Pour clore sa première année de réflexion, le projet innovant «Comprendre les années 1950» organise une journée d'études à l'Université Paris-Sorbonne (Paris IV) sur «Nation et système». Après plusieurs séances consacrées au système européen et au système colonial, On souhaite approfondir et élargir la notion. On envisagera notamment la manière dont l'idée nationale, le nationalisme, ou encore la défense de l'intérêt national, interagissent avec le système national (partis, société) ou international (organisations, alliances, etc.).

Le projet «Comprendre les années 1950» trouve son origine dans des journées doctorales organisées les 9 et 10 juin 2006 sur le thème: «Comprendre les années 1950: nouvelles approches», qui ont été le point de départ d'un programme de recherche sur trois ans.  Les travaux de l'année 2006--2007 s'organisent autour de la notion de «système». Plusieurs séances de travail ont été l'occasion de questionner l'idée de système international. Une conférence du professeur Georges-Henri Soutou (Paris IV), en octobre 2006, a posé les bases de la réflexion en décrivant les piliers de l'ordre européen du XIXe siècle : des structures d'équilibre entre États, reposant sur un cadre juridique et une concertation diplomatique régulière, et reposant sur un système de valeurs communes.

L'on s'est ensuite intéressé à| la décolonisation dans les années 1950, pour se demander si cette définition de «système international» était valide pour comprendre les nouveaux rapports internationaux qui se mettent en place en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. Deux séances, faisant intervenir François Durpaire (Paris 1), André Urban (Paris 1) et Frédéric Turpin (Arras), ont permis d'approfondir cette qestion.

Une troisième séance, au mois de mai, est revenue sur le Plan Marshall, soixante ans après son lancement. Le professeur Gérard Bossuat (Cergy) et Émilia Robin Hivert (Paris IV) se sont demandé quel rôle le plan Marshall a joué dans la mise en place du système européen des années 1950, envisageant conjointement le point de vue occidental et le point de vue soviétique.

On souhaite approfondir et élargir la notion de système, en ne l'envisageant pas uniquement sous l'angle international. On s'interrogera sur le lien entre nation et système. Sous cette formulation volontairement vaste, il s'agit d'étudier la manière dont l'idée nationale, le nationalisme, ou encore la défense de l'intérêt national, interagissent avec le système national (partis, société) ou international (organisations, alliances, etc.).

1. Nationalisme et débat politique (9h00-10h30)

À travers des exemples français, allemand et tchèque, on souhaite étudier le lien entre politique et nationalisme dans les années 1950 : comment les thèmes de la nation, de la fierté nationale, de l'identité nationale, sont-ils créés, utilisés, voire instrumentalisés par le discours politique?

• Émilia Robin Hivert (Paris IV) et Christian Wenkel (Sciences Po) :  «L'antigermanisme dans le discours français sur l'Europe».
• Guillaume Payen (Paris IV) : «Un intellectuel allemand, la nation, le système : les années 1950 de Martin Heidegger, entre Heimat et Gestell».
• Zuzana Loubet del Bayle (Paris 1) : «Entre nationalisme et "centre-européisme" : l'idée fédérale chez Hubert Ripka après 1948».

2. Redéfinitions du concept d'intérêt national (11h00-12h30)

Après la seconde guerre mondiale, de nouvelles organisations sont créées pour structurer les relations entre États, que ce soit au niveau diplomatique, politique ou économique. On se penchera sur les exemples français et italien pour comprendre les relations que les États développent avec ces nouvelles entités, et les moyens utilisés pour y défendre leur intérêt.

• Emmanuel Dreyfus (Paris IV) et Laurent Warlouzet (Paris IV) : «Le modèle économique français à l'épreuve du nouvel ordre international».
• Valentina Vardabasso (Strasbourg/Sienne) : «La politique européenne de De Gasperi».
• Sarah Mohamed-Gaillard (INALCO) : «La participation au système  international, moyen de l'affirmation nationale de l'Australie?»

3. Moyennes puissances et système international (14h00-15h30)

Le système européen 1950 est marqué avant tout par la guerre froide et la structuration de deux blocs oriental et occidental. À travers trois exemples très différents les uns des autres, on cherche à interroger cette conception bipolaire : quelle marge de manoeuvre pour des petits États? Quelles situations intermédiaires peut-on identifier, peut-être tout aussi fondamentales dans l'équilibre européen que les «Grands»? Comment le système évolue-t-il et pour quelles raisons?

• La Hongrie : Gergely Fejérdy (Paris IV)
• La Grèce : Lorenz Plassmann (Paris IV)
• La Suisse : Daniel Möckli (Zürich)

4. Système international et modèles alternatifs (16h00-17h30)

L'ensemble des réflexions menées sur des exemples européens peut aussi s'appliquer à d'autres régions du monde. Comment le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Amérique du Sud s'insèrent-ils dans la bipolarité de guerre froide, et quels modèles alternatifs proposent-ils?

• Mathieu Bouchard (Paris 1) et Caroline Piquet (Paris IV) : «Nations et système international au Proche-Orient».
• Benoît Beucher (Paris IV) : «Préservation des intérêts nationaux et solidarités régionales en Afrique de l'Ouest : la question de la Fédération du Mali, 1958--1959».
• Armelle Enders (Paris IV) : «L'institutionnalisation internationale de  l'Amérique latine : la Cepal et son rayonnement dans les années 1950».

Détails pratiques :

Lieu et date : vendredi 8 juin 2007, Maison de la Recherche (28 rue Serpente, 75005 Paris), salle D323.

Comité d'organisation : Emmanuel Dreyfus, Frédéric Fogacci, Geneviève Maelstaf, Caroline Piquet, Émilia Robin Hivert, Maria Romo-Navarrete, Laurent Warlouzet.

Comité scientifique : professeurs Dominique Barjot, Éric Bussière, Jean-Pierre Chaline, Jacques Frémeaux, Pascal Griset, Jean-Noël Luc, Georges-Henri Soutou.

Contact : emilia.robin@free.fr