InicioLe Tableau politique de la France de l'Ouest d'André Siegfried 100 ans après

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Le Tableau politique de la France de l'Ouest d'André Siegfried 100 ans après

The Tableau politique de la France de l'Ouest by Abdré Siegfried 100 years after

Héritages et postérités

Inheritances and posterities

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Publicado el viernes 27 de julio de 2012

Resumen

Le centenaire de la publication du Tableau politique en 2013 est l’occasion d’opérer un retour fructueux sur cet ouvrage présenté comme fondateur par la science politique française et la géographie électorale. En croisant les regards de la géographie électorale et de la science politique, ce colloque, organisé à Cerisy-La-Salle du 4 au 8 juin 2013, se donne pour ambition d’interroger les rapports qu’entretiennent les trois éléments de cette histoire : l’œuvre, l’homme et les points de vue disciplinaires.

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Argumentaire

Avec le temps, les disciplines universitaires se structurent autour d’objets, de références, d’auteurs et d’approches qui en définissent à la fois le contenu et les frontières. Elles s’inventent également des pères fondateurs qu’elles louent et commémorent régulièrement. À l’occasion des commémorations dont ils font l’objet, leurs œuvres sont souvent dotées de propriétés intrinsèques qui sont censées expliquer leur place éminente dans la discipline. Souvent, ces commémorations sont l’occasion d’entreprises de légitimation d’un point de vue disciplinaire, de la réaffirmation d’une communauté scientifique et de ses raisons d’être. A ce titre, André Siegfried vit une seconde vie particulièrement riche puisque plusieurs disciplines lui ont accordé cet honneur, la science politique et la géographie électorale. C’est au Tableau politique de la France de l’Ouest, publié en 1913, qu’il doit d’occuper cette place enviable dans ces deux disciplines.

Le centenaire de la publication du Tableau politique en 2013 est l’occasion d’opérer un réexamen fructueux de cet acte collectif consistant à se donner un père fondateur et une date de naissance. En croisant les regards de la géographie électorale et de la science politique, ce colloque, organisé à Cerisy-La-Salle du 4 au 8 juin 2013, se donne pour ambition d’interroger les rapports qu’entretiennent les trois éléments de cette histoire : l’œuvre, l’homme et les points de vue disciplinaires. C’est pourquoi il est nécessaire de s’interroger sur les conditions d’institutionnalisation de cette œuvre, sur des complexes explicatifs qu’elle met en œuvre dans ces deux disciplines, c’est-à-dire sur la façon dont se fabrique le caractère scientifique d’une œuvre et d’une discipline. Dans ces entreprises de formation de disciplines, la référence commune au Tableau politique, en dépit des images successives que s’en donnent la science politique et la géographie électorale, permet également de donner une identité commune à un ensemble évolutif de pratiques et de représentations scientifiques qui acquièrent ainsi, dans chacune de ces deux disciplines, une cohérence et une légitimité scientifiques. Ultimement, ce colloque entend résoudre cette énigme : comment une œuvre peut-elle devenir fondatrice pour deux disciplines aux pratiques et aux protocoles scientifiques pour le moins différents ?

