The border revisited: a concept and the trial of globalisation
La frontière revisitée : un concept à l'épreuve de la globalisation
Published on Tuesday, March 04, 2014
Abstract
« Vivre ensemble c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner », écrivait G. Perec. Sans tomber dans des lieux communs, il est pourtant inévitable de rappeler que la délimitation, dont la frontière est généralement l’expression la plus aboutie, est une exigence sociale (« largo sensu ») immuable. C'est par un acte de différenciation que s'opèrent les processus individuels ou collectifs de fondation identitaire, de construction du groupe et de l’altérité. C'est le tracé d'une limite qui permet de matérialiser l'appropriation d'un espace par un individu ou par une entité corporative. A l’ère moderne, la frontière est un instrument de séparation entre souverainetés. Il faut se garder de tout anachronisme dans l'appréhension du phénomène frontalier et des différends qu'il a suscités à travers l'histoire ancienne et contemporaine. Sans doute, la frontière est-elle apparue dès l'antiquité la plus reculée. Mais elle a changé d'aspect, de fondements et de fonctions avec le temps. Quoi de plus différents des zones tampon séparant les empires que les sas technologiques aujourd’hui mis en place dans les aéroports ?
Announcement
Argumentaire
- Contexte
Comme chaque année, une journée d’étude se tiendra autour d’un thème de nature à fédérer nos forces. En 2014, l’ILF/GERJC et le CERIC conjugueront leurs efforts.
En identifiant un sujet d’intérêt commun et en suscitant une participation la plus large possible de l’ensemble de nos collègues (toutes générations et disciplines confondues), il s’agit de favoriser la construction d’une analyse transversale.
Nous vous proposons de consacrer la journée, qui aura lieu le 21 novembre prochain, à un sujet dont l’actualité et l’intérêt nous paraissent renouvelés par l’effet de diverses évolutions : la frontière. Une frontière que nous vous invitons à revisiter ; un concept, structurant pour plus d’une discipline, que la globalisation met à l’épreuve. C’est précisément ce dont il convient de prendre l’exacte mesure.
- Destinataires
En priorité mais sans exclusive, les enseignants-chercheurs, les chercheurs, les post-doctorants, les doctorants des centres de recherches constituant l’UMR 7318. Le sujet appelant des analyses dépassant le strict champ du droit, les contributions d'autres disciplines sont évidemment souhaitables (science politique, sociologie, géographie, géopolitique, économie…).
« Vivre ensemble c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner », écrivait G. Perec. Sans tomber dans des lieux communs, il est pourtant inévitable de rappeler que la délimitation, dont la frontière est généralement l’expression la plus aboutie, est une exigence sociale (largo sensu) immuable. C'est par un acte de différenciation que s'opèrent les processus individuels ou collectifs de fondation identitaire, de construction du groupe et de l’altérité. C'est le tracé d'une limite qui permet de matérialiser l'appropriation d'un espace par un individu ou par une entité corporative. A l’ère moderne, la frontière est un instrument de séparation entre souverainetés. Il faut se garder de tout anachronisme dans l'appréhension du phénomène frontalier et des différends qu'il a suscités à travers l'histoire ancienne et contemporaine. Sans doute, la frontière est-elle apparue dès l'antiquité la plus reculée. Mais elle a changé d'aspect, de fondements et de fonctions avec le temps. Quoi de plus différents des zones tampon séparant les empires que les sas technologiques aujourd’hui mis en place dans les aéroports ?
La fonction majeure de la frontière explique sa permanence. Elle délimite les souverainetés, sépare les espaces qui constituent le territoire d'un Etat du territoire d'un autre Etat. Mais elle est aussi une interface, ce par où transitent les flux commerciaux, culturels et humains. Elle est au point d'équilibre de trois données sociologiques (le territoire, l'Etat et la Nation) elles-mêmes consubstantiellement liées les unes aux autres, au moins depuis la Révolution française.
La frontière est donc d’abord intimement liée au territoire. Elle en marque la limite. Mais les migrations internationales, la formation de communautés transnationales - imaginées et pourtant bien réelles, le développement incroyable du commerce transnational depuis 1945 ont conduit certains chercheurs à remettre en question le phénomène de territorialisation du monde. Plus qu’à une « fin des territoires » (Badie), on assiste en fait à des dynamiques de déterritorialisation, de reterritorialisation, et surtout de transformation de la territorialité. C’est par exemple le cas lorsque le contrôle des migrants s’opère directement dans le pays d’origine, et en partenariat avec les autorités de ce pays. Ou quand des zones d’exception sont créées et échappent au droit commun. De nouvelles frontières sociales ou culturelles, qui peuvent s’observer géographiquement voire topographiquement, participent également de cette nouvelle territorialisation du monde, bien au delà des frontières politiques et juridiques bien connues.
