Abstract
Ce colloque porte sur l’évolution des styles de chancellerie dans le domaine linguistique arabe, sur leur diversité régionale et sur l’histoire de la prose rimée (saǧʿ), langue d’autorité supposée obéir à des règles fixées définitivement par le Prophète ou par les premiers secrétaires de l’Empire de l’islam. Quelles sont les modalités techniques de l’innovation ? Sur quels plans, sémantique, lexical, syntaxique et / ou graphique, se manifeste-t-elle ? Ce sont donc moins les normes, les codes, les règles qui intéresseront ici, que les styles d’écriture, les variantes orthographiques, les graphies atypiques, la rature, la transgression des normes, la revitalisation sémantique, le néologisme et la variété des modes de citation coranique ou de référence au ḥadīṯ. Il s’agit de renouveler l’étude d’un corpus, considéré non comme un texte figé et sclérosé, technique et rébarbatif, mais comme un ensemble vivant, évolutif et diversifié.
This conference will address the evolution of chancellery styles, their regional diversity, and the history of the rhymed prose (sajʿ), this language of authority that was supposed to obey rules definitively fixed by the Prophet or the first secretaries of the Islamic Empire. What were the technical modalities for innovation? On what semantic, lexical, syntactical, and/or graphic levels did it manifest? Rather than on norms, codes, and rules, studies will focus on writing styles, orthographic variants, atypical handwriting, deletion, the transgression of norms, semantic revitalization, neologisms, and the variety of styles for citing the Quran or referencing ḥadīth. We are seeking to renew study of a corpus considered not as a fixed and ossified text, technical and off-putting, but as a living, evolving, and diverse ensemble.
Este coloquio aborda la evolución de los estilos de cancillería, su diversidad regional y la historia de la prosa rimada (saŷʿ),esta lengua de autoridad supuestamente subordinada a reglas fijadas definitivamente por el Profeta o por los primeros secretarios del imperio islámico. ¿Cuáles son las modalidades técnicas de la innovación? ¿En qué planos –semántico, léxico, sintáctico y/o gráfico– se manifiesta? Nos interesan menos las normas, los códigos o las reglas que los estilos de escritura, las variantes ortográficas, las grafías atípicas, las tachaduras, la transgresión de las normas, la revitalización semántica, el neologismo y la variedad de los modos de cita coránica o de referencia al ḥadīṯ. Se trata de renovar el estudio de un corpus considerado no como un texto fijo y fosilizado, técnico y poco atractivo, sino como un conjunto vivo, evolutivo y diversificado.
Announcement
Argumentaire
La langue de chancellerie est la langue du pouvoir et des kuttāb (secrétaires-épistoliers). Avec eux, elle change et s’adapte au contexte politique régional. Élaborée par des lettrés qui maîtrisaient les textes de référence — le Coran, le ḥadīṯ, la poésie, les ouvrages de grammaire et les textes pragmatiques précédents —, elle les sollicite en fonction des présupposés idéologiques qui légitiment une direction politique spécifique. Usant du remploi comme d’un gage d’orthodoxie, politique ou religieuse, le saǧʿ de chancellerie, une fois les textes fondateurs établis, se défend de toute originalité ou innovation en même temps qu’il les promeut. En effet, malgré le conservatisme affiché, il évolue indubitablement et innove en permanence, permettant ainsi à des kuttāb célèbres d’être cités en exemple et de devenir des modèles pour leurs successeurs. Ce processus permet donc au corpus textuel de référence de croître avec le temps et d’intégrer à la tradition et aux auctoritates les plus anciennes des textes postérieurs. Jusqu’à présent, le saǧʿ a rarement été étudié comme écriture spécifique ayant ses propres codes. En raison des cloisonnements disciplinaires, ses usages « officiels » (sulṭāniyya) ont été en grande partie ignoré par les spécialistes de littérature, cependant que les historiens en négligeaient l’étude approfondie à cause de leur hermétisme relatif et de l’importance des éléments rhétoriques rendant leur accès difficile. Moins directement utilisables que les chroniques ou les ouvrages de géographie, pour l’histoire politique et/ou administrative qui a eu les faveurs de l’historiographie au xxe siècle, leur exploitation a été jusqu’à présent superficielle. Or cette documentation permet de comprendre les rouages de la pensée politique en terre d’Islam du Moyen Âge jusqu’à la colonisation.
