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Les usages sociaux de l'argent

The Social Uses of Money

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Publié le lundi 20 décembre 2010

Résumé

Le colloque « les usages sociaux de l’argent » clôture les travaux initiés au Centre nantais de sociologie (CENS) depuis 2007 autour des formes différenciées d’utilisation et d’incorporation de l’argent, elles-mêmes interrogées au plus près des usages quotidiens des individus. Ces journées entendent privilégier l’exposé de recherches et d’études de terrain consacrées à l'argent « ordinaire » tel qu'il est pensé et utilisé par des individus eux-mêmes « ordinaires ».

Annonce

Colloque Les usages sociaux de l’argent

6 et 7 juin 2011

Journées scientifiques

Université de Nantes
Cité des congrès
5, rue de Valmy à Nantes                                                                                

Appel à communications

Présentation

Les réflexions sociologiques sur l'argent montrent, dans la filiation des travaux des anthropologues et de ceux, plus récents, de Viviana Zelizer, que l'argent n'est pas neutre (contrairement aux préceptes de l’homo œconomicus), mais qu'il fait l’objet d’un processus de « marquage » au sein des familles et des groupes sociaux en général. Pour cette raison, une des ambitions du colloque est de valoriser des recherches qui montrent de quelles façons les agents sociaux investissent l’argent d’une signification différente, en fonction de sa provenance (l'argent du salaire et celui du travail illicite, l’argent des maris et des épouses, l'argent de l'épargne et celui de l'héritage, celui des primes et celui du jeu...), de son usage (l'argent des courses ménagères et celui des vacances) et au-delà de sa destination, celui que l'on désire transmettre à travers un patrimoine, immobilier par exemple, ou celui que l’on souhaite investir dans tel produit financier (épargne retraite, etc.). L'hypothèse de la non neutralité sociale de l'argent conduit à ce que soient examinées des situations sociales concrètes d’usages de l’argent comme, par exemple, les arbitrages auxquels peuvent procéder les individus, les familles et les couples à l'occasion de l'établissement d'un budget, de la constitution d'une épargne ou de la fixation du montant de l'argent de poche à donner aux enfants.

L’approche par l’argent du quotidien n’exclut pas de replacer l’argent d’une part au sein des institutions sur lesquelles il est mobilisé, échangé, discuté, contrôlé, et d’autre part au sein des rapports sociaux qu’ils contribuent à produire. Les services bancaires seront envisagés par exemple comme les outils contemporains de la thésaurisation et de la dette pour des individus qui développent à leur égard des pratiques et des conceptions variables. Dans ce cas, la relation bancaire est entendue comme le lieu de l’expression des représentations de l’argent, tant pour le client que pour « son » banquier.

Contributions attendues

Les communications pourront aborder les usages et représentations de l’argent sous plusieurs angles.

Tout d’abord, nous partons du fait qu’il existe entre agents sociaux (au sein des familles, entre colocataires, groupes d’amis) des arbitrages qui font que telle ou telle somme d'argent est destinée par avance à couvrir telle ou telle dépense. La multiplication des comptes bancaires (comptes courants, comptes sur livret, comptes à terme, etc.) au sein des familles, tout comme la pratique des « enveloppes », constituent des exemples de ces formes singulières de marquage domestique de l'argent. On se demandera comment la diversification de l’offre de produits financiers et la pression sociale à en « consommer » intervient dans ces arbitrages. Les communications pourront chercher à objectiver les conditions sociales qui président à ces formes explicites d’affectation (rapports de genre, écarts de revenus entre individus, différences dans les représentations associées à l’argent…) ou encore rendre compte de la complexité des modes de rationalisation des agents sociaux. 

Le colloque entend mettre l’accent sur une deuxième dimension des usages et représentations de l'argent, qui relève de la conscience « morale » des individus ou des groupes sociaux. Les travaux menés par le groupe Usages et Représentations de l’Argent du CENS ont montré que, certes à des degrés divers, les agents sociaux distinguent le « bon » argent du « mauvais » argent, même si cette distinction n'est pas la même selon les individus ou les groupes. Dans le même esprit, on peut constater qu'il existe des usages de l'argent considérés comme « normaux » et d'autres qui peuvent paraître « anormaux », c'est-à-dire contraires à certaines règles sociales (comme l’illustre l’expression « jeter son argent par les fenêtres »). L’appréciation de cette normalité est variable, même si l'argent, comme fait social au sens d'Emile Durkheim, est inséparable d’un ensemble de normes régissant ses usages. Des communications portant sur l’argent « déviant » (que la déviance concerne son origine, ses usages ou sa destination) sont donc attendues (argent du jeu, de la fraude, de la prostitution, de la drogue, du « bizness »…).

Les usages sociaux de l’argent sont inscrits dans les différentes instances de socialisation, de régulation et de contrôle social : la famille, le travail, les groupes identitaires, les banquiers, mais également les travailleurs sociaux, les enseignants, les journalistes, les représentants de la justice, etc. Un troisième ensemble de contributions s’attachera à décrire et analyser comment ces institutions et ces agents, à des degrés divers, informent les représentations de l’argent et les croyances économiques, encadrent ses usages quotidiens et définissent le cadre moral dans lequel ils s’inscrivent.

Enfin, partant de l’hypothèse que le niveau de revenu ne peut être construit comme seul élément explicatif des conduites, des contributions abordant la question des temporalités (argent et génération, argent et âge…) sont souhaitées. Par exemple, à l’image des travaux de Gérard Mauger, Claude Poliak et Bernard Pudal sur les Histoires de lecteurs, des cas sociologiques pourraient être présentés, restituant, à partir de récits de vie inscrits dans des temporalités spécifiques, la genèse et les transformations des rapports à l’argent. Ces histoires de vie/histoires d’argent pourront ainsi souligner d’une part combien plusieurs univers de référence peuvent être mobilisés par un même individu (donnant l’impression d’une hétérogénéité des pratiques ou conduites) et d’autre part, combien derrière ce qui peut apparaître comme des histoires singulières, se révèlent des histoires liées à, ou se comprenant par rapport à, des contextes historiques et sociaux bien spécifiques.

Procédure de soumission

Les propositions de contributions (sous la forme d’un résumé d’une vingtaine de lignes) devront être envoyées

pour le 15 février 2011 au plus tard

à l’adresse suivante : caroline.mazaud@univ-nantes.fr

La sélection des communications sera établie début mars et transmise aux communicants retenus mi mars 2011.

Les textes définitifs sont attendus pour le 16 mai 2011.

La publication de certains textes est envisagée à l’issue du colloque.

Le comité d’organisation

(M. Charvet, G. Lazuech, C. Mazaud, F. Mollé, P. Moulévrier, F. Pavis)

Catégories

Lieux

  • La Cité -Nantes Events Center, 5, rue de Valmy et le Centre nantais de sociologie, Chemin de la Censive du Tertre
    Nantes, France

Dates

  • mardi 15 février 2011

Contacts

  • Caroline Mazaud
    courriel : c [dot] mazaud [at] groupe-esa [dot] com

Source de l'information

  • Caroline Mazaud
    courriel : c [dot] mazaud [at] groupe-esa [dot] com

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Les usages sociaux de l'argent », Appel à contribution, Calenda, Publié le lundi 20 décembre 2010, https://doi.org/10.58079/hj0

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