L’Ouest cent ans après le Tableau politique

Si l’ouvrage de Siegfried est aujourd’hui considéré comme un ouvrage de référence que la plupart des politistes, français ou étrangers, couvrent encore d’éloges, les géographes ont au contraire longtemps entretenu avec Siegfried un rapport plus distant. Cette attitude s’explique tout d’abord par une marginalisation originelle. En 1913, Paul Vidal de La Blache fustige ainsi les travaux de Siegfried : « des votes où le caprice de l’électeur s’ajoute à la mobilité naturelle des foules, où l’opinion du député se complique de considérations personnelles, sont-ils susceptibles d’appuyer des conclusions solides ? ». Même si André Siegfried revendique explicitement un travail de géographe, son ouvrage est alors peu connu dans cette discipline, avant d’être pleinement redécouvert à partir des années 1980. Cette relative ignorance illustre fort bien la position scientifique de la géographie au début du XXe siècle. Deux logiques conduisent alors les géographes à se méfier de la voie ouverte par Siegfried. Tout d’abord, la géographie est alors la science de la permanence, « science des lieux et non des hommes ». Le commentaire de Vidal de La Blache illustre explicitement le scepticisme scientifique vis-à-vis d’une science sociale… Ensuite, la démarche de Siegfried oblige à recourir à la notion de causalité, proche du déterminisme. Son Tableau politique est encore avant tout connu pour contenir la soi-disant formule : « le calcaire vote à gauche et le granit vote à droite ». Cet exemple est encore parfois pris dans les manuels pour expliquer aux étudiants géographes les dangers du déterminisme. En réalité, Siegfried se contenta en 1913 de relever un dicton populaire vendéen : « le calcaire produit l’instituteur, le granit produit le curé » ; et il précise que ce constat n’est réellement valable que pour le canton de Talmont. En 1995, Pierre Milza[1], dans sa présentation de la nouvelle édition du Tableau politique de la France de l’Ouest, dénonça d’ailleurs cette interprétation réductrice de l’œuvre de Siegfried, et insista sur la dimension multifactorielle de l’explication siegfriedienne du vote.

Le Tableau politique de la France de l’Ouest a fait l’objet de multiples analyses, notamment son complexe système explicatif, fondé sur le mode de faire valoir du sol, l’influence du clergé et de la bourgeoisie, la diffusion des idées[2]. Le déterminisme ne semble donc pas être le reproche majeur qu’on puisse faire à Siegfried, au vu du nombre d’hypothèses qu’il ouvre, même si, faute d’explication rationnelle, devant « les mystères électoraux », Siegfried a eu parfois recours à des arguments « culturels » discutables : le « mol angevin » opposé au « vendéen passionné », la « personnalité fière des bretons bretonnants » au « peuple courbé des gallos ».

Etudier l’évolution de l’Ouest français, cent ans après Siegfried, à l’aune de son Tableau politique, ouvre donc des perspectives multiples qui peuvent inspirer plusieurs types de communications :

  • Des études de cas analysant l’évolution socio-politique depuis le tableau de Siegfried. L’ouest français ne manque pas de pays, régions et villes emblématiques ayant connu des mutations majeures, ou à l’inverse des permanences saisissantes. Le Choletais, le Trégor, le Léon, l’Avranchin, le Caux, la Roche-sur-Yon, Angers, Rouen, Caen, Rennes, Brest, la Bretagne, la Vendée (et bien d’autres…), sont autant de lieux « croqués » par Siegfried dont il serait passionnant de mesurer l’évolution politique en retournant à ce qu’il en avait été dit en 1913.
  • Plus généralement, et peut-être à plus petite échelle, l’ouest français pourrait également être questionné à travers ses évolutions sociales, économiques, rurales, religieuses. Il ne s’agira pas de fournir un atlas thématique de l’ouest,  mais de montrer en quoi la société elle-même a pu changer, ici encore à l’aune des constats de Siegfried. Ces bouleversements depuis un siècle ont-ils complètement fait disparaître les rapports sociaux mis en exergue dans l’Ouest par Siegfried ? Pas si sûr, les cartes, notamment électorales, sont têtues… Mais ne sont-elles pas elles-mêmes des artefacts masquant de nouvelles spatialités ?
  • Enfin, c’est la façon de penser le social et les territoires eux-mêmes qui pourra être interrogée à travers ce retour à Siegfried. Le déterminisme, les rapports de domination socio-spatiaux, la construction des identités collectives et culturelles, la diffusion des idées, sont autant de champs ouverts par Siegfried et qui ont fait depuis l’objet de débats intenses en sciences sociales. Ce ne sont pas seulement les concepts qui pourront être interrogés, mais également les méthodes, puisque Siegfried avait aussi bien recours à une approche ethnologique qu’à des comparaisons exhaustives de cartes : en quoi l’évolution des pratiques et des paradigmes remettent-ils en cause la pensée par essence pluridisciplinaire de Siegfried ?

