Published on Tuesday, January 26, 2010
Abstract
Announcement
COMITE SCIENTIFIQUE
- Michel GUERIN (Professeur à l'IUF, professeur à l’Université de Provence),
- Sylvie COËLLIER (Professeur, directrice du LESA),
- Jacques Amblard (MCF),
- Louis DIEUZAYDE (MCF),
- Caroline RENARD (MCF).
I. En théorie
En 2003, Yves Michaud dénonce le supposé triomphe de l’esthétique. Or, il ne proclame pas la victoire de l’esthétique critique, la nôtre (celle des commentateurs de l’art), mais plutôt le sacre d’une esthétique aux mains des artistes eux-mêmes. C’est alors plutôt le triomphe de l’art. Et voilà l’esthétique par l’art « ravie » dans les deux sens du terme, en fait battue, certes ainsi dans son nouveau malaise1, voire son silence.Pourtant, l’esthétique peut-elle encore, au XXIème siècle, sinon prétendre modeler l’art comme
l’osent toujours certains philosophes2, du moins simplement l’interroger ?
Si oui, l’art récent a-t-il créé de nouvelles catégories intéressantes ? Quant aux catégories traditionnelles, qu’est-ce qui semblerait émerger depuis 10 ans ? Un art du XXIème siècle est-il encore postmoderne, ou emporté par le mouvement de cette « grande page historique tournée » – le fameux an 2000 – et donc à nouveau, comme autrefois l’art moderne, mu par la poussée de l’histoire en général ? Est-il question, au contraire, d’un art apocalyptique, millénariste, art de liquidation définitive de l’histoire, et finalement d’un art « amnésique », comme certains commentateurs semblent le dire ?
Internet, vitrine attrayante d’un grand magasin planétaire enfin dévoilé, ou d’une postmodernité
cette fois réellement galopante (ultra diversifiée, ultra délocalisatrice, ultra capitaliste), internet a-t-il développé des catégories d’art profondément nouvelles (arts « virtuels3 ») ; a-t-il entraîné des mondialisations ou des altermondialismes artistiques vraiment importants (par exemple en rendant la musique gratuite grâce aux téléchargements, ce que l’Empire démocratique a tôt fait d’interdire) ? Qu’en est-il des arts utilisant les téléphones portables et autres « toy » esthétiques ? La peinture est-elle sérieusement revenue au centre des arts plastiques ? La musique a-t-elle réellement trouvée son centre, celui séparant la tonalité de l’atonalisme ? Le cinéma d’avant-garde a-t-il pour de bon quitté les salles ?
Le 11 septembre 2001 a-t-il rendu à l’art son engagement politique ? « Plus aucun art ne serait-t-il vraiment, après lui, comme avant » ?
La très ancienne malédiction attribuée à tort à Hegel (la soi-disant prophétie de la mort de l’art) est elle enfin accomplie au XXIème siècle ou sont-ce au contraire l’esthétique, la politique et même la philosophie qui sont comme mortes, laissant à l’art (ou à la rigueur hélas aux actes de terrorisme évoqués ci-dessus) le champ de toute expression voire d’action symbolique possible ? Alain Badiou, dans son Petit précis d’inesthétique, prête aux arts la capacité exclusive de dire des « vérités ». Le philosophe, comme d’autres de toute première force (ainsi Nietzsche autrefois), semble donc simplement souscrire, encore en 1998, à l’utopie romantique, celle du génie tout puissant. Comment l’art d’aujourd’hui lui-même n’y souscrirait-il pas toujours a fortiori, dissimulant ceci derrière divers masques : infantilisme (« toyisme »), indifférence, ironie, kitsch, soi-disant abjection (gore), pour mieux continuer en secret, sans doute, ce projet désormais inavouable de transcendance, et pour ce faire
peut-être : châtiant sa chair et se dépouillant de tous ses matériaux ? Quant à ces divers « arts du 3e millénaire », non seulement utopies de l’art, eux également, mais même donc arts de l’utopie, ils semblent parfois paradoxalement datés, relégués au XXe siècle. C’est ainsi que le mystique Scelsi aurait composé dès le XXème siècle la « musique du 3ème millénaire4 », supposée magie au pouvoir plus encore qu’esthétique : éthique5. Mais les arts du IIIème millénaire – « les vrais » – sont-ils nés ?
II. En pratique
Abordant ces questions ou bien d’autres, ce colloque devrait permettre aux intervenants,simplement, de commenter des oeuvres nouvelles et de leur poser la question de leur nouveauté, à moins que la question du neuf soit désormais obsolète – moderne : typique du XXème siècle6. Les conférenciers pourront traiter des catégories artistiques traditionnelles ou nouvelles, de la littérature (si elle n’est pas un « art »), de l’esthétique théorique, des politiques culturelles, ou encore d’autres domaines s’ils peuvent concerner l’« art d’aujourd’hui » d’un point de vue ou d’un autre.
