HomeL'histoire de la colonisation revisitée et ses chocs en retour
Published on Saturday, October 30, 2004
Abstract
Announcement
Colloque organisé par l'Université d'Angers et l'EHESS.
Les bouleversements que nous vivons ne sont-ils pas l’héritage de
la colonisation, du colonialisme, de décolonisations inachevées et
d’indépendances avortées ? Plus de cinquante ans après, cette question
est d’une pertinence troublante, et nous appréhende pour en approfondir
le sens, l’attestent des manifestations dites de repentance, de devoir
de mémoire et de quête de vérité. Gardons-nous d’emblée, de tout
collage ou bricolage impropres et de tout usage saugrenu de ce dernier
vocabulaire empirique, aux allures interdisciplinaires, mais véritable
outil d’analyse d’une extrême rigueur conceptuelle et méthodologique.
Rappelons cependant ce qu’avait écrit le grand spécialiste de La
mémoire, l’histoire, l’oubli, (Seuil, 2000), Paul Ricœur, au lendemain
de la deuxième guerre mondiale, dans un contexte qui ne se prêtait pas
à une réflexion critique sur cette question : « La faute originelle de
la colonisation a précédé toutes les agressions unilatérales des
indigènes » (in Réformes, 1947, cité par Marc Ferro, Le livre noir du
colonialisme, Robert Laffont, 2003, p. 14). Cinquante-sept années
après, cette réflexion est toujours d’une actualité pertinente (…).
Ce qui résume l’importance réactualisée et la complexité particulière
de notre thématique. Ce qui concerne, de façon plus impérieuse
qu’auparavant, les spécialistes qui depuis de longues années, en ont
fait leur domaine d’investigation. À leurs interrogations originelles
et aux résultats majeurs de leurs travaux s’ajoutent de nouveaux
doutes, qui les obligent à une pratique peut-être plus exigeante
qu’auparavant, de la distanciation. Dès lors, les interrogations
d’ordre méthodologique ne peuvent qu’être profuses : l’histoire de la
colonisation doit-elle être renouvelée ? Si c’est le cas, de quel
renouvellement parle -t- on ? Quels en sont les paramètres et quels
sont les facteurs et les mécanismes d’interaction entre l’héritage
colonial et les chocs en retour ? Quel est en ce sens, le regard de la
culture et de la littérature ? Quelle est la part de la source orale et
du témoignage des acteurs de cette histoire ? Quel peut être l’apport
précis d’un champ qui relève de l’interdisciplinarité scientifique, et
non conjecturale, tel que la Mémoire et l’Histoire, et dont l’usage ne
peut se réduire à de simples assemblages linguistiques ou adjonction
hasardeuse d’adjectifs ? Il suffit de se rappeler de l’intensité de
l’enchevêtrement des sciences conceptuelles qui structurent ce champ,
pour se rendre compte, comme chez Paul Ricœur, de nos limites ici :
phénoménologie, herméneutique, épistémologie historique et processus
historiographique, processus mnémonique, neurobiologie et psychanalyse
Tâche ardue et somme toute dangereuse que de vouloir forcer ici une
perspective d’interprétation dont on ne peut mesurer ni la
signification ni le juste apport. Ce qui légitime en définitive notre
prudence annoncée d’emblée au début de ce projet, comme ailleurs. .(cf.
A. Mechbal, De la mémoire libérée. Lecture de l’œuvre de Paul Ricœur,
La mémoire et l’histoire d’après Ricœur, communications inaugurant les
travaux du GRILUA,) Or, pour le reste, les choses ne sont pas
entièrement acquises. Ainsi, qu’en est-il du croisement des différents
regards des protagonistes de cette Histoire ? Qu’en est-il de
l’écriture et des logiques qui la sous-tendent, celle d’une Histoire
ethnicisée, s’inspirant de théories à la mode (exemple : la
segmentarité), celle d’une Histoire nationalisée et nationaliste qui
s’attarde, non sans bons résultats d’ailleurs, mais invertébrés, sur la
période précoloniale ? Produisant à coup sûr un autre égocentrisme et
un discours de légitimation historiographique, cette écriture inscrit
presque tous les phénomènes du présent dans un passé colonial qui ne
veut donc pas passer. Ces deux logiques ne se renferment-elles pas en
somme, dans une singularité identitaire aussi vielle que notre histoire
: « Qui est l’autre et qui est moi ! » (A. Laroui, Histoire du Maghreb,
Maspero, 1970).
