HomeSuppliques et pétitions de l'époque moderne à nos jours
Published on Monday, January 23, 2006
Abstract
Announcement
Journée d'étude :
Suppliques et pétitions de l'époque moderne à nos jours (RESEA-LARHRA)
« Il est certain qu’il n’y a rien tant pernicieux en toute administration politique que l’inegal traictement de ceux qui sont constituez soubz elle »
Anonyme, au Roi, 1563.
Des humbles remonstrances des sujets du Roi à la pétition appelant à la démission d’un ministre, des suppliques adressées au Roi des prisons de la Bastille aux demandes de grâce lancées depuis les couloirs de la mort, telle est la fourchette thématique et temporelle envisagée par cette journée d’études. Non pour postuler derrière l’unité nominale qui lie la Pétition des Droits (1628) aux pétitions sartriennes, une quelconque uniformité de l’objet mais au contraire pour saisir, sur un temps long et dans une optique comparatiste, les évolutions et ruptures, les enjeux et les acteurs, nécessairement changeants, de ce type de prise de parole.
Si les mutations des suppliques et des pétitions sont au centre de cette journée d’études, quelques invariants permettent de repérer l’objet comme en filigranes à travers le temps : les pétitions sont des dénonciations publiques d’injustice, elles sont des demandes de réparation. Aussi le pétitionnaire est-il toujours – se croit-il toujours – du côté de la justice et de l’innocence, par opposition à la supplique, où souvent l’accusé se sait coupable et donne peu de publicité à son discours. Demande de justice d’un côté, de grâce de l’autre ; exigence de normalité d’une part, revendication d’exception de l’autre : suppliques et pétitions se situent ainsi aux deux extrèmes d’un pouvoir qui doit rendre justice et faire grâce, qui allie application du droit et bienveillance du Prince. Sans accepter comme allant de soit la distinction entre grâce et justice, issue d’une longue évolution historique et objet de conflits intenses (Gauvard, 1991), il s’agit de considérer suppliques et pétitions comme les manifestations dans le temps d’un sens – historiquement et socialement construit – du juste et de l’injuste, du normal et du pathologique, de la règle et de l’exception.
Quels sont les supports ou vecteurs utilisés : épigraphie (Hauken, 1999) manuscrit, imprimé ? Que signifie parapher une supplique et signer une pétition, quelles sont les fins et fonctions de ces pratiques ? Derrière la question de leur forme s’affirme aussi celle de leur diffusion et de l’ « autorité » à laquelle on s’adresse : roi, représentant, « opinion publique » (Zaret, 1996)? D’un point de vue interne enfin, et pour le dire avec Luc Boltanski, quelles sont les « grammaires » respectives de la supplique et de la pétition, c’est-à-dire à quelles conditions doivent-elles satisfaire pour être traitées comme recevables ? Quelles sont les contraintes, éthiques et linguistiques, qui pèsent sur la formulation publique des demandes de justice et de grâce ? (Boltanski, 1990).
Témoignages de crise - les guerres de religion, la Révolution française ou l’Affaire Dreyfus pour aborder des temps de hautes eaux pétitionnaires (Roberts, 2002 ; Sirinelli, 1990) -, les pétitions sont pourtant loin de refléter l’ensemble du débat. Les véritables « batailles de pétition » où deux camps rivalisent d’arguments sont rares en effet. C’est alors l’occasion d’interroger les auteurs des pétitions, par rapport aux autres, c’est-à-dire ceux qui ne signent pas de pétition ; mais aussi entre eux : qui initie, qui signe, qui approuve ? La supplique, plus personnelle dit aussi beaucoup le rapport d’une société au pouvoir, mais surtout de l’intérêt du pouvoir pour le « microscopique », pour le cas individuel (Farge et Foucault, 1982). Ainsi, à travers suppliques et pétitions, c’est bien le lien qui unit historiquement les contraintes pesant sur les dénonciations d’injustice et les demandes de grâce d’une part, et la conception de l’ordre politique d’autre part qu’il s’agit d’interroger. En d’autres termes, dénonce-t-on de la même façon avant l’Affaire Dreyfus et après, implore-t-on grâce sous l’Ancien Régime comme au XXIe siècle ?
Présentation de la journée
10h30-10h45 : Olivier Christin (EPHE-Univ. Lyon 2) et Jérémie Foa
(Univ. Clermont-Fd 2)
10h45-11h15 : Penny Roberts (University of Warwick)
Les pétitions pendant les guerres de Religion
11h15-11h45 : Héloïse Hermant (EHESS-Université de Marne-la-Vallée)
Pétitions, consultes, guerres de plumes : quel espace transactionnel dans une monarchie d’Ancien Régime ? Le mouvement d’opinion contre le Régiment de la Chamberga (1669)
11h45-12h15 : Sophie Wahnich (CNRS)
La pétition comme procédure de politisation de la plainte en 1792
14h30-15h : Claude Prudhomme (Univ. Lyon 2)
Les pétitions en faveur de l’abolition de l’esclavage
15h-15h30 : Olivier Faure (Université Lyon 3)
Les demandes d'entrée à l'hospice au XIXe siècle dans la région lyonnaise : entre supplique et réclamation
15h30-16h : Michelle Zancarini-Fournel (IUFM Lyon) et Jérémy Faure (Univ. Lyon 2)
Généalogie des rébellions urbaines : pétitions et voisinage (Villeurbanne, 1975-1981)
16h-17h : Discussion et conclusions de la journée
Institut d’Histoire du Christianisme, Université Jean Moulin Lyon 3, 18 rue Chevreul, 69362 Lyon cedex 07 (4e étage)
Subjects
- Early modern (Main category)
- Periods > Modern
- Society > History
Places
- Lyon, France
Date(s)
- Saturday, March 11, 2006
Contact(s)
- Olivier Christin
courriel : christin [dot] olivier [at] wanadoo [dot] fr - Jérémie Foa
courriel : jeremie [dot] foa [at] univ-amu [dot] fr
Information source
- Jérémie Foa
courriel : jeremie [dot] foa [at] univ-amu [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Suppliques et pétitions de l'époque moderne à nos jours », Study days, Calenda, Published on Monday, January 23, 2006, https://doi.org/10.58079/acw