Página inicialLes études d’urbanisme : territoires et usages sociaux des savoirs urbains

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Les études d’urbanisme : territoires et usages sociaux des savoirs urbains

Urban planning studies: spaces and social uses of urban knowledge

Revue Géocarrefour vol. 85

Géocarrefour journal (issue n°85)

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Publicado terça, 02 de março de 2010

Resumo

Les études d’urbanisme ont ceci d’étonnant que leur multiplicité et les apparentes évidences sur lesquelles elles reposent les rendent comme invisibles aux yeux des observateurs des politiques urbaines. En amont de démarches de planification ou d’opérations d’aménagement de toutes sortes, les études abondent, leurs formes et appellations sont multiples. Les producteurs d’études sont tout aussi divers : collectivités, services de l’État, organismes publics ou privés dont l’étude est la raison d’être, mais aussi associations ou, parfois, particuliers. La diversification du « marché des études » d’urbanisme contraste avec le relatif silence qui entoure pourtant le monde des études dans la communauté scientifique. Le présent appel à contributions pour la revue Géocarrefour entend justement susciter une réflexion pluridisciplinaire sur ce point souvent peu considéré par la recherche récente sur l’urbanisme et l’aménagement des villes.

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Les études d’urbanisme ont ceci d’étonnant que leur multiplicité et les apparentes évidences sur lesquelles elles reposent les rendent comme invisibles aux yeux des observateurs des politiques urbaines. En amont de démarches de planification ou d’opérations d’aménagement de toutes sortes, les études abondent, leurs formes et appellations sont multiples : études préalables, études de conception, études pré-opérationnelles, études de marché, de plan-masse, d’impact, de danger, etc. certaines délaissant même le terme d’étude (plan de référence d’un quartier, diagnostic urbain, etc.). Les producteurs d’études sont tout aussi divers : collectivités, services de l’État, organismes publics ou privés dont l’étude est la raison d’être, mais aussi associations ou, parfois, particuliers. Le « marché des études » d’urbanisme s’est aujourd’hui diversifié à un point tel (Claude, 2006) qu’on reste désemparé par le relatif silence qui entoure pourtant le monde des études dans la communauté scientifique. Le présent appel à contributions entend justement susciter une réflexion pluridisciplinaire sur ce point souvent peu considéré par la recherche récente sur l’urbanisme et l’aménagement des villes.

À quoi servent les études d'urbanisme ?

Si l’on s’en tient à une conception couramment entendue, l’étude d’urbanisme serait le produit d’une démarche visant à établir l’opportunité et la faisabilité d’un aménagement quelconque puis à en définir ensuite les contours plus précis. L’étude permettrait ainsi l’analyse d’une situation existante en vue de délimiter les principes d’une action à venir. Mais ce raisonnement positiviste résiste-t-il à l’analyse ? Des travaux déjà anciens ont insisté sur la figure tenace de « l’étude-alibi », sur l’instrumentation fréquente des études (GRETU, 1980), ou encore sur le fait que les études servent à bien d’autres choses que ce que l’on croit… ou feint de croire ! (IRT, 1983) À quels usages stratégiques les études peuvent-elles donner lieu ? De quelles transactions sociales l’étude est-elle le support ? La conduite ou la commande d’une étude constituent-elles, et de quelle manière, des ressources spécifiques pour les acteurs des politiques urbaines ? Les études sont-elles à-même de produire des visions convergentes, des consensus au moins provisoires ? Peuvent-elles à l’inverse créer la discorde et aviver les divergences entres professionnels, élus, habitants, experts de tous ordres ? L’étude joue-t-elle le rôle d’un instrument permettant de mettre en débat des représentations concurrentes des espaces urbains, tels qu’ils sont ou tels qu’on voudrait les transformer ?

Les territoires de l’étude

Étudier les études revient aussi à poser la question des choix faits dans les modalités d’appréhension des phénomènes urbains. Périmètres, échantillons, données, enquêtes, échelles spatiales ou temporelles, comparaison, etc. : autant de points sur lesquels s’exercent, de manière implicite ou explicite, des arbitrages dont les logiques méritent d’être mieux connues. On peut en dire autant des choix de représentation des analyses produites. Certaines études, quantitatives et/ou statistiques, dénombrent et spatialisent en recourant aux cartes. D’autres racontent davantage qu’elles ne comptent. D’autres encore utilisent des modes de représentation par images de synthèse. Que nous disent alors ces études des territoires qu’elles se proposent d’étudier ? Quelles représentations de la ville livrent-elles ? Si l’on admet que les études, loin d’approcher une réalité qui leur préexisterait, permettent de s’accorder sur ce qui fait problème à un moment donné et sur les réponses qu’il est possible d’apporter, quelles sont les caractéristiques des espaces et des populations qu’elles donnent à voir ?

