AccueilHistoires de silences : Jacques Lacan et « la » philosophie

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Publié le lundi 03 novembre 2008

Résumé

Commençons par avancer quelques mots du titre du séminaire. On pourrait demander : mais de quels silences s’agit-il, les séminaires comme les Écrits ne cessant de s’appuyer sur des textes philosophiques ? Et demander encore : mais l’histoire de la philosophie à partir d’où ? Des présocratiques à nos jours ? Il faut déjà ajouter deux choses, l’une, disons, méthodologique, puis l’autre, fondamentale et sur quoi il y aura à insister toujours. — Premièrement : nous aurons à rencontrer des philosophes qui ne peuvent pas ne pas s’inscrire dans cette période immense et englobante. Des présocratiques à nos jours, c’est très précisément le trajet sur lequel nous entraîne Lacan. Trajet cheminant ainsi autour de toute l’histoire de la philosophie. — Deuxièmement : il n’y a pas de système lacanien. Jacques Lacan, de sa pensée ne fait pas système, ne produit pas un système fonctionnant machinalement une fois pour toutes.

Annonce

Institut des hautes études en psychanalyse
et Laboratoire Pensée des sciences ENS

Françoise GOROG et Stéphane HABIB — 2008-2009

HISTOIRES DE SILENCES : JACQUES LACAN ET « LA » PHILOSOPHIE

E.N.S. – 45, rue d’Ulm – Paris 5e

2008 : les mercredis

  • 26 novembre – Salle Beckett
  • 17 décembre – Salle Beckett

2009 : les mercredis

  • 21 janvier Salle Beckett
  • 18 février Salle Cavaillès
  • 18 mars Salle Celan
  • 29 avril Salle Celan
  • 20 mai Salle Cavaillès

21 h à 23 h — Voir schéma d’accès aux salles “pdf” joint.
L’on assiste au séminaire sans inscription ni frais.

