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L'écologie des ruralités

Entre anciens et néos, la susbsistance, l'auto-limitation et le sens des limites

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Published on Wednesday, October 29, 2025

Abstract

La journée d'étude viendra explorer la notion d’alter-ruralité sous l’angle des formes de vie autonomes et coopératives dans les petites villes de proximité, bourgs, villages et (éco)lieux. Animée par la volonté d’habiter autrement la terre, de coopérer par le faire et d’autogérer de manière solidaire, comment cette alter-ruralité rencontre-t-elle les différents mondes sociaux ? Quels sont les dialogues engagés entre ces différentes cultures sociales de l’écologie ?

Announcement

Présentation

Au regard des enjeux écologiques actuels et de la dégradation des milieux de vie, la question de la trajectoire géographique et biographique depuis ou vers les ruralités est devenue centrale, qu’elle soit conscientisée ou non par les populations locales ou néorurales.

En effet les expériences de vie, les origines socio-culturelles et les pratiques quotidiennes relatives à l’habiter influencent largement les formes de vie. Au-delà d’une considération philosophique et spirituelle que l’on peut observer chez les « migrant·e·s » de l’utopie, leurs descendants et continuateurs (Hervieu-Leger & Hervieu, 1978, 2023), il s’agit surtout de considérer l’ensemble des trajectoires de vie que l’on peut observer dans les ruralités dites alternatives. L’alternative en question pouvant être comprise comme une critique de la modernité dont la réalisation géographique s’appuie sur les formes métropolitaines d’existences et d’aménagements dominants que constituent les métropoles (Faburel, 2018 & 2023).

Cette critique, fondamentalement ancrée dans les quotidiens des ruralités, amène à des choix matériels dans la manière de vivre et travailler (Pruvost, 2021 & 2024 ; Berlan, 2021). Cette association entre des choix de vie et une manière d’habiter et de travailler au sein d’un territoire pose la question des héritages et des expériences vécues par les alternatifs ruraux. Le fait de ne pas partir à la ville ou de la quitter, de vouloir vivre et travailler depuis les ruralités pousse à adopter des manières d’habiter plus frugales qu’abondantes, moins consommatrices et plus modérées, et renvoie ainsi à des imaginaires politiques et des expériences de vie tant héritées que construites. C’est celles-ci qui nous intéresseront dans un premier temps pour comprendre les dynamiques de peuplement qui, à bas-bruit, se détournent des espaces de fortes densités au profit d’espaces ruraux.

Ces trajectoires de départ et d’arrivée dans les espaces ruraux posent dans un second temps la question des limites de nos modes de vie métropolitains. L’autolimitation est en effet essentielle pour définir un habiter autonome par les écologies rurales et populaires (Castoriadis, 2005). La journée précédente du séminaire sur la colonialité métropolitaine a montré l’indécence, le narcissisme et l’inhabilitabilité des métropoles, empêtrées dans une écologie urbaine technosolutionniste (Faburel, 2018 ; Claret, 2024). Cette journée sur les écologies des ruralités cherchera à montrer comment les manières d’habiter alternatives dans les espaces ruraux se centrent autour d’une autolimitation, à la fois dans « les règles de conduite intrasociales » par l’autogestion des collectifs, la prise de distance avec les institutions mais aussi dans les comportements, les rapports et les imaginaires liés au vivant. Nous nous intéresserons à la rencontre entre des populations citadines qui, encore empreintes d’une écologie urbaine, ont quitté les métropoles, par choix politique et écologique, pour s’implanter dans les ruralités, et des populations locales, autochtones, qui ne revendiquent pas toujours des modes d’habiter écologiques mais qui pourtant incarnent parfaitement le sens de la limite, du raisonnable.

En effet, si l’écologie de la subsistance des populations rurales est attestée (Hugues, 2021  ; Pruvost, 2022), ces pratiques ne sont que très peu souvent identifiées comme telles par une partie du système médiatique et politique, ancrée dans une écologie plus urbaine. Cette écologie des ruralités se caractérise par d’autres attaches et ancrages, d’autres rapports à la limite, d’autres rapports au vivant.

Loin d’une valorisation des origines glorieuses de la France ou d’un romantisme bucolique, il convient d’explorer les points de rencontre, de tensions voire de confrontation entre ces différentes populations dont découlent différentes écologies.  Ainsi, en quoi par l’autoproduction et surtout l’autolimitation, l’alternative promue par les néo-ruraux rencontre-t-elle les cultures autochtones de l’écologie ? Quels sont les freins à l’intégration et quelles conduites en particulier doivent être questionnées pour entrer en coopération ?

