AccueilArtistes et philosophes sur les routes : la circulation des professionnels de la culture

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Publié le jeudi 24 mars 2011

Résumé

Le laboratoire junior CiTrA propose une nouvelle journée de séminaire, consacrée à la question de la circulation des « professionnels du savoir et de la culture » (poètes, comédiens, philosophes). Un des buts de cette journée est d'essayer de mieux comprendre les raisons et les enjeux des déplacements de ces individus dans le monde grec antique. Il s'agira entre autres d'essayer de redonner sa juste place à ce moyen de transmission d'oeuvres littéraires ou philosophiques, à une époque où le livre n'était pas encore le vecteur privilégié de culture et de savoir.

Annonce

Séminaire du laboratoire junior CiTrA : « Artistes et philosophes sur les routes : la circulation des professionnels de la culture et du savoir dans le monde grec antique » Mercredi 6 avril 2011, 14h-17h, ENS de Lyon, site Descartes, salle F 120; 15 Parvis René Descartes, Lyon 7eme, Métro ligne B, station Debourg

La circulation des biens comme des personnes dans le monde méditerranéen a été très tôt facilitée par l'aménagement de voies terrestres, et, surtout, par l'essor du transport maritime dans l'ensemble du « monde grec », depuis le domaine égéen jusqu'aux côtes égyptiennes ou gauloises. Ces bonnes conditions de circulation ont rapidement permis, en dépit du morcèlement de la Grèce en centaines de cités, l'apparition de véritables professionnels itinérants, qui parcouraient périodiquement le monde méditerranéen pour y proposer leurs services. Le phénomène concerne toute une série de métiers variés, allant bien sûr des marchands de toute sorte, aux artisans (sculpteurs, architectes, peintres) ou aux ouvriers « spécialisés ».

Sans prétendre épuiser le sujet, nous avons choisi de nous intéresser ici aux déplacements des professionnels de la culture et du savoir : nous étudierons le cas des poètes, des comédiens professionnels et des philosophes/sophistes itinérants dans le monde grec. Nous qui connaissons presque exclusivement la littérature et la culture grecque à travers les livres, nous avons parfois tendance à oublier que la transmission et la diffusion des œuvres littéraires ou philosophiques se faisait principalement oralement, physiquement, de la bouche à l'oreille, qu'il s'agisse de lectures publiques, de représentations scéniques, ou de conférences payantes. De ce point de vue, les déplacements, les circuits que pouvaient suivre les principaux acteurs de cette vie culturelle et intellectuelle fournissent un sujet d'étude essentiel pour comprendre comment cette « culture grecque », qui fit dès l'Antiquité l'admiration des Romains, a pu ainsi essaimer et dépasser largement le cadre limité de la cité.  

Nous tâcherons également de déterminer les motifs qui pouvaient pousser ces individus et ces troupes, à se lancer sur les routes : recherche de gloire ou de fortune, contrainte liée à la nature même de leur activité, etc. Nous tenterons enfin d'examiner le regard que portaient leurs contemporains sur ces personnages itinérants, à la réputation parfois scandaleuse, à une époque où la cité était souvent le centre et le cadre presque exclusif de la vie d'un individu.

Avec les interventions de :

Flore Kimmel (ENS de Lyon) :

« Les voyages des poètes : étude du motif du voyage dans les biographies anciennes des poètes grecs des époques archaïque et classique »

Les biographies antiques sont construites autour d'un certain nombre de motifs qui constituent des passages obligés de toute Vie. Pour les poètes des époques archaïque et classique, l'un de ces motifs est le voyage du poète. En effet, la question des voyages se pose systématiquement dans les Vies, qui relatent toujours les voyages des poètes, en en donnant parfois des explications. Elles attribuent l'absence de voyage à un refus de voyager, par patriotisme ou refus de se compromettre avec des tyrans : il semble nécessaire de justifier l'absence de récit de voyage dans une biographie de poète.

Le motif du voyage - qu'il s'agisse d'une véritable itinérance, comme pour Homère, ou d'un séjour à la cour d'un tyran, comme pour Euripide ou Eschyle - effectué ou non, semble donc contenir des éléments constitutifs de la figure du poète. L'étude de ce motif montre que le voyage, loin d'être un élément de divertissement, qui viserait, par exemple, à apporter de l'exotisme à la vie du poète, est avant tout d'ordre idéologique. Il permet bien souvent de poser la question des rapports du poète à sa cité d'origine. Il est aussi l'un des critères qui permettent d'évaluer les succès du poète hors de sa cité d'origine, et d'asseoir ainsi sa gloire.

Brigitte Le Guen (Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis) :

« Les baladins du monde méditerranéen, de l'époque hellénistique aux débuts de l'Empire romain »

Tout au long de la période hellénistique (mais le phénomène perdure sous l'Empire), les artistes de scène, rassemblés pour certains d'entre eux en associations de professionnels, ont parcouru le monde méditerranéen. Les sources épigraphiques - que complètent, le cas échéant, les textes littéraires - en attestent à la fois clairement et abondamment.

La présente communication aura pour premier objectif de s'interroger sur les conditions matérielles de leurs divers périples et sur la possibilité que nous avons de les cartographier. Nous nous intéresserons ensuite au rôle de ces artistes dans la transmission du patrimoine culturel dont nous sommes en partie les héritiers. Enfin, nous examinerons la manière dont ces perpétuels voyageurs furent perçus par leurs contemporains.

Michel Narcy (CNRS, Villejuif) :

« Sophistes itinérants, philosophes sédentaires ? »

Les sophistes - ceux de l'« ancienne sophistique » - sont habituellement définis comme des professeurs itinérants, comme si l'exercice de leur profession ne pouvait s'accommoder d'une résidence fixe. À l'opposé, la figure de Socrate ne quittant Athènes que pour remplir ses obligations militaires symbolise l'enracinement du philosophe.

Je montrerai comment, aux yeux de Platon lui-même, l'itinérance n'est nullement intrinsèque à la qualité de sophiste ; comment, d'autre part, divers témoignages attestent que ceux qui, par opposition aux sophistes, se sont donné le nom de philosophes sont loin d'avoir tous échappé à la nécessité de voyager - à commencer par Platon et Aristote.

Lieux

  • 15 Parvis René Descartes (ENS de Lyon, site Descartes, salle F 120)
    Lyon, France

Dates

  • mercredi 06 avril 2011

Mots-clés

  • Grèce, circulation, transmission, philosophes, poètes, itinérants

Contacts

  • Clement Sarrazanas
    courriel : clement [dot] sarrazanas [at] ens-lyon [dot] fr

URLS de référence

Source de l'information

  • Clement Sarrazanas
    courriel : clement [dot] sarrazanas [at] ens-lyon [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Artistes et philosophes sur les routes : la circulation des professionnels de la culture », Journée d'étude, Calenda, Publié le jeudi 24 mars 2011, https://doi.org/10.58079/i5j

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