Les préoccupations actuelles concernant les biens culturels africains spoliés pendant la période coloniale ont contribué à replacer les objets d’Afrique au centre des enjeux historiques du XX^e siècle. Mais qu’en est-il de la période de la Seconde Guerre mondiale ? À la croisée des recherches actuelles sur les biens issus de contextes coloniaux et celles sur les biens spoliés entre 1933 et 1945, le destin des œuvres africaines à cette époque demeure un impensé de la recherche. Cette journée d’étude mettra en lumière pour la première fois les conséquences multiples de la guerre sur les arts d’Afrique, leur commercialisation, leurs déplacements, et leur effacement – en Afrique même et en Europe.

Présentation

En lien avec le programme Répertoire des acteurs du marché de l’art en France sous l’Occupation (RAMA) et dans le cadre des projets de l’Institut national d’histoire de l’art liés aux recherches sur le marché de l’art et les provenances, l’INHA organise une journée d’étude intitulée Les arts d’Afrique pendant la Seconde Guerre mondiale : Spoliations, destructions, déplacements, le 13 novembre 2025 à Paris.

Cette journée d’étude vise à une première mise en lumière du sujet, en considérant les conséquences multiples de la guerre sur les arts africains, leur déplacement, leur effacement, leur repositionnement – et ce tant en Afrique même, qu’en Europe. Cette rencontre sera l’occasion d’établir l’actualité de la recherche, d’identifier et de réunir les chercheurs travaillant actuellement ou ayant travaillé sur ces thèmes. Il s’agira de définir de grands axes de recherches dans une démarche collective et ouverte en proposant un cadre qui prenne en considération une pluralité de perspectives et de spécialités : historiens et historiennes de l’art, historiens et historiennes, anthropologues, archéologues, chercheurs et chercheuses en provenance, conservateurs et conservatrices de musées, juristes. Les enjeux sont nombreux tant d’un point de vue de l’histoire des collections, de l’identification des acteurs, des translocations d’œuvres, et du statut spécifique des objets africains dans le cadre des théories racistes du fascisme.

Cette journée est organisée en partenariat avec Christie’s Restitution, l’association Astres et avec le soutien de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme. Elle a bénéficié d’une aide de
l’État gérée par l’Agence Nationale de la Recherche au titre de France 2030, dans le cadre du projet SPHINX (ANR 24 RSHS 0006), porté par Sorbonne Université.

Programme

9h. Ouverture de la journée : Anne-Solène ROLLAND (INHA)

Introduction : Yaëlle BIRO (INHA)

9h30. Spoliations, trafics et pillages : l'impact de la Seconde Guerre mondiale sur les territoires coloniaux tunisiens et nigérian. 

Modération : Alexandre GIRARD-MUSCAGORRY (INHA) et Delphine DELAMARE (INHA/Nantes Université)

Pr Sofiane BOUHDIBA (université de Tunis), Spoliation, destruction, et déplacements des objets d’art en Tunisie pendant la Seconde Guerre mondiale / Spoliation, Destruction and Displacement of Art Objects in Tunisia during the Second World War

Israël Abayomi SAIBU (université Anchor, Lagos) et Oluranti Edward OJO (université d’Abuja), Le voyage sans retour: l’impact de la Seconde Guerre mondiale sur les biens culturels et les artefacts sacrés du Nigeria / The Journey of No Return: The Impact of World War II on Nigeria’s Cultural Property and Sacred Artifacts - Intervention en anglais

10h45. Pause-café

11h. Trajectoires d'acteurs et de collections sur le marché des arts africains pendant la Seconde Guerre mondiale : entre ruptures et continuités. 

Modération : Esther Tisa FRANCINI (musée Rietberg, Zürich) et Mathilde SIGALAS (INHA)

• Felicity BODENSTEIN (Sorbonne Université - Digital Benin), Imogen COULSON (Digital Benin), Ermeline DE LA CROIX (Digital Benin), Ruptures et circulations : le cas des Emwin Arhe de Benin dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale / Ruptures and Circulations: The Case Study of the Benin Emwin Arhe in the Context of World War II - Intervention en anglais
• Hélène IVANOFF (Centre Georg Simmel, CNRS / EHESS), Ventes et spoliations de collections africaines à Paris sous l’Occupation / Sales and spoliation of African collections in Paris during the Occupation

12h15. Déjeuner

14h. Histoires personnelles, histoires collectives.

Modération : Yaëlle BIRO et Joël ZOUNA (INHA, ENS-PSL/Technische Universität, Berlin)

• Caroline ANGLE MAGUIRE (National Museum of African Art, Smithonian Institution) et Kevin DUMOUCHELLE (National Museum of African Art, Smithsonian Institution), Les déplacements en temps de guerre et la création du National / Museum of African Art Wartime Displacements and the Creation of the National Museum of African Art - Intervention en anglais
• Sarah FRIOUX-SALGAS (musée du quai Branly - Jacques Chirac), La collection Nancy Cunard : histoire d’une disparition / Nancy Cunard’s Collection: History of a Disappearance

15h30. Approches pluridisciplinaires et méthodes appliquées à la double spoliation, coloniale et fasciste : le cas des objets éthiopiens. 

Modération: Abel ASSEFA (Yimtubezina Museum and Cultural Center, Addis-Abeba) et Lola MIRTI (INHA/EHESS)

• Indira BOUTIER (université calédonienne de Glasgow), Spoliations croisées : la collection Rothschild-Ratton entre dépossession coloniale et marché nazi / Cross-Spoliation: The Rothschild-Ratton Collection Between Colonial Dispossession and the Nazi Market - Intervention en anglais
• Silvia IANNELLI (université de Padoue) et Alula PANKHURST (chercheur indépendant), Pillage du patrimoine culturel et restitution à l’Éthiopie : le cas des dons de Graziani au musée colonial pendant l’occupation fasciste / Cultural Heritage Loot and Restitution to Ethiopia: The Case of Graziani’s Donations to the Museo Coloniale during the Fascist Occupation - Intervention en anglais

16h45. Discussion de conclusion de la journée d’études modérée par Yaëlle BIRO

Comité d’organisation

Yaëlle Biro (INHA), Delphine Delamare (INHA/Nantes Université), Lola Mirti (INHA/EHESS)

Comité scientifique

Abel Assefa (Yimtubezina Museum, Addis-Abeba), Cécile Bargues (université de Montpellier Paul-Valéry), Yaëlle Biro (INHA), Julien Bondaz (université Lumière Lyon 2 / centre Alexandre Koyré), Didier Houénoudé (université d’Abomey-Calavi / musées de Saxe), Anne-Solène Rolland (INHA), Isabelle Rouge-Ducos (ministère de la Culture, M2RS), Bénédicte Savoy (Technische Universität, Berlin), Ibrahima Thiaw (université Cheikh Anta Diop, Dakar), Esther Tisa Francini (musée Rietberg, Zurich)