Le premier temps du séminaire viendra explorer la notion d’alter-ruralité sous l’angle des formes de vie autonomes et coopératives dans les petites villes de proximité, bourgs, villages et (éco) lieux. Animée par la volonté d’habiter autrement la terre, de coopérer par le faire et d’autogérer de manière solidaire (Faburel, 2018 et 2023), comment cette alter-ruralité rencontre-t-elle les différents mondes sociaux ? Quels sont les dialogues engagés entre ces différentes cultures sociales de l’écologie ?

Le second temps de la journée, qui prendra la forme d’un atelier, cherchera à mettre collectivement en récit les écologies des ruralités par une initiation à la pratique du dessin et de la bandedessinée. Ce temps de création s’inscrit de cette manière dans la lignée de la journée précédente « Colonialité métropolitaine : imaginaires de l’aménagement et modes de vie urbains » où l’aprèsmidi visait à interroger les différentes productions culturelles ou journalistiques portant ainsi un autre regard sur les ruralités par une rencontre avec le vécu des populations. De la même manière, cet atelier d’initiation et de travail collectif autour de la mise en récit par le dessin de nouvelles ruralités vise à s’emparer du langage, outil de domination par excellence, et ainsi tenter d’incarner les nouveaux imaginaires écologiques et politiques des ruralités, ceux d’une rencontre autour de l’autonomie et de l’autolimitation. S’appuyant sur les parcours et témoignages de l’animateur, l’enjeu de cette mise en pratique par le dessin est de pouvoir mettre en sensibilité les trajectoires autobiographiques afin de questionner en profondeur les subjectivités et imaginaires de chacun·e.

Programme

Jeudi 27 novembre 2025

9h : accueil

Temps 1 : l’écologie des ruralités, définir un habiter autonome

(modération : Guillaume Faburel )

9h30 - 10h15 : l’alter-ruralité : une écologie des subalternités par l’autolimtation, présentation croisée de deux travaux de recherche :

  • Ewa Chuecos, doctorante en géographie & aménagement, agregée de géographie, université Lyon 2, UMR Triangle : l’écologie des écolieux en ruralité : entre coopération et confrontation
  • Victor Babin, doctorant en géographie & aménagement, université Lyon 2, UMR Triangle, UMR Cresson : imaginaires politiques des ruralités dites alternatives

10h20 - 11h00 : table-ronde : autonomie collective et autolimitation comme nouvelles formes de vie et d’engagement depuis les ruralités

  • Aurélien Berlan, docteur et agrégé de philosophie, université Toulouse 2, Jean Jaurès, Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST), équipe Dynamiques Rurales : la quête de l’autonomie contre le fantasme de la délivrance
  • Nicole Mathieu, directrice de Recherche émérite au CNRS, habiter les ruralités au prisme des mutations socio-écologiques

11h00 - 11h15 : PAUSE

11h20 - 12h20 : échange et discussion avec le public

Temps 2 : une autre écriture des imaginaires ruraux : la mise en pratique collective par le dessin (modération : Fanny Ehl & Fabian Lévêque)

14h00 – 14h40 : présentation de l’auteur, lecture et mise en pratique par la trajectoire autobiographique

  • Sylvain Rondet, auteur, dessinateur et scénariste, en préparation d’une bande dessinée autour de l’idée du Post-Urbain

14h50 – 16h00 : Atelier d’écriture et de création encadré par Sylvain-AiMé Rondet (inscription obligatoire)

16h00 – 16h15 : PAUSE

16h15 – 17h : synthèse collective et retour sur le temps d’atelier par Sylvain-AiMé Rondet, discussion avec le public

Information pratique

Inscription sur https://forms.gle/gVGRbxygqV48jWob7

Places

  • D8 003 - Ens de Lyon : 15 parvis René Descartes, 69342 Lyon
    Lyon, France (69)

Event attendance modalities

Full on-site event


Date(s)

  • Thursday, November 27, 2025

Keywords

  • post-urbain, ruralité, métropole, néo-ruraux, autonomie, autolimitation, limites, écologies

Contact(s)

  • Ewa Chuecos
    courriel : ewa [dot] chuecos [at] gmail [dot] com

Reference Urls

Information source

  • Ewa Chuecos
    courriel : ewa [dot] chuecos [at] gmail [dot] com

License

CC0-1.0 This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.

To cite this announcement

« L'écologie des ruralités », Study days, Calenda, Published on Wednesday, October 29, 2025, https://doi.org/10.58079/1527q

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