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Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales

Habiter l’espace post-yougoslave

Dwelling/living in the Post-Yugoslav space

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Publié le mercredi 10 avril 2013

Résumé

Suite au séminaire européen de recherche qui s’est tenu sur le sujet en juin 2012 à Tours, le réseau PY invite les jeunes chercheurs en sciences humaines et sociales travaillant sur l’espace post-yougoslave à soumettre un article, en français ou en anglais, pour publication dans une revue européenne de premier rang cette année. Le thème de l’appel est : Habiter l’espace post-yougoslave ; de l’intérêt de ce concept pour discuter l’évolution des rapports homme(s)-espace(s) en ex-Yougoslavie. L’objectif de cette publication est non de seulement de rendre intelligibles les (re)configurations politiques, économiques et spatiales rapides et complexes qui touchent cet espace, mais aussi, à travers elles, d’apporter une meilleure compréhension des processus sociaux et politiques touchant l'ensemble du monde contemporain. C'est aussi le moyen, par la collaboration de jeunes chercheurs issus de pays et de disciplines différentes, de mettre en visibilité des travaux produits dans l'espace post-yougoslave, dont la pertinence analytique et théorique est souvent masquée par des formes « d'impérialisme académique ».

Following the European seminar held in Tours on this topic in June 2012, the PY network invites young researchers in Social Sciences working on the post-Yugoslav space to submit articles for a forthcoming publication (in French or in English) in an influential European journal. The issue will be titled: “Dwelling/living in the Post-Yugoslav space”, focusing on the evolution of relations between space and people in former Yugoslavia. Our ambition is to offer a fresh view and a better understanding of political, economic, socially rapid and complex evolutions in the region and to participate more broadly to a better understanding of socio-spatial processes in our contemporary world. The objective is also to facilitate, to promote and to make visible research analysis of young researchers working on the post-Yugoslav area.

Annonce

Argumentaire

Entendu comme « manière d’être de l’individu dans un environnement », l’habiter est envisagé comme un phénomène « complexe », « difficile à cerner », car les modes d’habiter sont « à la fois des arrangements matériels et idéels de la représentation et de la pratique du monde » (Bailleul et Feildel, 2011). En d’autres termes, l’espace –en tant qu’ « expérience vécue », comme « lieu de vie »- est « investi physiquement mais aussi symboliquement par ses occupants » (Vassart, 2006). Ces relations individuelles et sociales entre homme(s) et espace(s) s’appuient sur des dynamiques personnelles, collectives et culturelles, à l’origine « d’une variété très riche de significations du chez soi » (Vassart 2006). Habiter, c’est pour l’Homme cerner ses possibilités d’être dans l’espace et dans le temps, ce qui renvoie à la philosophie heideggérienne, ici résumée par Perelman (2006) :

La question de l’habitation (…) renvoie par nécessité à l’être, à ses racines, à la communauté, à un destin individuel comma au « nous », à la mort en tant que possibilité propre et inaliénable de l’existence, irréductible en même temps qu’impossible à fonder. L’habitation participe donc de la possibilité de fonder l’être, de créer des racines à partir de la terre, de jouir d’une communauté ancrée sur le sol, de « vaincre » la mort en la sublimant et aussi en permettant à l’homme de vivre longuement et paisiblement dans un lieu propice.

Perçues à la lumière des phénomènes liés à la dissolution de la Yougoslavie, ces quelques lignes acquièrent une résonance particulière. Michel Sivignon, dès 1993, parlait de « l’amère
actualité » du verbe habiter dans les conflits yougoslaves. On s’est battu « pour se garantir le droit d’habiter (une maison, un village, une vallée) » mais aussi « pour empêcher les autres
d’habiter (la maison voisine, le village, la vallée) ». Les projets de « purification ethnique » portés alors, peuvent être considérés comme des déportations, des massacres d’habitants :
« c’est-à-dire des hommes qui entretiennent avec le sol qu’ils cultivent, la maison qu’ils occupent et qu’ils ont construite, la vallée dont ils observent tous les matins les cieux changeants, une relation de connivence et finalement de possession » (Sivignon, 1993). Mais ces projets visent aussi les signes dont ces habitants avaient marqué le territoire, aux « paysages qu’il convient de nationaliser ». La destruction de ces signes pour éviter que les
habitants qu’on a chassés ne se recommandent « pour justifier leur retour » (Sivignon, 1993).