Ce colloque porte donc sur l’évolution des styles de chancellerie, sur leur diversité régionale et sur l’histoire de cette langue d’autorité, supposée obéir à des règles fixées définitivement par le Prophète ou par les premiers secrétaires de l’Empire de l’islam. Quelles sont les modalités techniques de l’innovation ? Sur quels plans, sémantique, lexical, syntaxique et/ou graphique, se manifeste-t-elle ? Ce sont donc moins les normes, les codes, les règles qui intéresseront ici, que les styles d’écriture, les variantes orthographiques, les graphies atypiques, la rature, la transgression des normes, la revitalisation sémantique, le néologisme et la variété des modes de citation coranique ou de référence au ḥadīṯ. Il s’agit de renouveler l’étude d’un corpus, considéré non comme un texte figé et sclérosé, technique et rébarbatif, mais comme un ensemble vivant, évolutif et diversifié. Pour cela, l’approche transdisciplinaire s’impose : grammairiens, linguistes, historiens, spécialistes de littérature et de poésie sont invités à réfléchir ensemble sur ces textes de chancellerie.
Les bornes chronologiques sont définies en amont par les premiers textes qui se rattachent spécifiquement à l’inšā’, la création de chancellerie, soit le milieu du iie/viiie siècle, en aval par la compilation majeure du Ṣubḥ al-aʿšā’ d’al-Qalqašandī, soit la fin du VIIIe / XIVe siècle.
Les contributions pourront soit porter diachroniquement sur l’évolution de la langue de chancellerie dans une même région, ou synchroniquement sur les différences entre principautés contemporaines, soit présenter en détail le manuscrit d’un texte de chancellerie — manuel ou formulaire, document de préférence original, mais aussi possiblement déjà édité —, ou décrire le type de modifications apportées à un texte de chancellerie lorsque, considéré comme modèle ou chef-d’œuvre, il est cité par plusieurs auteurs successifs, dans leur ouvrage respectif.
Modalités de soumission
Les propositions (titre et résumé d’une demi-page — 2 500 signes environ) sont à envoyer à Pascal Buresi (pburesi@ehess.fr)
avant le 1er juin 2013.
- L’ERC StG 263361 prendra en charge les frais de voyage et d’hébergement des intervenants qui ne pourront obtenir le soutien financier de leur centre de recherche.
- Les langues de communication seront le français, l’anglais et l’espagnol.
- Le choix des communications sera effectué par le responsable scientifique du colloque.
Presentation
Chancellery language was the language of power and kuttāb (secretaries-literary scribes). It changed with them and adapted to regional political contexts. Writers who mastered referential texts – Quran, ḥadīth, poetry, grammatical and previous pragmatic texts – developed and elaborated this language according to ideological premises that legitimized a specific political direction. Chancellery sajʿ reemployed and reused as proof of political and religious orthodoxy, and once the foundational texts had been established and accepted, prohibited any originality or innovation while also promoting them. Indeed, despite its outward conservatism, this form of language constantly evolved and innovated, therefore driving famous kuttāb to be cited as examples and to become models for their successors. This process thus allowed the textual corpus to grow with time and to integrate later texts with tradition and the oldest auctoritates. Heretofore, sajʿ has rarely been studied as a specific form of writing with its own codes. Because of disciplinary divisions, its “official” uses (sulṭāniyya) were mostly ignored by literary specialists, while historians neglected them as difficult and hermetic because of their copious use of rhetorical elements. They were less directly applicable than chronicles and geographical works for the political and administrative history favored in the twentieth century, and so have only been superficially used. Yet, these documents provide direct insight onto the workings of political thought in the Islamic World, from the Middle Ages to the period of colonization.
This conference will address the evolution of chancellery styles, their regional diversity, and the history of this language of authority that was supposed to obey rules definitively fixed by the Prophet or the first secretaries of the Islamic Empire. What were the technical modalities for innovation? On what semantic, lexical, syntactical, and/or graphic levels did it manifest? Rather than on norms, codes, and rules, studies will focus on writing styles, orthographic variants, atypical handwriting, deletion, the transgression of norms, semantic revitalization, neologisms, and the variety of styles for citing the Quran or referencing ḥadīth. We are seeking to renew study of a corpus considered not as a fixed and ossified text, technical and off-putting, but as a living, evolving, and diverse ensemble. For this, a transdisciplinary approach is necessary, and grammarians, linguists, historians, and literary specialists are invited to reflect together on these chancellery texts.
The chronological limits determined are the first texts attached specifically to inshā’, the creation of the chancellery, or the middle of the second/eighth century, and al-Qalqashandī’s essential compilation, Ṣubḥ al-aʿshā’, at the end of the eighth/fourteenth century.
Contributions may diachronically address the evolution of chancellery language in a single region, synchronically examine the differences between contemporary polities, present in detail the manuscript of a chancellery text –manual or formulary, preferably an original document, but possibly also one already published– or describe the type of modifications brought to a chancellery text when, considered as a model or masterpiece, it is cited by many successive authors in their own respective works.
