HomeLes apparences de l'homme. Penser l'objet et l'ornement corporels
Published on Friday, October 30, 2009
Abstract
Announcement
Appel à contributions pour le vol.59 (2) de Civilisations à paraître en décembre 2010 : « Les apparences de l’homme. Penser l’objet et l’ornement corporels ». Numéro coordonné par Gil Bartholeyns.
Ce numéro de Civilisations s’efforce de repenser l’esthétique corporelle en s’attaquant à quelques obstacles qui empêchent sa compréhension au niveau des sociétés humaines en général.
Premier de ces obstacles, l’opposition tacite entre « parure » et « vêtement » sépare improprement les ethnologues classiques et les historiens : à objet illusoirement différent, domaines de spécialisation illusoirement distincts. Ces notions recouvrent en outre fort mal les catégories en usage à travers les cultures et le temps. Par exemple, le cultus des auteurs latins regroupait le vêtement et les bijoux, l’ornatus comprenait l’ensemble des soins de beauté, réunissant le maquillage et les cheveux. Le rapprochement possible entre les spécialistes ne passe pas par une taxinomie descriptive globale des interventions et des artefacts corporels comme cela a déjà été tenté. Il dépend plutôt d’un niveau conceptuel supérieur – que ce numéro souhaite promouvoir – celui des « cultures de l’apparence ». Ce niveau d’analyse est possible en dépassant un second obstacle.
Deuxièmement en effet, des propos de Claude Lévi-Strauss sur la nudité au magazine Géo consacré aux Parures du monde (2005) en passant par l’universelle Histoire des mœurs (1990) domine une lecture des apparences humaines selon le couple nature-culture, et de ce fait même, selon les oppositions animal-humain, nu-civilisé. Une telle lecture place la plupart des travaux dans le sillage des vielles représentations européennes de l’autre. Pour l’étude du tatouage, du marquage, de l’objet textile, du masque, et en fait de toute transformation physique, cette distinction, dont la majorité des sociétés fait l’économie, gagne a être remplacée par une autre, présente dans toutes les cultures, à savoir la distinction entre extérieur et intérieur, corps et intention, quels que soient leurs noms, leurs facultés, leur nombre. On se situe bien sûr ici dans la lignée du changement de paradigme proposé par l’anthropologie de la nature et de la figuration développée entre autres par Philippe Descola et Eduardo Viveiros de Castro. L’intervention sur le corps sert moins à arracher l’individu à un hypothétique état de nature qu’à inscrire la personne (et à travers elle la société) dans le monde et le cosmos. Et l’ordre et les qualités que les sociétés attribuent aux êtres et aux choses, y compris aux matériaux, expliquent largement les pratiques, les productions, les conceptions locales et historiques des apparences. C’est ce que montrent par exemple aussi bien l’ordre biblique de la Création, que la raison mythique de l’ornement chez les Orokaiva de Nouvelle-Guinée, ou les masques à transformation des Yupiit d’Alaska.
Troisièmement, une fois l’ethnocentrisme écarté, il reste un anthropocentrisme de fond. Ce biais consiste dans la vision arbitraire du vêtement comme « propre de l’homme », articulée traditionnellement sur les critères de la raison et de la pudeur, alors qu’aucune définition technique ou fonctionnelle (protection, parure, leurre…) n’exclut tous les cas animaux en restant valable pour l’homme en général. On peut donc penser et étudier le fait ornemental et vestimentaire chez l’homme sur un plan éthologique, comparatif. Dans cette direction, il faut se rappeler qu’André Leroi-Gourhan concevait la parure et le vêtement humains dans le cadre d’une réflexion zoologique sur les dispositifs relationnels entre espèces et entre individus d’une même espèce.
Croisant les regards historiens et anthropologiques, c’est à une telle reprogrammation que le volume entend s’attacher en proposant des études de cas et des contributions plus épistémologiques. Les textes porteront un regard critique sur les façons actuelles de conceptualiser l’objet et l’ornement corporels, en histoire ou en sciences sociales.
Les propositions d'articles, en anglais ou en français (un titre et un résumé de 250 mots), sont à envoyer avant le 7 décembre 2009 au secrétariat et à un éditeur de la revue (civilisations@ulb.ac.be et jnoret@ulb.ac.be), ainsi qu’au coordinateur du numéro, Gil Bartholeyns (gbarthol@ulb.ac.be).
Civilisations est une revue d’anthropologie à comité de lecture publiée par l'Institut de Sociologie de l'Université libre de Bruxelles. Diffusée sans discontinuité depuis 1951, la revue publie, en français et en anglais, des articles relevant des différents champs de l’anthropologie, sans exclusive régionale ou temporelle. Relancée depuis 2002 avec un nouveau comité éditorial et un nouveau sous-titre (Revue internationale d’anthropologie et de sciences humaines), la revue encourage désormais particulièrement la publication d’articles où les approches de l’anthropologie s’articulent à celles d’autres sciences sociales, révélant ainsi les processus de construction des sociétés.
Pour plus de détails, voir http://civilisations.revues.orgSubjects
- Ethnology, anthropology (Main category)
- Mind and language > Representation > Cultural history
- Society > Ethnology, anthropology > Social anthropology
- Society > Ethnology, anthropology > Cultural anthropology
- Mind and language > Epistemology and methodology > Epistemology
- Mind and language > Representation > Cultural identities
- Society > History
- Society > Sociology > Sociology of culture
Date(s)
- Monday, December 07, 2009
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Keywords
- anthropologie, histoire, objet, parure, vêtement, ornement, nature, culture
Contact(s)
- Joël Noret
courriel : joel [dot] noret [at] ulb [dot] be
Reference Urls
Information source
- Joël Noret
courriel : joel [dot] noret [at] ulb [dot] be
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To cite this announcement
« Les apparences de l'homme. Penser l'objet et l'ornement corporels », Call for papers, Calenda, Published on Friday, October 30, 2009, https://doi.org/10.58079/fbg