L’étude et le savoir scientifique

Les études d’urbanisme ont pour point commun de mettre divers types de savoirs au service d’une action future sur l’espace urbain. Certaines d’entre elles mobilisent d’ailleurs des techniques d’analyse ou de simulation nécessitant des compétences de haut niveau (théories des fractales, de la logique floue, etc.). Mais l’étude, genre hybride entre le savoir et l’action, est aussi souvent suspecte de produire un savoir « impur » (en regard du savoir académique) en raison de son asservissement à l’action et à ses contingences. Qui sont les producteurs d’études, et quels sont au juste les liens qu’entretient l’étude d’urbanisme avec le savoir scientifique ? L’histoire de la recherche urbaine française, celle également des expertises de l’État ou des collectivités en matière de développement économique ou de transports urbains, témoignent du rôle joué par des représentants du monde universitaire. Comment a évolué, dans la période récente, cette mobilisation directe ou indirecte des universitaires dans les savoirs et les pratiques diverses de l’étude ? Un regard comparatif à l’échelle internationale, ou bien des expériences étrangères, apporteraient ici des enseignements précieux tant les jeux de légitimation ou de défiance entre mondes savants et décideurs publics semblent variables d’un contexte national à un autre.

L’évolution de la demande d’études

Un dernier registre de questionnement concerne l’évolution de la mobilisation des études dans l’action urbaine. Une perspective historique permettrait de mieux identifier ce qui s’est joué en ce domaine au cours de la période récente. En effet, la genèse de certains instruments de connaissance mobilisés par les études d’urbanisme, à diverses périodes, s’inscrit dans les moments de rencontres entre l’histoire des disciplines académiques et celle des problèmes publics posés aux décideurs urbains (Montigny, 1992). La naissance de la monographie sociologique ou de la statistique sociale, par exemple, ne seraient guère compréhensibles si l’on faisait abstraction des attentes des pouvoirs publics en matière de connaissance urbaine à la fin du XIXe siècle. Or, les problèmes urbains, tout comme les instruments et savoirs permettant de les appréhender, de leur donner corps et de les traiter, ont notablement évolué. L’innovation n’a d’ailleurs pas été uniquement technique : les urbanistes accordent désormais une large place à la concertation et au « projet urbain », démarche dans laquelle le processus – négocié – importe plus que le « produit » lui-même. Pour autant, l’étude et la connaissance préalables ont-elles disparu des pratiques d’aménagement localisées ? Quels sont les savoirs aujourd’hui en émergence (ou en déshérence) dans le domaine des études ? Au service de quelles politiques, et sur quels territoires ?

Ce dossier vise ainsi à approfondir l’idée selon laquelle l’étude d’urbanisme, comme modalité savante d’appréhension ou de mesure de phénomènes urbains, peut constituer un solide analyseur des manières dominantes de faire la ville, du statut du savoir dans l’action publique urbaine et des conceptions plurielles de la régulation politique des rapports sociaux. Les perspectives disciplinaires sont délibérément ouvertes mais devront être explicitées dans chaque contribution. Si des monographies concernant la mobilisation d’études dans des contextes d’action précis sont attendues, les articles traitant d’expériences étrangères ou de comparaisons internationales seront appréciés.

Soumission des articles

Les articles respectant strictement les normes de rédaction, de bibliographie et d'illustration de la revue (consultable en suivant ce lien: http://geocarrefour.revues.org/index1017.html)

sont attendus pour le 15 juin 2010

Les articles seront adressés à la revue et aux coordinateurs Les contributeurs intéressés sont invités à signaler leur projet aux coordonateurs du dossier. Les articles seront évalués en double aveugle et les auteurs recevront notification de la décision (et des instructions de correction) au plus tard au 15 septembre 2010.

Contacts: Bilel Benbouzid: bilel.benbouzid@entpe.fr , Gilles Bentayou: gilles.bentayou@free.fr, geocarrefour@revues.org

Références citées

Claude V., Faire la ville. Les métiers de l’urbanisme au XXe siècle, Marseille, Parenthèses, 2006.

Gretu (Groupe de réflexion sur l’économie des transports urbains), Une étude économique a montré… Mythes et réalités des études de transport, Paris, éditions Cujas, 1980.

Irt (Institut de recherche des transports), Études et décisions. La ligne C du métro lyonnais, rapport IRT n°63, Arcueil, 1983.

Montigny G., De la ville à l’urbanisation. Essai sur la genèse des études urbaines françaises en géographie, sociologie et statistique sociale, Paris, L’Harmattan, 1992.

Urban planning studies: spaces and social uses of urban knowledge

Urban planning studies are an odd material: their multiplicity and apparent obviousness tend to make them invisible to most analysts of urban policies. Carried out before planning processes, studies are numerous and their forms and denominations are multiple: (preliminary studies, feasibility studies, market studies…) – some of them don’t even use the term “study” (e.g. social diagnosis, risk assessment). The producers of studies are also varied: not only local authorities, administrative bodies, specialized public or private agencies, but also associations or, sometimes, private individuals. The “market of studies” in urban planning is nowadays diversified, although a relative silence is still surrounding the world of studies in the scientific community. This call for papers precisely intends to favour an interdisciplinary reflection on this point, too often neglected by recent research on urban planning practices.

