Survivance et diffusion du paradigme classique de la performance
À l’ère du numérique, les méthodes de préparation physique sont de plus en plus assistées par un ensemble de nouvelles technologies. Montres connectées, cardiofréquencemètres, ordinateurs, smartphones et intelligence artificielle offrent l’occasion de suivre au plus près sa performance, son sommeil et ses temps de récupération, de récolter des données physiologiques instantanément, de générer des programmes d’entraînement individualisés. La littérature relève par exemple une utilisation massive de ces supports par les pratiquants de pleine nature (Lesné, Langenbach et al. 2024). Plus généralement, le mouvement social Quantified Self, émergeant dans les années 2000 en Californie, revendique la captation quotidienne de ses informations physiologiques, valorise la discipline et le contrôle et laisse suggérer un renouvellement des manières de mesurer son corps (Dagiral, Licoppe, Martin et Pharabod, 2019).
Dans le sport de haut niveau, la performance est aujourd’hui soutenue par le Data Tracking, l’analyse des données récoltées à partir de dispositifs portés par les joueurs. Qu’il s’agisse de GPS, d’accéléromètre ou encore de gyroscope, ces outils laissent entrevoir un potentiel inédit de rationalisation des corps. Ces outils sont aussi des technologies de surveillance reposant sur des dispositifs organisés autour de rôles asymétriques, impliquant enjeux de pouvoir et de propriété des données (Dalgalarrondo, 2018). Dès lors, dans quelle mesure l’utilisation du numérique favorise-t-elle la reproduction des modèles traditionnels de l’entraînement ? Par les informations qu’il permet d’obtenir, le numérique semble contribuer au renforcement de l’auto-contrainte dans un contexte de libération des corps s’opérant conjointement à un souci de soi toujours plus important (Le Breton, 1990). Plus encore, des applications comme Strava sur lesquelles s’affichent les entraînements quotidiens comptent désormais plus de 100 millions d’utilisateurs. Elles semblent organiser une compétition quotidienne, la mise en avant des efforts routiniers constituant de nouveaux rites d’interactions entre utilisateurs (Goffman, 1974). Alors que l’entraînement sportif repose sur l’ambition de toujours « faire mieux, en allant au bout de soi […] améliorer sans limite ses performances individuelles » (Queval, 2001 : 49-50), comment ces outils organisent-ils une rationalisation des corps inédite dans le champ des loisirs ? Doit-on y voir un relais des modèles d’entraînement traditionnel ou, au contraire, un support au renouvellement de ces méthodes par leur personnalisation ?
Les chercheurs travaillant sur les sciences de la vie et de la santé pourront apporter des éléments heuristiques permettant d’étudier la place des nouvelles technologies (réalité virtuelle, environnement stimulant, tracking GPS, pratique physique connectée) dans les pratiques d’entraînement, du coaching et de réhabilitation. La compréhension des effets de l’intelligence artificielle durant les pratiques d’entraînement ou à des fins de rationalisation des pratiques quotidienne seront particulièrement appréciées.
Ce colloque entend également renouveler les discussions autour de la diffusion des imaginaires de l’entraînement et du coaching, au-delà du secteur sportif. Dans les mondes professionnels libéraux, le développement d’une économie des corps est présenté comme une nécessité pour réussir sa carrière (Vallet, 2022 ; Dalla Pria, 2019). Les travaux de François Le Yondre (2012) ont également bien montré le rôle du sport chez des chômeurs de longue durée, enjoins de prouver leur capacité à se responsabiliser eux-mêmes.
Dans le monde culturel, les musiciens accédant à la professionnalisation sont accompagnés par des coachs scéniques les préparant physiquement à la scène (Thiébaud, 2024). Dans le registre politique, les candidats aux élections s’exercent en pratiquant un entraînement physique et les joggings matinaux ont depuis investi les campagnes de communication (Hourmant, 2025 ; Achin et Dorlin, 2008). Mondes professionnels et culturels peuvent-ils être envisagés comme des espaces de socialisation aux modèles d’entraînements sportifs traditionnels ? Dans quelle mesure en deviennent-ils les relais ? Comment s’opère la circulation des méthodes d’entraînement entre différents contextes ? Pour quels types de performance l’entraînement et le coaching sont-ils aujourd’hui mobilisés ? Ces interrogations invitent, en outre, à oser un pas de côté et à se tourner du côté des cultures populaires. La popularisation et la médiatisation largement positive de célébrités telles que Taylor Swift sont également soumises à questionnement. Tandis que les fans et les médias de la superstar vantent son style de vie ascétique lui permettant de tenir un rythme effréné (hygiène corporelle, sommeil et diététique), le phénomène Taylor Swift renouvelle-t-il ou renforcent-il les définitions de la rationalité néo-libérale ? Quelles critiques peut-on accoler à cette représentante d’un « libéralisme pailleté », aussi appelé « rainbow capitalism » (Smialek, 2021) ?