Le thème de ces futures journées, s’il ne semble vouloir se cibler que de façon grossière (« l’art depuis dix ans ») voire utopique (« l’art du IIIème millénaire ! »), entend traquer, au contraire finement (tant que faire se peut), l’art d’aujourd’hui et tenter de le distinguer des concepts éternels de l’art contemporain existant déjà depuis l’après-guerre, ou même, si possible, de montrer en quoi il n’est plus (ou au contraire demeure hélas) l’art des années 1990, ceci pour combattre la grande indifférenciation induite par l’impression du « tout est possible en art depuis longtemps ». On chercherait donc au moins un caractère informatif tangible : donner des nouvelles – précises – du front. Il s’agira aussi d’oser un discours déjà critique. Pour tenter le jeu, également, de se montrer conceptuels, les intervenants seront
invités à tenter, si cela leur convient, plutôt que de s’attacher à une oeuvre (sauf si réellement typique, enthousiasmante de nouveauté ou de nullité exemplaire), des synthèses, celles de tendances émergeant dans leur catégorie artistique, voire de présentations de nouvelles catégories d’art. Ces visions synthétiques, ou du moins emblématiques, conjuguées, permettraient peut-être à ces journées de défricher un domaine a priori vaste, en se tenant à une actualité souvent confondue avec celle (devenue un peu rébarbative), de l’art de ces trente dernières années dans l’esprit de nos étudiants, du public, ou du nôtre : rencontrer enfin cet aujourd’hui trop vite imaginé inique comme si la Querelle de l’art contemporain faisait finalement encore rage7. Les intervenants, s’ils le souhaitent, pourront comparer, rappeler à leurs collègues ignorants (non spécialistes, eux, du même domaine) comment l’art se
comportait de façon différente, éventuellement seulement dix ans auparavant. Certes bien des aspects, depuis les années 1990, n’ont pas changé. Aux intervenants de trouver peut-être, dans leur domaine, ce qui d’après eux fait exception…
III. Partenariats
Associées à nos discussions, auront lieu certaines créations ou rétrospectives d’oeuvres très récentes. Certains événements auront lieu à la Cité du Livre, à l’occasion (aussi) du bicentenaire de la bibliothèque Méjanes. Seront aussi concernés le Pavillon Noir (abritant le ballet Preljocaj), comme l’Institut de l’Image, le Grand Théâtre de Provence, le collectif Seconde Nature, le 3 bis f et l’Institut des Beaux Arts. Les participants seront notamment invités à une projection à L’Institut de l’Image le jeudi 18 novembre, à une création du Ballet Preljocaj au G.T.P., le vendredi 19 novembre, à un vernissage à l’Institut des Beaux Arts l’après-midi du dernier jour.IV. Intérêt « culturel » des discours sur la transdisciplinarité et sur l’actualité
De nombreux colloques se veulent interdisciplinaires : c’est la tendance depuis longtemps, tant mieux. Mais ici, les possibilités de réelles rencontres conceptuelles (« trans » : mieux qu’ « inter » !) entre domaines différents ne seront pas utopiques : outre l’actualité commune, une transdisciplinarité artistique semblera bien naturelle, à l’esthétique bien sûr et également à la « culture » qui traditionnellement réunit les arts (mais seulement eux : on est en droit de lui demander pourquoi). Il s’agira au moins de proposer de nouveaux discours à celle-ci. La culture – et avec elle un public ? – devrait donc nous suivre, dans la mesure aussi où la question de l’hyperactualité se soucie finalement de son avenir à long terme, lorsque les expositions Picasso, les festivals Mozart ou concernant d’autres grands « génies » sacrés par nos sociétés de façon peut-être suspecte, auront perdu de leur fascination absolue à ses yeux.Les titres et résumés des communications (dix lignes maximum) seront envoyés avant le 30 avril 2010 à amblard.jacques@gmail.com.
Les conférences dureront 20 minutes (hors discussions)
Subjects
- Modern (Main category)
- Periods > Modern > Twenty-first century
- Mind and language > Representation
Places
- Salle Ghotique Musée des Tapisseries
Aix-en-Provence, France
Date(s)
- Friday, April 30, 2010
Attached files
Contact(s)
- Jacques Amblard
courriel : amblard [dot] jacques [at] gmail [dot] com
Reference Urls
Information source
- Absa d'Agaro
courriel : addictions2024 [at] sciencesconf [dot] org
License
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To cite this announcement
« L’art du XXIe siècle : premier état des lieux », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, January 26, 2010, https://doi.org/10.58079/frj