Les sciences sociales cent ans après le Tableau politique

Le Tableau politique de la France de l’Ouest, largement conçu dans une perspective militante comme l’ont montré Eric Phélippeau et Alain Garrigou, est passé quasiment inaperçu lors de sa publication. Ce n’est qu’à la faveur de la réussite académique de son auteur qu’il a été élevé au rang de « classique » selon un mécanisme - bien connu des sociologues mais souvent dénié comme tel – où la trajectoire académique fait l’œuvre et non l’inverse… Ce livre est loin d’être représentatif de la considérable biographie d’André Siegfried et n’a pas donné lieu à des prolongements particulièrement marquants, à l’exception de quelques articles de circonstance et d’une brochure sur la géographie électorale de l’Ardèche. Ce sont donc en partie les élèves d’André Siegfried (François Goguel, Louis Chevalier, etc.) qui ont contribué à faire du Tableau l’opus magnum de leur « initiateur ». Ce livre repose sur une perspective régionaliste souvent minorée voire occultée par les politistes hexagonaux, à la fois peu friands de monographies et souvent tentés de construire leurs objets de recherche autour d’une opposition local/national.

Compte-tenu de ces remarques liminaires, il convient de préciser les questionnements susceptibles de guider la réflexion collective. Il serait en effet possible d’explorer les pistes suivantes :

  • Les contraintes pratiques et le contexte dans lesquels le Tableau a été conçu et réalisé par son auteur, dans le prolongement de l’enquête sur l’enquête réalisée par Alain Garrigou ;
  • La réception du Tableau en dehors de son aire linguistique d’origine, c’est-à-dire dans tous les univers académiques et/ou militants où s’est développée au XXe siècle une réflexion sur les logiques de l’opération électorale ;
  • Les usages successifs du Tableau par les spécialistes de sociologie et de géographie électorale, en vue de produire une chronologie informée de ces usages et de la construction d’une « science de l’élection » ;
  • La construction de la figure fondatrice à partir des jugements prononcés sur le Tableau dans et en dehors de l’univers académique, en insistant tout particulièrement sur ces moments critiques – pour la construction sociale des réputations – que sont les hommages et les commémorations.

Conditions de soumission

Les organisateurs du colloque comptent structurer ce colloque autour d’interventions individuelles, de tables rondes et de témoignages sur André Siegfried et son œuvre. Les propositions d’intervention ne devront pas excéder 3000 signes espaces compris et seront envoyées à cette adresse mail : Siegfriedcerisy@gmail.com

avant le 7 septembre 2012.

Pour tout renseignement : Michel Bussi, michel.bussi@univ-rouen.fr ou Christophe Le Digol, cledigol@u-paris10.fr

Comité d’organisation

  • Michel Bussi,
  • Bernard Lacroix,
  • Jacques Le Bohec,
  • Christophe Le Digol,
  • Christophe Voilliot,
  • Jean Rivière,
  • André-Louis Sanguin.

Comité scientifique

  • Pascal Buléon,
  • Yves Déloye,
  • Armand Frémont,
  • Alain Garrigou,
  • Yves Guermond,
  • Olivier Ihl,
  • Patrick Lehingue,
  • Erik Neveu,
  • Jean Renard.


[1] P. Milza,  (1995), présentation de la réédition du Tableau politique de la France de l’Ouest.

[2] M. Bussi, (1992), « Fondements des comportements politiques dans le Grand Ouest : une relecture spatialisée des tableaux de Seignobos, Siegfried, De Brandt », Norois, n°156,  pp. 389-405.


Fecha(s)

  • viernes 07 de septiembre de 2012

Palabras claves

  • géographie électorale, science politique, sociologie politique

Contactos

  • Michel BUSSI
    courriel : michel [dot] bussi [at] univ-rouen [dot] fr
  • Christophe LE DIGOL
    courriel : cledigol [at] parisnanterre [dot] fr

Fuente de la información

  • Christophe LE DIGOL
    courriel : cledigol [at] parisnanterre [dot] fr

Licencia

CC0-1.0 Este anuncio está sujeto a la licencia Creative Commons CC0 1.0 Universal.

Para citar este anuncio

« Le Tableau politique de la France de l'Ouest d'André Siegfried 100 ans après », Convocatoria de ponencias, Calenda, Publicado el viernes 27 de julio de 2012, https://doi.org/10.58079/lh1

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