Axe 2. La performance face à ses propres limites : quelles reconfigurations de l’entraînement ? Quelle place pour le coaching ?
Ce colloque offre également l’opportunité d’aborder les critiques dont le sport fait l’objet. Récemment, les témoignages de Simone Biles ou encore de Coco Gauff ont pointé les limites physiologiques et mentales du sport de haut-niveau. Ces discours médiatiques invitent à questionner le potentiel d’adaptabilité des méthodes d’entraînement et de coaching face aux enjeux contemporains. Quelle place peut être accordée au bien-être pour ces athlètes et à la question des « affects » (Déodati, Laffage-Cosnier, Sizorn, 2024) ? En quoi le paradigme classique de l’entraînement se voit-il remis en question par ces discours largement médiatisés ? Par contraste, des évolutions s’observent du côté de la place accordée à la maternité dans les carrières sportives. C’est notamment le cas de la championne de handball Cléopatre Darleux1, largement médiatisée pour avoir abordé publiquement sa grossesse. Si cette posture invite à questionner la frontière entre essentialisation féminine (Damian-Gaillard, Montanola, Saitta, 2021), et postulat revendicateur, nous souhaitons également interroger ses répercussions en termes de reconfiguration des temps d’entraînement avec ceux du quotidien. Comment ceux-ci évoluent-ils au regard de ces trajectoires biographiques des athlètes féminines ? Une revue de littérature récente portant sur l’influence du cycle menstruel sur la performance physique (Carmichael et al., 2021) rapporte que les athlètes féminines perçoivent de manière systématique une altération de leurs performances sportives au début de la phase folliculaire et à la fin de phase lutéale. Le syndrome prémenstruel inclut des symptômes physiques (douleurs et crampes), des troubles de l’humeur et une moindre motivation à s’entraîner plus ou moins prononcés (Brown et al., 2021). En outre, les entretiens réalisés avec les athlètes féminines soulignent la difficulté d’échanger sur ce sujet avec les entraîneurs sportifs et entre athlètes (Ibid.). L’étude récente de l’impact du cycle ovarien sur la performance sportive (Meras Serrano, Gueugneau, Ravier, 2025), permet-elle d’envisager une modification de la conception de l’entraînement féminin, une adaptation des formes d’entraînement au regard d’aspects auparavant éludés. Les chercheurs spécialisés dans les sciences du vivant nous permettront d’en apprendre davantage sur l’évolution de l’entraînement et leur possible individualisation. Sommes-nous face à un espace de pratique plus permissif en ce qui concerne l’imbrication de différents temps sociaux, privés et professionnels ?
Dans un autre registre, la question écologique est également au cœur des critiques visant le milieu sportif professionnel (Gottsmann et Hugedet, 2024). Récemment, le quotidien l’Équipe a justement consacré à ce sujet un dossier thématique2 : « Sport de haut niveau et écologie, l’impossible cohabitation ? ». En brisant ce tabou de la pollution générée par les filières de haut-niveau, les athlètes et les médias s’interrogent autour des limites de la conception actuelle du sport et des manières de produire des performances. Si, pour nombre de sportifs sensibilisés, sport de haut niveau et convictions écologiques ne sont pas conciliables3, comment le champ des STAPS s’empare-t-il de ce questionnement ? Les pratiques du slow (Lebreton, Gibout, Andrieu, 2020) et l’appel à la lenteur (Guyon, 2020 ; Rosa, 2010) sont-elles des réponses à ces injonctions d’optimisation de soi ? Comment s’intègrent-elles aux pratiques traditionnelles de l’entraînement ? Il serait intéressant d’écouter des chercheurs travaillant, par exemple, sur le coaching sylvatique, afin de comprendre quelles alternatives ces méthodes ont à apporter aux conceptions usuelles du progrès et de l’optimisation de soi. Du côté des sciences de la vie, l’un des enjeux pourrait être de comprendre la manière dont les chercheurs intègrent à leur protocole ces questionnements articulant bien-être, individualités et enjeux écologiques.
