AccueilLe temps guérit toutes les blessures : la résistance à l’autorité de l’histoire dans les concepts de nation et de nationalisme

Calenda - Le calendrier des lettres et sciences humaines et sociales

Le temps guérit toutes les blessures : la résistance à l’autorité de l’histoire dans les concepts de nation et de nationalisme

Time heals all ills: resistance to authority of history in concepts of nation and nationalism

*  *  *

Publié le mercredi 13 novembre 2013

Résumé

En remettant en question, en explorant et en (ré)évaluant le concept d’Anderson du « fratricide rassurant », ce numéro de la revue Textes et Contextes se concentrera sur la tendance dans les discours nationaux et nationalistes à résister à l’autorité de l’histoire. Les questions suivantes pourront être soulevées : comment ce processus fonctionne-il spécifiquement, soit dans les exemples donnés par Anderson, soit dans d’autres cas concernant la réécriture de conflits « nationaux » ? Quels mécanismes permettent à une nation de mettre en cause l’histoire des différences, des rivalités, des haines, des trahisons ou des guerres antérieures et de les transformer en disputes simultanément oubliées et remémorées par les membres de la « famille » nationale  Combien de temps doit-il s’écouler avant que soit possible un tel processus ? Une telle transformation peut-elle toujours être effectuée ou existe-il des « blessures » nationales inguérissables ? N’est-il pas parfois tout simplement impossible de résister à l’autorité des faits du passé ?

Annonce

Argumentaire

Appel à contributions pour le numéro 9/2014 de la revue Textes & Contextes

Sous la direction de Mark Niemeyer,Professeur à l’Université de Bourgogne (Dijon, France)

Vers la fin de son étude classique, Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism,[1] Benedict Anderson suggère qu’un des mécanismes importants dans la construction de l’unité nationale est une tendance à résister à l’autorité du passé en oubliant—ou plutôt en se souvenant et en oubliant simultanément—des conflits internes déchirants entre des groupes opposés, parfois violemment, et en transformant ces mêmes conflits en disputes internes ou « querelles familiales » qui s’inscrivent ainsi dans le patrimoine culturel national, ou « l’histoire familiale », souvent en contradiction flagrante avec des faits historiques. Anderson cite Ernest Renan, qui, dans sa conférence « Qu’est qu’une nation ? », présente le massacre de la Saint-Barthélemy de 1572 et la croisade des Albigeois du 13ème siècle comme des exemples archétypiques de ce phénomène dans le contexte français. Dans les deux cas, comme le note Anderson, des conflits sanglants sont réécrits comme des « guerres fratricides rassurantes entre—qui d’autres que—des compatriotes français ». Parmi les exemples donnés par Anderson, il y a aussi la conquête normande (où un envahisseur étranger, Guillaume le Conquérant, devient une sorte de « Père Fondateur » de l’Angleterre) et la Guerre de Sécession américaine (où le conflit le plus sanglant de l’histoire américaine est représenté comme une guerre « civile » entre « frères »). Au vingtième siècle, selon Anderson, les représentations « nationales » de la guerre civile espagnole et la guerre civile russe offrent des exemples similaires de réécriture de l’Histoire.

Axes thématiques

En remettant en question, en explorant et en (ré)évaluant le concept d’Anderson du « fratricide rassurant », ce numéro du journal Textes et Contextes se concentrera sur la tendance dans les discours nationaux et nationalistes à résister à l’autorité de l’Histoire. Les questions suivantes pourront être soulevées :

(1) Comment ce processus fonctionne-il spécifiquement, soit dans les exemples donnés par Anderson, soit dans d’autres cas concernant la réécriture de conflits « nationaux » ?

(2) Quels mécanismes permettent à une nation de mettre en cause l’histoire des différences, des rivalités, des haines, des trahisons ou des guerres antérieures et de les transformer en disputes simultanément oubliées et remémorées par les membres de la « famille » nationale ?

(3) Combien de temps doit-il s’écouler avant que soit possible un tel processus ?

(4) Une telle transformation peut-elle toujours être effectuée ou existe-il des « blessures » nationales inguérissables ? N’est-il pas parfois tout simplement impossible de résister à l’autorité des faits du passé ?

