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Time of Art and Artists: Series, Cycles, Generations
Les temps de l’art et des artistes : séries, cycles, générations
Temporalités n° 14 (2011/2) edited by Christiane Rolle et Morgan Jouvenet (Laboratoire Printemps, Université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines)
Revue Temporalités n° 14 (2011/2) coordonné par Christiane Rolle et Morgan Jouvenet (Laboratoire Printemps, Université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines)
Published on Monday, July 19, 2010
Abstract
Announcement
Ce numéro de Temporalités est destiné à regrouper des articles portant sur les artistes et leur travail, aussi bien que sur la genèse et le destin de leurs œuvres. Ces articles devront s’appuyer sur des recherches empiriques, et interroger – ou du moins mettre en évidence – les dimensions temporelles qui fondent leurs questionnements et la construction de leur(s) objet(s). Le but est d’enrichir la connaissance de l’éventail des cadres temporels que mobilisent les recherches sur l’art.
L’intérêt de ce choix thématique est renforcé par la vivacité et la variété des travaux menés aujourd’hui sur les activités artistiques. Les recherches en sciences humaines ont d’une part élargi le champ des connaissances en intégrant une gamme plus vaste de disciplines artistiques, plus ou moins « légitimes » (au sens de P. Bourdieu). En suivant le travail réalisé dans les « mondes de l’art » (H. Becker), elles ont en outre permis de révéler l’hétérogénéité et la complexité des acteurs et processus qui supportent la création et la diffusion des œuvres. À partir d’angles d’investigation différents (travail, marché, formation, réputation…), ces enquêtes continuent à renseigner la « fabrication » de l’œuvre autant que celle de l’artiste, ou encore les modalités (marchandes et institutionnelles) de la rencontre entre les œuvres et leurs publics.
Au-delà de cette diversité des objets et des perspectives (voire des « écoles »), ce numéro de Temporalités offre un lieu de débats et de comparaisons autour de la question du rapport au temps. D’autant que ce rapport est aussi celui du chercheur, dont les choix théoriques et méthodologiques ont récemment suscité d’importantes contributions, insistant sur une pensée « par séquences » (celle d’A. Abbott, notamment, dans Time matters [2001] ; celle de P.-M. Menger, aussi, au sujet de la sociologie historique de « Beethoven et de son génie » [Annales HSS, 4, 2002 ou Le travail créateur]).
Les articles espérés pourront s’inscrire dans la temporalité des biographies individuelles des artistes, mais aussi dans celle de la réception des œuvres, dans des vies et à des époques autres que celles de leurs créateurs (pour reprendre la distinction de P. Ricœur entre « l’immortel temps de l’œuvre et le temps mortel de la vie »). Dans le monde social, l’expérience des œuvres (au musée, par exemple) alimente le rapport au temps des acteurs, leur perception et leur compréhension d’autres groupes et époques. Ces œuvres sont parfois oubliées, puis « redécouvertes » (F. Haskell, La norme et le caprice. Redécouvertes en art [1986]), et s’intéresser aux pratiques qui les entourent, c’est aussi s’interroger sur les distinctions et les rapprochements qui fondent l’ordinaire du rapport au temps. Les historiens F. Haskell, et N. Penny ont ainsi montré (dans Pour l’amour de l’antique. La statuaire gréco-romaine et le goût européen [1981]) comment l’enquête sur les pratiques des riches amateurs de la statuaire gréco-romaine, entre 1500 et 1900, pouvait éclairer l’invention d’un rapport particulier au passé (et au temps humain).
Quel que soit leur objet, la posture des contributeurs de ce numéro de Temporalités pourra être microsociologique, adaptée à une enquête sur les temps et rythmes de la création, ou bien macro-historique, traitant par exemple des continuités et ruptures qui scandent l’histoire de l’art. Le sociologue ou l’économiste étudiant les processus et cycles qui font ou défont les carrières des artistes sont également invités à participer à ce numéro thématique. Plus généralement, son but est d’alimenter la réflexion sur l’importance de l’expérience et de la gestion du temps pour la compréhension des dynamiques qui animent les « mondes de l’art », au niveau de la création et la diffusion des œuvres.
Les angles d’approches ne manquent pas pour éclairer le rapport entre création artistique et temporalités. À titre d’exemples, nous proposons à la suite une série de thématiques permettant de faire ressortir la diversité des échelles temporelles et des questions que les auteurs pourront examiner.