Au regard de ces différents questionnements, les pratiques « alternatives » (Messey, Tuaillon Demésy, 2022 ; Voisin, 2024) constituent une véritable ressource pour penser les évolutions des idéaux de la performance et les manières de l’atteindre. Qu’il s’agisse du skateboard, devenu sport olympique en 2020, ou encore du roller derby, qui a vu l’équipe de France atteindre la 2e place de la Coupe du monde 2025, comment ces sports, construits initialement contre le modèle compétitif traditionnel, conçoivent-ils l’entraînement sportif ? Quelle place y est faite au coaching, dont les discours valorisent une quête de « bien-être » et d’épanouissement (Quemener, 2015) ? Pourrait-on envisager l’existence d’un « contre-entraînement », organisé autour d’une approche critique des usages traditionnels ? Le coaching peut-il être mobilisé comme un outil d’épanouissement, visant à contrebalancer les effets aliénants de la compétition ? Plus encore, l’alternative à l’entraînement traditionnel implique-t-elle obligatoirement la convocation du coaching ou d’autres voies sont-elles envisageables ? Qu’il s’agisse du roller derby ou de clubs de football auto-gérés (Hernandez-Joset, Nicaise et Chetcuti-Osotovitz, 2024), il peut être intéressant d’interroger la manière dont les idéaux féministes et LGBTQI+, ou encore anarchistes, parviennent à transformer les relations entraîneures/entraînées (Abrams et Bartlett, 2019). Contre une figure autoritaire de l’entraîneur 4, des rapports horizontaux sont-ils envisageables et à quelles conditions peuvent-ils s’instituer ? Comment s’inscrivent ses idéaux dans l’entraînement ou le coaching ? En guise de prolongement, comment s’envisage aujourd’hui l’encadrement sportif des enfants ? Quel type d’éducation sportive y est transmis ?
Axe 3. Entre arts et médias : quelles représentations médiatiques de l’entraînement de demain ?
Les réseaux sociaux sont devenus une source d’informations sur les méthodes d’entraînement. Dans le domaine du fitness par exemple, et plus particulièrement de la musculation, de nombreux influenceurs (Tibo InShape, Nassim Sahili, Juju Fitcats ou Jamcore), désormais considérés comme des références sur TikTok, Instagram ou YouTube, proposent des programmes, partagent leur parcours et leurs expériences, démontrent des exercices et incitent leurs abonnés à reproduire leurs séances. En complément, ils prodiguent des conseils en nutrition, avec des astuces alimentaires pour optimiser la prise de muscle ou la perte de graisse. Le physique de l’influenceur (conforme aux idéaux esthétiques dominants) est explicitement associé à sa méthode, ce qui le légitime comme « preuve vivante » de l’efficacité de ses prescriptions. Peut-on alors parler d’une nouvelle forme de socialisation sportive, où l’apprentissage des méthodes d’entraînement passe par l’imitation de modèles d’excellence médiatisés (Haissat, 2019) ? Par ailleurs, ces derniers promeuvent une représentation de l’entraînement inscrite dans un culte de la performance (Ehrenberg, 1995), articulé entre dépassement de ses limites et progression constante. Pour ce faire, leurs programmes sont structurés et planifiés, souvent inspirés des routines de sportifs professionnels, mais adaptés à différents contextes (à domicile, en salle, avec ou sans matériel). Mis en scène comme des contenus visuels conçus pour être consommés, likés et partagés, ils visent à s’adresser à un large public. Les réseaux sociaux participent-ils ainsi à la diffusion d’un modèle d’entraînement hérité du haut niveau, ou bien à l’émergence de nouvelles méthodes spécifiquement pensées pour les publics amateurs ?
Dans ce cadre, des questionnements autour du bodypositivisme peuvent s’avérer féconds. Ces pratiques, souvent accompagnées de témoignages et de vidéos pédagogiques déconstruisant les injonctions esthétiques, mettent l’accent sur le plaisir de bouger, la santé globale et le bien-être. Les séances proposées se veulent ludiques (danse, mobilité, renforcement doux) et s’accompagnent de challenges orientés vers la confiance en soi plutôt que vers la seule performance. La question se pose ainsi de savoir dans quelles mesures ces discours s’opposent à l’idéologie sportive dominante ? Quelles sont les limites de cette idéologie promouvant l’acceptation de soi ? Comment participe-t-elle à reconfigurer les formes de l’entraînement et du coaching ? Les réseaux sociaux apparaissent également comme de véritables « arènes médiatiques » (Macé, 2006), c’est-à-dire des espaces où se confrontent différentes représentations de l’entraînement (Quidu, Delalandre et Favier-Ambrosini, 2024). Au-delà de l’exemple du fitness, les espaces médiatiques constituent-ils les nouvelles « arènes » incontournables où se jouent, désormais, la compétition pour la visibilité et la légitimité des méthodes d’entraînement et de coaching ? Quelles représentations y sont véhiculées et comment participent-elles à construire les normes et les pratiques ? Sur quels aspects (techniques, esthétiques, idéologiques, etc.) se jouent ces luttes à venir, et quels sont les acteurs qui y prennent ou y prendront part ?
