HomeDe 1789 à nos jours : réceptions et mutations de l'idée de Révolution à l'Est de l'Europe
Published on Tuesday, March 07, 2006
Abstract
Announcement
L’histoire politique et sociale à
l’Est de l’Europe a été historiquement ponctuée
par de nombreux épisodes révolutionnaires. La
Révolution d’octobre 1917 et les révolutions de
velours de 1989 ont sans conteste compté parmi les plus
marquants de ces évènements. La première a été
généralement qualifiée de « révolution
prolétarienne » et les secondes de « révolutions
démocratiques ». Par ces qualifications, qui
apparaissent comme autant de ruptures avec l’ordre précédent,
chaque révolution s’est voulue porteuse d’un idéal
politique fondateur. C’est aussi le cas pour les «
révolutions multicolores » intervenues dans l’espace
post-soviétique en 2003 et 2004 qui ont été
qualifiées de révolutions « démocratiques
» et « libérales ».
Pour autant,
cette unicité conceptuelle des épisodes
révolutionnaires a été et peut être
fortement critiquée. Les Révolutions à l’est
de l’Europe montrent bien que la rupture idéale qu’elles
sont supposées incarner est loin d’être réelle.
Tout au long du XXème siècle et en ce début de
XXIème siècle, les périodes révolutionnaires
apparaissent comme des moments d’interpénétration et
de tension entre des références politiques diverses.
C’est cette diversité que nous souhaitons mettre en lumière,
en opposition avec les visions « idylliques » de «
révolutions » auto-qualifiées.
Pour
documenter cette complexité des épisodes
révolutionnaires, il est intéressant de se pencher sur
les débats et les conflits qui peuvent surgir entre les
acteurs mêmes des révolutions. Cette journée
d’étude a donc pour objectif de mettre en lumière
quelques épisodes de controverses entre les «
révolutionnaires » pour montrer l’affrontement de
justifications contradictoires en leur sein. Placée sous le
signe de l’interdisciplinarité et de la diachronie, elle
réunira à la fois des historiens, des politistes, des
littéraires et des juristes. Leurs communications tenteront de
montrer la complexité des références
révolutionnaires qui apparaît tant dans les discours
politiques des acteurs que dans les pratiques qu’ils adoptent et
qui montrent l’affrontement de justifications contrastées.
Cette journée d’étude souhaite apporter un
éclairage sur la façon dont les expériences
révolutionnaires à l’est de l’Europe contribuent à
l’imbrication et à la recomposition de références
idéologiques habituellement contradictoires (socialisme,
libéralisme, nationalisme, démocratie…) et comment,
du même coup, elles contribuent à l’émergence
de formats révolutionnaires originaux mais qui peuvent ensuite
susciter des tensions fortes.
Programme
9h00 – 9h30 : Accueil et Introduction
9h30 - 11h00 : La Révolution française vue de l’Est
Dès le XVIIIème siècle, dans le sillage des événements français, les Etats situés à l’Est de l’Europe ont vu apparaître des débats passionnés sur le phénomène révolutionnaire. Dans un contexte marqué par l’autoritarisme et l’autocratie, les partisans de la réforme en Europe de l’Est ont cherché des références historiques et des leçons pour l’action politique du côté de la Révolution française.
Mathias Bernard (Professeur d’histoire
contemporaine, UBP, CHEC)
« Mémoires et miroirs des
révolutions »
Philippe Bourdin (Professeur d’histoire
moderne, UBP, CHEC)
« La réception de la
Révolution française en Europe orientale dans les
années 1790 »
Alexandre Tchoudinov (Chercheur à
l’Institut d’histoire universelle de l’Académie des
sciences de Russie, professeur invité au Département
d’études slaves, UBP)
« Le culte russe de la Révolution
française »
11h15 – 12h30 : De quelques contradictions de la « Révolution prolétarienne »
A l’issue d’un XIXème siècle hanté par les images de la Révolution française, la Révolution d’Octobre 1917 a marqué la rupture politique la plus importante du début du XXème siècle et semble-t-il la plus radicale. Pour autant, en dépit des rationalisations ultérieures, cette période révolutionnaire se caractérise surtout par sa grande complexité. Cette dernière est visible tant dans les justifications politiques de l’époque que dans les pratiques sociales et culturelles.
Régis Gayraud (Professeur de
littérature russe au Département d’études
slaves, UBP)
« L’avant-garde littéraire
et la Révolution : explication d’un malentendu »
Benjamin Guichard (ATER en histoire
contemporaine, UBP)
« Condamnations et justifications
de la censure à l'heure des révolutions russes de 1917
».
14h00 – 16h00 : La complexite des revolutions post-sovietiques
Les évènements récents intervenus dans la CEI et qui ont été qualifies de "révolution" (« Révolution de la Rose » en Géorgie, « Révolution orange » en Ukraine) se réfèrent plus ou moins directement aux révolutions de velours de 1989 par opposition à la révolution de 1917. En effet, les révolutions de velours en 1989 se sont placées sous le signe de la démocratie et du marché. Mais était-elles seulement libérales, en politique et en économie ? Et à quelles références elles-mêmes renvoyaient-elles ? Il est intéressant de voir que les "révolutions" dans la CEI, qui interviennent dans un contexte semi-démocratique et semi-libéralisé, portent une critique du libéralisme (remise en cause des privatisations en Ukraine, dénonciation de la corruption, des oligarchies par exemple). Les révolutions "multicolores" semblent d'une certaine façon porteuses de revendications plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord.
Françoise Daucé (Maître
de conférences en civilisation russe, UBP)
« Les débats autour de
l’idée de « Révolution de velours » dans
l’URSS de Gorbatchev »
Olga Belova, (Maître de
conférences en civilisation russe, Univ. Michel de Montaigne,
Bordeaux 3)
« L’interprétation de la
référence révolutionnaire en Ukraine »
Silvia Serrano (Maître de
conférences en science politique, Univ. d’Auvergne)
« Les enjeux politiques de la
référence révolutionnaire en Géorgie »
16h15 – 17h30 : Les constructions juridiques post-révolutionnaires
Les formalisations juridiques, et notamment constitutionnelles, qui interviennent après les épisodes révolutionnaires illustrent bien la volonté de réduire la complexité des références politiques nouvelles et de rationaliser les pratiques issues de la Révolution. Ce faisant, elles contribuent à éclairer la complexité de l’idéal révolutionnaire.
Jean-Pierre Massias (Professeur de
droit, Univ. d’Auvergne)
« Révolution et
Constitution »
Marie-Elisabeth Baudoin (Maître
de conférences en droit, Univ. d’Auvergne)
« La Révolution par le
droit dans l'espace post-soviétique ».
17h30 : Discussion générale et conclusion
Subjects
- Political studies (Main category)
Places
- Clermont-Ferrand, France
Date(s)
- Wednesday, March 29, 2006
Contact(s)
- françoise Daucé
courriel : francoise [dot] dauce [at] ehess [dot] fr
Information source
- françoise Daucé
courriel : francoise [dot] dauce [at] ehess [dot] fr
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To cite this announcement
« De 1789 à nos jours : réceptions et mutations de l'idée de Révolution à l'Est de l'Europe », Study days, Calenda, Published on Tuesday, March 07, 2006, https://calenda.org/191268