Commençons par avancer quelques mots du titre — Histoires de silences : Jacques Lacan et « la » philosophie. Cela semble s’imposer de ce que peut avoir de monumental et d’énigmatique un tel titre. On pourrait demander : mais de quels silences s’agit-il, les séminaires comme les Écrits ne cessant de s’appuyer sur des textes philosophiques ? Et demander encore : mais l’histoire de la philosophie à partir d’où ? Des présocratiques à nos jours ? Auquel cas le travail annoncé est si vaste qu’il en devient tout bonnement intraitable. Dans cette optique il faut déjà ajouter deux choses, l’une, disons, méthodologique, puis l’autre, fondamentale et sur quoi il y aura à insister toujours.
Premièrement : nous aurons nécessairement, avançant dans la recherche, à rencontrer des philosophes qui ne peuvent pas ne pas s’inscrire dans cette période immense et englobante et pour cause. Des présocratiques à nos jours, c’est très précisément le trajet sur lequel nous entraîne Lacan. Trajet cheminant ainsi autour de toute l’histoire de la philosophie.
Mais, soulignons-le dès à présent, un Jacques Lacan qui ne se soucie pas et partant ne fait pas de l’histoire de la philosophie. Il s’agit — cela restera à montrer à chaque pas de ce travail de recherche — de quelque chose comme d’une glane à l’intérieur même de ce champ, de cette histoire, de cette tradition. Nous y reviendrons évidemment pour commencer à insister sur le peu d’intérêt qu’il semble y avoir, pour Lacan, à prendre la philosophie dans son histoire, et ce que ceci peut déjà avoir de révélateur quant à la question — si souvent effleurée mais effleurée seulement — de ses rapports avec la philosophie. Que ses rapports, plus précisément que les rapports de son questionnement à la philosophie, à une certaine philosophie, soient implicites ou explicites — ici commencent par cette réserve nos « histoires de silences » faisant titre.
Deuxièmement et conséquemment : il n’y a pas de système lacanien.
Jacques Lacan, de sa pensée ne fait pas système, ne produit pas un système fonctionnant machinalement une fois pour toutes. Cela nous l’appelons fondamental pour la raison que cette asystématicité détermine très probablement un certain rapport de Lacan à la philosophie, de Jacques Lacan à une certaine philosophie. Une manière non-systémique de se rapporter à la philosophie, mais quasiment toujours en tant que paradigme du système, comme lieu privilégié de la pensée systémique, justement. Ce « se rapporter », ce rapport à une certaine philosophie, qualifions-le alors de rapport de dérangement. Un système dérangé par ce qu’il, lui-même, ignore, les restes du système dans sa marche de systématisation, dans sa totalisation ou dans sa tentative de saisie totalisante, l’insu de cette pulsion totalisante de la philosophie, Lacan le pointe et le pointant la dérange manifestant en elle quelque chose qui la fissure — faille de l’Autre pourrait-on peut-être dire en anticipant — fendant la clôture en et sur soi de la philosophie, d’une certaine philosophie.
On comprendra bien que notre propos ne sera donc jamais de dire, comme ce peut être le cas dans de trop nombreux livres ou articles, si Lacan a bien ou mal lu, bien ou mal interprété tel passage de tel philosophe, ceci n’ayant à notre avis absolument aucun intérêt, mais donc d’ouvrir le texte de référence, de le lire et de tenter d’en saisir ce qu’en fait Lacan au moment même où il le travaille. Reste à savoir ce qu’il faut entendre par « référence » en ce sens que ce que nous appelons « rendez-vous manqués » ou « silences » aura à être approché comme « référence » alors même que cela peut ne pas apparaître en toutes lettres dans les textes de Lacan. En d’autres termes, que le silence ait été total, ou partiel — et que peut-être un silence partiel ? — nous nous intéresserons à des « dialogues inexistants ». C’est ici le sens de ce que nous nommons « histoires de silences », visant à multiplier sans cesse les questions, les connexions, les croisements, les adresses, les articulations avec des auteurs parfois inattendus. Notons quelques noms qui pour autant ne font pas liste exhaustive : Kierkegaard, Deleuze, Guattari, Foucault, Lyotard, Lévinas, Derrida…
Ainsi s’avance cela qui suscite notre désir de prendre à nouveaux frais cette difficile question de Lacan avec les philosophes au sérieux. Désir de nous laisser interroger par ce qui passe et se passe entre Lacan et les philosophes dans tous les sens en même temps, c’est à savoir : quelle mise en question dans et de la psychanalyse lorsqu’elle se laisse interroger par la philosophie, quelle altération de la philosophie dans sa rencontre non-allergique, s’il y en a, à la psychanalyse ?
Faire surgir ainsi et questionner non seulement les résistances à et de la psychanalyse, mais encore les résistances à et de la philosophie.
Enfin, il nous semble absolument décisif, l’avenir de la psychanalyse en dépend sans doute, d’interroger l’apport de ce questionnement à la clinique. De quel apport peut-il s’agir ? Comment cela se comprend-il ? Il y va là de la question la plus difficile, la plus radicale et partant la moins traitée à notre connaissance. Question qui recoupe d’ailleurs le débat, les critiques malveillantes — pléonasme ? — d’intellectualisme de Lacan. Il faudra alors encore longuement et minutieusement s’appliquer à déconstruire la supposée opposition théorie/pratique. Ce qui non seulement est bien entamé depuis Kant, mais encore se donne comme, si l’on peut dire, la singularité même de la psychanalyse qui ne fait jamais que la théorie de sa pratique. Ce qui est manifeste de sa naissance avec et chez Freud à la toute fin de l’enseignement de Jacques Lacan.

Lieux

  • École Normale Supérieure – 45, rue d’Ulm – Voir les salles dans le programme détaillé.
    Paris, France

Dates

  • mercredi 26 novembre 2008
  • mercredi 17 décembre 2008
  • mercredi 21 janvier 2009
  • mercredi 18 février 2009
  • mercredi 18 mars 2009
  • mercredi 29 avril 2009
  • mercredi 20 mai 2009

Mots-clés

  • lacan, philosophie, psychanalyse, kant, kierkegaard, deleuze, guattari, foucault, lyotard, lévinas, derrida

Contacts

  • Stéphane Habib
    courriel : habib [at] ihep [dot] fr
  • Françoise Gorog
    courriel : gorog [at] ihep [dot] fr

Source de l'information

  • François-R. Dupond Muzart
    courriel : dupondmuzart [at] ihep [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Histoires de silences : Jacques Lacan et « la » philosophie », Séminaire, Calenda, Publié le lundi 03 novembre 2008, https://doi.org/10.58079/d91

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