Interviews about the new industrial world: trust, defiance and technologies
Les entretiens du nouveau monde industriel : confiances, défiances et technologies
Published on Monday, January 02, 2012
Abstract
Announcement
Entretiens du Nouveau Monde Industriel 2011 : "CONFIANCES, DEFIANCES ET TECHNOLOGIES" (Avec la participation exceptionnelle d’Ulrich Beck)
- 19-20 décembre 2011, Grande Salle du Centre Pompidou
- 19 décembre en soirée : Carrefours des possibles de la Fing
- Consultation des entretiens préparatoires par moteur de recherche intra-vidéo: http://amateur.iri.centrepompidou.fr/nouveaumonde/enmi/conf/program/2011_1
Présentation
Quelle que soit sa forme, une société est avant tout un dispositif de production de fidélité. Croire en l’autre – et non seulement lui faire confiance - veut dire que l’on compte sur lui au-delà même de tout calcul, comme garant d’une inconditionnalité ; c’est à dire comme garantissant des principes, une droiture, une probité, etc. Ce sont les rôles tenus par les parents, les curés, les instituteurs, les agriculteurs, les officiers, etc. Ces personnages sont en cela chargés d’une sorte de mission surmoïque : ceux qui croient en eux investissent en eux – et aussi bien, dans la Nation, dans le Christ, dans la Révolution, mais aussi dans le projet social qu’ils incarnent et que doit aussi incarner tout entrepreneur selon Max Weber.
Nous savons depuis Weber que le capitalisme a transformé la nature de l’engagement qui structurait la société occidentale – fondée sur la foi propre à la croyance religieuse monothéiste – en confiance entendue comme calculabilité fiduciaire. Cependant, la crise du capitalisme qui s’est déclenchée en 2007-2008 nous a appris que la transformation de la fidélité en calculabilité opérée par les appareils fiduciaires, a rencontré une limite où le crédit s’est massivement renversé en discrédit. Ce processus, qui relève de ce que Weber et Theodor W. Adorno désignèrent comme une rationalisation et qui conduit à un désenchantement, est essentiellement lié à un processus de grammatisation. Ce processus a pris une nouvelle dimension lors de la Renaissance grâce à l'imprimerie et a été l’objet de luttes politico-religieuses sans précédent pendant la Réforme. Au cours de ces luttes, la «pharmacologie de l'esprit» formée par le Livre et les livres, et la thérapeutique nécessaire que requièrent de tels « pharmaka» (des poisons qui sont aussi des remèdes) deviendront les thèmes d’un conflit spirituel au service d’une nouvelle thérapeutique religieuse et laïque.
Nul ne peut ignorer qu’avec le développement du numérique (qui est le stade le plus récent du processus de grammatisation) réapparaissent de grandes questions que posa l’imprimerie, et qui déclenchèrent en grande partie la Réforme puis la Contre-réforme : la confiance, dans le monde du metadataware, des réseaux sociaux et de la traçabilité (sans parler des questions de paiement sécurisé qui prennent ce sujet par son enjeu le plus superficiel) est devenue une question primordiale.
Or il faut ici faire un pas au-delà de cette question de la confiance : dans un contexte de crise économique, politique, morale, mentale et environnementale où c’est la technologie dans son ensemble qui est perçue comme un facteur de défiance (comme un pharmakon aux effets de plus en plus toxiques), cependant que toutes les relations sociales s’en trouvent affectées de près ou de loin où que l’on soit (du centre recherche au centre commercial en passant par l’entreprise, l’école, le foyer, etc .), l’enjeu est que l’espace public et le temps public numériques contribuent à la réélaboration de figures du crédit – c’est à dire de l’engagement et de l’investissement sous toutes leurs formes et au-delà de tout calcul – , crédit sans lequel la confiance et la fidélité qu’elle nécessite sont impossibles. Aucun doute que cette question est politique, sociale et même spirituelle tout aussi bien qu’économique et technologique.
Après avoir abordé la question de la défiance face aux nanotechnologies dans les Entretiens de 2010, nous tenterons cette année d’analyser les interactions entre facteurs sociaux, politiques, économiques, financiers, industriels et technologiques en matière de confiance et de crédit.
Programme
L'objectif méthodologique de ces sessions est de lier les questions économiques et politiques au design et aux technologies qui produisent à la fois de la confiance et de la méfiance. Des présentations de recherches et des coups de projecteurs sur des projets seront alternés à chaque séance.
L’ouverture du colloque sera confiée à Agnès Saal (directrice générale du Centre G. Pompidou) et Ulrich Beck clôturera ces deux jours.
19 décembre – 10h00-12h30 SESSION 1 – HISTOIRE ET ANTHROPOLOGIE DE LA CONFIANCE
Etude des perspectives philosophiques, historiques, théologiques et anthropologiques sur la confiance, pensée dans le contexte contemporain du numérique et de la crise économico-politique, ou en relation avec le développement des processus de grammatisation et des dispositifs d'enregistrement des traces, depuis la crise induite par l'imprimerie jusqu’au développement du monde numérique contemporain.