Submission guidelines
Proposals (title, summary of approximately 2 500 characters) should be sent to Pascal Buresi (pburesi@ehess.fr)
before June 1st, 2013.
- The ERC StG 263361 will cover travel and lodging costs for presenters not funded by their home institutions.
- Presentations will be in French, English, and Spanish.
- The selection of papers will be made by the scientific direction of the colloquium
Presentación
La lengua de la cancillería es la lengua del poder y de los kuttāb (secretarios-redactores de cartas). Con ellos, la lengua cambia y se adapta al contexto político regional. Elaborada por letrados que dominaban los textos de referencia (el Corán, el ḥadīṯ, la poesía, las obras de gramática y los textos pragmáticos anteriores), esta lengua les apela en función de presupuestos ideológicos que legitiman el ejercicio de una autoridad específica. Utilizando la citación de esos textos como testimonio de ortodoxia, política o religiosa, el saŷʿ de la cancillería, aparenta rechazar toda originalidad o innovación, pero al mismo tiempo las promueve. En efecto, a pesar del conservadurismo que ostenta, evoluciona claramente e innova de forma constante, permitiendo así a los kuttāb célebres ser citados como ejemplo y convertirse en modelos para sus sucesores. Este proceso, por tanto, permite al corpus textual crecer con el tiempo e integrar en la tradición y en las auctoritates más antiguas textos posteriores. Hasta hoy, el saŷʿ ha sido poco estudiado como escritura específica con normas propias. A causa de las compartimentaciones disciplinarias, sus usos “oficiales” (sulṭāniyya) han sido en gran medida ignorados por los especialistas de la literatura, mientras que los historiadores han desatendido su estudio en profundidad por su relativo hermetismo y por la importancia de los elementos retóricos, que dificultaban su acceso. Al ser menos útiles que las crónicas o las obras de geografía para la historia política y/o administrativa, la más cultivada por la historiografía del siglo XX, el estudio de esta lengua del poder ha sido hasta hoy meramente superficial. Sin embargo, estos documentos permiten comprender las articulaciones del pensamiento político en las tierras del Islam desde la Edad Media hasta la colonización.
En consecuencia, este coloquio aborda la evolución de los estilos de cancillería, su diversidad regional y la historia de esta lengua de autoridad supuestamente subordinada a reglas fijadas definitivamente por el Profeta o por los primeros secretarios del imperio islámico. ¿Cuáles son las modalidades técnicas de la innovación? ¿En qué planos –semántico, léxico, sintáctico y/o gráfico– se manifiesta? Nos interesan menos las normas, los códigos o las reglas que los estilos de escritura, las variantes ortográficas, las grafías atípicas, las tachaduras, la transgresión de las normas, la revitalización semántica, el neologismo y la variedad de los modos de cita coránica o de referencia al ḥadīṯ. Se trata de renovar el estudio de un corpus considerado no como un texto fijo y fosilizado, técnico y poco atractivo, sino como un conjunto vivo, evolutivo y diversificado. Para conseguir este objetivo se necesita un enfoque transdisciplinario: gramáticos, lingüistas, historiadores, especialistas de la literatura y de la poesía están invitados a reflexionar conjuntamente sobre estos textos de cancillería.
Los límites cronológicos están definidos por los primeros textos que se vinculan específicamente al inšā’, la creación de la cancillería, es decir, mediados del siglo II/VIII, y por la compilación mas importante del Ṣubḥ al-aʿšā’ de al-Qalqašāndī, esto es, finales del siglo VIIIe / XIVe.
Las contribuciones podrán ser bien diacrónicas, sobre la evolución de la lengua de la cancillería en una región, o sincrónicas, sobre las diferencias entre principados coetáneos. Podrán también estar dirigidas a presentar en detalle el manuscrito de un texto de cancillería -manuales, formularios, documentos preferentemente originales, pero también editados- o a describir el tipo de modificaciones realizadas sobre un texto de cancillería cuando, por ser considerado un modelo u obra maestra, es citado por varios autores sucesivos en sus respectivas obras.
Normas para la presentación de originales
Las propuestas (título y resumen de media página —unos 2.500 signos) deberán enviarse a Pascal Buresi (pburesi@ehess.fr)
antes del 1 de Junho de 2013.
- El proyecto europeo ERC StG 263361 se encargará de los gastos de viaje y de estancia de los participantes que no puedan obtener la ayuda financiera de su centro de investigación.
- Los idiomas de comunicación del coloquio serán el francés, el inglés y el español.
- La selección de las propuestas será realizada por el organizador del coloquio.