The uses of urban planning studies

According to a common definition, urban planning studies would aim at establishing the opportunity and the feasibility of a development project. Such studies involve thus the analysis of an existing situation in order to define the principles of future action. But does such a positivist reasoning stand up to analysis? The frequent instrumentation of studies, as well as their being used in many other ways than they are supposed to be, has regularly been pointed out by the scientific literature. What are the strategic uses of studies?  What are the social transactions they support? Do ordering or performing a study constitute some specific resources for stakeholders of urban policies? And how? Can studies help in producing converging visions, or, at least, temporary consensuses? Conversely, can they create controversies and stimulate divergences between professionals, elected officials, inhabitants, and experts? Do they induce debates between competing representations of existing or future urban spaces and social forms?

The territories of urban planning studies

Such studies also involve many choices on the methods used to analyze urban phenomena: areas, samples, data, types of survey, spatial or temporal scales, comparisons, are points on which many decisions are made by the authors of studies or the people who ordered them. Implicit or explicit, these choices have to be considered, as well as the ones made in the representation of the analyses produced. Some studies use quantitative and/or statistical knowledge, others describe social situations with words. Some of them use visual techniques of representation like 3D renderings. But what do these studies show or tell us about territories? Which representations of the city do they offer? If we admit that studies contribute to the social construction of urban problems and consequently of the possible answers to build, what are the features of the spaces and populations they deal with?

Urban planning studies and scientific knowledge

In spite of their differences, urban planning studies have a common feature: they assume a strong link between knowledge and action on urban spaces. Some of them use techniques of analysis or simulation that require a high level of competence (e.g. fractal theory). But studies are also a hybrid form between knowledge and action; there are often suspected to produce an “impure” knowledge (compared to the academic one) because they are action-oriented and contingent. Who produce studies, and what are the links between urban planning studies and scientific knowledge on cities? The history of French urban research as well as the history of state or local expertise in economic development or city transportation, have highlighted the role played by academics. How has this direct or indirect mobilization of academics evolved, since the last decades, in the knowledge and the various practices of the urban planning study? A comparative view in an international perspective would be fruitful: the links between the academic world and policy makers (in terms of legitimacy or distrust) vary according to the national context.

The evolution of the request for urban planning studies

The last topic deals with the evolution of the mobilization of studies for urban action. A historical perspective would better identify the recent developments in this field. Indeed, the origins of some knowledge tools used at various periods by urban planning studies originates at the crossroads between the history of academic disciplines and the history of public problems that urban policy makers have been facing. For instance, the birth of the sociological monograph or of social statistics would hardly be understandable without considering the need for urban knowledge from policy makers at the end of the 19th century. However, urban problems as well as the tools and knowledge making it possible to act on them, have deeply changed. Innovation was not only technical: urban planners are nowadays keen on public debate or public-private partnerships, in which the processes are more important than the final urban development chosen. But did studies, surveys and their specific knowledge, totally disappear from urban planning practices? Which types of knowledge are today emerging in the field of town planning? For which policies and on which territories?

The funding assumption of this issue is that urban planning studies, as an erudite method of analysis or measurement of urban phenomena, are a pertinent object to understand the dominant ways of city-making, the status of knowledge in urban planning processes and the numerous conceptions of the political regulation of social problems. The disciplinary perspectives are open but they should be clarified in each contribution. Monographic articles concerning the uses of urban planning studies in specific contexts are awaited and papers dealing with non French case-studies as well as international comparisons will be appreciated.

Instructions for the submission of papers

Articles written in English are welcome. The articles shall be sent to the editors and the journal on the 15th of June, 2010. They will strictly follow the editorial norms of the journal, that can be found on the following webpage (http://geocarrefour.revues.org/index1017.html). The applicants shall inform the editors of their projects. The submitted papers will be evaluated under a double blind review process. The authors will be notified at least on the 15th of September, 2010.

Contacts: Bilel Benbouzid: bilel.benbouzid@entpe.fr , Gilles Bentayou: gilles.bentayou@free.fr, geocarrefour@revues.org


Datas

  • terça, 15 de junho de 2010

Palavras-chave

  • urbanisme, pratiques professionnelles, Europe, ville

Contactos

  • Bilel Benbouzid
    courriel : bilel [dot] benbouzid198 [at] gmail [dot] com
  • Gilles Bentayou
    courriel : gilles [dot] bentayou [at] free [dot] fr

Urls de referência

Fonte da informação

  • Eric Verdeil
    courriel : eric [dot] verdeil [at] normalesup [dot] org

Licença

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Para citar este anúncio

« Les études d’urbanisme : territoires et usages sociaux des savoirs urbains », Chamada de trabalhos, Calenda, Publicado terça, 02 de março de 2010, https://doi.org/10.58079/fyi

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