- Les temps de la création : jeux et gestes de la performance artistique. Comment s’organise le rythme de la création ? Quel est le rapport au temps du créateur au travail ? Quels sont les repères temporels à l’œuvre lors des phases de création ? Et comment s’articulent-elles ? Ces questions pourront notamment alimenter des comparaisons entre domaines artistiques : elles n’appellent en effet sans doute pas les mêmes réponses suivant l’ambition et les bagages des créateurs. Ne serait-ce que dans le domaine musical, les improvisations du jazzman ou du « slameur », sur scène, ne s’inscrivent par exemple pas dans les mêmes temporalités que l’écriture des compositeurs des musiques savantes.
- La mise en scène des temporalités dans l’œuvre : l’inscription du rapport au temps dans un projet esthétique. Comment les artistes parviennent-ils à représenter le passage du temps (et ses événements) dans leurs créations ? Que nous disent ces représentations du monde qui les entoure ? Comment les artistes envisagent-ils eux-mêmes l’influence des changements d’époque sur leur travail ? (comme V. Woolf composant avec l’idée qu’« à peu près autour de décembre 1910, l’esprit humain a changé »).
- Le temps de la carrière : ruptures et continuités dans la succession des projets. Pour de nombreux observateurs, le monde de l’art est organisé « par projets » : la carrière apparaît alors comme une succession et superposition de projets comportant souvent une importante dimension collective. Ce type de segmentation et les modélisations qui en dérivent éclairent-elles le déroulement des trajectoires professionnelles et des itinéraires esthétiques ? De quelle manière la concentration de l’artiste sur tel ou tel projet informe-t-elle son rapport au temps ? Comment le discours sur soi, sur la cohérence de la personne et sa pérennité, permet-il de surmonter l’éventuelle disparité des engagements successifs de l’artiste ? Comment le temps fabrique-t-il une personnalité artistique ?
- Les temps de la réception : la question de l’anachronisme dans l’appropriation des œuvres. Lorsque l’appropriation des œuvres par le public n’est pas instantanée, celui-ci est plongé dans une temporalité qui peut être très éloignée de celle du créateur. Comment ces décalages s’inscrivent-ils dans les pratiques et discours qui donnent leur sens (voire leur statut) aux productions artistiques ? Quelle analyse faire des rapports au temps engagés lors de la valorisation (ou de la dévalorisation) de certaines d’entre elles ? Quels sont les acteurs et les processus qui comptent dans une telle « mise en récit » des œuvres ? Comment rapporter les succès ou insuccès de ces acteurs aux caractéristiques sociales qui font la diversité des publics ?
- Les temps des Écoles : cycles, modes, générations, séries. La production des œuvres est inscrite, par leurs créateurs ou les critiques, dans une temporalité hachée, qui permet de distinguer les artistes à travers leur appartenance à des groupes ou à des Écoles dont on peut faire la biographie et l’arbre généalogique. Les modes et les styles artistiques semblent de même vivre et mourir comme des êtres vivants, prenant place à tour de rôle sur le devant de la scène dans un mouvement perpétuel (« tout change, sauf l’avant-garde », ironisait Paul Valéry). Ces regroupements s’intègrent à leur tour à des séries temporelles plus vastes, présentant la continuité historique sur le mode des strates géologiques. Comment les sciences humaines peuvent-elles concevoir ces découpages ? Quelle place leur donner en matière de comparaison historique ? Que révèlent-ils de la dynamique des cycles de renouvellement artistique ? Qu’occultent-ils ?
Calendrier récapitulatif :
Réception des propositions (résumés de 5 000 signes maximum) : 15 octobre 2010
Réponse des coordinateurs : 15 novembre 2010Réception des articles (50 000 signes maximum) : 15 février 2011
Retour des expertises des referees : 15 mars 2011
Réception de la version révisée : 15 mai 2011
Finalisation du numéro : 15 août 2011
Mise en ligne : 15 octobre 2011
Subjects
- Sociology (Main category)
- Mind and language > Representation > Cultural history
- Society > History > Economic history
- Mind and language > Representation > History of art
- Society > Ethnology, anthropology > Cultural anthropology
- Mind and language > Representation
- Society > Sociology > Sociology of culture
- Society > Sociology > Economic sociology
Date(s)
- Friday, October 15, 2010
Attached files
Keywords
- temps, temporalités, arts, artistes, séries, cycles, générations, travail, oeuvres
Contact(s)
- François Théron
courriel : francois [dot] theron [at] uvsq [dot] fr
Reference Urls
Information source
- François Théron
courriel : francois [dot] theron [at] uvsq [dot] fr
License
This announcement is licensed under the terms of Creative Commons CC0 1.0 Universal.
To cite this announcement
« Time of Art and Artists: Series, Cycles, Generations », Call for papers, Calenda, Published on Monday, July 19, 2010, https://doi.org/10.58079/gq4