Si les conflits des années 1990 peuvent être interrogés au travers du concept d’habiter, nous pouvons et devons aussi les appréhender en tant qu’événement marquant la fin du régime socialiste yougoslave et l’avènement d'États nationaux mis au défi de l’intégration à l’économie de marché et de processus supranationaux tels l’intégration européenne et la globalisation. Cette approche nous permet alors de nous décentrer d’une approche fondée sur les conflits et le nationalisme en portant notre attention sur les conséquences de ce basculement sur la question de l’habiter. L’émergence de nouveaux acteurs producteurs de normes et leur multiplication, entre individu, collectivités territoriales, États ou encore institutions internationales, peut aussi être appréhendée à la lumière de ce basculement post-socialiste. L’avènement de la propriété privée a par exemple entraîné une modification du rapport à la terre ou au terrain en tant qu’espace personnel et donné lieu à de nombreux processus de formalisation de l’informel, plus ou moins avancés en fonction des pays.

Dix ans après les derniers conflits en Macédoine et alors que la situation à la frontière Serbie-Kosovo reste tendue, la question de l’habiter, des modes d’habiter l’espace post-yougoslave nous semble être une focale pertinente pour observer les reconfigurations socio-spatiales en ex-Yougoslavie. Elle nous permet d’interroger les phénomènes actuels et multiscalaires qui touchent ces territoires et sociétés, entre reconfigurations locales et globalisation. C’est à partir de cette base que nous proposons d’aborder plusieurs questions lors de ce premier séminaire à partir d’une perspective pluridisciplinaire en sciences sociales :

Être habitant et citoyen en ex-Yougoslavie

La fin du système politique et économique socialiste et l’apparition de nouveaux États souverains, de même que les mouvements de population et les migrations qui ont marqué l'espace (post-)yougoslave depuis ces vingt dernières années posent dans un double mouvement la question de l'évolution du lien entre les habitants et leur nouvel État. L'habiter articule alors deux problématiques: le rapport des habitants-citoyens à ce nouvel État (changement de régime, de statut, de frontières, des lois) et à leur voisinage (lieux de vie nouveaux ou transformés, nouveaux voisins, nouvelles préoccupations et aspirations). Résultat de processus historiques, sociaux et politiques particuliers, les citoyennetés (post)-yougoslaves et leur lexique renvoient à des significations et des définitions différentes en fonction des espaces et des périodes. Il est aussi nécessaire d'appréhender les pratiques qu'elle recouvre en se dégageant de références trop normatives à d'autres « citoyennetés », par exemple française ou britannique. L'objectif est ainsi de questionner les évolutions de la citoyenneté et des régimes de citoyenneté à l’œuvre dans cet espace à travers les implications qu'ils revêtent dans la vie quotidienne et les actes ordinaires, et à réfléchir à ce qu'ils impliquent vis-à-vis de l'habiter, par exemple en termes d'accès au logement ou à d'autres types de ressources et de droits.

Habiter et mobilité en ex-Yougoslavie

De nombreuses recherches ont mis récemment en exergue, souvent à partir du cas français, l’évolution vers une « société d’individus de plus en plus mobiles », au quotidien mais aussi durant leur vie (Bailleul et Feildel, 2011), d’un habiter qui serait devenu « poly-topique » (Stock, 2006). Ce constat général semble s’appliquer au contexte post-yougoslave, tant les changements brutaux auxquels ont été confrontés les habitants de cette région ces vingt dernières années, ont impacté leurs mobilités. Or, à partir du postulat général que « la mobilité est un vecteur de la construction du sens que les individus donnent au monde qu’ils habitent »(Bailleul et Feildel, 2011), la question posée est la suivante : comment les évolutions récentes des mobilités et des identités spatiales des individus en ex-Yougoslavie informent la constitution de modes d’habiter l’espace (de persistances, tout autant que d’adaptations), et comment, en retour ces mode d’habiter interviennent dans la spatialité, la mobilité et l’identité des individus habitant l’ex-Yougoslavie aujourd’hui ? (Feidel et Bailleul, 2011).  Les contributions portant sur les évolutions des liens entre reconfigurations spatiales et sociales sont donc particulièrement bienvenues. Différents sujets peuvent être traités : mobilités forcées (réfugiés, retournés), mobilités régulières (pour des motifs familiaux, économiques, sociaux...) et mobilités quotidiennes, tant au niveau local qu'international.

