AccueilHabiter : l'ancrage territorial comme support pour l'éducation à l'environnement

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Habiter : l'ancrage territorial comme support pour l'éducation à l'environnement

Living: territorial rootedness as a support for environmental education

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Publié le mardi 16 mars 2010

Résumé

Pourquoi un individu - un citoyen peut-être - franchit-il le pas et décide-t-il de s’impliquer dans une action collective à propos d’un problème environnemental qui le concerne ? S’engager dans l’action fait surtout appel à l’affectif, au sentiment d’affiliation à un groupe, d’appartenance à un territoire, au fait d’avoir tissé des liens avec un lieu, en somme, d’« habiter ». Ce colloque déclinera les différentes fonctions d’habiter autour des notions de résider, demeurer et être-au-monde.

Annonce

L’Ifrée, en partenariat avec l’I.U.F.M. Poitou-Charentes, et l’Université de La Rochelle organise un colloque dont le thème est  « Habiter : l’ancrage territorial comme support pour l’éducation à l’environnement  ». Il se tiendra à La Rochelle les 24 et 25 juin 2010 et rassemblera chercheurs et praticiens engagés dans la recherche dans ce domaine.

L’idée de ce colloque vient du constat généralement partagé que l’information ne mène pas forcément (et rarement directement) à l’action. L’engagement dans l’action fait appel à l’affectif, au sentiment d’affiliation à un groupe, d’appartenance à un territoire, au fait d’avoir tissé des liens avec un lieu, en somme, d’« habiter ». Bien que la notion d’habiter suscite un vif intérêt dans des disciplines scolaires et universitaires comme la géographie ou la philosophie, ce colloque mettra l’accent sur l’ensemble des pratiques éducatives qui cherchent à faire prendre conscience, à utiliser et à développer le lien avec l’environnement, qu’il soit proche ou plus lointain.

Argumentaire

Habiter comme « résider »

Par « habiter », on désigne le fait d’avoir son domicile en un lieu, d’occuper un logement ou un territoire qu’on définira ici comme un espace de mobilité, d’expression et d’action pour un individu. Les « habitants » sont ceux qui résident, s’expriment et agissent dans un lieu donné. Avec le développement des pratiques participatives, l’accent mis sur le développement local, l’habitant est une figure qui a émergé sur la scène politique. Certes, l’identité de lieu n’est plus celle d’autrefois. La mobilité a fait éclater les cadres de vie quotidienne, les résidences multiples créent autant d’attachements locaux. Des distinctions pourront être faites entre familiarité, attachement, sentiment d’appartenance, identité sociale, ou socio-spatiale. Individus et groupes développent leurs propres pratiques spatiales, se représentent différemment leur espace, qu’ils investissent de sens et de valeurs divers, et où ils visent des buts divergents.

Pourquoi un individu - un citoyen peut-être - franchit-il le pas et décide-t-il de s’impliquer dans une action collective à propos d’un problème environnemental qui le concerne ? Comment l’éducation à l’environnement peut-elle participer à la construction d’une opinion raisonnée ? Quelles démarches adopter pour permettre aux individus de participer au débat public ?

Pourtant, l’habitant n’est pas exactement le citoyen, et habiter un lieu et appartenir à un territoire ne fonde pas, au moins dans les pays démocratiques modernes, une véritable légitimité politique. Si le retour de l’habitant est bien lié aux difficultés de la parole publique dans le cadre démocratique actuel, on peut se demander jusqu’à quel point son expression participe de l’intérêt général. Au-delà de l’habitant, la référence est la communauté : vivre « parmi » ou « entre » nous. Et bien que l’idée de communauté diffère d’un groupe, d’un pays à l’autre, se pose toujours la question de son ouverture, et à défaut, de l’exclusion qu’elle génère.

Dans ces conditions, comment les démarches employées pour faciliter l’expression des habitants peuvent-elles garantir l’expression de tous, ou au moins réduire les phénomènes de tiers absents ?

Les expériences que l’on peut envisager sur ce thème sont nombreuses : gestion de l’eau dans les bassins versants, conservation de paysages, animation de quartiers urbains, budgets participatifs, développement local, éducation au patrimoine... Seront valorisées les communications axées sur les actions de sensibilisation, de formation et d’éducation intégrant une démarche réflexive.

Habiter comme « demeurer »

« Demeurer » signifie qu’on s’attarde en un lieu, et évoque un ancrage physique et temporel. On reste fidèle à une demeure, un chez-soi, dans la durée. Un aspect de la crise environnementale, et probablement sociale actuelle, naît de la dissociation entre les habitants et leur habitat. Parmi les savoirs existentiels fondamentaux, on peut décrire le « savoir habiter » comme la capacité à la fois pratique et psychologique à utiliser, à entretenir, à s’approprier un lieu. Qu’il s’agisse d’un logement, d’un quartier, d’un lieu plus vaste encore, habiter, c’est maîtriser les différentes interactions sociales, techniques, économiques, symboliques qui font qu’au-delà d’occuper un lieu, on y vit.

Vivre dans un territoire s’appréhende à deux niveaux toujours en interaction : celui de l’action des personnes ou des sociétés sur les supports matériels de leur existence, et celui des systèmes de représentations qu’elles se font d’elles-mêmes et de leur espace.  