Les articles relevant de différentes disciplines (histoire, littérature, sciences de l’éducation, sciences politiques et bien d’autres encore) porteront sur les concepts de « fratricides rassurants » et de résistance à l’autorité de l’Histoire.

Comment, donc, une telle résistance peut-elle servir à renforcer l’unité nationale et à construire l’identité nationale en créant un récit national, apparemment harmonieux ? Et, au contraire, comment cette résistance peut-elle parfois viser un but irréalisable (et irréaliste ?), celui de transformer des conflits en image d’un passé national commun, chéri par les membres de la communauté nationale ?


[1] Anderson, Benedict.  Imagined Communities: Reflections on the Origin and Spread of Nationalism.  Rev Ed.  London: Verso, 2006.  Voir surtout le chapitre 11 : “Memory and Forgetting.”  Traduction française : L’imaginaire national : réflexions sur l’origine et l’essor du nationalisme.  Trad. Pierre-Emmanuel Dauzat.  Paris : La Découverte Poche, 2002.  Voir surtout le chapitre 10 : « Mémoire et oubli ».

Les propositions d’une page en anglais ou français doivent être envoyées avant le 15 décembre 2013. 

(Les articles pourront être rédigés dans l’une des langues du laboratoire Interlangues : allemand, anglais, espagnol ou italien.) 

Calendrier 

  • 15.12.2013 : propositions de titres avec résumés
  • 15.01.2014  : notification d’acceptation des propositions
  • 15.04.2014  : envoi des articles à la rédaction 
  • 15.07.2014  : avis des experts
  • 15.09.2014  : retour des textes corrigés

Contact et envoi des propositions uniquement à l’adresse :

revuetil@u-bourgogne.fr

Comité éditorial/Editorial Board

  • Agnès Alexandre‐Collier
  • Nicolas Bonnet
  • Paloma Bravo
  • Didier Carnet
  • Sylvie Crinquand
  • Laurent Gautier
  • Cécile Iglesias
  • Véronique Liard
  • Marie-Claire Méry
  • David Roche

Comité scientifique/Reading Comittee

  • Vladimir Beliakov (langues slaves, Toulouse II)
  • Jean‐Paul Cahn (allemand, Paris IV)
  • Marianne Camus (anglais, Dijon)
  • Marina Fratnik (italien, Paris VIII)
  • Jean‐Luc Gerrer (allemand, Dijon)
  • Aline Janquart‐Thibaut (espagnol, Dijon)
  • Annelies Häcki‐Buhofer (allemand, Basel)
  • Geneviève Haroche (lettres modernes, Orléans)
  • Jean‐Rémi Lapaire (anglais, Bordeaux III)
  • Emmanuel Marigno (espagnol, Lyon II)
  • Raffaele Morabito (italien, Aquila)
  • Jacques Poirier (lettres modernes, Dijon)
  • David Powell (lettres modernes, Université de Hofstra, New York)
  • Robert Roudet (langues slaves, Lyon III)
  • José Antonio Salas Ausens (espagnol, Saragosse)
  • Giuseppe Sangirardi (italien, Dijon)
  • David Seawright (anglais, Leeds)

Lieux

  • 2 boulevard garbiel
    Dijon, France (21)

Dates

  • dimanche 15 décembre 2013

Mots-clés

  • littérature, histoire, nationalisme, nation, fratricide rassurant, résistance, conflit

Contacts

  • Laurent Gautier
    courriel : laurent [dot] gautier [at] univ-bourgogne [dot] fr

Source de l'information

  • Laurent Gautier
    courriel : laurent [dot] gautier [at] univ-bourgogne [dot] fr

Licence

CC0-1.0 Cette annonce est mise à disposition selon les termes de la Creative Commons CC0 1.0 Universel.

Pour citer cette annonce

« Le temps guérit toutes les blessures : la résistance à l’autorité de l’histoire dans les concepts de nation et de nationalisme », Appel à contribution, Calenda, Publié le mercredi 13 novembre 2013, https://doi.org/10.58079/ol7

Archiver cette annonce

  • Google Agenda
  • iCal
Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search