HomeLes dissonances du doux commerce
Published on Thursday, May 24, 2012
Abstract
Announcement
Présentation
Cette journée prendra pour point de départ les analyses produites par Hirschman dans Les passions et les intérêts.
Il s’agira de laisser en suspens la question de la validité d’une telle doctrine (i.e. peut-on encore aujourd’hui dire que le commerce adoucit les mœurs ?), pour s’intéresser au destin de cette doctrine. Comme l’indique Hirschman, « certaines critiques actuelles du capitalisme montrent avec quelle efficacité » le sens initial de cette doctrine formulée par Montesquieu principalement a été « effacé de la conscience collective » (p. 118). L’idée initiale selon laquelle le commerce s’opposerait à la guerre comme l’intérêt à la passion, l’intérêt étant une passion à froid, passée au fil du rasoir du calcul utilitariste, qui désenchante le monde mais qui pacifie les rapports sociaux – idée qui se présentait alors comme une solution de rechange à l’effondrement des valeurs médiévales articulées autour de l’honneur (dans une société aristocratique) et de la religion ; cette idée initiale fut ainsi selon Hirschman évacuée, évincée, dès la reprise de cette doctrine par Adam Smith.
S’intéresser au destin de cette doctrine et donc à ses « versions revues et… dissonantes » (p. 86) permettra de déceler les raccourcis produits par les auteurs qui ont réinvesti cette doctrine ou l’ont décriée, et de se demander ce que ces raccourcis révèlent notamment sur les présupposés, implicites, de la pensée de ces derniers. Mais surtout, une telle entreprise permettra ainsi de « lever un coin du voile qui enveloppe toujours les origines idéologiques du capitalisme » (p. 116). Une telle doctrine, de par la mise en lumière de son histoire tortueuse, et de la plurivocité qui l’a constituée, révèlera son aspect idéologique.
3 axes de réflexion seront envisagés lors de cette journée :
- il s’agira d’analyser la manière dont cette doctrine est apparue, et le contexte de son émergence, notamment chez Montesquieu pour en dégager la signification initiale, et ses ambiguïtés constitutives.
- pour ensuite analyser ses réinvestissements ultérieurs, et surtout les inflexions apportées au sens de cette doctrine. Il s’agit de reconstituer une histoire non pas continuiste donnant l’illusion de reconstituer des filiations imaginaires : mais celle des diverses réappropriations qui déplacent la signification de ce thème vieux comme l’Ancien Régime, en France, mais aussi en Angleterre et pourquoi pas en Italie, en philosophie, en économie, et dans la pensée politique.
- la mise au jour du caractère malléable de cette doctrine, du type de réappropriation qui est produit permettra enfin de mettre en évidence son caractère idéologique. On se demandera pourquoi cette doctrine fonctionne en fait souvent plus comme un topos, d’autant plus couramment partagé ou décrié qu’il est flou et imprécis.
Cette journée d’études réunit des intervenants de plusieurs horizons disciplinaires.
Journée d’études organisée dans le cadre des activités du GAP et du Sophiapol (Université Paris Ouest).
Programme de la journée
MATINEE : GENEALOGIE D’UNE DOCTRINE
Président de séance : Christian Lazzeri (Paris Ouest, Sophiapol)
9h00-9h30 : Accueil des participants et introduction par Arnault Skornicki (Paris Ouest, GAP) et Eva Debray (Paris Ouest, Sophiapol)
9h30-10h45 : Pierre Crétois (Univ. Lyon II, LIRE/Université de Provence) : « Pourquoi Rousseau n’aime pas le commerce ? Montesquieu au regard de Rousseau »
- Discutante : Catherine Larrère (Paris 1, Phico)
11h00-12h15 : Daniel Diatkine (Univ. d’Evry, Epée) : « Hume : un commerce si doux, et si inquiétant… »
- Discutante : Magali Bessone (Univ. Rennes 1, EA 1270)
APRES-MIDI : DU DOUX COMMERCE COMME IDEOLOGIE
Président de séance : Jean Cartelier (Paris Ouest, EconomiX)
14h00-15h15 : Arnault Skornicki (Paris Ouest, GAP) : « Les intermittences du commerce et de la guerre, des Lumières à l’âge des empires »
- Discutante : Francine Markovits (Paris Ouest, Ireph-Dipsa)
15h30-16h45 : Eva Debray (Paris Ouest, Sophiapol) : « La reprise hayékienne de la doctrine du doux commerce : la société moderne est-elle principalement soudée par les « réseaux d’argent » ? »
- Discutante : Catherine Audard (London School of Economics)
17h00-18h15 : Frédéric Lebaron (Univ. Picardie-Jules Verne, CURAPP-ESS) : « La dure réalité du doux commerce : concurrence, domination et échange inégal dans la zone euro »
- Discutant : Stéphane Haber (Paris Ouest, Sophiapol).
Subjects
- Thought (Main category)
- Society > Political studies > Political science
- Mind and language > Thought > Philosophy
- Society > Political studies > Political history
- Zones and regions > Europe
- Society > Economics
- Society > Sociology > Economic sociology
- Society > Political studies
Places
- 200 avenue de la République (Bâtiment S Amphithéâtre S3, en rez-de-chaussée)
Nanterre, France
Date(s)
- Monday, June 04, 2012
Keywords
- doux commerce, Montesquieu, Hume, Smith, Lumières, Hayek, domination, concurrence
Contact(s)
- Eva Debray
courriel : eva [dot] debray [at] gmail [dot] com - Arnault Skornicki
courriel : askornicki [at] parisnanterre [dot] fr
Reference Urls
Information source
- Eva Debray
courriel : eva [dot] debray [at] gmail [dot] com
License
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To cite this announcement
« Les dissonances du doux commerce », Study days, Calenda, Published on Thursday, May 24, 2012, https://doi.org/10.58079/l1p