Autant dire que notre véritable problématique ici, dans ce colloque,
découle avant tout de la légitimité des différentes préoccupations
qu’engendre la régénérescence de l’histoire de la colonisation, de la
reconnaissance des limites des outils d’interprétation et des grilles
de lecture régulièrement utilisées, dans l’explication et le décryptage
des nouveaux phénomènes qui lui sont liées, mais aussi et surtout, du
souci de leur donner un sens.
Au regard de toutes ces considérations, et en réunissant, dans le cadre
d’une collaboration universitaire et scientifique fructueuse, un
ensemble de spécialistes reconnus, de chercheurs et d’acteurs-témoins
habilités à examiner la question dans sa complexité et ses dimensions
multiples ou nouvelles, les séances de travail prévues pour notre
colloque s’organisent autour de trois panels. Le premier est consacré à
la question historiographique, sous l’intitulé Le renouvellement des
travaux sur le colonialisme. Plutôt que de dresser un bilan de cette
histoire, notre objectif est de confronter les résultats croisés de
différents champs d’étude, au vu des préoccupations et d’interrogations
revigorées sans doute par l’actualité. Le deuxième panel a pour objet
de contribuer, à partir d’un échantillon d’analyses de cas et de
témoignages, à la réflexion sur une matière aussi dense que celle : Du
post-colonialisme au néocolonialisme et à la mondialisation. Ce qui
nous amène par conséquent à consacrer le troisième panel, en
privilégiant une certaine interdisciplinarité, aux chocs en retour.
Comité scientifique
Marc FERRO, directeur d’études à l’EHESS, président de l’AREHESS, co-directeurdes Annales, docteur honoris causa.
Henry LAURENS, professeur au Collège de France, directeur du Centre
d’Etudes et de Recherches du Moyen-Orient contemporain à Beyrouth.
Pierre LE BOUL, maître de conférences à l’Université d’Angers.
Adnan MECHBAL, maître de conférences à l’Université d’Angers.
Víctor MORALES LEZCANO, professeur, directeur-adjoint de l’Instituto de
Investigación, Sección de Estudios Mediterráneos, UNED, Madrid.
Jacques-Guy PETIT, professeur à l’Université d’Angers.
Abdallah SAAF, professeur à l’Université Mohamed V de Rabat, Maroc,
directeur du Centre d’Etudes et de Recherches en Sciences Sociales,
ancien doyen, ancien ministre de l’Education Nationale au Maroc.
Bernard VINCENT, directeur d’études, directeur du Centre d’Etudes
Hispaniques, co-directeur du Centre d’Etudes Historiques à l’EHESS,
docteur honoris causa.
Comité d’organisation
Marc FERRO, directeur d’études à l’EHESS.Pierre LE BOUL, maître de conférences à l’Université d’Angers.
Didier LE GALL, professeur à l’Université d’Angers, doyen de la Faculté des Lettres,Langues et Sciences Humaines.
Adnan MECHBAL, maître de conférences à l’Université d’Angers.
Olivier TACHEAU, directeur de la Bibliothèque universitaire, Université d’Angers.
Bernard VINCENT, directeur d'études à l'EHESS.
Subjects
- Modern (Main category)
Places
- Angers, France
Date(s)
- Tuesday, November 09, 2004
Attached files
Contact(s)
- Adnan Mechbal
courriel : adnan_mechbal [at] hotmail [dot] com - Pierre Le Boul
courriel : pierre [dot] le-boul [at] laposte [dot] net
Information source
- Adnan Mechbal
courriel : adnan_mechbal [at] hotmail [dot] com
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To cite this announcement
« L'histoire de la colonisation revisitée et ses chocs en retour », Conference, symposium, Calenda, Published on Saturday, October 30, 2004, https://doi.org/10.58079/9f9