Habiter et se remémorer en ex-Yougoslavie

Les évolutions sociopolitiques en Yougoslavie puis en ex-Yougoslavie, des années 1980 à nos jours, ont été accompagnées par une évolution des cadres historiques de référence des sociétés concernées. Entre montée des nationalismes dans les années 1980,affirmation de nouveaux États et recompositions locales après les années 1990, les références historiques dans lesquelles s’ancrent les sociétés semblent se multiplier et se mélanger. L’approche du rapport à la mémoire au travers des processus de patrimonialisation nous semble alors être un moyen de démêler ces fils tout en préservant leur diversité. A partir des postulats selon lesquels l’Histoire n’est qu’une interprétation de faits passés dans un contexte sociopolitique donné et qu’elle participe de la construction identitaire des individus et des groupes, l'objectif est de proposer une réflexion sur la mémoire et les lieux de mémoires dans l'espace post-yougoslave. Les articles portant sur les processus de patrimonialisation dans les territoires et sociétés post-yougoslaves seront donc bienvenus, afin d’analyser la mise en récit de cette histoire et la promotion de discours nationaux ou sur la localité.

Conditions de soumission

Nous invitons les jeunes chercheurs doctorants ou post-doctorants en sciences sociales travaillant sur l’espace post-yougoslave à soumettre un article en anglais ou en français.

Les propositions ne doivent pas excéder 500 mots et doivent être envoyées à l’adresse e-mail suivante : reseaupy@yahoo.fr (mailto:reseaupy@yahoo.fr) , accompagnées d’un CV d’une page (en anglais ou en français)

avant le 1er mai 2013

Le comité de sélection portera une attention particulière à la qualité scientifique et linguistique de la proposition et au lien avec les thèmes proposés dans l’appel.

Les auteurs seront informés de la sélection avant la mi-mai et les articles finaux devront être envoyés avant l’été 2013.

Composition du comité scientifique de pré-sélection

Réseau post-Yougoslavie

Pour en savoir plus sur le réseau : http://www.facebook.com/ReseauPy ; http://reseaupy.hypotheses.org (http://reseaupy.hypotheses.org)

Actuels porteurs du réseau :

Following the European seminar held in Tours on this topic in June 2012, the PY network invites young researchers in Social Sciences working on the post-Yugoslav space to submit articles for a forthcoming publication (in French or in English) in an influential European journal. The issue will be titled: “Dwelling/living in the Post-Yugoslav space”, focusing on the evolution of relations between space and people in former Yugoslavia.

Our ambition is to offer a fresh view and a better understanding of political, economic, socially rapid and complex evolutions in the region and to participate more broadly to a better understanding of socio-spatial processes in our contemporary world. The objective is also to facilitate, to promote and to make visible research analysis of young researchers working on the post-Yugoslav area.

Synopsis

Understood as a way for the individual to be in an environment, dwelling is a complex phenomenon challenging to define/grasp due to its modes being both material and ideal arrangements of representations and practices of the world (Bailleul and Feildel, 2011). Put differently, the inhabitants of aspace –as a lived experience and as a place of life- physically and symbolically appropriate it (Vassart, 2006). These individual and social relations between human being(s) and space(s) rely on personal, collective and cultural dynamics, which generate a very rich variety of meanings of home places. Dwelling is for the human being a manner to define its possibilities to be in space and time.

In the context of the post Yugoslav space, the verbs to dwell and/or to live acquire a particular resonance. In 1993, Michel Sivignon pointed out the grim actuality of these words during the Yugoslav conflicts. People have fought to guarantee their rights to live (in a house, a village, and a valley) but also to prevent others from living (in the neighbouring house, village, and valley). Wars were about getting rid of certain inhabitants but also about denying and deleting the signs and the marks they left in space and time.

If the 1990s conflicts may be questioned through the concept of dwelling, it is also possible to use this latter to elaborate a renewed perspective on recent reconfigurations of societies and territories in the former Yugoslav space. Other phenomena should also be integrated in such an analysis, e.g. the end of the socialist regime, the emergence of new nation-states, of market economy and the effects of supranational processes such as European integration and globalisation. Those have led to the emergence and the multiplication of new actors producing norms and representations –groups or individuals, state(s) or international organisations. Doing so, one may develop an approach much less concentrated on conflicts and nationalisms but focusing also on other aspects of the recent changes that have impacted (or not) on the way people live and dwell in space and time. Private ownership for instance is one phenomenon that has modified the relation between people and ground / land. It may result in a new personification of space and in new processes of formalising practices and representations in space that used to be informal.