Ce n'est qu'en relation avec une autre notion que la frontière prend la dimension essentielle qu'on lui prête couramment : l'Etat. La frontière marque la limite du territoire de l'Etat, matérialisant ainsi sur le terrain « ce phénomène fondamental que constitue la division du monde contemporain en Etats souverains »(Bardonnet). La notion de frontière est le lien qui consacre l'intimité du rapport entre Etat et territoire. Mais là encore, la souveraineté de l’Etat se trouve aujourd’hui transformée, voire sapée. Par en haut, quand, dans les processus d’intégration régionale ou le développement des organisations internationales, l’Etat délègue de larges pans de sa souveraineté à des entités à vocation supranationale. Ou par en bas, quand la légitimité de l’Etat est atteinte par son incapacité à contrôler les flux et à initier de véritables politiques publiques en direction de sa population. La frontière n’est alors plus une ligne continue délimitant des espaces souverains, mais sépare des zones de compétences différenciées dont l’articulation mériterait d’être ré-explorée.
Au-delà, la frontière est très étroitement liée à la façon dont se construisent et se pensent les identités. Elle en constitue sans doute l’un des facteurs, même dans le cas de peuples sans Etats, divisés entre plusieurs entités territoriales. La globalisation est une déconstruction qui ne peut rester sans impact sur la conception que nous nous faisons traditionnellement de la frontière. Sans être réduite à cette charge négative (ou anxiogène), elle est une source de désordre sur trois plans : elle met à nu les structures économiques, sociales, financières de toutes les sociétés, elle révèle leurs atouts, leurs handicaps, tout en déstabilisant des systèmes en place et en ébranlant les sociétés qui étaient déjà les plus fragiles ; elle renforce des interdépendances qui peuvent elles-mêmes accélérer la déstabilisation de sociétés anomiques ; elle génère enfin sa propre complexité en essayant parfois difficilement de conjuguer des exigences contradictoires (uniformisation/fragmentation ; ouverture/prohibition …)
C’est dans ce contexte qu’il convient de nous demander ce que la frontière est devenue. Elle n’a manifestement pas disparu mais elle est l’objet de mutation et de processus de production renouvelés. Il se construit des rapports d'identité et d'altérité eux-mêmes inédits. Cette évolution interroge sur la capacité du droit à régir une réalité sociale et politique en profond décalage avec l'image simplificatrice que l'on se plait à véhiculer.
Dans cette perspective, notre rencontre pourrait s’articuler autour de deux axes :
- Frontières, Etats et territoire
- Frontière, Etats et identité
Nous vous proposons de penser la journée d’étude et donc l’appel à propositions en ayant à l’esprit un certain nombre de mots-clés (cette liste n’est pas exhaustive) : peuple, populations, langues, souveraineté, migrations, mobilité, franchissement des frontières, contrôles aux frontières, nationalité, citoyenneté, étrangers, apatrides, frontières des Etats et frontières de l’Europe, pluralité de frontières, frontière géographique et frontière culturelle, minorités plurinationales et/ou transnationales, la colonisation aujourd’hui…
Modalités de soumission
Les propositions de contribution doivent s’inscrire dans le cadre décrit ci-dessus.
Les personnes souhaitant soumettre une proposition sont invitées à le faire en une page et à rappeler leur nom, prénom, qualité, coordonnées précises.
Elle seront adressées, au plus tard le 15 avril, à Madame Donia Landoulsi : d.landoulsi-faure@univ-amu.fr
Date de réponse du comité : 19 mai 2014
Comité scientifique
- Sandrine Maljean Dubois
- Hélène Tigroudja
- Delphine Perrin
- Olivier Grojean
- Valérie Michel
- Olivier Lecucq
- Thierry di Manno
- Marthe Stefanini
- Rostane Mehdi
Subjects
- Law (Main category)
- Society > Urban studies
- Society > Sociology > Urban sociology
- Society > Geography
- Society > Economics
- Society > Political studies
Places
- Aix-en-Provence, France (13)
Date(s)
- Friday, November 21, 2014
Attached files
Keywords
- peuple, populations, langues, souveraineté, migrations, mobilité, franchissement des frontières, contrôles aux frontières, nationalité , citoyenneté, étrangers, apatrides, frontières des Etats et frontières de l’Europe, pluralité de frontièr
Contact(s)
- Martine Perron
courriel : martine [dot] perron [at] univ-amu [dot] fr
Information source
- Martine Perron
courriel : martine [dot] perron [at] univ-amu [dot] fr
License
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To cite this announcement
« The border revisited: a concept and the trial of globalisation », Call for papers, Calenda, Published on Tuesday, March 04, 2014, https://doi.org/10.58079/pjf