Habiter une maison prend en compte un aspect technique : celui des matériaux, de l’agencement, du fonctionnement de la maison ; mais la maison est aussi le port d’attache du corps et l’ancrage de nos rêves. La maison éduque ses habitants par les routines, les habitudes, et transmet ainsi le sens de la communauté. Habiter un quartier, une ville, un territoire rural implique de la même façon un côté matériel, celui que les sociétés aménagent, et un côté idéel. Les lieux sont ainsi porteurs de valeur et de sens ; de mémoire aussi. La maison familiale transmet celle de l’habitant, des territoires portent aussi les traces d’appartenance de groupes sociaux passés : paysages, monuments, patrimoines de toutes sortes.

Dans cette perspective, la crise du savoir habiter prend tout son relief. Les pratiques spatiales d’un individu - ou d’un groupe - traduisent les représentations qu’il se fait de l’espace, investi de sens et de valeurs.

Dans ces conditions, l’éducation à l’environnement qui a pour but de modifier nos représentations de nos milieux de vie n’est-elle pas un outil fondamental pour un habiter plus conscient ?  

Ici aussi ce sont les actions éducatives (au sens large) qui visent à se réapproprier les lieux et à sensibiliser à la portée environnementale de nos pratiques qui intéressent ce colloque. On peut donner quelques pistes, mais elles sont très nombreuses : reprendre en main la construction de sa maison par l’auto-construction ou l’éco-construction ; lutter contre l’exclusion sociale par l’auto-réhabilitation de son logement… Bien entendu, les expériences d’éco-quartiers et d’éco-hameaux constituent de bons exemples d’habiter durablement son territoire, de même que des actions de protection et de réhabilitation de paysage, ou de sauvegarde de patrimoine naturel ou historique.

Bien entendu, dans les territoires, l’école n’est pas un lieu neutre et de plus en plus les programmes scolaires, les projets éducatifs, le fonctionnement de l’établissement et son rayonnement autour de lui s’intéressent à cette notion d’habiter et contribuent à renforcer les liens entre l’école et son territoire. 

Habiter comme « être-au-monde »

Habiter le territoire, habiter la maison… mais aussi habiter le monde. Habiter le monde s’étire entre deux pôles aussi vastes l’un que l’autre et intégrateurs l’un de l’autre : le monde – planète et le monde-à-soi.

Le monde-planète, c’est l’écoumène des grecs, la Terre-patrie de Morin et Kern, la Terre-cité de Jean Viard.

Le monde-à-soi, c’est cet englobant à l’être constitué des réseaux de significations tissés au fil de la vie et des expériences, sans frontières précises, exclusifs de ce qui ne fait pas sens. Parler d’être-au-monde, c’est alors pointer les multiples interactions qui se jouent entre l’être et son environnement, interactions formantes, déformantes, transformantes, tant pour l’être que pour l’environnement. L’être reçoit de l’environnement tout autant qu’il agit sur l’environnement. Percevoir, penser, agir et constituer « son » monde au fil du temps.

L’écoformation nomme ces interactions d’entre-deux saisies par la pensée réflexive. Comment l’identité peut-elle être aussi empreintée du monde de la matière et de la nature ? Comment le milieu personnel s’enrichit-t-il de la relation aux « choses », aux espaces, aux paysages ? Comment l’environnement perd-il son statut d’objet neutre, indifférencié, lointain quand il entre dans la composition de l’être-au-monde ?

On ne peut qu’insister sur le fait que seule la civilisation occidentale moderne sépare nettement les humains et les choses. Au-delà des lieux communs sur l’harmonie, vraie ou prétendue, de l’Homme et de la Nature dans d’autres cultures que la nôtre, il sera d’un grand intérêt de décrire des expériences d’éducation à l’environnement qui prennent réellement en compte les représentations autochtones de l’environnement.

L’écoformation interroge les relations des humains au monde, des humains à la nature, des humains à leur habitat. Outre ces expériences d’écoformation grandes et petites, le colloque sera l’occasion de mieux décrire les liens entre l’écoformation, l’interactionnisme en sociologie, la phénoménologie en philosophie, le constructivisme en didactique.

Propositions 

Deux types de communications sont prévus. D’une part, des communications de fond, alimentées par une recherche spécifique, représentant un article d’une quinzaine de pages. D’autre part, des présentations courtes centrées autour d’un thème, d’une question à débattre, ou du compte-rendu d’une recherche-action.

Les intentions de contribution, comportant le titre, l'indication succincte du contenu, cinq mots clé et le type de communication souhaité (long ou court), sont à adresser

le 31 mars 2010 au plus tard

à Elodie Le Thiec à l’Ifrée : colloque@ifree.asso.fr ou par courrier à l’Ifrée, A l’attn d’Elodie Le Thiec, Carrefour de la Canauderie, Forêt de Chizé, 79360, Villiers en Bois, France.

Catégories

Lieux

  • Forêt de Chizé - Carrefour de la Canauderie
    Villiers-en-Bois, France (79360)

Dates

  • mercredi 31 mars 2010

Mots-clés

  • résider, demeurer, être-au-monde, territoire, éducation à l’environnement

Contacts

  • Elodie Le Thiec
    courriel : jebidou [at] ades [dot] cnrs [dot] fr

Source de l'information

  • Marie-Bernadette Darignac
    courriel : mb [dot] darignac [at] ades [dot] cnrs [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Habiter : l'ancrage territorial comme support pour l'éducation à l'environnement », Appel à contribution, Calenda, Publié le mardi 16 mars 2010, https://doi.org/10.58079/g1m

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