Simple terme technique issu de l'optique, la transparence s'est depuis longtemps affranchie de ce cadre pour devenir une métaphore puissante dans la réorganisation des savoirs et des pratiques. Excédant toujours déjà d'emblée le champ du visible, elle révèle son statut de métaphore absolue au sens que lui donnait Hans Blumenberg, d'une métaphore première donc qui ne ne se laisse ramener à aucun sens plus profond. De tous les idéaux dont nous avons hérité des Lumières, aucun ne semble résumer mieux le mouvement qui les traverse, mais aucun ne semble paradoxalement avoir été aussi peu thématisé. Au contraire, un étrange silence règne à propos de la transparence, érigée en valeur épistémologique, pratique et éthique que l'on n'oserait que difficilement remettre à plat, la remise à plat traduisant encore intrinsèquement sa promesse. Expédient qui tire de son statut inquestionnable sa force opérante, le concept de transparence brouille le normatif et le descriptif, l'état de fait et le fait de désir.

Pour son quatrième numéro, la revue électronique « Transparaître » se propose de revenir sur ce terme qui hante la modernité et qui constitue comme la trame secrète de son projet. Il s'agira d'explorer les formes différentes qu'aura pu prendre une philosophie de la transparence dans les domaines du sentir, réfléchir et de l'agir, dans ses formulations explicites de Rousseau jusqu'à Monsieur Teste de Valéry, mais aussi dans ses cristallisations plus voilées, dans les pratiques artistiques, architecturales ou littéraires, pour faire émerger peut-être ce qui, à travers ce kaléidoscope de figures, transparaît de la Raison occidentale et de ses désirs inavoués.

Veuillez envoyer une proposition de max. 500 mots avant le 15 juillet à Sara Guindani ou Emmanuel Alloa . Publication : janvier 2010.