In this call for papers, we are mainly interested in 3 themes:

1/ to be inhabitant and citizen in post-Yugoslav States

The end of the socialist political and economic system, the emergence of new sovereign nation-states as well as the successive migration of people over the last 20 years question the evolution of the relation between inhabitants and their new state(s) –changes in regime(s), legal statuses, definition of membership to the citizenry, borders and boundaries, law– and with neighbouring states –e.g. multiple citizenships. As a result of multiple historical, social and political processes, post-Yugoslav citizenships and their vocabulary refer to different definitions and meanings through time and space in the area. Besides, it is necessary to take into account the practices they encompass without being too close to normative understandings of other “citizenships” – e.g. British or French. Thus, this theme aims at questioning the evolution of citizenship(s) and citizenship regimes through their implication in everyday life and ordinary acts in post-Yugoslav spaces. What does this evolution imply in terms of dwelling (e.g. access to housing or other resources and rights)?

2/ to dwell, to live, to move in the post-Yugoslav space

Many researchers in the French academic context have recently noted the emergence of polytopic ways of living. More precisely, they argue that society has evolved in a way in which inhabitants have become more mobile in their everyday life and along their lifetime (Bailleul et Feildel, 2011; Stock, 2006). To what extent does this general observation fit with the post-Yugoslav context?

Mobility should be perceived as a vector/vehicle in the construction of the meaning that individuals give to the space in which they live in. Hence, the question is: which information do the recent changes in individuals’ mobility and spatial identities in former Yugoslavia give about the ways people dwell/live in spaces? And reversely how are these ways of living/dwelling modifying spatiality, mobility and identities of individuals living in post Yugoslav spaces? We welcome contributions dealing with the evolutions of links between spatial and social reconfigurations. Different kinds of mobility may be treated: forced mobility (refugees/returnees), regular mobility (for familial, economic, social reasons…), and daily mobility, from local to international scales.

3/ to live and to remember in former Yugoslavia

Socio-political evolutions in the (post-)Yugoslav space have been going hand-in-hand with an evolution of historical reference frames in spaces and societies. From the former socialist regime to the rising of nationalisms in the 1980s, the affirmation of new nation-states and local reconfigurations in the 1990s, the historical references in which societies take root seem both to proliferate and to merge. A stimulating empirical approach avoiding any oversimplification may be to focus on the evolution of the relations with memory and places of memory –lieux de mémoire– through the processes of recognition and incorporation of heritage status. We welcome approaches based upon the premises that history is only an interpretation and a production of past facts in a specific socio-political context by different actors and that this interpretation participates to identity construction processes for individuals and groups. Articles questioning heritage statuses in post-Yugoslav territories and societies are welcome as well as analyses of storytelling and production of discourses at the local and the national scales.

Process of selection

We invite young researchers, PhD students and post-doc in Social Sciences working on the post-Yugoslav space to apply to this call. Writing language has to be French or English.

Propositions should be 500 words long. They should be sent before the 1st of May 2013 at the following e-mail: reseaupy@yahoo.fr . They should come with a one-page CV in French or in English.

The selection committee will pay attention in particular to the scientific and language quality of propositions and to their link with the three themes developed in this call.

The accepted applicants will be notified in May; articles should be submitted during summer 2013.

The PY network

The PY network aims at bringing together PhD students and young researchers dealing with reconfigurations of post-Yugoslav societies and territories.

For more information, see: http://www.facebook.com/ReseauPy ; http://reseaupy.hypotheses.org

Heads of the network:

  • Cyril Blondel, PhD student in politics and in regional planning UMR CITERES (CNRS 7324), Université de Tours cyril.blondel@univ-tours.fr
  • Guillaume Javourez, PhD student in geography UMR TELEMMe (6570); Université d’Aix-Marseille g.javourez@univ-provence.fr
  • Marie Van Effenterre, PhD student in anthropology EHESS, UMR IIAC-TRAM (CNRS 8177), Paris marievaneffenterre@gmail.com

Dates

  • mercredi 01 mai 2013

Contacts

  • Cyril Blondel
    courriel : cyril [dot] blondel [at] uni [dot] lu

URLS de référence

Source de l'information

  • Cyril Blondel
    courriel : cyril [dot] blondel [at] uni [dot] lu

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Habiter l’espace post-yougoslave », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 10 avril 2013, https://doi.org/10.58079/n7s

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