Selon une autre perspective, aborder l’entraînement dans l’avenir invite à porter la focale sur la culture visuelle. Des études s’intéressant au sport et ses figurations dans l’art pictural (Descamps et Vigarello, 2024), dans les catalogues de jouet (Vivier et Laffage-Cosnier, 2020 ; Haissat, 2024) ou dans les dessins animés destinés à la jeunesse (Profillet, Voisin, Descamps, Vivier, 2024) dévoilent différentes représentations de l’entraînement. Dans le registre de la science-fiction, certaines œuvres nourrissent un imaginaire futuriste en anticipant fictivement ce que pourrait devenir l’entraînement de demain. Patrick Cauvin et Enki Bilal se sont illustrés dans cette voie en proposant une bande dessinée intitulée « Hors-jeu » abordant le football en 2075. Les auteurs y dépeignent une sportivité marquée par l’hyperspécialisation des joueurs, une rationalisation technologique de la pratique poussée à l’extrême, une volonté de reculer les limites du corps par son hybridation avec la machine (Desfontaine, Maltagliati et Renaud, 2021). Qu’il s’agisse d’œuvres contemporaines ou plus anciennes, l’enjeu ici est de questionner les représentations de l’entraînement du futur tel qu’il est envisagé à une période donnée, passée ou actuelle. Dans quelles mesures ces représentations de l’entrainement du futur sont-elles en rupture ou en continuité avec les conceptions contemporaines à une époque ? Plus largement, les évolutions de l’entraînement, autant de ses finalités que de ses méthodes, permettent d’interroger les imaginaires du corps et du sport diffusés dans nos sociétés occidentales.
Modalités de soumission
Format attendu des soumissions :
- Résumé de 250 à 300 mots
- Indiquer : titre, prénom/nom, affiliation, axe choisi (optionnel), 5 mots-clés
- Langue : français
- Fichier au format .docx ou .pdf
Envoi des propositions à l’adresse suivante : colloque-c3s-staps@univ-fcomte.fr,
avant le 15 décembre 2025.
Les propositions seront évaluées par le comité scientifique selon les critères suivants : clarté et pertinence de la problématique - rigueur méthodologique ou qualité de la réflexion - cohérence avec la thématique du colloque.
Formats de présentation :
Communication orale : 20-25 minutes (nous ajusterons en fonction du nombre final de participants)
Coordination
Gilles Ravier
- Sébastien Haissat
- Sacha Thiébaud
- Orlane Messey
- Alain Groslambert
Comité de pilotage
- Alain Groslambert
- Sébastien Haissat
- Orlane Messey
- Gilles Ravier
- Annick Rousseaux
- Sacha Thiébaud
Comité scientifique
- Pauline Déodati
- Yann Descamps
- Sylvain Dhôte
- Nicolas Gueugneau
- Frédérick Guyon
- Sidney Grosprêtre
- Lucas Profillet
- Sandra Seyssel
- Audrey Tuaillon Demésy
- Christian Vivier
- Nicolas Voisin
Bibliographie
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Notes
1 Robert Marie (2022) : « Cléopâtre Darleux ou la maternité triomphante d’une sportive », Àblock !, https://ablock.fr/marie-robert- cleopatre-darleux-ou-la-maternite-triomphante-dune-sportive/.
2 Journal l’Équipe : https://www.lequipe.fr/Triathlon/Actualites/Jeanne-lehair-ce-n-est-pas-parce-que-tu-es-athlete-que-tu-ne-dois- pas-parler/1592135.
3 Journal l’Équipe : https://www.lequipe.fr/Tous-sports/Actualites/-si-tu-as-de-reelles-convictions-tu-arretes-le-sport-de-haut- niveau-les-deux-ne-sont-pas-conciliables-pourquoi-est-ce-si-difficile-pour-les-athletes-de-parler-du-changement-climatique/ 1592639.
4 Les récentes critiques proférées par Kaylia Nemour à l’encontre de ses entraîneurs illustrent ce propos.
Subjects
- Sociology (Main category)
- Mind and language > Information > Information sciences
- Society > Ethnology, anthropology
- Society > History
Places
- UFR STAPS - 31 rue de l'Épitaphe
Besançon, France (25)
Date(s)
- Monday, December 15, 2025
Attached files
Keywords
- coaching, entraînement, imaginaires, performance
Contact(s)
- Comité de pilotage
courriel : colloque-c3s-staps [at] univ-fcomte [dot] fr
Information source
- Sacha Thiébaud
courriel : sacha [dot] thiebaud [at] univ-fcomte [dot] fr
License
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To cite this announcement
« L’entraînement et le coaching de demain. Réflexions pluridisciplinaires autour des préoccupations sportives. », Conference, symposium, Calenda, Published on Friday, October 24, 2025, https://doi.org/10.58079/151a2