Intervenants :
- Bernard Stiegler (directeur de l’Iri),
- Michel Guérin (Aix-Marseille Université),
- Cynthia Fleury (philosophe),
- Paul Jorion (anthropologue)
Pause déjeuner
Témoignages vidéo d’acteurs impliqués dans les mouvements Occupy Wall Street et Indignados de Barcelone.
19 décembre – 14h00-16h30 SESSION 2 – SCIENCE, CONFIANCE, CALCUL ET SAVOIR
La confiance est-elle réductible au calculable (peut-elle se passer d’un incalculable) ? Est-elle réductible à une évaluation quantifiée des risques (financiers, sanitaires, nucléaires, technologiques, etc.) ou ne ressortit-elle pas de principes tout à fait différents, nécessitant de reconsidérer de nos jours et en totalité la question des savoirs démocratiques qu’une expertise technocratisée à l’extrême aurait discrédités et détruits ? Quelles issues peuvent-elles être envisagées pour surmonter la défiance qui s’installe entre société et sciences ? Peut-on imaginer que les technologies de la traçabilité soient mises au service d’un nouvel âge démocratique des savoirs ?
Intervenants :
- Hidetaka Ishida (Univ. Tokyo),
- Jean-Pierre Dupuy (Ecole polytechnique),
- Alain Mille (Univ. Lyon 1 – Liris SILEX),
- Judith Simon (Institut de technologie de Karlsruhe)
Pause
19 décembre – 16h35-19h00 SESSION 3 – ECONOMIE et MARKETING
Dans le contexte décillant de la crise actuelle, on parle de plus en plus de nouveaux modèles de marketing, de publicité, mais aussi de monnaie. Le marketing en réseau ne reconstitue t-il pas, cependant, et en les aggravants, les effets ravageurs du consumérisme apparu au XXe siècle ? Au-delà du simple calcul des risques proprement une ingénierie de la confiance et de nouveaux espaces tentant de la recréer dits se sont développés, en particulier sur le Web.
Intervenants :
- Patrick Viveret (philosophe),
- Laurence Fontaine (CNRS),
- Serge Perez (Les Ateliers Corporate),
- Marc-André Feffer (Groupe La Poste)
Pause
19h05-22h00
Carrefour des possibles de la Fing, présentation de projets de jeunes start-up innovantes Suivi d’un cocktail, Forum-1, Centre Pompidou
20 décembre – 9h30 – 13h15 SESSION 4 – TECHNOLOGIES, ERGOLOGIE ET DESIGN DE LA CONFIANCE
La fabrication de la confiance conduit-elle à la défiance (telles les cartes de fidélité) ? Quelles sont les stratégies des marques et du marketing tribal sur le Web? Les questions posées par le contrôle des données personnelles et le profilage refreinent-ils le développement de systèmes de contribution? Les approches cognitivistes peuvent-elles nous apprendre quelque chose sur les conditions de constitution de la confiance ?
Intervenants :
- Eddie Soulier (Univ. de technologie de Troyes),
- Hugo Zaragoza (Websays)
Pause
- 12:00-12:35 Daniel Kaplan (FING), Présentation des travaux récents sur la confiance conduits par la Fing
- 12:35-13:15 Alain Cadix (Ensci – Les Ateliers), Présentation des travaux des élèves de l’ENSCI-Les Ateliers réalisés dans le cadre de Users Studio avec le concours de la Fing.
Pause déjeuner
20 décembre – 14h15 – 18h30 SESSION 5 - CONFIANCE ET POLITIQUE
Dans quelle mesure les public data – qui viennent modifier en profondeur le rapport public/privé – sont-elles un enjeu pour les puissances publiques (collectivités territoriales et nationales, organisations internationales) ou privées (entreprises) désireuses de rétablir la confiance ? Ne risquent-elles pas d’aboutir à l’inverse de ce pour quoi certains y placent leurs meilleurs espoirs – constituant comme c’est apparu dans certaines expériences une soumission du secteur public aux intérêts privés ? Qu’en est-il également des exceptions sur les données sensibles, dans le contexte récent des dossiers Wikileaks, ou de la notion de vie privée, alors même que le mot « privé » est devenu alternativement synonyme de « profitable » ou l’opposé de l’intime.
Intervenants :
- Valérie Peugeot (Orange Labs),
- Kieron O’Hara (Univ. de Southampton),
- Albert Ogien (CNRS / EHESS)
Pause
- Bernard Umbrecht (Ancien correspondant de L’Humanité à Berlin)
- Allocution de fin de colloque : Ulrich Beck (sociologue)
Subjects
- Sociology (Main category)
Places
- Centre Pompidou
Paris, France
Date(s)
- Monday, December 19, 2011
- Tuesday, December 20, 2011
Keywords
- Entretiens du nouveau monde, Bernard Stiegler, Ulrich Beck, confiance
Contact(s)
- Florence Duc
courriel : florence [dot] duc [at] centrepompidou [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Florence Duc
courriel : florence [dot] duc [at] centrepompidou [dot] fr
License
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To cite this announcement
« Interviews about the new industrial world: trust, defiance and technologies », Conference, symposium, Calenda, Published on Monday, January 02, 2012, https://doi.org/10.58079/jtm