HomeÉcrire en mineur au XVIIIe siècle : un art de la tension ?
Published on Wednesday, May 24, 2006
Abstract
Announcement
"Écrire en mineur au XVIIIe siècle : un art de la tension ?"
Appel à contribution
Date limite : 30 septembre 2006
Écrire en mineur au XVIIIe siècle : un art de la tension ?
11 –13 Octobre 2007
ENS –LSH Lyon
Le statut et la réception de l'oeuvre mineure suscitent un intérêt
grandissant, comme le constate Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval (« Le
cas des minores ») dans le numéro 30 de la revue Dix-huitième siècle,
réalisé sous la direction de Michel Delon et consacré au bilan de La
recherche aujourd'hui. Ils ont déjà fait l'objet d'un certain nombre
de publications : parmi les plus récentes, Oeuvres majeures, oeuvres
mineures, sous la direction de C. Volpilhac-Auger, plusieurs travaux
écrits ou coordonnés par Luc Fraisse dont le dernier en date : Pour une
esthétique de la littérature mineure, et le numéro 31 de la revue
Littératures classiques sur « Les Minores ». Nous proposons cependant
pour ce colloque d'envisager l'oeuvre mineure du point de vue de son
créateur et de poser la question d'une écriture mineure revendiquée
comme telle par son auteur, et non « étiquetée » par la critique ou le
public. En effet, dans un siècle où l'on assiste à la mutation du
statut de l'écrivain, à l'élection de la figure du « philosophe », à la
transformation du public en opinion publique d'une part, et d'autre
part, au développement d'une littérature critique et métafictionnelle,
la revendication d'une écriture mineure par son auteur même mérite
d'être interrogée.
Gilles Deleuze et Félix Guattari ont montré à quel point la littérature
mineure devait, par définition, construire son propre rapport au
langage. Ils définissent ce rapport sur le mode de la « tension » : la
littérature mineure ne s'invente pas forcément un langage, une écriture
propre, mais tend à expérimenter un « exercice mineur d'une langue (…)
majeure » (p. 34), un usage « tensif » qui conduit à une expérience des
limites : « le langage cesse d'être représentatif pour tendre vers ses
extrêmes ou ses limites » (Kafka – Pour une littérature mineure,
Éditions de Minuit, 1975, p. 41). Nous souhaiterions ainsi mettre en
question et en perspective le choix assumé d'une écriture mineure par
un écrivain et la conception de la littérature ainsi engagée : pourquoi
ce choix du mineur ? Que peut-il révéler du statut de l'écrivain et du
rapport à son public ? On se demandera également en quoi la
revendication du « mineur » permet de définir une poétique ou une
esthétique, et dans quelles mesures l'écriture en mineur révèle une
expérience de la contradiction, des limites, qui pourrait aussi bien
caractériser le type d'énonciation choisi – un statut ou un ethos
marginal-, que l'écriture même.
Un certain nombre d'auteurs ou de genres viennent immédiatement à
l'esprit dans cette perspective : Marivaux, tant pour son rapport aux
grands et petits genres (comédie italienne/française, journaux/traités
de morale, romans postcritiques) que pour la création d'une figure du «
gueux philosophe » (L'Indigent philosophe), interrogée à l'autre
extrémité du siècle par Dulaurens (« je suis un petit Polichinelle de
la littérature française », Les abus dans les cérémonies et les moeurs,
1791). Lesage choisit sciemment des genres démodés (la comédie
espagnole, le roman picaresque) pour mettre en question le roman et le
théâtre de son temps. Nathalie Rizzoni a très précisément mis en
lumière « l'esthétique du petit » prônée par le dramaturge et poète
Pannard. Plus largement, les auteurs des théâtres de la Foire
entretiennent un rapport on ne peut plus « tensif » avec les théâtres
privilégiés, lequel est source d'innovations constantes.
Notre propos est bien d'interroger et de mettre en perspective la
revendication d'un art du mineur au dix-huitième siècle, dans tous les
genres et en rapport avec les mutations intellectuelles et littéraires
du temps.
Trois domaines de réflexion peuvent être proposés :
- Le choix du mineur : comment l'écrivain revendique-t-il le choix d'un
genre ou d'une écriture mineurs (paratexte, statut énonciatif
particulier…) ? Quelle image de lui-même entend-il ainsi transmettre ?
Justifie-t-il ou non le choix de tel ou tel genre comme mineur ?
- L'écriture en mineur : Peut-on dire que la littérature mineure,
revendiquée comme telle, relève d'une écriture de la contradiction, des
limites, une écriture « en tension ». Quelles en sont les différentes
manifestations (rhapsodie, paradoxe, parodie, satire…) ?
- Le sens du mineur : On pourra se demander si le choix d'une écriture
mineure engage une réflexion d'ordre socio-politique ou philosophique ?
Que révèle le désir de se placer délibérément en marge de toute une
littérature, considérée ou proclamée par l'auteur comme officielle ou
reconnue ? Est-ce aveu d'impuissance, jeu provocateur, désir de
révolution ? L'écriture mineure a-t-elle des liens privilégiés avec la
polémique ?
Les propositions de communication sont à envoyer à Christelle Bahier-Porte, Université Jean Monnet, Saint-Étienne, UMR 5037, ch.bahierporte@free.fr ou à Régine Jomand-Baudry, Université Jean Moulin, Groupe Marge (centre Jean Prévost), reginejomandbaudry@yahoo.fr, avant le 30 septembre 2006. Merci d'indiquer le titre (même provisoire) de votre projet et de la présenter en quelques lignes.
Subjects
Places
- Lyon, France
Date(s)
- Saturday, September 30, 2006
Contact(s)
- Christelle Bahier-Porte
courriel : ch [dot] bahierporte [at] free [dot] fr
Information source
- Christelle Bahier-Porte
courriel : ch [dot] bahierporte [at] free [dot] fr
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Écrire en mineur au XVIIIe siècle : un art de la tension ? », Call for papers, Calenda, Published on Wednesday, May 24, 2006, https://doi.org/10.58079/aps